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31/03/2024 20:38

AGRICULTURE : «Le différentiel entre les prix en conventionnel et en bio n'est pas très important», déplore Samuel Bulot

Éleveur laitier à l'ouest de Dijon, Samuel Bulot est confronté à la crise de la consommation de produits bio. Avec l'interprofession laitière, il compte sur la restauration collective pour absorber une large part de la production de lait bio.
Depuis 2022, le Centre national interprofessionnel de l'économie laitière (CNIEL) fait tout particulièrement la promotion des produits laitiers bio auprès des professionnels de la restauration collective au travers d'une campagne de communication «Prenez en main la bio».

L'objectif de l'interprofession laitière est «d'informer sur les spécificités des produits laitiers bio» et de «développer l'offre et la consommation de produits laitiers bio en restauration collective» dans le cadre de la loi Égalim qui impose 20% de produits bio dans les repas.

Le 14 mars dernier, des représentants du CNIEL ont visité la ferme laitière bio de Samuel Bulot, à Prâlon, à quelques kilomètres de Dijon, aux portes de l'Auxois.


Une exploitation laitière autosuffisante en alimentation


L'exploitation agricole compte une centaine d'animaux dont une cinquantaine de vaches laitières : Montbéliardes, Simmentals et Brunes. Elle emploie un salarié et recourt au service de remplacement lors de vacances.

Après des études universitaires, Samuel Bulot s'est installé en 1998 avec un système de production très extensif comme on le trouve couramment dans l'Auxois, avec des vaches paissant dans 150 hectares de prés auxquels s'ajoutent 50 hectares dédiés à l'alimentation complémentaire avec notamment de la luzerne.

«Je suis autosuffisant. On a des prairies permanentes, implantées naturellement, qui produisent bien de l'herbe mais qui sèchent plus en été», indique l'éleveur qui se dit très attentif à ses stocks d'alimentation. «C'est un système simple techniquement. C'est une tranquillité d'esprit.»

4.000 litres de lait bio par vache annuellement


«Il y a quelques années, j'ai trouvé un compromis entre vie familiale, temps libre et produire du lait», confie l'éleveur qui a opté pour une seule traite quotidienne. Ainsi, la production annuelle s'établit à près de 4.000 litres de lait par vache. Il analyse qu'il serait possible de produire plus mais avec un budget plus élevé destiné à l'alimentation des vaches.

Avec 80 producteurs, Samuel Bulot fait partie de la Coopérative laitière de la Côte-d'Or qui approvisionne Eurial, groupe industriel agroalimentaire qui a un site de conditionnement et de transformation à Jouy (Yonne), qui fabrique notamment des yaourts à boire et des crèmes dessert pour des marques de distributeurs.

«Un litre de lait bio sur trois n'est pas valorisée en bio»


Samuel Bulot a converti l'exploitation à l'agriculture biologique en 2017 : «avec le recul, je me dis que j'aurais dû le faire avant». «La production bio obéit à un cahier des charges qui est précis en matière de respect de l'environnement, de respect du bien-être animal, en matière de durabilité. En France, on sait qu'on a la chance d'avoir une alimentation qui est, globalement, saine, par rapport à bien d'autres pays. En production bio, on est encore un cran au-dessus de ça.»

«L'idée de départ était que le lait bio serait payé plus cher que le lait conventionnel», explique-t-il néanmoins, «la réalité du marché nous a rattrapés : un litre de lait bio sur trois n'est pas valorisée en bio parce que la demande n'est pas là».

Autrement dit, environ un tiers du lait bio est acheté au prix du lait conventionnel et mélangé à du lait conventionnel.

«Le différentiel entre les prix en conventionnel et en bio n'est pas très important»


À la suite du mouvement social des agriculteurs du début 2024, le lait conventionnel est désormais acheté aux producteurs 425 euros les 1.000 litres. Le lait bio est valorisé au prix de base 480 euros les 1.000 litres qui peut être augmenté en fonction de la richesse en protéines. «Pour couvrir les coûts de production, selon les indicateurs interprofessionnels, il faudra arriver à 525 euros les 1.000 litres.»

«Le différentiel [entre les prix en conventionnel et en bio] n'est pas très important par rapport au cahier des charges de la bio», déplore Samuel Bulot qui a constaté une perte de revenu annuel d'environ 15% à partir du début de la crise de la consommation de produits bio, en 2021.

L'intérêt de la la loi Égalim pour «aider la consommation bio à se relancer»


Lors des années de moindre récolte fourragère, Samuel Bulot préfère vendre des vaches pour adapter son troupeau plutôt que d'acheter de l'alimentation. Une modalité rendue possible grâce à la fin des remboursements de ses principaux emprunts bancaires. «C'est plus compliqué pour mes plus jeunes collègues qui ont de récents investissements», analyse le quinquagénaire.

«Il faut absolument aider la consommation bio à se relancer» alerte l'éleveur qui compte sur les effets de la loi Égalim pour favoriser la valorisation du lait bio. On estime que toute la restauration collective pourrait absorber un quart de la production française de lait bio.

Selon Samuel Bulot, «la mise en avant des produits bio – fruits et légumes ou produits laitiers – participerait de l'éducation au goût.»

Jean-Christophe Tardivon

Des produits locaux et bio aux menus de la cantine du collège Clos de Pouilly, à Dijon














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