
Chacun en fonction de son orientation, ce vendredi 30 juin, les présidents des groupes politiques de la Région ont proposé une analyse des causes des violences urbaines et envisagé les réponses à apporter.
De façon exceptionnelle, la présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté a donné la parole aux présidents de groupes politiques, ce vendredi 30 juin 2023, en début de la seconde journée d'assemblée plénière.
Après avoir exprimé, la veille, leur émotion à la suite de la mort du jeune Nahel (
lire notre article), tué par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre, le 27 juin dernier, les élus régionaux ont réagi aux violences urbaines qui ont marqué les nuits de villes, y compris moyennes, de la région.
«La lutte contre les inégalités et les discrimination est plus que jamais un enjeu majeur de notre société», déclare Marie-Guite Dufay
En introduisant cette séquence, Marie-Guite Dufay (PS), présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, exprime sa «solidarité» avec les habitants des quartiers touchés par les violences ubraines ainsi que les élus et les agents des services de l’État.
«Rien ne peut justifier les violences d'où quelles viennent», déclare gravement la socialiste, «ils appartient aux élus de la Région de relayer un message d'apaisement». «La lutte contre les inégalités et les discrimination est plus que jamais un enjeu majeur de notre société, elle a toujours été une valeur cardinale pour ma majorité, pour la conduite de nos politiques.»
«Nous resterons avec les services de l’État sur le terrain pour ramener l'ordre républicain», assure Gilles Platret
«On est dans le feu de l'action», enchaîne Gilles Platret (LR), président du groupe d'opposition de l'Union des républicains et du centre et écologistes indépendants, «cette nuit a été une nuit de feu partout en France ; (…) des villes qui n'avaient pas encore été touchées, l'ont été cette nuit, celles qui l'avaient été la veille l'ont été encore plus durement que le jour d'avant. Nous avons a un effet d'entraînement qui est notable».
Celui qui est également maire de Chalon-sur-Saône salue «la mobilisation totale des services de l’État» et «l'engagement de la préfectorale, en particulier, est absolument constant aux côtés des élus sur ce sujet-là pour que nous parvenions ensemble à maintenir l'ordre républicain».
«Cet ordre est menacé par des meutes», poursuit-il en livrant son constat de la nuit précédente depuis le centre de supervision urbain chalonnais, «ce sont des jeunes de 15 à 25 ans qui se réunissent en meutes, qui sont extrêmement mobiles, qui sont coordonnés, qui sont capables de faire partir des feux dans plusieurs quartiers exactement en même temps et qui rendent la tâche des forces de l'ordre et des forces de secours beaucoup plus compliquée».
«J'ajoute à cela une volonté meurtrière parfois», prolonge l'élu local en donnant un autre exemple : «hier, un policier municipal a échappé de peu à la mort car il a été la cible d'un chauffard de 17 ans qui a véritablement foncé sur lui, (…) le passager de la voiture, au dernier moment, a tiré sur le frein à main pour empêcher que le policier soit percuté».
«C'était une violence ordinaire jusque là, ça devient une violence extraordinaire à présent. Ça reste une violence durablement incrustée dans le territoire», analyse Gilles Platret qui salue «l'action des forces de secours et de sécurité» et adresse «un message d'extrême fermeté». «Nous ne lâcherons pas le terrain, nous ne laisserons pas ces hordes mener la loi comme elles entendent le faire, nous resterons avec les services de l’État sur le terrain pour ramener l'ordre républicain.»
«L'assimilation a échoué», analyse Julien Odoul
À sont tour, Julien Odoul (RN), président du groupe d'opposition du Rassemblement national, salue les forces de sécurité intérieure et de sécurité civile dont «les pompiers déjà durement éprouvés depuis de nombreux mois et qui subissent un déchaînement sans précédent».
L'élu de l'Yonne lit un message qu'une «maman» qui a «peur pour [ses] enfants» lui a envoyé depuis le quartier populaire des Champs plaisants à Sens. «Les habitants des quartiers sont les premières victimes de cette sauvagerie», analyse l'Icaunais.
Le soutien de Marine Le Pen tient à opérer une «nuance» au propos de la présidente de la collectivité en incitant à «faire le bon diagnostic» : «les quartiers populaires ne sont pas que des creusets d'inégalité et de discrimination, (…) l'assimilation a échoué».
«Une immense partie de cette jeunesse issue de l'immigration, de troisième voire quatrième génération, ne s'est pas assimilée à notre pays», développe l'élu populiste. «Qu'est-ce qui justifie de brûler le drapeau français, de s'en prendre à des mémorials de la Résistance, d'inscrire des messages antisémite ? (…) C'est une haine de la France qui s'exprime, ce ne sont pas des revendications sociales qui s'expriment.»
En fonction de quoi Julien Odoul appelle à la «fermeté» de la part de «tous les acteurs» et à une «prise de conscience collective».
«Il y a du laxisme chez un certain nombre de familles», estime Denis Thuriot
Président du groupe d'opposition des élus progressistes à la Région, Denis Thuriot (REN) évoque une «guérilla urbaine» et exprime «une pensée pour les victimes collatérales».
Celui qui est également maire de Nevers se dit «solidaire» des élus concernés et liste des dégradations survenues en particulier dans des villes médianes.
Le soutien de la majorité présidentielle défend les dispositifs gouvernementaux destinés aux quartiers populaires.
«Il y a du laxisme aussi chez un certain nombre de familles par rapport aux principes éducatifs et respects des valeurs qui nous unissent», estime l'élu progressiste.
Claire Mallard incite à «redoubler d'effort dans les services publics des quartiers politique de la ville»
Présidente du groupe Écologistes et solidaires, participant de la majorité, Claire Mallard (EELV) constate que «Nahel est mort, la tension est maximale et les services publics partent en fumée dans des quartiers (…) que l'on a abandonnés ; (…) c'est terrible pour la famille, pour les habitants de ces quartiers».
«Évidemment, toute forme de violence est inacceptable et doit être condamnée, j'apporte mon soutien aux élus locaux qui ont à gérer toutes ses violences», ajoute l'élue régionale.
«Évidemment, des appels au calme mais (…) il faut construire un apaisement dans le temps», poursuit Claire Mallard qui «repense» aux émeutes urbaines de 2005 : «quelle conclusion a-t-on tirée depuis tout ce temps ?»
L'écologiste estime que «les moyens sont insuffisants» en matière de «médiation» et de «prévention». Et d'inciter à «redoubler d'effort dans les services publics des quartiers politique de la ville».
Muriel Ternant appelle à «réformer en profondeur la sécurité publique»
Présidente du groupe des élus communistes et républicains, participant de la majorité, Muriel Ternant (PCF) exprime également sa «solidarité» avec les habitants, les forces de sécurité intérieure et les élus locaux.
«Nous sommes dans un engrenage inquiétant», alerte l'élue communiste, «on ne peut pas isoler du climat général de tension sociale et de défiance à l'égard des institutions aggravé par la séquence récente de la réforme des retraites».
«Depuis les années 2000, un tournant répressif a été pris par les forces de l'ordre, il faudra aussi faire le bilan de ce tournant répressif», analyse Muriel Ternant qui appelle à «réformer en profondeur la sécurité publique».
Jérôme Durain insiste sur les «politiques territoriales»
Président du principal groupe de la majorité, Notre Région par cœur, Jérôme Durain (PS) partage l'«empathie» manifestée par la présidente de la collectivité ainsi que le «soutien» aux habitants des quartiers des petites villes notamment.
«Le rôle de la parole publique est d'appeler à l'apaisement pour éteindre cet incendie social qui s’exprime», insiste le socialiste qui a un mot pour les agents des services publics.
«Ce sont des symboles de la République qui sont attaqués», constate Jérôme Durain, «ce sont aussi des supermarchés, des cinémas». «Le malaise qui s'exprime de manière maladroite, violente, condamnable, touche l'ensemble de la société».
Dernier à s'exprimer, l'élu régional appelle à conduire des «politiques territoriales» pour «apporter des réponses durables à ce qui s’exprime dans les rues de nos quartiers».
Jean-Christophe Tardivon