Recherche
Pour nous joindre
redaction.infosdijon@gmail.com
SMS au 07.86.17.77.12
> Bourgogne - Franche-Comté > Bourgogne - Franche-Comté
21/03/2025 17:46

BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ : Le conseil régional accompagne la diversification de la filière automobile en direction de l’aéronautique

En établissant le bilan d'un dispositif dédié à la filière automobile, ce jeudi 20 mars, à Dijon, le vice-président Nicolas Soret a pointé «une politique industrielle de nos donneurs d’ordre qui impacte directement nos sous-traitants».
La filière automobile est dans la tourmente. Baisse des ventes, fin du moteur thermique, constructeurs qui ne jouent pas collectif... L'exécutif du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté s'attend à «une contraction très forte du nombre de personnes embauchées dans la filière».

Ce jeudi 20 mars 2025, en session à Dijon, Nicolas Soret, vice-président chargé notamment du développement économique, a présenté le bilan de la FIMA, dispositif qui accompagne la transition de la filière automobile.

Une feuille de route pour la filière automobile


Constituant le principal secteur industriel de Bourgogne-Franche-Comté, la filière automobile et est confrontée à de profondes mutations depuis plusieurs années. Dans ce contexte, la Région Bourgogne-Franche-Comté a adopté lors de l'assemblée plénière des 26 et 27 janvier 2022, une feuille de route dédiée pour la période 2022-2024.

Comme l’a rappelé Marie-Guite Dufay, présidente de la collectivité, il s’agit d’une des premières grandes décisions prise à la suite de l’élection de 2021. Cette stratégie régionale prévoit d’accompagner les entreprises vers les marchés d’avenir, dans ou bien en-dehors de la filière automobile.

Cela peut passer par l’investissement, l’innovation ou la diversification. C’est aussi accompagner les évolutions de compétences. Cet accompagnement se fait en étroite collaboration avec l’État et les territoires.

Plan automobile et FIMA pour redynamiser tout un secteur


Cette feuille de route s’articule avec le Plan Automobile État-Région Bourgogne-Franche-Comté, lancé le 9 mars 2022. Il reposait à la fois sur le plan national pour l’automobile de l’État et sur la feuille de route automobile de la Région.

Il se décline sur trois axes :
• Force d’intervention mutations automobile (FIMA) : Mobilisation des services de l’État et de la Région pour aller à la rencontre de tous les sous-traitants automobiles.
• Emploi et formation : Renforcement de la collaboration État-Région pour l’accompagnement des transitions des salariés, l’identification des besoins en compétences au plan territorial et la mise en œuvre des plans de formation.
• Territoires d’industrie : Permettre un suivi différencié pour les territoires les plus touchés par les mutations de la filière, en s’appuyant notamment sur le dispositif « Rebond ».

Par ailleurs, la Commission européenne a engagé en janvier 2025 un «dialogue stratégique» avec la filière automobile à l’échelle européenne en vue de définir un nouveau plan de soutien. Ce plan de soutien pourrait être annoncé en mars 2025.

24 millions d’euros entre 2022 et 2024 pour accompagner la filière


Au total, le budget mobilisé par la Région Bourgogne-Franche-Comté pour accompagner la filière automobile entre 2022 et 2024 est de 24 millions d'euros, hors formation des demandeurs d’emploi. La FIMA (composée d’agents de la Région, de l’État et de l’Agence économique régionale) a contacté tous les établissements. Cela représente 287 sous-traitants  automobiles, dont la moitié sont implantés dans le Doubs et le Territoire de Belfort.

Une diversification a déjà été engagée pour la majorité. Pour les autres entreprises, garder une activité dans l’automobile permet de maintenir leur chiffre d’affaires. Les filières de diversification sont multiples et dépendant de l’activité de l’entreprise.

La Région s’appuie sur le pôle de compétitivité Pôle Véhicule du Futur, qui regroupe 379 adhérents (dont 175 en Bourgogne-Franche-Comté), pour concevoir et mettre en œuvre des programmes d’actions qui visent à conseiller les sous
-traitants de la filière automobile face aux évolutions du marché.

En outre depuis 2022, la Région a accompagné 36 projets de l’automobile dans le cadre des aides individuelles aux PME à hauteur de 5.950.008 euros.

L’adaptation des compétences, l’accompagnement des salariés et des demandeurs d’emploi


97 salariés ont pu être formés, issus de 14 entreprises, pour 4000 heures-stagiaires. La majorité des salariés formés (39%) sont des ouvriers. Les thématiques de formation les plus mobilisées sont les technologies industrielles fondamentales, la gestion de production et les langues étrangères. Le financement Région mobilisable a été de 86.270 euros.

Par ailleurs, la Région a soutenu l’association Transition Pro BFC à hauteur de 1,6 millions d'euros sur les 3 années, pour l’accompagnement des projets de transition professionnelle.

En outre, la diversification vers le secteur de la défense sera recherchée. Les actions visant à favoriser l’accès des PME aux marchés de la défense seront intensifiées.

En plus de ce travail de fond, deux événements seront organisés avec le soutien de la Région : le PME DGA Tour et un événement French Tech-ADN FC-AER. Le premier aura lieu le 27 mars prochain à Dijon. Et le second événement se tiendra le 5 juin prochain sur le site du 1er Régiment d’Artillerie de Bourgogne, dans le Territoire de Belfort. Ces événements visent à mettre en relation les acheteurs du ministère des Armées, les donneurs d’ordre industriels et les entreprises, PME comme start-ups.

Nicolas Soret pointe «une politique industrielle de nos donneurs d’ordre qui impacte directement nos sous-traitants»


En introduisant le sujet en session, Marie-Guite Dufay rappelle le contexte européen conduisant à la restructuration du  secteur : la fin du moteur thermique au profit du moteur électrique. Et une rupture des carnets de commande pour les entreprises du secteur.

Après le bilan du FIMA 2022-2024, Nicolas Soret présente les perspectives proposées pour continuer d’accompagner la mutation de la filière automobile en direction de l’aéronautique, voire de la défense. Le vice-président débute : «C’est l’anniversaire des trois ans de cette force d’intervention en direction du secteur automobile». L'élu rappelle l’objectif de décarbonation de la filière automobile, la concurrence de la Chine avec ses voitures, une baisse des volumes d’immatriculation alors que le secteur n’a toujours pas retrouvé le niveau d'avant la crise sanitaire.

Nicolas Soret pointe du doigt «une politique industrielle de nos donneurs d’ordre qui impacte directement nos sous-traitants». Et d’ajouter : « Nos grands donneurs d’ordre ont décidé d’aller chercher à bas coûts dans des pays leurs pièces qu’ils pouvaient trouver dans nos régions. »

Après avoir rappelé les décisions de la Région dans le domaine comme l'accompagnement des entreprises et des salariés, le vice-président indique les deux axes de développement de la filière automobile : électrification des véhicules automobiles grâce à des outils industriels adaptés d’une part et une diversification en direction de divers secteurs d’activités d’autre part.

Et de conclure : «Nous sommes attentifs à l’Europe : elle ne revient pas sur ses ambitions à 2035. En revanche, elle a décidé d’étaler les malus aux entreprises qui ne respecteraient pas la décarbonation».

Les débats entre élus régionaux, entre inquiétudes et optimisme : le secteur de la défense ne fait pas l’unanimité


Marie-Noëlle Biguinet (Union des républicains et du centre et écologistes indépendants)

«La filière automobile est ou a été le fleuron automobile dans notre région. Depuis plusieurs années, le nombre de salariés ne cesse de diminuer. Tout ça à bas bruit. On n’en a pas entendu parler. Tout a été fait pour protéger le personnel et conserver la paix social. D’année en année, nous nous sommes appauvris en nombre d’emplois. A cela s’est ajouté le souci e décarbonation. La Région accompagne ses différents territoires depuis plusieurs années. Ce sont 24 millions d’euros qui ont été investis depuis 2022, somme dont nous ne voyons pas vraiment les résultats.»

«La Région ne pourra répondre seule au souci de diversification. Aux côtés des autres régions touchées par le phénomène, elle doit interpelé l’État et l’Europe sur les choix stratégiques de nos constructeurs qui veulent construire des véhicules chers qui ne sont pas accessibles aux revenus modestes, aux profits de la Chine qui consolide ses productions de petits véhicules à bas coût. Il est encore temps d’agir et d’être très offensif en la matière.»

«Saisissons l’opportunité pour en faire une force. Il est temps de travailler avec nos entreprises pour les convaincre de se développer dans le secteur de la défense. Cette mutation est possible. Cela s’est déjà vu. Certaines entreprises ont déjà répondu favorablement à la question. Je pense notamment à une entreprise lyonnaise qui a choisi d’accepter cette mutation vers le secteur de la défense.»

Éric Oternaud (Écologistes et solidaires)

«Lorsqu’en 2021, nous avions réalisé un audit avec mon collègue Jean-Claude Lagrange, nous évoquions des chiffres de -500.000 emplois en Europe et moins 5000 emplois en BFC. Nous y sommes.»

«Les actions d’étalement de CO2 ne changeront que peu de choses dans cette crise structurelle due aussi à une baisse drastique de la consommation. On est au niveau de production de 1960. Cette industrie est basée sur une consommation régulière. La majorité des achats de véhicules est réalisé par des entreprises.»

«La mutation vers le secteur de la défense ne peut pas répondre à ce souci de mutation puisqu’on met en parallèle une industrie de production de masse (automobile) face à une industrie de niche. Le Rafale, c’est trois avions par mois voire 5. Qui peut croire que le véhicule autonome remplacera l’automobile ? L’économie circulaire vient bouleverser le secteur. Si tous les véhicules sont dans l’économie circulaire, c’est moins 50 % dans l’industrie automobile.»

Patrick Blin (Communistes et républicains)

«Sur cette question, je vois que les constats se rejoignent. La filière automobile française est confrontée depuis de nombreuses années à des choix stratégiques : fusion de grands groupes, choix des modèles alors que la filière devrait contribuer à répondre aux enjeux sociaux, une recherche de compétitivité nocive pour la filière. Les salariés ont perdu un lourd tribut : 114 000 emplois supprimés entre 2006 et 2021.»

«L’État et la Région ont lancé en mars 2022 le plan automobile. Nous notons que nous n’avons pas la main sur l’orientation stratégique du secteur. Les entreprises automobiles ont ciblé les foyers à fort pouvoir d’achat. C’est un échec. Les ventes chutent. La filière ne ressort pas de la crise dans laquelle elle s’est plongée. Les bénéfices ne sont pas à la hauteur des demandes des actionnaires. Alors on reprend les vieilles recettes : renvoi de salariés, baisse de qualité des composants, externalisation à l’étranger. Il n’y aura pas de lutte efficace contre le réchauffement climatique si l’accès à la mobilité durable est limité à une minorité.»

«Au moment où il faut repenser nos modes de déplacement, la voiture doit y trouver toute sa place. Le groupe émet de vives réserves sur la diversification en direction du secteur de la défense.»

Arnaud Marthey (Notre Région par coeur)

«Je vous parle d’industrie textile. Elle connaît un âge d’or au XIXème siècle, début XXème siècle. Puis c’est la crise. La délocalisation de ce secteur a de fortes conséquences sur l’emploi. Pourquoi je vous dis ça ? Quand j’ai travaillé sur le sujet, j’ai voulu faire des comparaisons.»

«Les difficultés du secteur automobile sont assez proches : délocalisation, pertes d’emploi, pertes d’acteurs, concentrations d’acteurs, impact des modifications de normes, fin du moteur thermique qui est un bouleversement.»

«Le monde du travail sera impacté, les petites entreprises complètement dépendantes de la filière. L’industrie automobile a d’autres spécificités : un marché plus structuré, une vigilance technique. Notre feuille de route va chercher à répondre à ça.»

«Je veux mettre en valeur trois éléments : la diversification est gage de réussite. Un certain nombre d’entreprises réussissent cette diversification. Nos prises en charge, nos missions de conseil sont réussies.»

«L’aide à l’innovation est essentielle. Et on l’a dit dans notre région, l’hydrogène. Je pense que c’est important. Un dernier élément, c’est les compétences. Cet investissement dans l’accompagnement des salariés, c’est un exemple de nos actions qui accompagne la mutation de l’économie régionale.»

Vers une évolution de la FIMA


«Nous travaillons actuellement à une deuxième étape de cette FIMA», indique Nicolas Soret. «Les constructeurs ne pourront être aidés  que si une majorité de véhicules est produite en Europe. Nous ne savons pas encore ce qui sera décidé sur un certain nombre de barrières douanières et nous concernant on réfléchit à une avance remboursable, la diversification vers le secteur de l’hydrogène, de l’aéronautique et bien sûr de la défense.»

«Il y a une actualité et une opportunité», poursuit-il. «On y reviendra pour voir les nouvelles solutions que nous apportons dans le cadre d’une FIMA renouvelée après trois ans.»

«L’avenir du secteur automobile est loin d’être tracé», reconnaît Marie-Guite Dufay en conclusion. «Des incertitudes mondiales et européennes pèsent lourd dans la balance des choix à réaliser pour conduire la filière vers une mutation réussie.»

Émilie Mondoloni
Photographies JC Tardivon

Marie-Guite Dufay se réjouit des annonces faites par Emmanuel Macron concernant la base aérienne de Luxeuil-Saint-Sauveur


En présentant le budget 2025, Marie-Guite Dufay fait de la «maîtrise des dépenses» un étendard


Poutine et Trump s'invitent dans les débats du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté


Clash entre les élus du Rassemblement national et la majorité de la Région Bourgogne-Franche-Comté


À la Région Bourgogne-Franche-Comté, la majorité de Marie-Guite Dufay vote un budget de 1,92 milliard d'euros pour 2025


Le dossier de la Région Bourgogne-Franche-Comté sur la session du 20 mars avec le budget primitif 2025


La commission permanente de la Région Bourgogne-Franche-Comté du 21 mars attribue 383 millions d'euros d'aides


L'avis du CESER sur le budget 2025 de la Région Bourgogne-Franche-Comté











Votre météo à Dijon
Votre météo en Bourgogne
Infos-dijon.com - Mentions légales