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30/07/2021 08:48

BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ : Les travaux publics recrutent pour réaliser les infrastructures de l'avenir

«L'économie passe par le développement des infrastructures», signale le président de la fédération régionale des travaux publics de Bourgogne-Franche-Comté. Alors que 300 postes sont à pourvoir, l'organisation patronale présidée par Vincent Martin tient à faire savoir que les conditions de travail ont évolué.
Post-confinement, la perspective d'une reprise en V semble se concrétiser. Le plan gouvernemental finance la relance en insistant sur la transition écologique et les industries d'avenir.

La filière des travaux publics entend participer pleinement à ce rebond économique ainsi que l'a expliqué ce mercredi 28 juillet 2021 Vincent Martin, président de la fédération régionale des travaux publics de Bourgogne-Franche-Comté (FRTP).

Pour manifester son ambition, la FRTP a adopté un nouveau slogan : «urgence, confiance, relance». Vincent Martin insiste tout particulièrement sur ce dernier mot mais les deux autres ont toute leur importance.

«Les entreprises de travaux publics se portent bien»


Après une année «exemplaire pour les travaux publics en 2020», où les travaux publics ont pu travailler malgré la crise sanitaire, sauf durant six semaines lors du confinement du printemps. «Nous avons été confortés dans l'idée que les travaux publics étaient essentiels au pays», souligne Vincent Martin.

«Les entreprises de travaux publics se portent bien grâce à l'effort de l'ensemble des collaborateurs de chacune des entreprises qui composent cette fédération des travaux publics», indique le président.

Malgré la crise et malgré les échéances électorales. Début 2021, les entreprises ont vu publier les appels d'offres succédant aux élections municipales et voter les budgets des conseils départementaux. Les carnets sont donc bien remplis même si la visibilité ne dépasse pas six mois.

Sujet d'inquiétude pour la construction notamment, les travaux publics ne craignent guère la pénurie de matières premières liée aux fortes reprises en 2021 aux États-Unis et en Chine. Seul le génie civil pâtit d'une hausse de 80% de l'acier en un an.

Tout au plus, la filière surveille la pénurie de latex qui entre dans la composition des enrobés modifiés, de plus en plus utilisés. Latex qui provient particulièrement d'Australie, de Nouvelle-Zélande et globalement d'Asie du sud est.

La filière est favorable aux 2x2 voies


Avec le rebond qui se dessine, la FRTP alerte les élus sur le contrat de plan État-Région 2015-202020 prolongé jusqu'en 2022 qui n'est réalisé qu'à hauteur de 60%. «Le plan de relance doit permettre au CPER d'avancer plus vite», espère le président. Au niveau national, les 100 milliards d'euros de France Relance, 3,8 milliards d'euros sont fléchés en direction des travaux publics.

En Bourgogne-Franche-Comté, la FRTP compte voir la finalisation de la RCEA en Saône-et-Loire en 2023, le passage en deux fois deux voies de la rocade de Dijon ainsi que du tronçon de la RN 57 entre l'Amitié et Beure.

Concernant ce dernier projet, Vincent Martin regarde avec intérêt l'abstention d'Anne Vignot (EELV), maire de Besançon et présidente de Grand Besançon Métropole, le 24 juin dernier en conseil communautaire alors que le projet d'aménagement recevait un avis favorable malgré l'opposition des autres écologistes. Le président de la FRTP espère que cela emportera la conviction des écologistes dijonnais à propos de la Lino.

En revanche, concernant la deuxième phase de la branche est de la LGV Rhin-Rhône à finaliser entre Dijon et Mulhouse – 35 km en Alsace budgétés à 850 millions d'euros et 13 km en Côte-d'Or budgétés à 310 millions d'euros – Vincent Martin se dit «raisonnable» et ne défend plus le tronçon de Côte-d'Or.

Des fonds européens pour renouveler les canalisations d'eau ?


«Pour la transition écologique et économique des territoires, il faut que les territoires soient bien reliés entre eux. Il faut se donner les moyens pour réussir ces transitions si on veut que les gens viennent s'installer sur nos territoires. Il faut que les élus aient en tête que l'économie passe par le développement des infrastructures», explique le président de la FRTP.

Le renouvellement des canalisations d'eau est un cheval de bataille de Vincent Martin qui ne cesse de rappeler que 20% de l'eau sont perdus dans les fuites d'un réseau vieillissant. La fédération nationale des travaux publics mène donc des actions de lobbying en ce sens au niveau de l'Union européenne pour orienter des fonds FEDER vers un tel renouvellement des réseaux.

«On fait tout pour attirer les jeunes dans nos métiers»


«Les jeunes veulent-ils travailler ?», se demande Vincent Martin en abordant le sujet du recrutement pour faire face à la réalisation des infrastructures envisagées. Il y a 300 postes à pourvoir dans les entreprises de travaux publics en Bourgogne-Franche-Comté.

Cela sans compter les 400 apprentis formés chaque année par l'école de branche installée à Besançon, tous ensuite embauchés dans les entreprises de la région. «La profession maintient ses efforts sur l'apprentissage», insiste Vincent Martin.

«On fait tout pour attirer les jeunes dans nos métiers. On utilise des outils modernes. Les conducteurs d'engins ont des machines équipées. En formation, c'est comme s'ils étaient à la Playstation. On a modernisé nos métiers des travaux publics, on fait travailler les gens dans des conditions correctes», martèle le président de la FRTP. Les bases vie sont climatisées, le «panier» pour le déjeuner a été réévalué.

De futurs jobs datings avec Pôle Emploi


Conducteurs de travaux, géomètres, techniciens d'études, chefs de chantier.... toutes les compétences sont recherchés. Vincent Martin pointe un fort turn-over dans les entreprises lié à «un phénomène de société» car «les jeunes se lassent vite».

Une problématique qui ne serait plus liée à la rémunération selon le président de la FRTP. Par exemple, un conducteur de travaux avec quelques années d'expérience peut espérer gagner entre 3.500 euros et 4.500 euros bruts.

«Notre boulot de chefs d'entreprise, c'est de fidéliser ceux qu'on a déjà car attirer les nouveaux talents, c'est plus compliqué». Le dirigeant de Roger Martin – 300 millions d'euros de chiffre d'affaires, 1.700 collaborateurs – se dit près à recruter 100 personnes s'il pouvait trouver les bons profils.

La FRTP a conclu un partenariat avec Pôle Emploi afin d'organiser des jobs datings pour attirer les talents. En amont, les conseillers Pôle Emploi seront eux-mêmes sensibilisés aux nouvelles conditions de travail de la filière.

«Promouvoir les technologies de développement durable dans les travaux publics»


Pour améliorer son image, la FRTP a transformé le cluster Écochantier, installé à Besançon et rassemblant à parité des acteurs publics et privés, en une association devenant régionale et rebaptisée écoRSE TP.

Il s'agit d'«un outil pour la profession pour promouvoir les technologies de développement durable dans les travaux publics», explique Vincent Martin qui tient à faire sa voir que «les travaux publics sont précurseurs en matière de recyclage et de réutilisation des matériaux». Certains enrobés contiennent jusqu'à 40% de matériaux recyclés.

Après la pause estivale, l'organisation patronale s'attend à une rentrée dynamique faite de réunions avec les préfets de départements et de la tenue du Carrefour des collectivités à Besançon les 23 et 24 septembre avant de préparer la Semaine des travaux publics, du 15 au 21 novembre, puis Cité 21 à Dijon, les 8 et 9 décembre.

Jean-Christophe Tardivon


Vincent Martin, président de la Fédération Régionale des Travaux Publics de Bourgogne-Franche-Comté.