
C'est le message d'alerte des organisations patronales.
Communiqué : Augmentation
du coût du travail par la baisse des allègements de cotisations : une
lourde menace pour l'emploi et la performance économique des entreprises
La
discussion qui s’ouvre à partir du lundi 21 octobre en commission à
l’Assemblée Nationale sur le projet de loi de financement de la sécurité
sociale pour 2025, sera déterminante. Elle actera ou non la poursuite
de la politique conduite depuis plusieurs années pour remettre la France
dans le jeu de la performance économique, atteindre le plein emploi et
contribuer à la cohésion de la société.
Dans une logique de bouclage
budgétaire, ce texte prévoit une diminution sans précédent du niveau
des exonérations de cotisations patronales dont bénéficient aujourd’hui
les entreprises pour les rémunérations allant jusqu’à 3,5 SMIC. C’est
une charge supplémentaire de plus de 5 Mds€ que devraient supporter nos
entreprises, quelles que soient leur taille, secteur d’activité ou
statut. Cela s’ajouterait aux autres transferts de charges, notamment
via les complémentaires santé, les indemnités journalières, ou à la
réduction du soutien au régime des apprentis.
Nous rappelons que les
exonérations de cotisations sociales ne sont pas un « cadeau » aux
entreprises ; elles contribuent à garantir un niveau de salaire minimum
parmi les plus élevés de l’OCDE en pourcentage du salaire médian et d’un
niveau de protection sociale élevé, financé pour une large part par le
travail. Ce choix de société a conduit dans les années 90 à mettre en
place ce système d’allègement du coût du travail. Il préserve l’emploi,
en particulier des populations faiblement qualifiées, plus
particulièrement exposées au risque de chômage. Cette politique a
produit des résultats incontestables, comme le confirme le rapport
public remis par MM. Bozio et Wasmer au Gouvernement.
La réduction
de ces exonérations se traduirait par une hausse immédiate du coût du
travail, qui rognerait mécaniquement les marges des entreprises. Cette
hausse du coût du travail, en particulier au niveau du SMIC, constitue
un risque majeur en termes de destruction d’emploi, affectant des
secteurs qui jouent un rôle déterminant en matière d’insertion
professionnelle et d’accompagnement des personnes les plus fragilisées.
Ces secteurs fortement pourvoyeurs d’emplois dégageant des rentabilités
faibles, et pour beaucoup d’entre eux n’ayant pas la possibilité de
répercuter à leurs clients publics ou privés l’augmentation de leurs
charges,
Paris, le 21 octobre 2024
seraient mis en difficultés. A
rebours de l’objectif affiché de « désmicardisation », beaucoup d’entre
eux n’auraient d’autre choix que de bloquer les augmentations de
salaires.
« L’ascenseur social » pour les salariés, percevant ces
niveaux de rémunération, sera durablement freiné ; le partage de la
valeur dans les entreprises, qui est un facteur de progrès social,
serait affecté.
La suppression des exonérations, au-delà de 3 SMIC,
affecterait également la compétitivité et la pérennité des entreprises
dans un contexte de concurrence internationale accrue, et ce à
l’encontre de l’objectif poursuivi ces dernières années de
réindustrialisation et de souveraineté économique.
Dans certains secteurs, cela pourrait même conduire à un mouvement de délocalisations.
Le
redressement de nos finances publiques est indispensable. Mais c’est
bien la capacité de nos entreprises à rester économiquement performantes
et à croître qui permettra durablement d’assurer l’emploi, les
augmentations de salaires, le financement de notre protection sociale et
de l’innovation, le développement des territoires.
De nombreuses pistes d’économies existent notamment dans la sphère publique.
Prenons
garde aux fausses solutions qui risquent de ralentir l’investissement,
la création d’emplois et de peser négativement sur cette croissance dont
la France a tant besoin.
