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16/03/2021 05:56

BIODIVERSITÉ : «La protection à la française accepte enfin l'idée que notre patrimoine naturel a été dessiné par les activités humaines», déclare Bérangère Abba

La secrétaire d’État chargée de la Biodiversité, Bérangère Abba, était en déplacement à Dijon ce lundi 15 mars au siège de l’association des Réserves Naturelles de France afin d’échanger avec les équipes mobilisées au quotidien pour la protection de l’environnement. Avec Marie-Guite Dufay et Stephan Woynaroski, il fut également question de pratiques agricoles, de présence du loup, d'autorisation des néonicotinoïdes mais aussi d'agression d'agents de l'OFB.
Le plus grand hôtel à insectes de France est à Dijon, dans l'écoquartier Heudelet. Il orne la façade d'un bâtiment Haute Qualité Environnementale qui abrite également le siège de l'association Réserves naturelles de France (RNF). D'où le nom de l'édifice, la Bourdonnerie.

RNF fédère en un réseau national plus de 700 professionnels de la nature (gardes, conservateurs, animateurs, etc.), qui interviennent au sein de près de 350 réserves naturelles.

Ce lundi 15 mars 2021, Bérangère Abba, secrétaire d’État chargée de la Biodiversité depuis le 26 juillet 2020, est venue rencontrer les équipes de l'association. Elle a été accueillie par Charlotte Meunier et Marie Thomas, respectivement présidente et directrice de la structure.


La délégation était composée notamment des députés de la Côte-d'Or Yolaine de Courson (non inscrite), Didier Martin (LREM) et Didier Paris (LREM) ainsi que de Marie-Guite Dufay (PS), présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, Stephan Woynaroski (PS), vice-président de la Région en charge de la biodiversité, Ludovic Rochette (LR), vice-président du conseil départemental de la Côte-d'Or, Jean-Patrick Masson (indépendant), vice-président de Dijon Métropole, et Fabien Sudry, préfet de la Côte-d'Or.

Lancement de la concertation régionale sur la stratégie nationale de la biodiversité


La secrétaire d’État chargée de la Biodiversité a échangé avec plusieurs salariées de RNF, mettant en œuvre des facettes différents. Le bureau Life a présenté le dispositif Life Nature'Adapt et les perspectives notamment pour les territoires ultra-marins. Le bureau Éducation et sensibilisation à la nature a rappelé l'importance des services civiques pour la structure pour toucher des publics allant des élèves de maternelle jusqu'aux adultes.

Bérangère Abba a également rencontré l'équipe de l'association Alterre Bourgogne-Franche-Comté, située dans le même bâtiment, dont Jean-Patrick Masson est le président et Aurélien Loos le directeur.

Le déplacement de Bérangère Abba se situait dans le cadre d'un tour de France des régions portant sur les concertations régionales relatives à la Stratégie nationale Biodiversité 2021-2030 (SNB). Ce lundi matin, la secrétaire d’État a rencontré François Sauvadet (UDI), président du conseil départemental de la Côte-d'Or, et a participé au lancement de la concertation régionale autour de la SNB au siège du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté.

«Quand il y a des mesures de protection, les espèces peuvent regagner du terrain»


«On défend la biodiversité parce que ce sujet correspond aux valeurs que nous avons envie de défendre», explique Marie-Guite Dufay qui ajoute qu'«une bonne partie de nos politiques publiques s'appuient sur notre volonté de transformation écologique, donc de respect de l'environnement». «Nous avons une obligation en matière de défense de la biodiversité qui est due à la richesse de la faune et de la flore qu'il y a dans cette région, une richesse qui est très attaquée», résume la présidente de Région.

Comme le précise Stephan Woynaroski, parmi les 20.000 espèces animales et végétales que la Bourgogne-France-Comté abrite, 1.600 sont menacées dont certaines emblématiques comme le lynx, le grand tétras et le sabot de Vénus. Si on constate une érosion de la biodiversité comme partout dans le monde, «sur les aires protégées, sur les réserves naturelles régionales ou nationales, sur des parcs naturels régionaux, on se rend compte que, quand il y a des mesures de protection, les espèces peuvent regagner du terrain». Par exemple, la cigogne noire ou le castor tendent à revenir dans la région.

Avec 45.000 km de cours d'eau, 80 lacs, trois massifs de moyenne montagne, la Bourgogne-Franche-Comté dispose pourtant d'un patrimoine de biodiversité important. Stephan Woynaroski salue les acteurs associatifs qui se sont engagés de longue date pour préserver la biodiversité.

«Biodiversité et économie, on ne peut plus les opposer»


Dans son plan d'accélération de l'investissement consécutif a la crise sanitaire, la Région consacre 6 millions d'euros à la biodiversité dont un million d'euros fléchés pour les réserves naturelles régionales. La Bourgogne-Franche-Comté serait une des seules Région a avoir intégré la biodiversité à son plan de relance. À cela s'ajoutent dix millions d'euro pour les politiques de l'eau.

Le vice-président souhaite à présent mettre en place plus de partenariats avec des acteurs du monde économique : «biodiversité et économie, on ne peut plus les opposer, il faut que tout le monde soit autour de la table». «Il ne faut jamais oublier que la biodiversité, c'est la base de la vie humaine. On en besoin pour boire, pour manger, toutes nos activités dépendent de la biodiversité», déclare Stephan Woynaroski.

La stratégie régionale de la biodiversité a fixé un cadre commun d'intervention pour les acteurs de Bourgogne-Franche-Comté en tenant compte des spécificités du territoire. Elle a été adoptée à l'unanimité par tous les groupes de l'assemblée régionale en octobre 2020. Ce sera une des contributions qui viendront nourrir la SNB 2021-2030. «Tout cela doit être complémentaire : il faut que l'on soit conforme aux objectifs internationaux, au plan national biodiversité et à la stratégie nationale biodiversité», explique le vice-président.

Une approche territorialisée de la présence du loup


La secrétaire d’État évoque brièvement la présence du loup dans la région : «on a une actualité récente avec le loup qui nous invite aussi à nous poser ces questions même si les réponses que l'on pourra faire ici, en Côte-d'Or, par rapport au territoire comme il est dessiné et comme l'élevage s'y pratique, ne seront pas forcément les mêmes que dans le sud de la France».

«Le loup est une espèce protégé», rappelle Marie-Guite Dufay. «Le loup s'attaque aux moutons. Les éleveurs sont extrêmement fragilisés. On fait comment ? On ne fait pas comme ailleurs où l'on n'élève pas les moutons de la même façon. (…) Ici, on est un pays de bocage où les troupeaux de moutons sont dispersés et la question de les rassembler le soir derrière de grands filets ne se pose pas. Il faut trouver d'autres moyens. Tout cela, c'est du dialogue, du partage ; ça prend du temps de l'énergie», explique la présidente de Région.

«La protection à la française, ce n'est pas du tout une mise sous cloche»


«Je lance la réflexion sur la stratégie nationale de la biodiversité en partant des territoires. (…) La protection à la française, ce n'est pas du tout une mise sous cloche mais qui accepte enfin l'idée que notre patrimoine naturel a été dessiné par les activités humaines. (…) Quand on pense à ce parc national de forêt qui a vu le jour entre Haute-Marne et Côte-d'Or, on sait que ces paysages-là ont été entretenus par les agriculteurs. Même s'il y a des craintes parce qu'on est dans une phase de transition, (…) il faut donner accès à des outils qui vont nous permettre d'évoluer vers des pratiques qui sont toujours plus en harmonie avec la nature», explique Bérangère Abba à propos de l'articulation entre préservation de la biodiversité et pratiques agricoles.

250 millions d'euros de France Relance pour la biodiversité


La SNB contiendra un volet forêt : «je travaille dessus avec le ministère de l'Agriculture avec beaucoup de considération que ce soit dans les pratiques forestière, dans les dimensions économiques, ou dans le choix et la diversification des essences pour être plus résilient face au changement climatique. (…) Ce que l'on va déployer pour favoriser une certaine filière ne doit pas être au détriment d'une autre. À titre personnel, j'ai, au quotidien, un gros travail avec mes collègues de différents ministères pour vraiment introduire, quand ce n'est pas déjà le cas, ces considérations et vraiment trouver des équilibres dans nos différentes politiques publiques. On a cette cohérence à avoir, déjà entre les objectifs et les moyens, on a des moyens conséquents qui se développent pour la biodiversité, (…) de l'ordre de 250 millions pour la biodiversité [NDLR : venant de France Relance]».

L'autorisation des néonicotinoïdes, un «petit répit» pour la filière de la betterave sucrière


«Ce sont des choses que l'on aurait souhaité éviter, c'est certain», lance Bérangère Abba à propos de l'autorisation temporaire de néonicotinoïdes dans la filière de la betterave sucrière alors que ce lundi 15 mars le Conseil d’État a rejeté le recours déposé par des association environnementalistes et des syndicats agricoles. Cependant, la secrétaire d’État se dit favorable à «suscité le changement» sans «brutalité» : «la filière betterave, on savait qu'on avait une impasse, on l'a vue venir sans pour autant trouver de réponses assez rapidement sur cette culture. Ce doit être un signal : il faut que l'on ait des repères, il faut que l'on mesure la rapidité d'évolution dans ce changement pour qu'on soit sûr aux échéances que l'on se fixe d'atteindre nos objectifs. C'est à dire mettre plus de moyens peut-être au niveau scientifique sur certaines filières parce qu'on voit qu'on avance moins vite que sur d'autres. (…) On se donne un petit répit sur cette filière pour ne pas perdre une filière française importante et qui doit nous garantir à terme une certaine qualité».

«Les agents de l'environnement sont tous les jours confrontés à des agressions»


En marge de la visite, Bérangère Abba a échangé avec un agent de l'Office Français de la Biodiversité ayant été récemment victime d'une agression en Côte-d'Or. Sans commenter la situation précise, elle a élargi le propos à l'ensemble des agents de l'OFB : «c'est une parole de soutien à tous ces agents. Certains pourraient croire que l'on se balade dans la nature avec les papillons et les petits lapins mais, en fait, c'est beaucoup plus violent que ça. Les agents de l'environnement sont tous les jours confrontés à des agressions, à une violence qui s'exerce malheureusement. Il y a quelques jours des agents outre-mer ont été violemment agressés avec des armes qui ont été tournées contre eux. (…) C'est pour cela que l'on a renforcé les moyens humains mais aussi les pouvoirs de police judiciaire pour que les agents de l'environnement puissent être aussi armés que d'autres, puissent retenir sur place quand ils constatent une atteinte à l'environnement, puissent mener eux-mêmes les enquêtes, puissent mener des perquisitions, des interrogatoires».

Cap sur la COP 15 Biodiversité


À la fin du premier semestre 2021, des concertations citoyennes seront organisées au travers d'une plateforme numérique. Les propositions viendront s'ajouter aux réflexions régionales pour rédiger une première version de la SNB qui sera présentée au Congrès mondial de l'Union internationale pour la conservation de la nature, prévu en septembre 2021 à Marseille.

Ce congrès précédera la COP 15 Biodiversité qui devrait se tenir à la fin de l'année en Chine afin de redéfinir un cadre mondial de protection de la nature.

Jean-Christophe Tardivon

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