
A la demande de David Marti, Président de la Communauté Urbaine Le
Creusot – Montceau et co-président de la commission «Sécurité et
prévention» de France Urbaine, Nathalie Koendes, 1ère adjointe du Maire
de Dijon, s’est vu confier une mission sur l’avenir des Polices
Municipales. Le rapport bien d’être publié. Infos Dijon présente
l’intégralité des propositions. Elles vont être transmises au
Gouvernement et au Ministre de l'Intérieur.
Il y a un an, la ville du Creusot avait accueilli, à l’invitation de
David Marti, les assises de la sécurité de France Urbaine. Des pistes de
travail avaient alors été décidées, dont concerne les Polices
Municipales, dont le rôle et les missions sont de plus en plus
importants dans les villes et dans les Métropoles. Y compris dans les
petites villes de tout juste 3500 habitants. On est loin de l’époque du
garde champêtre. Aujourd’hui, les Policiers municipaux sont des acteurs
de la sécurité, autant que de la prévention et de l’information des
populations.
Reste que les villes peinent à recruter des policiers
municipaux. En ce sens, France Urbaine a lancé un vaste tour d’horizon,
pour formuler des propositions visant à rendre le métier plus attractif.
A
la demande de David Marti, maire du Creusot et Président de la
Communauté Urbaine Le Creusot – Montceau, c’est Nathalie Koenders, 1ère
adjointe au Maire de Dijon, qui a été missionnée pour piloter la mission
qui vient de rendre son rapport avec de nombreux propositions dont nous
dressons la liste.
Alain BOLLERY
Faciliter le recrutement des policiers municipaux en élargissant les voies d’accès
Les propositions de France Urbaine :
- Poursuivre
la levée des freins à une mobilité fluide entre versants et
renforcer le recrute- ment interne des agents titulaires de la fonc-
tion publique territoriale (notamment pour celles et ceux provenant des
filières administra- tives, technique ou sportive, désireux
d’intégrer la filière sécurité par voie de détachement).
- Ouvrir
de manière encadrée, l’autorisation d’emploi d’Assistant Temporaire
de Police Municipale à toutes les collectivités (de manière à faire
découvrir le métier et susciter des vocations en veillant évidemment
à limiter ce recours et l’emploi du dispositif dans le temps afin
d’éviter la substitution).
- Optimiser l'employabilité des
agents : permettre aux agents de conserver l’agrément de port d’arme
individuel lors d’une mutation, quelle que soit la catégorie d’armement
(sous réserve des autorisations municipales, de la formation continue
à jour de l’agent et du niveau d’équipement des services de police
municipale) afin de réduire les délais d’exercice des missions de
l’agent sur la voie publique.
- Supprimer les seuils limitant les
recrute- ments : après une première baisse du seuil permettant le
recrutement d’un directeur de police municipale (DPM) de 40 à 19
agents, il est proposé de supprimer ce seuil, tout comme celui des deux
DPM nécessaires pour recruter un Directeur principal de police
municipale.
- Favoriser les passerelles internes entre les
métiers de la sécurité (AVSP, agents de sécu- rité privée, etc.)
et les autres filières de la fonction publique territoriale
(administrative, sociale, sapeur-pompier, sportive, technique, etc.).
- Activer
un dispositif spécifique de recrute- ment en interne des agents
titulaires de la FPT sur les filières administratives, technique ou
sportive, désireux d’intégrer la filière sécurité. Il pourrait
s’agir d’un dispositif statu- taire adapté pour permettre l’accès au
grade de gardien-brigadier de police municipale par la voie du
détachement ce qui permettrait de diversifier les modes de recrutement
en intégrant des agents du versant territorial ayant déjà une bonne
connaissance de l’environne- ment urbain et territorial et ce dans le
cadre d’une FIA réduite.
- Mettre en place une « rencontre
locale de l'emploi territorial » sur un même territoire de manière à
partager les différences entre employeurs territoriaux sur les
rémunérations, la PSC, etc. mais aussi pour rechercher les voies d’une
mutualisation locale de la fonction RH permettant de mener des
campagnes de recrutement communes sur les métiers en tension plutôt
que de se livrer concurrence.
- Aller encore plus loin dans cette
logique de globalisation et de mutualisation en expérimentant la mise
en place de véritables agences territoriales chargées de mener des
campagnes de recrutement communes entre employeurs territoriaux d’un
même bassin d’emploi.
Aménager
les concours et renforcer leur visibilité, ainsi que les voies de
prépération, tout en réaffirmant la qualité du niveau de recrutement
Les propositions de France Urbaine :
- Réduire
les délais entre chaque concours et diversifier les dates sur le
territoire natio- nal : privilégier l’organisation des concours au sein
d’une même année en fonction des besoins réels des collectivités et
veiller à ce que les grandes villes et les employeurs ter- ritoriaux
disposant d’un service conséquent de police municipale déclarent leurs
besoins en postes (notamment pour le concours de gardien-brigadier de
police municipale à l’occasion du recensement annuel des besoins par
les CDG). Il s’agit d’une étape cruciale permettant de prendre en
compte de manière fine, des besoins.
- Aménager les épreuves
sportives du concours de gardien-brigadier de police municipale : au
regard de ce qui est actuellement attendu et du fort taux d’échec des
candidats aux épreuves sportives (avec un barème inadapté), il
conviendrait de prévoir plutôt une épreuve permettant de mesurer
l’endurance des candidats. Aussi, il est urgent de prévoir une dispense
pour les épreuves physiques s’agissant des candidates enceintes ou
pour les candidats blessés.
- Aménager les épreuves du
concours de Directeur de Police Municipale en réduisant leur nombre,
tant concernant les épreuves écrites d’admissibilité (suppression de
la dissertation portant sur un sujet d’ordre géné- ral relatif aux
grands problèmes politiques, économiques, culturels ou sociaux du
monde contemporain depuis 1945, pour le concours externe, suppression du
commentaire de texte portant sur un sujet d’ordre général relatif aux
grands problèmes politiques, économiques, culturels ou sociaux du
monde contemporain depuis 1945 mais maintien de la rédaction, à partir
d’un dossier à caractère professionnel, d’une note permettant de
vérifier les qualités d’analyse et de synthèse du candidat, ainsi que
son aptitude à dégager des solutions appropriées, maintien du
questionnaire appelant des réponses courtes ou plus développées,
portant sur le droit public : droit administratif, droit constitutionnel
et libertés publiques avec un allègement du programme de cette
épreuve, maintiendu test psychotechnique pour les candidats
admissibles) que les épreuves d’admission (maintien de l’épreuve
d’entretien avec le jury, mais portée à 25 ou 30 minutes au lieu de 20
actuellement, maintien de l’interrogation en droit pénal et de la
procédure pénale, mais avec un allègement du programme de cette
épreuve (suppression du droit européen qui relève davantage de la
culture générale), rendre l’épreuve sportive du concours externe
moins sélective en modifiant le barème (trop élevé, et c’est vrai
pour tous les cadres d’emploi de la filière sécurité), suppression de
la note éliminatoire et éventuellement aménagement pour les
candidats blessés.
- Il existe aujourd’hui une dérogation pour
les femmes enceintes, mais qui devrait être étendue jusqu’à 10
semaines après l’accouchement (disposition appliquée pour la filière
sapeurs-pompiers). Cette épreuve est faculta- tive pour le concours
interne, mais le barème trop élevé reste très sélectif pour cette
voie d’accès, suppression de la note éliminatoire sur l’épreuve de
langue du concours externe).
- Développer et diversifier les
préparations aux concours : la constitution de viviers en externe
(Agent de Surveillance de la Voie Publique, voies de détachement depuis
les autres forces de sécurité intérieure, l’administration
pénitentiaire, l’armée, etc.), la prépa- ration aux concours, les
partenariats à nouer avec les acteurs de la formation (les Régions,
l’Education nationale et ses opérateurs tels que le Centre National
d’Enseignement à Distance (CNED), les centres de formation des
apprentis spécialisés (CFA) ou encore dansle cadre des bacs
professionnels « métiers de la sécurité ») et ce tant au niveau du
bassin d’emploi, qu’au niveau national (la préparation n’est pas
assurée par le CNFPT qui prend en charge exclusivement la préparation
aux deux concours internes).
- Renforcer l’information sur les
parcours dans la fonction publique territoriale au sein des
universités, dans le secondaire et en lien avec les principaux organes
d’accompagnement dans l’emploi.
- Renforcer la communication en
milieu urbain et par bassin d’emploi sur l’organisation du concours de
gardien-brigadier de police muni- cipale par les CDG via notamment
l’utilisation des outils de communication interne pour relayer
efficacement les informations sur le concours (campagnes d’affichage, «
lien » sur le site internet de la Ville vers le CDG organisateur du
concours, etc.) afin d’augmenter de façon significative les candidats
et donc les lauréats domiciliés dans les grandes villes.
- Développer
des campagnes de communica- tion (éventuellement à l’échelle
nationale) sur les métiers du service public local.
Poursuivre
les améliorations engagées de la formation des agents au plus près
des contraintes et des besoins opérationnels locaux
Les propositions de France Urbaine :
- Favoriser
davantage le recours à des interve- nants issus des rangs de la police
municipale au sein des modules de formation (retour d’expérience,
meilleure connaissance des spé- cificités du métier, etc.) car
actuellement les communes déplorent que les policiers natio- naux et
gendarmes soient surreprésentés parmi les formateurs là où il serait
plus adé- quat de recourir à des policiers municipaux (quand bien
même des efforts en matière de diversification sont déjà mis en
œuvre).
- Obtenir des formations plus fréquentes et permettre
une prise de fonction des agents plus rapide avec par exemple la
possibilité d’inclure directement à la Formation Initiale
d’Application (FIA), la formation à l’arme- ment de l’agent.
- Permettre
aux collectivités concernées par le décret n° 2021-1920 du 30
décembre 2021, de mettre en œuvre, pour les fonctionnaires en
détachement, l'engagement de servir, pendant trois ans au maximum à
compter de la date de prise d’effet du détachement de l’agent. En cas
de rupture de cet enga- gement, le fonctionnaire devra rembourser,à la
demande de l'employeur territorial, une somme forfaitaire prenant en
compte le coût de sa formation initiale d'application. Les modalités
de calcul du montant forfaitair à rembourser tiennent compte du temps
passé sur le poste après la titularisation. Aujourd’hui, ce dispositif
de fidélisation ne vise pas les agents en position de détache- ment,
ce qui constitue pourtant un cas de figure répandu, réduisant de fait
largement sa portée.
- Préférer des écoles territorialisées
de for- mation à une école nationale des polices municipales pour une
formation rapide, adaptée et modernisée. Dans des conditions
optimales, ces centres doivent permettre de mieux structurer
l’organisation des forma tions initiales d’application des agents et de
coordonner les formations continues obliga- toires : la création d’une
école nationale de formation des polices municipales ne s’avère pas
pertinente, aux yeux des membres du groupe de travail, pour lutter
contre les tensions de recrutement. Si elle ne garantit pas une
meilleure formation et de meilleurs résultats, elle risque surtout de
créer une confusion avec le reste des forces de sécurité intérieure
dont la police nationale voire une marginalisation/autonomisation de la
filière des polices municipales vis-à-vis du reste de la fonction
publique territoriale (ce qui viendrait à contre-courant du besoin
d’acculturation des agents aux spécificités territoriales). Aussi,
cela impliquerait une perte de maitrise des maires sur leurs agents et
leur affectation ainsi qu’une production plus lente d’agents avec des
modalités de recrutement différentes (seulement 1 à 2 promotions par
an alors qu’actuellement les centres de gestion permettent, selon les
besoins recensés dans les collectivités, d’adapter l’offre de concours
tout au long de l’année). En outre, cette école nationale aurait un
coût conséquent pour les collectivités. Enfin, il conviendrait de
donner de la visibilité aux quatre centres de formation du CNFPT
dédiés aux policiers municipaux qui seront implantés à Angers,
Montpellier, Marseille et Meaux.
- Développer le nombre de
moniteurs manie- ment armement (MMA). Favoriser les stages pratiques
auprès d’ac- teurs de la prévention (violences intrafamiliales,
violences conjugales, prise en charge des victimes...) pour les agents
et veiller à créer des référentiels de formation dédiés à chaque
catégorie de la filière.
- Au stade de la FIA, sensibiliser
davantage les agents à la vocation généralisée de police de
proximité et à la prévention : s’assurer de valoriser les
compétences relationnelles dans l’activité, la gestion des
interactions et des conflits. Favoriser l’hybridation de certains
apprentissages, notamment dans le cadre de la formation initiale et
actualiser les référen- tiels de formation dans le cadre d’une
concertation nationale avec les collectivités.
- Promouvoir et
formaliser des perspectives de parcours facilités (à la fois au sein
de la FPT, entre versants mais également entre secteur public et
privé) en intégrant dans des parcours de formations la préparation
aux métiers de la police municipale ou des modules y afférents
(baccalauréat professionnel « sécurité » pour les agents et Inet pour
les cadres par exemple) afin d’élargir les possibilités de
recrutement et renforcer les socles de formations. S’agissant plus
particulièrement des baccalauréats professionnels, il conviendra de
veiller à ce que les modules de formations soient plus solidement axés
sur les métiers en lien avec la sécurité et tranquillité publique.
Fluidifier les carrières, mieux reconnaître et valoriser les métiers
Les propositions de France Urbaine
- Rendre
les agents de police municipale éligibles au RIFSEEP « de droit commun
» sous la réserve importante d’une prise en compte des éventuels «
effets de bord » quant à la comparaison des situations avec celle du
bénéfice de l’indemnité mensuelle spéciale de fonctions (ISF), à
laquelle se substituerait le RIFSEEP. En effet, si, très sou- vent,
cette indemnité est moins avantageuse que les montants offerts par le
RIFSEEP, il semble exister des cas de figure inverses qui aboutiraient
à une perte de rémunération et appellent donc un regard particulier.
- Revoir
à la hausse le plafond d’heures supplémentaires pouvant donner lieu
aux indemnités horaires pour travaux supplémentaires (IHTS), compte
tenu des besoins du service en matière de sécurité (contraintes
estivales ou hivernales, manifestations ponc- tuelles, etc.).
- Créer
un accès au métier de gardien-bri- gadier de police municipale par la
voie de l’apprentissage avec un dispositif spécifique de nomination
sur ce grade à l’issue de la for- mation en alternance.
- Créer un cadre d’emploi pour les Agents de Surveillance de la Voie Publique au sein de la filière police municipale.
- Dédoubler le cadre d’emploi de catégorie Cen créant un cadre de gardien et un cadre de brigadier.
- Revoir
la situation statutaire actuelle des directeurs de police municipale,
en abaissant la limite des 20 agents pour recruter un DPM (l’abaissement
du seuil minimum à 20 agents de police municipale pour permettre de
créer le grade de directeur dans un service persiste à paralyser le
développement de ce cadre d’emplois. Ce seuil prend en compte unique-
ment les policiers municipaux, alors que le responsable d’un service de
police munici- pale est amené à gérer à la fois des policiers
municipaux, des agents de surveillance de la voie publique (ASVP), des
vidéo opérateurs, des agents des parcs et jardins ou d'autres agents.
- Créer
un cadre d’emploi sur 3 grades (avec la création d’un grade de DPM
hors classe et d’un autre de conception et de direction, à l’image du
cadre d’emploi de catégorie A de conception et de direction) car les
grandes collectivités ont besoin d'encadrer des ser- vices importants).
- En matière de retraites, étendre le béné- fice de la
catégorie active à l’ensemble des cadres d’emploi de la filière :
s'agissant de la retraite, seuls les agents de catégorie C béné-
ficient d'un régime spécifique permettant un départ à 57 ans (cette
borne va se décaler de 2 ans par homothétie dans le cadre du report de
2 ans de l'âge légal). Il s'agirait d'inclure l'ensemble des cadres
d'emploi de la filière dans ce dispositif qui est aujourd’hui extrê-
mement ciblé et qui, de par son caractère binaire, appréhende de
façon insatisfaisante
- les enjeux de pénibilité des métiers.
Cette question se pose d’autant plus au regard des conditions physiques
nécessaires à l’exercice du métier de policier municipal. Si le
dernier projet de réforme des retraites prévoyait bien que les agents
qui exercent des missions régaliennes bénéficient d’un traitement
spécifique, tel qu’un alignement sur les régimes des policiers
nationaux et militaires, le report de cette réforme n’a pas permis de
répondre à une attente forte de l’ensemble des agents de police
municipale.
- Octroyer la bonification du 1/5e permettant à la
cessation d’activité, l’octroi d’une boni- fication égale à 1/5e du
temps effectivement passé en position d’activité, dans la limite de
cinq années et sous réserve de l’accomplis- sement de 25 ans de
service actif effectif. Cette proposition permettrait de prendre en
considération la reconnaissance de la péni- bilité et des
difficultés d’exercice de notre métier (horaires décalés, travail de
nuit, travail dans les quartiers difficiles, dangerosité).
- Classer l’ensemble de la filière en catégorie « B active » au titre de la CNRACL.
- Promouvoir
au sein de chaque collectivité un projet d’évolution de carrière
comme par exemple avec la préparation au concours des ASVP qui
souhaitent devenir gardien-brigadier.
Reconnaître
la contribution des polices municipales à la sécurité de la Nation
et renforcer les actions de soutien aux agents
Les propositions de France Urbaine :
- Veiller à ce que les agents aient accès à une assistance et une cellule psychologique dédiée.
- Lever
les obstacles à la mise en place par les employeurs d’actions de
soutien aux agents et nouveaux recrutés en matière de logement, à
l’image des dispositifs mobilisés dans le secteur privé (aide à
l’installation, « Action logement », etc.). Comme le rapport relatif à
l’attractivité de la FPT remis en février 2022 par Philippe Laurent,
Mathilde Icard et Corinne Desforges le préconisait, la mise en place
d’un dispositif de type « Action loge- ment » dans la FPT pourrait
utilement se traduire notamment par la réservation de logements aux
agents territoriaux au sein du parc de l’Etablissement de retraite
additionnelle de la fonction publique (Erafp).
- Promouvoir le
rôle des policiers municipaux aux côtés des forces de sécurité
intérieure au niveau national avec par exemple, la possibilité pour
différentes collectivités de proposer à leurs agents de participer
aux cérémonies patriotiques nationales (défilé du 14 juillet par
exemple) ou encore, par la création de déco- rations spéciales.
- Mettre
en place des indicateurs nationaux des polices municipales (basées sur
la nomenclature NATINF) permettant de communiquer auprès du grand
public sur l'im- pact des services de police municipale en matière de
sécurité et de tranquillité quotidienne.