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20/03/2025 18:59

BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ : Poutine et Trump s'invitent dans les débats du conseil régional

L'ombre de l'«économie de guerre», voulue par Emmanuel Macron, a plané sur les débats, ce jeudi 20 mars, à Dijon. Marie-Guite Dufay se méfie de la «menace» russe et appelle l'Union européenne à «riposter» face aux tarifs douaniers américains.
Les positions fondamentales des différents groupes ont été exposées lors du débat d'orientation budgétaire aussi, en amont de l'examen du budget primitif pour 2025, les propos liminaires des élus de la majorité ont largement intégré des sujets d'actualité dont les nouvelles relations entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Parmi les oppositions, Julien Odoul et Gilles Platret ont notamment critiqué la hausse de la taxe sur les cartes grises tandis que Denis Thuriot est revenu sur la crise de la gestion des aides agricoles liées au fonds FEADER.


Marie-Guite Dufay se méfie de la «menace» russe et appelle l'Union européen à «riposter» face aux tarifs douaniers américains


Première à prendre la parole, Marie-Guite Dufay débute son propos sur le contexte international. La présidente de la Région s'alarme des risques de voir les tarifs douaniers relevés par les États-Unis après l'élection de Donald Trump, considérant qu'il s'agit là d'une «défiance» à l'encontre de l'Union européenne.

Le secteur vitivinicole étant le premier concerné, «l'Europe et notre pays doivent tout mettre en œuvre pour répondre en soutenant nos filières et en ripostant par des mesures économiques appropriées».

«En parallèle, la Fédération de Russie reste une menace qui plane sur l'espace européen. Face à cela, l'action du président de la République et de l'Union européenne pour approfondir nos capacités de défense est essentielle», déclare la socialiste. «On est à un véritable moment à la fois de gravité mais aussi de vérité pour l'Union européenne qui doit se donner les moyens de se redéfinir en puissance géopolitique.»

La BA 116 de Luxeuil-Saint-Sauveur va participer à la dissuasion nucléaire


Concernant le financement des moyens de défense, la responsable de l'exécutif régional «s'interroge» sur le refus d'augmenter les impôts, exprimé par Emmanuel Macron – «la justice notamment sociale dans les efforts demandés sera un critère essentiel pour qu'une adhésion se maintienne» –, et appelle à «une contractualisation entre l’État et les territoires à travers des trajectoires pluriannuelles pour les dotations, les recettes et les investissements».

Dans ce contexte, la présidente de la Région se réjouit de l'investissement de 1,5 milliard d'euros, annoncé par Emmanuel Macron, le 18 mars dernier, destiné à la BA 116 de Luxeuil-Saint-Sauveur qui «assure la pérennité de cette base» devenant stratégique avec l'arrivée de Rafale F-5 et de missiles nucléaires hypersoniques ( lire notre article).

Marie-Guite Dufay met en avant «la gestion maîtrisée» de la collectivité


La présidente de la Région rappelle que le budget a été préparé, comme depuis 2020, dans un contexte allant de crise en crise. Dernièrement, la loi de finances 2025 fait «peser un effort conséquent sur notre collectivité».

Du côté des «atouts», Marie-Guite Dufay met en avant «la gestion maîtrisée» de la collectivité : «le budget s'inscrit bien dans la continuité de la maîtrise de nos dépenses, (…) avec l'objectif premier de maîtriser notre fonctionnement». «Nous faisons le choix de privilégier l'exercice de nos compétences d'où des remises en cause d'action qui ne sont pas dans notre domaine de compétences.»

Dans le cadre de «la maîtrise des dépenses d'investissement», «nous conservons un budget d'investissement très élevé avec 581 millions d'euros», assure la socialiste en soulignant les moyens accordés aux mobilités et aux territoires.

Bien que l'enveloppe pluriannuelle d'investissement pour l'entretien des lycées soit réduite de 100 millions d'euros, la présidente de la Région souligne qu'il reste 740 millions d'euros, ce qui en fait «une action majeure».

Marie-Guite Dufay revendique ensuite «le déploiement de politiques publiques ambitieuses» tournée vers les habitants, les entreprises et les territoires.

Dans le secteur automobile, la FIMA pourrait devenir nationale


Parmi les sujets d'actualité, les élus ont prévu de se pencher sur le bilan de la Force d'intervention mutations automobile (FIMA). 24 millions d'euros ont été consacrés au soutien de «la diversification et de l'innovation dans un secteur impacté par la mutation vers le moteur électrique». Une diversification qui pourrait s'orienter vers le secteur aéronautique pour viser des marchés de la défense.

Un travail est mené avec le ministère de l'Industrie, en partenariat avec les Régions Hauts-de-France, Grand-Est et Bretagne pour envisager l'évolution vers une force d'intervention nationale.

Concernant la filière hydrogène, «la Bourgogne-Franche-Comté prend toute sa place dans ce pilier stratégique de diversification». Marie-Guite Dufay appelle à «un soutien clair et pérenne de l’État» et  demande «la confirmation des engagements nationaux».

Constatant un «très fort enjeu de la forêt et du bois» – «un bien que nous avons l'absolue nécessité de préserver» – , la socialiste alerte sur le fait que «l’épicéa, dans le Jura, paie un très lourd tribu» au changement climatique avec 20% de mortalité.

«Des arbres deviendront inadapté aux territoires qu'ils occupent actuellement», analyse-t-elle, «notre quotidien en sera bouleversé». Et d'appeler à participer à la campagne d'appel aux dons lancée par des Conservatoires naturels régionaux qui a pour objectif de préserver les forêts qui ont plus de deux cents ans.

«Vous êtes devenus des fanatiques de la taxe», proteste Julien Odoul


Président du groupe Rassemblement national Bourgogne-Franche-Comté, Julien Odoul (RN) entame son propos en évoquant lui aussi une menace, «le fondamentalisme islamiste».

C'est le début d'en enchaînement de polémiques entre le groupe du RN et le principal groupe de la majorité Notre Région par cœur, chacun se taxant d'antisémitisme. Cela conduira les élus du camp national à quitter la session (lire notre article).

«Rien ne change dans la France d'Emmanuel Macron», poursuit Julien Odoul avec une incisive concernant la réforme des retraites, «les Français se font balader une nouvelle fois». «Emmanuel Macron, son gouvernement, ne feront rien pour alléger les souffrances des Français qui ont commencé à travailler le plus tôt.»

Puis, l'élu populiste choisit de cibler une députée écologiste de la région, ancienne ministre de Lionel Jospin, en fustigeant «la nomination de Dominique Voynet, fervente opposante au nucléaire, qui a participé à saborder notre filière nucléaire, au Haut comité pour la transparence et l'information sur la sûreté nucléaire».

«Rien ne change dans la Bourgogne-Franche-Comté de Marie-Guite Dufay», enchaîne Julien Odoul en revenant aux sujets régionaux, «depuis dix ans maintenant, rien n'a changé, tout à empirer.»

«Vous êtes devenus des fanatiques de la taxe et du gaspillage pour ne pas toucher à vos clientèles électorales», peste-t-il en citant les automobilistes, les entreprises, les jeunes ou encore les agriculteurs – «le dossier FEADER n'est toujours pas réglé», glisse-t-il au passage. «Le dispositif Éveil était utile et concret, vous l'avez supprimé pour garder la formation linguistique des migrants, pour garder l'art contemporain, votre communication, vos niches électorales.»

Finalement, Julien donne «rendez-vous dans trois ans aux Bourguignons et aux Francs-Comtois pour deux engagements : leur rendre leur Région et, surtout, leur rendre leur argent».

«Vous avez toujours voté contre le dispositif Éveil», cingle Marie-Guite Dufay en réponse, applaudie par ses soutiens.

Gilles Platret prophétise «une crise multiforme qui va durer longtemps»


Président du groupe Union des républicains et du centre et écologistes indépendants, Gilles Platret (divers droite) salue lui aussi «les bonnes nouvelles» annoncées par Emmanuel Macron concernant la base aérienne de Luxeuil-Saint-Saveur.

Concernant les finances nationales, Gilles Platret craint que «l'alourdissement du poids de la dette pèse sur nos finances régionales» et déplore avec l'exécutif le «peu d'autonomie des Régions sur leurs ressources».

«À la moindre occasion, vous augmentez les taux dont vous disposez», déplore-t-il en songeant à la hausse de la taxe sur les cartes grises, «cette fois-ci, vous êtes au taquet». «C'est un mauvais signe donné à l'ensemble de nos politiques et à notre population.»

«Il y a trois grandes orientations que nous contestons : l'augmentation de la taxe sur les cartes grises, le recours substantiel à l'endettement, le refus à entamer un travail sérieux de maîtrise ciblée des charges de fonctionnement», liste l'élu conservateur qui appelle à du «volontarisme» sur ce dernier point particulièrement. «Vous faites finalement ce que vous reprochez à l’État.»

Gilles Platret conclut en évoquant «les menaces qui pèsent en dehors des aspects budgétaires», comme la gestion des fonds européens FEADER ou encore le développement des énergies renouvelables dont l'éolien. Et de prophétiser «une crise multiforme qui va durer longtemps».

Denis Thuriot appelle à traiter les dossiers FEADER «dans les cours de ferme»


«Pour une France souveraine, il faut des Régions fortes», scande Denis Thuriot (REN) qui alerte sur les «points de faiblesse» de la collectivité. Le président du groupe des élus progressistes enchaîne par la critique de la gestion «inefficace» des fonds FEADER en relayant les propos du syndicat des Jeunes Agriculteurs : «peut-être faudrait-il traiter ces dossiers dans les cours de ferme».

Denis Thuriot poursuit en défendant le «déséquilibre territorial» : «l'offre de formation reste trop concentrée sur Dijon, Besançon et Montbéliard». L'élu progressiste appelle à «développer des antennes locales et à faciliter la mobilité des étudiants».

La pétition sur les petites lignes ferroviaires soutenue par la Région laisse songeur l'élu progressiste : «il s'agit d'une curieuse méthode de déresponsabilité et même d'une négation de la décentralisation».

«Nous n'avons pas la compétence sur les infrastructures mais sur l'organisation des services», répond Marie-Guite Dufay. «Sur les petites lignes, il y a une nécessité que l’État, qui est propriétaire, ne soit pas absent.»

Claire Mallard relève que «44% des crédits de paiement sont alloués aux transitions, à l'atténuation et à l'adaptation climatiques»


Présidente du groupe Écologistes et solidaires, Claire Mallard (LE) rappelle que ce 21 mars sera célébrée le Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale.

Dans la foulée, l'élue écologiste dénonce «la montée des fascismes dans le monde» : «le risque le plus facilement perceptible – sauf pour le Rassemblement national et Monsieur Odoul qui n'en a pas dit un mot ce matin» – est celui que fait peser la Russie par sa guerre d'agression en Ukraine et par la tentation qui est la sienne de reconstituer sa ceinture impériale au nord et à l'est de notre continent».

Une menace considérée comme étant «la conséquence de la rivalité entre puissances, grandes et moyennes, entre oligarchies de grandes firmes pour prendre le contrôle des zones-clés pour l'extraction et le commerce des matières premières stratégiques pour les décennies à venir». «Il n'y a donc pas de lutte efficace contre la menace russe sans renforcement de la capacité européenne à s'opposer à tous les fauteurs et à tous les facteurs de guerre.»

L'élue écologiste appelle donc au «renforcement de l'action internationale contre le changement climatique et la crise écologique qui frappe les peuples et les précipitent dans les bras des bellicistes de toutes origines». «Je ne vois pas comment on peut rejeter les énergies renouvelables sans être complice de l'effort de guerre de la Russie.»

Concernant le financement du réarmement européen, Claire Mallard considère que «ce n'est pas aux citoyens de se serrer la ceinture mais bien aux grosses fortunes de contribuer à l'effort de dépense global».

La présidente de groupe défend finalement «une écologie de l'action» puisque, dans le budget primitif 2025, «44% des crédits de paiement sont alloués aux transitions, à l'atténuation et à l'adaptation climatique», et salue la définition d'une feuille de route pour la planification écologique.

«Une nouvelle ponction au nom de l'économie de guerre aurait des conséquences graves», alerte Muriel Ternant


Président du groupe des élus communistes et républicains, Muriel Ternant (PCF) dénonce «les discours martiaux» et regrette que «l’État ne trouve pas 60 millions d'euros pour garantir la circulation à Luxeuil-lès-Bains, située sur la ligne ferroviaire Belfort-Lure, mais il trouve sans problème 1,5 milliard d'euros pour y installer des missiles nucléaires».

«Les leviers de financement aujourd'hui envisagés par le gouvernement sont inquiétants», lance l'élue communiste à la suite des annonces de la ministre des Comptes publics sur la révision des dépenses publiques. «C'est la guerre au monde du travail et de la création, la guerre à la jeunesse qui est en préparation.»

La conseillère régionale préfère «donner la priorité à l'emploi et à la formation» et appuie la demande d'assouplissement des critères de gestion des collectivités et de sortie des dépenses pour la transition écologique de ces critères.

«Le budget que nous allons examiner nous permet de préserver encore la quasi totalité de nos politiques publiques», conclut-elle, «une nouvelle ponction au nom de l'économie de guerre aurait des conséquences graves».

«Cette majorité affiche clairement ses choix pour le rayonnement et l'attractivité de la Bourgogne-Franche-Comté», scande Jérôme Durain


«Le laboratoire américain de Trump et Musk est une utile alerte pour ceux qui imaginent les populistes arriver au pouvoir en 2027», analyse Jérôme Durain (PS), président du groupe Notre Région par cœur, principal groupe de la majorité, à propos des sujets nationaux et internationaux.

Concernant le budget régional, le président de groupe fait part de «sa volonté de continuer dans la mise en œuvre des fondamentaux de ce mandat» : formation, transition écologique et «solidarité entre tous». Cela avec une méthode qui vise à «préserver les politiques publiques prioritaires en dégradant relativement nos ratios».

«Nous faisons des économies de fonctionnement», souligne le socialiste – «mauvaises» fuse hors micro dans les rangs du groupe de Gilles Platret.

«Le débat est mal venu sur la dette», adresse Jérôme Durain à Gilles Platret. «La dramatisation de la situation agricole ne sert personne», répond-il à Denis Thuriot tandis que Gilles Platret rétorque hors micro : «l'opposition n'alimente pas la crise agricole, qui est-ce qui l'a créée ?»

«Nous subissons les guerres mais nous choisissons nos combats», scande le président de groupe, « cette majorité affiche clairement ses choix pour le rayonnement et l'attractivité de la Bourgogne-Franche-Comté, pour un meilleur service public régional, pour une Région ouverte, solidaire et généreuse, pour une Région qui s'empare des défis écologiques ».

Imperturbable alors que le ton monte, l'orateur relève des «incohérences» dans les votes des élus RN qui maugréent hors-micro.

Regardant les amendements et motions présentées par le groupe du Rassemblement national, Jérôme Durain se prononce «contre la démagogie crasse qui jamais rien ne résout».

Examen du budget primitif 2025 sans les élus du RN


Le socialiste participe ainsi à un enchaînement de tensions qui conduit les élus du Rassemblement national à quitter la salle des séances ( lire notre article).

Ce clash passé les conseillers régionaux se sont penchés sur l'examen détaillé du budget primitif à un rythme accéléré.

Jean-Christophe Tardivon

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