Destinés aux gendarmes mobiles, les tout derniers véhicules blindés d'intervention polyvalents ont été présentés à Dijon, ce mardi 3 septembre. «La Gendarmerie nationale a un outil de nature à protéger à la fois nos populations et nos gendarmes qui s'engagent», a déclaré le général Olivier Kim.
«Le Centaure impose la sagesse !» La Gendarmerie nationale a choisi cette référence mythologique pour baptiser les nouveaux véhicules blindés d'intervention polyvalents qui font suite aux véhicules blindés à roues (VBRG) mis en service en 1972. Ils ont vocation à «protéger la population et le territoire».
Une présentation de ces nouveaux engins s'est déroulée, ce mardi 3 septembre, à la caserne Deflandre, à Dijon, présidée par le général de corps d'armée Olivier Kim, actuel commandant de la région de gendarmerie de Grand Est, commandant la gendarmerie pour la zone de défense et de sécurité est et ancien commandant de la région de gendarmerie Bourgogne, en présence notamment du général Sylvain Laniel, commandant de la région de gendarmerie de Bourgogne-Franche-Comté, et Franck Robine, préfet de la Côte-d'Or et de la région Bourgogne-Franche-Comté. Ont également assisté aux démonstrations des policiers, des sapeurs-pompiers et des magistrats.
Un engin développé en France
Le projet aboutissant à ces engins blindés Centaure a été financé à hauteur de 70 millions d'euros par le plan de relance post-crise sanitaire. Le général Olivier Kim a salué «une belle performance des deux officiers directeurs de programme» qui ont planché pendant trois ans pour élaborer le Centaure et son système d'armes.
Le véhicule a été développé par la société française Soframe, implantée dans le Haut-Rhin. Chaque engin est ainsi livré avec une petite peluche de cigogne, symbole de l'Alsace.
Créature mythologie – mi-homme, mi-cheval –, le centaure symbolise, lui, la sagesse. Dans les mythes grecs, Chiron, le centaure le plus connu, a été précepteur de futurs héros.
Le véhicule Centaure est équipé d'un moteur V6 diesel Mercedes-Benz de 300 chevaux, d'une boîte automatique à six rapports et de quatre roues motrices chaussées en pneus Michelin. Il peut atteindre 100 km/h sur le routes – limite maximum pour les transports de personnes –, ce qui lui permet de doubler les poids-lourds.
90 Centaure dont trois en Bourgogne-Franche-Comté
Une première commande a vu la réalisation de 90 Centaure, progressivement déployés en France de façon à obtenir un «maillage territorial» : 30 au sein du groupement blindé de gendarmerie mobile de Versailles-Satory, 30 dans les régions de l'Hexagone et 30 dans les territoires ultra-marins.
Dans la zone de défense et de sécurité est qui comprend les régions Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté, trois véhicules sont affectés désormais à Thionville et trois à Dijon, pouvant être projetés sur tout le territoire en «moins de cinq heures».
Dans cette zone, la Gendarmerie nationale
recense 14.822 personnels militaires et civils – dont 10.331 en Grand
Est et 4.491 en Bourgogne-Franche-Comté –, dont 2.732 gendarmes mobiles
rattachés à la région de gendarmerie Grand Est ainsi que 5.119
réservistes – dont 3.154 en Grand Est et 1.965 en
Bourgogne-Franche-Comté.
«C'est un apport opérationnel supplémentaire»
«Grâce au programme de relance et grâce au Centaure, la Gendarmerie nationale a un outil à la disposition des autorités qui est de nature à protéger à la fois nos populations et nos gendarmes qui s'engagent» a déclaré le général Olivier Kim. «En cas de troubles graves et généralisés, ce que personne ne souhaite, on est en mesure d'avoir des engins disponibles dans toute la zone.»
«C'est un apport opérationnel supplémentaire», s'est félicité le préfet Franck Robine, «on a là un engin polyvalent pour le maintien de l'ordre, la défense opérationnelle du territoire, les événements de sécurité civile, les opérations spécifiques comme avec un forcené qui tire de chez lui».
«Le véhicule est destiné à sécuriser l'intervention des personnels»
«L'ensemble des unités déployées sur le terrain, primo-intervenantes ou spécialisées, peuvent bénéficier de l'appuie des Centaures», explique la Gendarmerie nationale, «Le véhicule est en effet d'abord destiné à sécuriser l'intervention des personnels, lesquels peuvent progresser à pied et bénéficier de sa protection blindée».
«Il est l'un des moyens de la gendarmerie nationale dans le cadre de sa montée en puissance», assure l’institution militaire, «la décision de l'employer peut être prise à différents niveaux d'autorité en fonction des événements».
Différentes autorités en fonction des situations
Dans le cadre du maintien de l'ordre, ces engins ont vocation à être engagés sous l'autorité du préfet de département ou du préfet de la zone de défense, conjointement avec d'autres moyens d'intervention.
Les exceptions concernent les actions à l'encontre de forcené ou une intervention dans un cadre de police judiciaire ; cela relève alors de l'autorité du directeur général de la Gendarmerie nationale qui a attribué une délégation au commandant de la région de gendarmerie de la zone de défense et de sécurité est.
Ces engins peuvent être amenés également à transporter des policiers, des pompiers ou toute personne menacée voire des personnes dangereuses.
«C'est vraiment le véhicule d'intervention polyvalent», a insisté le général Olivier Kim. «Ce n'est pas le successeur du VBRG qui faisait surtout du maintien de l'ordre, celui-là fait plein de choses. (…) La polyvalence, on l'a imaginée aussi pour les calamités publiques comme les inondations, franchissements d'endroit. C'est une capacité que l'on va partager avec les sapeurs-pompiers.»
Un engin qui «apporte beaucoup d'apaisement dans la façon d'intervenir»
Pour sa part, le préfet Franck Robine a relevé «l'aspect de sécurité des personnels». «Vous savez que vous engagez des personnels en plus grande sécurité quand on leur tire dessus. Vous savez que vous pouvez aller faire occuper un point sans prendre de risque démesuré. Le corollaire est que vous engagez moins de moyens agressifs vis-à-vis de manifestants.»
«Un engin comme ça apporte beaucoup d'apaisement dans la façon d'intervenir», a analysée le représentant de l’État, «ce qui nous conduit à bien mesurer le moyen que l'on va employer par rapport à ce qui se passe».
Ainsi, dans le cadre des violences urbaines de juin 2023, le positionnement de blindés devant le Centre Pompidou-Metz a dissuadé des émeutiers de s'en prendre à l'équipement culturel. Et le général Olivier Kim de résumer : «le Centaure impose la sagesse !»
Jean-Christophe Tardivon
Les caractéristique du Centaure selon la Gendarmerie nationale
Coût du programme : 70 millions d'€ pour un parc de 90 véhicules incluant la formation au pilotage et la maintenance
Physionomie : un véhicule aux dimensions larges offrant une capacité élevée de protection à la population et aux personnels
- Poids : 14.5 tonnes
- Longueur : 7.5m
- Largeur : 2.94m
- Hauteur : 3.82m
- Puissance : 300 CV
- Blindage : STANAG 2
- Gabarit permettant une capacité d'emport inédite : 3 opérateurs + 7 passagers, ou une équipe médicale avec son matériel
- Fabrication en France, par une entreprise française (SOFRAME)
Des capacités socle pour intervenir en tous temps, en tous lieux
- Poussée / Traction :
- 12 tonnes masse immobilisée soit le poids d'un bus à vide
- 31 tonnes sur roue soit un poids lourd enneigé
- Percussion : 3,5t jusqu’à 30km/h
- Capacités tout-terrain et de franchissement
- Vision à 360° : navigation augmentée et une manœuvre sécurisée
Des outils supplémentaires à la pointe de la technologie
- Vision longue distance, y compris de nuit (3 à 9km)
- Capacité d’évolution en milieu contaminé (risque NRBC)
- Détection d'ouverture du feu
- Simulateurs de pilotage avec plusieurs scenarii de formation
- Tourelleaux téléopérés :
- lance-grenade (de 1 à 30 tirs en série permettant une gradation de la force)
- montage possible d’une mitrailleuse 7.62mm (pour faire face à des groupes armés, des groupes terroristes, en opérations extérieures...)