
Ce vendredi 25 octobre, devant les éleveurs, Marie-Dufay, la présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté a clairement choisi son camp. Celui des éleveurs contre le loup. Une grosse pierre dans le jardin de la composante verte de sa majorité.
On sait que le loup fait débat. Il y a les «pour» et les «anti». Du côté des «anti» on trouve une très large majorité des éleveurs qui, dans les huit départements de Bourgogne – Franche-Comté, à savoir la Haute-Saône, le Territoire de Belfort, le Doubs, le Jura, la Saône-et-Loire, la Nièvre, la Côte-d’Or, et l’Yonne, sont contre la protection du prédateur et appellent à un renforcement de ce que l’on appelle les tirs de prélèvement.
Vendredi matin, le sujet s’est invité dans l’hémicycle du Conseil Régional de Bourgogne – Franche-Comté. Alors que les jeunes agriculteurs venaient de faire part de leur désarroi devant les retards de versements des subventions des fonds européens pour leurs exploitations, c’est Thomas Lemée, président des jeunes agriculteurs de Bourgogne – Franche-Comté qui a introduit le sujet en lançant : «Pour notre territoire, notre économie, nos paysage et même notre biodiversité, on a plus besoin d’éleveurs que de loups. Car dans notre région, on ne peut pas apporter un soutien au loup. Ce n’est pas normal. Vous n’imaginez pas la détresse des éleveurs», a-t-il lancé.
«Le loup et l’élevage en Bourgogne – Franche-Comté sont incompatibles»
La Présidente Marie-Guite Dufay l’a alors interrompu, pour affirmer : «La réponse est «oui». On a besoin de plus d’éleveurs que de loups». Des propos qui ont conduit Thomas Lemée à répondre : «Merci Madame la Présidente. Vous n’imaginez pas la détresse, la colère, la frustration des éleveurs victimes de prédation. Ils ont besoin de soutien».
Et de poursuivre : «Thierry Jardin, président de la chambre d’agriculture de la Haute-Saône l’a fait. Il a dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas.
Nos vaches et nos moutons sont le fruit de notre travail et de notre passion. Nous ne laisserons pas le loup les détruire. Nous ne voulons pas être obligés d’abandonner nos élevages, parce que le loup, avec le soutien de la bêtise humaine, aura gagné la partie.
Le loup et l’élevage en Bourgogne – Franche-Comté sont incompatibles».
Pour celles et ceux qui ne l’auraient pas compris, Marie-Guite Dufay insista : «Oui ! Oui ! Je l’ai dit avec force aux préfets successifs, qui sont venus nous rencontrer sur ce thème du loup. Nous avons des spécificités d’élevage qui n’ont rien à voir avec les Alpes, qui élèvent des troupeaux bovins. Il faut absolument le faire reconnaitre. Vous avez raison et archi raison».
Une grosse pierre dans le jardin des écologistes
Ce qui a valu à l’élu : ««Merci Madame la Présidente», de la part de Thomas Lemée, de toute évidence très heureux et satisfait de cette position tranchée de Madame Dufay.
On ne sait pas comment les élus du groupes Les Ecologies ont apprécié les déclarations de la Présidente de Région. Mais il est tès clair qu’en prenant le parti des éleveurs contre le loup, elle a lancé non pas un petit caillou, mais une grosse pierre dans leur jardin.
Des élus écologistes, Stéphanie Modde et Claire Mallard en tête qui avant la grande explication dans l’hémicycle, comme les élus des autres groupes, étaient allées mesurer le température du côté des manifestants, boulevard de la Trémouille.
Pas certain qu’à la prochaine réunion des élus de la majorité, le dossier du loup s’invite de nouveaux. Ce qui serait la démonstration que le prédateur peut faire des dégâts pas seulement dans les troupeaux. On verra bien sur le groupe des écologistes se fend d’un communiqué ou d’une déclaration dans les prochains jours.
Alain BOLLERY
