«Notre feuille de route en matière d'investissement sur les lycées se déroule normalement», a assuré la présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, ce vendredi 30 août, en évoquant aussi les transports scolaires, les aides pour les familles et l'approvisionnement des cantines à l'approche de la rentrée scolaire.
Propriétaire des lycées, devant assurer leur gestion et leur entretien, le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté prépare également la rentrée scolaire, aux côtés de l’Éducation nationale.
Ce vendredi 30 août 2024, depuis l'Hôtel de Région à Dijon, Marie-Guite Dufay (PS), présidente de la collectivité, a présenté les enjeux de cette rentrée scolaire : «bâtir, rénover, transporter, fournir des équipements gratuits».
345 millions d'euros pour les lycées en 2024
La Bourgogne-Franche-Comté compte 128 lycées publics représentant plus de 2,3 millions de mètres carrés. Ils sont fréquentés par 84.172 élèves relevant de l’Éducation nationale, sans compter ceux relevant de l'enseignement agricole.
14.642 lycéens sont hébergés dans des internats publics, ils représentent 3 millions de nuitées par an. Le forfait internat se monte à 1.764 euros par an pour quatre nuitées par semaine.
Les cantines des lycées publics régionaux servent plus de 10 millions de repas chaque année. Le coût réel d'un repas s'établit à 10 euros. En dehors de mesures spécifiques, les familles règlent entre 3,58 et 4,85 euros par repas.
Le budget consacré aux lycées en 2024 s'élève à 344,78 millions d'euros dont 137,77 millions d'euros pour rémunérer les ressources humaines dont 2.815 agents techniques permanents auxquels s'ajoutent 400 contractuels.
Actuellement, 170 opérations patrimoniales sont en cours pour un montant de 620 millions d'euros.
Willy Bourgeois devient vice-président chargé des lycées
En matière de politique régionale, l'exécutif évolue. Ayant été élue députée de la Côte-d'Or, la conseillère régionale Océane Godard (PS) doit laisser sa délégation aux lycées pour se conformer à la règle sur le non-cumul des mandats (
lire notre interview).
Elle est transmise au Jurassien Willy Bourgeois (PS) qui devient ainsi 11ème vice-président en charge des lycées, de l’offre de formation, de l’apprentissage, de l’orientation, du sport et de la communication de la collectivité. Selon Marie-Guite Dufay, la délégation du sport sera prochainement affectée à un autre élu.
De «belles opérations» bâtimentaires
«Notre feuille de route en matière d'investissement sur les lycées se déroule normalement», assure la présidente de la collectivité, «[la Région] accorde une priorité aux lycées en termes d'investissement, sur l'ensemble de nos politiques publiques, (…) mise en place dans le cadre d'un plan qui court de 2024 à 2030». Ce plan pluriannuel est doté d'un financement de 843 millions d'euros pour l'entretien et l'équipement des lycées.
De «belles opérations» bâtimentaires sont en cours comme la rénovation du gymnase au lycée Mathias à Chalons-sur-Saône, la construction d'un bâtiment pour les agents au lycée Henri Parriat à Montceau-les-Mines, la rénovation de la cantine du lycée Pierre Bérégovoy à Fourchambault, la construction d'une chaufferie biomasse commune à l'EREA et au lycée à Joigny, les rénovations thermiques du lycée Les Marcs d'Or et du lycée Le Castel à Dijon ou encore la construction à Besançon d'un service commun de restauration au lycée Victor Hugo mutualisé avec le lycée Tristan Bernard (voir le détail dans le dossier de la Région ci-dessous).
Des aides pour les familles
«Pour les familles, nous avons des tarifs de restauration qui ne changent pas», annonce Marie-Guite Dufay, «et nous augmentons les aides aux non-boursiers (…) pour les familles juste au-dessus des plafonds».
Dans l'ensemble, la Région accompagne 12.000 familles. En particulier, 5.000 demi-pensionnaires et 700 internes bénéficient d'une gratuité totale.
La mesure est complétée par une aide au premier équipement dans la voie professionnelle, des manuels subventionnés, des accès gratuit aux ressources de l'ONISEP et des ordinateurs portables en prêt.
Le transport scolaire en question
La Région Bourgogne-Franche-Comté a fait le choix de la gratuité des transports scolaires. «Ce n'est pas le cas de toutes les Régions», glisse la présidente de la collectivité, «malgré les contraintes budgétaires, nous maintenons cette mesure».
La collectivité transporte régulièrement 130.000 élèves répartis en 2.700 circuits. À ce jour, selon l'exécutif, tous les circuits disposent d'un conducteur. 154 cars neufs avec différentes motorisations – dont 5 véhicules diesel – ont été affectés au réseau Mobigo en 2024. La Région consacre 150,27 millions d'euros à ce service pour l'année 2024-2025.
Face à la récente polémique entretenue par des opposants sur le service de transport scolaire desservant les établissements scolaires via les cars et TER Mobigo, Marie-Guite Dufay rappelle le contexte : après que les transports scolaires ont été transférés des huit Départements à la Région, l'exécutif a pris la décision d'harmoniser les règlements pour «établir des règles uniformes».
La gratuité du transport scolaire des internes représente «une avancée»
Cela a soulevé deux sujets en particulier : la situation des internes et la desserte des établissements privés sous contrat.
Quel que soit leur département et leur établissement, les internes bénéficient désormais de la gratuité des transports scolaires. «C'est une avancée», insiste la socialiste.
«Rien ne change» en 2024-2025 pour les élèves de l'enseignement privé
Concernant les établissements privés, est apparue une situation «très disparate d'un département à l'autre» lors du début des négociations, en juin dernier.
Quand un établissement privé est proche d'un établissement public desservi par le service de transport scolaire, «il n'y a pas de sujet», rassure la présidence de la Région.
Le sujet se pose pour les établissements privés éloignés de secteurs disposant d'établissements publics où des lignes dédiées ont été instaurées.
Face aux «difficultés» qui concerneraient 300 élèves, «j'ai décidé de nous donner une année de plus» pour «établir, indique Marie-Guite Dufay qui souligne que, en attendant la rentrée 2025, «rien ne change» (
lire le communiqué).
«Dans une rentrée scolaire, il y a toujours des cas particuliers à régler», relève-t-elle, «on se donne toujours jusqu'à la Toussaint pour régler les ajustements qui sont nécessaires». «Le message doit être pas d'inquiétude pour les familles, tout rentrera dans l'ordre à la Toussaint.»
Un an de plus pour négocier la participation financière de l'enseignement catholique
La Région se donne donc douze mois supplémentaires pour négocier la participation financière des Organismes de gestion de l'enseignement catholique aux lignes de cars dédiées.
La Bourgogne-Franche-Comté recense 119 lycées privés sous contrat, la plupart relevant de l'enseignement catholique.
Selon Marie-Guite Dufay, le principe qui prévaut est «de traiter l'enseignement privé comme l'enseignement public» : «quand une famille décide de ne pas aller dans le secteur et d'inscrire son élève dans un autre secteur, à ce moment-là, l'élève n'est plus un ayant-droit de nos transports».
«Je ne veux pas ranimer de guerre scolaire», insiste Marie-Guite Dufay
«Nous avons de bonnes relations avec l'enseignement privé», assure la présidente de Région qui dénonce des «courriers caricaturaux» de la part de ses opposants.
«Je ne veux pas ranimer de guerre scolaire», insiste la socialiste, «je respecte la liberté, les établissements privés sont sous contrat, chaque famille doit avoir le choix». «Les difficultés liées à l'harmonisation ne sont dues à un choix qui serait idéologique de la part de la Région de brimer les familles qui envoient leurs enfants dans un lycée privée.»
Maintien des dispositifs péri-pédagogiques
«Nous avons des projets péri-pédagogiques pour développer la conscience citoyenne, l'esprit critique qui permet aux élèves de grandir», enchaîne Marie-Guite Dufay, «tous ces dispositifs sont complètement maintenus».
Cela concerne les projets que les enseignants connaissent bien : Ose, Éveil, Échappée littéraire, BFC Reporters, la démarche Écolycée ou encore l'éducation artistique et culturelle.
14% de produits bio dans les cantines des lycées
«Nous poursuivons le travailler pour augmenter le pourcentage de produits bio, locaux dans les cantines», indique la présidente de la Région, «cela permet un bénéfice pour les agriculteurs». «On souhaite que les circuits courts soient de plus en plus présents dans l'alimentation des lycées. (…) C'est aussi une contribution pour une meilleure santé pour les élèves.»
Le plupart des collectivités peinent à atteindre les objectifs de la loi Egalim ayant instauré l'obligation que les repas servis en restauration collective dans tous les établissements chargés d’une mission de service public comptent 50% de produits de qualité et durables, dont au moins 20 % de produits biologiques, avant 2022.
Pour l’année scolaire 2023-2024, en moyenne sur l’ensemble des lycées de Bourgogne-Franche-Comté, la part de produits sous signe de qualité – répondant à la loi Egalim – est de 37%. En particulier, elle est de 14% pour le bio.
Toutefois, la collectivité mène une expérimentation dans 21 lycées – 10 à Dijon et 11 à Besançon – qui ont recours à une centrale d'achats dédiée : leur part de produits locaux, bio et sous signe de qualité a bondi de 35% en 2022-2023 à 45% en 2023-2024. «On s'en sert comme un levier dans les autres lycées», revendique Marie-Guite Dufay.
Des offres de stages pour présenter le monde du travail aux jeunes
En matière d'orientation, la Région a développé
une plate-forme qui propose des stages – complémentaire de la plate-forme nationale «Un jeune, une solution» – pour accueillir dans un milieu professionnel les collégiens, lycéens et jeunes en recherche d'emploi. Ce sont désormais 5.000 offres de stages qui sont proposées en Bourgogne-Franche-Comté.
La participation aux World Skills (ex-Olympiades des métiers) est renouvelée avec l'organisation d'un salon Explore les métiers, en mars, au moment des finales régionales.
La présidente de la Région apparaît réticentee à la construction d'un nouveau lycée à Sens
Puisque la mission de la Région est également de bâtir des lycées en cas de besoin, des élus icaunais appellent à construire un nouveau lycée pour désengorger le lycée de Sens.
La présidente de la collectivité indique réléchir à ce dossier avec les instances académiques. Si le schéma régional d'aménagement du territoire prévoit une augmentation de la population de la Bourgogne-Franche-Comté d'ici 2050, le territoire est confronté plutôt à «une baisse démographique absolument terrible» régulièrement documentée par l'INSEE.
«Nous allons perdre 50% des jeunes de moins de 15 ans dans les 10 années qui viennent sur toute la région sauf à Sens qui bénéficie de la proximité de la région parisienne», relaie Marie-Guite Dufay qui souligne qu'il faut sept ans pour réaliser un lycée. «Il n'est pas garanti que la pression démographique soit toujours la même.»
Un propos conforté le jour même par le recteur de l'académie de Dijon rappelant que d'anciennes projections envisageaient 300.000 élèves en Bourgogne quand leur nombre dépasse de peu 250.000 pour la rentrée 2024-2025.
Jean-Christophe Tardivon
Le lycée polyvalent des Marcs d'Or, à Dijon, qui a connu des travaux de rénovation énergétique en 2023 pour un montant de 4,7 millions d'euros (image d'archives Manon Bollery)