Comment dynamiser l'économie de proximité ? Tel était le thème de la conférence régionale de l'économie sociale et solidaire qui a été diffusée en vidéo ce jeudi 20 janvier 2022. Cette conférence se tient tous les deux ans depuis la loi relative à l'ESS de 2014 portée par le socialiste Benoît Hamon, alors ministre de François Hollande.

L'événement a été organisé par la préfecture de la région Bourgogne-Franche-Comté, avec notamment la participation de la direction régionale de l'emploi, du travail et des solidarités (DRETS), le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, la chambre régionale de l'économie sociale et solidaire (CRESS) et la Banque des Territoires.

La journée a été animée par Léo Bonnin depuis les locaux de la Région à Besançon. Le lancement avec la remise des Prix de l'ESS a connu un pic allant jusqu'à 180 visionnages en simultané pour totaliser plus de 330 vues en fin de matinée.

Si l'objectif d'une telle journée, dans le cadre de la loi de 2014, est de mieux faire connaître les projets des entreprises de l'ESS, il s'agissait également de participer à la concertation autour du Schéma régional de développement économique d'innovation et d'internationalisation (SRDEII), document définissant la stratégie en matière économique pour la période 2022-2028.

«L'ESS fait partie de toutes les activités économiques de la région»

Le secrétaire général adjoint pour les affaires régionales à la préfecture, Mickaël Boucher, a souligné les nouvelles responsabilités de l'ESS : «se porter vers l'économie de proximité, se saisir de l'économie circulaire et contribuer à l'attractivité des territoires». Cela dans une démarche qui associe «efficacité sociale et économique».

La présidente de la CRESS, Tatiana Desmaret, a rappelé que l'ESS représente 11,4% de l'emploi privé et public en Bourgogne-Franche-Comté, ce qui est supérieur à la moyenne nationale.

«L'ESS a une histoire longue dans la région, avec le modèle des fruitières puis les mutuelles et toujours le tissu associatif, la finance solidaire, l'insertion par l'activité économique et maintenant l'économie circulaire», a-t-elle indiqué.

«L'ESS fait partie de toutes les activités économiques de la région. C'est une économie qui est non délocalisable. Nos entreprises constituent un vrai modèle à même d'apporter des solutions durables», a souligné Tatiana Desmaret.

Avec une estimation de 240.000 bénévoles actifs, la présidente de la CRESS voit là «une mobilisation citoyenne». Selon elle, «l'ESS porte un potentiel fort pour notre région».

Pour sa part, la Banque des Territoires a «amplifié [ses] efforts» depuis 2018, notamment en direction des entreprises à impact en identifiant cinq secteurs prioritaires : médico-social, transition alimentaire, inclusion dans l'emploi, formation et inclusion numérique.

Comme l'a précisé Jean-Philippe Sarrette, directeur général adjoint de la Banque des Territoires : «l'objectif est de faciliter l'innovation et l'émergence de nouveaux projets».

Le conseil régional «attentif» à l'ESS

«La question environnementale est très portée par l'économie sociale, c'est pour ça que nous sommes très attentifs à cette économie dans notre région», a déclaré pour la sa part Marie-Guite Dufay (PS).

La présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté œuvre pour que «tous les modes d'accompagnement des acteurs économiques puissent bénéficier aux acteurs de l'économie sociale et solidaire, comme aux autres».

Le «volet important» dédié à l'ESS dans le plan de relance régional a été réévalué, du fait des demandes du secteur, pour atteindre 13 millions d'euros. «C'est la preuve de la vitalité de cette économie», selon la socialiste.

«Depuis 15 ans, j'ai voulu donner une focale précise sur le domaine de l'insertion par l'activité économique (…) et le secteur de l'aide à domicile», a ajouté Marie-Guite Dufay.

Dix millions d'euros pour l'ESS au budget 2022

Durant le mandat en cours, la présidente de la collectivité entend «accélérer un certain nombre de politiques publiques, surtout sur la question de la transition écologique».

Lors de la réflexion autour de la SRDEII, «tous les acteurs économiques vont s'exprimer sur leurs attentes, sur leurs besoins sur la façon dont ils sentent que notre collectivité pourrait encore plus ou différemment à leurs côtés».

La Région développera tout particulièrement un «dispositif original» : le générateur de projets pour fédérer «des acteurs très différents au services de besoins exprimés par les territoires».

Jusqu'au 31 janvier 2022, il est possible d'adresser à la Région des contributions écrites pour participer à la concertation autour de la SRDEII via ce lien.

Alors que le budget primitif 2022 sera soumis au vote lors de la session des 26 et 27 janvier prochains, Marie-Guite Dufay a annoncé que 10 millions d'euros seront fléchés pour «les besoins spécifiques des acteurs de l'économie sociale et solidaire».

«La reprise est restée partielle sur certains secteurs d'activité»

L'aide à domicile représente environ 80% de l'activité de l'ESS. La crise sanitaire a amplifié des préoccupations en matière d'emploi en accentuant les difficultés de recrutement, notamment dans les territoires ruraux où l'ESS est  proportionnellement plus présente.

Il y aurait 1.500 postes vacants dans les entreprises de l'ESS du secteur social et médico-social. Selon la CRESS, les augmentations de rémunération liées au Ségur de la Santé ont eu pour conséquences de provoquer des démissions dans les entreprises de l'ESS d'employés souhaitant rejoindre le secteur public, les entreprises ne pouvant pas proposer des augmentations similaires. La CRESS appelle donc à «un travail collectif pour relever les enjeux de la situation».

Pour autant, selon Tatiana Desmaret, «les entreprises de l'ESS ont montré beaucoup de capacité de résilience ; il y a peu de dégâts économiques immédiats sur ces entreprise». Néanmoins, la charge de travail et les postes vacants génèrent «une grande fatigue aux niveau des salariés et des bénévoles». De plus, «la reprise est restée partielle sur certains secteurs d'activité». Par exemple, «le public de la jeunesse ne retrouve pas forcément tous les dispositis qui existaient avant».

Cependant, Tatiana Desmaret a estimé que «les valeurs de l'ESS ont été mise en avant» durant la crise sanitaire : rapport au travail, rapport à la consommation, question du sens... «L'économie sociale et solidaire a vraiment des réponses par rapport à ça», a signalé la présidente de la CRESS en faisant référence à la démocratie sociale, l'utilité sociale et aux achats responsables.

«Les potentialités économiques des entreprises de l’ESS par l’exemple»

Toujours en distanciel, la remise des quinzièmes Prix de l'ESS a été effectuée par Éric Oternaud (EELV), conseiller régional en charge de la conversion écologique de l'économie, des emplois verts et de l'économie sociale et solidaire. Un jury de 17 acteurs économiques a passé au crible 34 candidatures pour désigner 5 lauréats. Quatre recevront une dotation de 4.000 euros et un «coup de cœur» une dotation de 2.000 euros.

Comme l'a rappelé la Région, le concours a pour objectif «de distinguer des projets exemplaires situés en Bourgogne-Franche-Comté dans le domaine de l’économie sociale et solidaire et d’informer le grand public sur les réalisations et sur les potentialités économiques des entreprises de l’ESS par l’exemple».

Lauréats des Prix de l'ESS 2022

Le collectif Comme un gant est récompensé pour son projet de tiers lieux culturel itinérant autour de Lons-le-Saunier, dans le Jura. Pendant un mois, un chapiteau peut être installé dans une commune pour accueillir des événements. Pour soutenir l'économie de proximité, Déborah Pottier a appelé à «encourager la mise en réseaux des acteurs».

L'association Melting Popote, basée à Salornay-sur-Guye, en Saône-et-Loire,  est récompensée pour son laboratoire agroalimentaire partagé, un lieu de transformation au service des agriculteurs qui fournit également 450 repas par semaine à des cantines scolaires du Clunysois. Pour sa part, Olivier Belet a incité à développer le dispositif Territoire zéro chômeur longue durée en Bourgogne-Franche-Comté.

L'association Économie Solidarité Partage, basée à Tournus en Saône-et-Loire, a été récompensée pour son chantier d'insertion en maraîchage écologique. Céline Braillon revendique de «lier divers enjeux» comme l'économie de la ressource, l'économie de la relocalisation et la capacitation territoriale.

La coopérative La Fabrique éthique a été récompensée pour sa guinguette à Coulanges-sur-l'Yonne, dans la Nièvre. Philippe Bodo a demandé aux élus locaux de plus s'impliquer dans les projets pour «donner du sens à l'action publique».

Le «coup de cœur» a été attribué à ABB Reportages, une société installée à Dijon, pour son projet «Tango pour les aînés», consistant à développer des ateliers de danse et de musique dans les maisons de retraite. À son tour, Anne Bramard-Blagny a invité à «chercher dans le présent tout ce qui est positif, un tremplin pour développer des idées».

Revoir le lancement de la conférence régionale de l'ESS 2022 en vidéo

L'état des lieux de l'ESS en Bourgogne-Franche-Comté

9.627 établissements
99.454 salariés (11,4% des emplois salariés)
87.469 ETP
2,7 milliards d'euros de rémunérations annuelles brutes
240.000 bénévoles actifs