«Les travaux font que les trains sont plus ponctuels», a relevé le préfet Paul Mourier, ce lundi 10 mars, à Dijon. Pourtant, les investissements dédiés aux infrastructures ferroviaires s’inscrivent en baisse par rapport aux années précédentes.
«SNCF Réseau est engagé pour le fer» et tient à le faire savoir. Ce lundi 10 mars 2025, à Dijon, le gestionnaire de l'infrastructure ferroviaire française, filiale de la SNCF, a listé les chantiers programmés en Bourgogne-Franche-Comté en 2025.
Ont participé à la présentation Paul Mourier, préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté, Michel Neugnot (PS), premier vice-président du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, Maxime Chatard, directeur territorial de SNCF Réseau en Bourgogne-Franche-Comté, et Sabine Azemard, directrice territoriale de SNCF Gares et connexions en Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhônes-Alpes.
«SNCF Réseau est résolument engagée pour le fer»
«2024 a été extraordinaire, 2025 présente de nombreux défis», lance tout de go Maxime Chatard pour introduire la rétrospective de l'année passée et rappeler le contexte économique. «SNCF Réseau est résolument engagée pour le fer», assure-t-il.
Avec 3.000 km de lignes, la Bourgogne-Franche-Comté représente 10% du réseau ferré national. SNCF Réseau emploie 3.600 agents dans la région. 73 ont été recrutés en 2024. 80 nouvelles embauches sont prévues en 2025.
En 2024, sur les 242 millions d'euros d'achats auprès des entreprises, 108 millions d'euros l'ont été auprès de 787 TPE et des PME locales. Par ailleurs, l'opérateur a eu recours à 40.000 heures de travail d'insertion professionnelle.
93% des trains arrivent à l'heure
192.533 trains ont circulé sur le réseau régional – dont deux tiers de TER Mobigo – soit 8.772 trains en plus par rapport à 2023.
La régularité s'inscrit en hausse de 0,7 point pour atteindre 92,9% de trains à l'heure. «La régularité des trains s'améliore. (…) Une qualité de service qui s'améliore, c'est mieux de trains», commente le directeur territoriale.
Le baromètre clients s'établit à 7/10 soit 0,4 point de plus qu'en 2023, ce qui est supérieur moyenne nationale de 6,9.
Près d'un problème par jour lié à une cause naturelle
Maxima Chatard constate que «des événements climatiques de plus en plus fréquents, avec une intensité toujours plus forte» viennent perturber les circulations de train. «SNCF Réseau a démontré son engagement pour réagir rapidement avec efficacité», remarque-t-il.
En 2024, 150 événements ont été liés à la chute d'arbre hors des emprises ferroviaires. Mille courriers ont été adressés aux propriétaires et collectivités le long des rails. Environ 150 autres situations problématiques ont été liées à la faune domestique ou sauvage. En tout, cela correspond à quasiment un problème par jour lié à une cause naturelle.
L'année passée, 93 millions d'euros ont été consacrés à l'entretien et à la maintenance dont 11,4 millions d'euros pour la maîtrise de la végétation (cela augmentera de +12% en 2025).
«SNCF Réseau est un partenaire fiable»
Parmi les «investissements conséquents», figure notamment la bascule sur le nouveau système LGV+ de la ligne Paris-Lyon. En réduisant les interdistances entre les trains, il sera possible de passer de 13 trains par heure aujourd'hui à 16 trains par heure en 2030. Il s'agit d'un projet national qui, pour l'ensemble de la ligne, représente un coût de 820 millions d'euros dont 120 millions d'euros financés par l'Union européenne.
Concernant la Voie ferrée Centre Europe-Atlantique, 137 millions d'euros ont été engagés pour régénérer le tronçon Nevers-Montchanin-Chagny-Dijon. «Cela a permis de gagner 6 points de régularité», avance Maxime Chatard. Idem pour la ligne des Horlogers en Franche-Comté.
«SNCF Réseau est un partenaire fiable au service de l’État, au service de la Région», souligne le directeur territorial.
«Un niveau d'investissement inédit» pour SNCF Réseau
Après 421 millions d'euros en 2023 et 382 millions d'euros en 2024, SNCF Réseau prévoit de consacrer 330 millions d'euros à la modernisation des voies ferrées en Bourgogne-Franche-Comté en 2025 dont 52 millions cofinancés par l’État et la Région (153 millions d'euros en 2023, 123 millions d'euros en 2024).
«Pour SNCF Réseau, il s'agit d'un niveau d'investissement inédit», insiste Maxime Chatard qui signale 40 opérations d'un coût supérieur à un million d'euros.
Renouvellement de voies dans la Nièvre, «la deuxième opération la plus importante en France» en 2025
Parmi les principaux chantiers, on note que 106 millions d'euros seront affectés au renouvellement de 56 km de voies le long de la ligne Paris-Clermont-Ferrand, entre Nevers et Cosne-Cours-sur-Loire, de modernisation de quais aux gares de La Marche et Tronsanges ainsi qu'à la réfection de neuf passages à niveau.
Il s'agit de «la deuxième opération la plus importante pour SNCF Réseau en France». La fin des travaux est prévue courant juin prochain.
Modernisation progressive de la ligne PLM
Des travaux sur la ligne historique Paris-Dijon-Lyon, mise en service 1849, se dérouleront en trois chantiers. 24 millions d'euros sont consacrés à la modernisation de la signalisation.
De septembre à la fin de l'année, 414 caténaires seront remplacés entre Baulme-La Roche et Dijon, pour un coût de 18,7 millions d'euros..
De fin juillet à fin décembre, les travaux de regénération du tunnel de Blaisy-Bas se poursuivront, assortis d'un financement de 5,5 millions d'euros.
«Rendre les gares plus accueillantes, plus sûres, plus pratiques»
La Bourgogne-Franche-Comté compte 202 gares, exploitées par SNCF Gare et connexions, filiale de SNCF Réseau.
«Notre rôle est de rendre ces gares plus accueillantes, plus sûres, plus pratiques, plus écoresponsables, plus adaptées aux usages», indique Sabine Azemard. «Notre deuxième mission est de favoriser l'intermodalité. (…) Notre troisième mission est de participer au développement équilibré des territoires par notre allocation de ressources.»
«Depuis plusieurs années, la Région a investi pour développer les services dans ces gares régionales selon un référentiel de services contractualisé», ajoute la directrice territoriale.
En 2024, la collectivité a mobilisé 5,3 millions d'euros pour la pose d'assises, d'abris et d'écrans dynamiques d'informations voyageurs ainsi que l'ouverture de nouveaux services au travers du programme «Réenchantement des gares».
«Les gares sont bien bien notées», assure-t-elle avec 8/10, ce qui est supérieur à la moyenne nationale.
Cinq nouvelles gares seront adaptées à la fréquentation des personnes en situation de handicap
La mise en accessibilité des gares constitue une «mission sociétale prioritaire» pour SNCF Gares et connexions qui vise à «rendre le train plus accessible du parvis jusqu'au train». Cela sans fermer les gares durant les chantiers.
Parmi les 33 gares prioritaires, 25 ont déjà été traitées. En 2025, 72,5 millions d'euros – financés aux deux-tiers par l’État et un tiers par la Région – seront consacrés à la mise en accessibilité des gares d'envergure nationale de Chalon-sur-Saône, Mâcon et Nevers.
De plus, 4,5 millions d'euros – financés aux trois-quarts par la Région et un quart par l’État – seront affectés à la mise en accessibilité des gares d'envergure régionale de Lure et Tournus.
«Nous essayons de faire plus de trains et mieux de trains»
«Annuellement, on mesure les augmentations de performance», se félicite Michel Neugnot à l'issue de l'exposé des représentants territoriaux des filiales de la SNCF.
Alors que le réseau ferroviaire de la Bourgogne-Franche-Comté représente «à peu près le kilométrage de la Suisse», «on a une prégnance du train qui est très forte, (…) on a un fret qui se développe», souligne le vice-président de la Région chargé des mobilités.
«À chaque investissement réalisé, on en profite pour améliorer la qualité de l'utilisation», complète-t-il, «les gains de productivité, de fiabilité, ça passe par de l'investissement». «Nous essayons de faire plus de trains et mieux de trains.»
En cas de situation problématique, «l'expertise est contestée»
Toutefois, les conséquences du changement climatique constituent un «sujet d'inquiétude» car «les aléas climatiques en plus grand nombre et en plus grande intensité font vieillir le réseau le plus ancien de façon considérable et aléatoire».
Dans ce contexte, quand survient un problème, «l'expertise est contestée», déplore le socialiste, «chacun a son récit de la situation». «Si on n'arrive pas à partager avec les citoyens, dans un débat public, sereinement, ces sujets-là, on sera dans des affrontements pas du tout productifs.»
D'où l'organisation de temps d'échanger pour «faire prendre conscience aux voyageurs et futurs voyageurs» la complexité du système ferroviaire et les informer «à partir de la réalité des faits».
Dans le CPER, «c'est la première fois que les crédits ferroviaires sont supérieurs aux crédits routiers»
«On parle de l'attractivité de la région lorsqu'on parle de la mobilité», remarque Paul Mourier. «La mobilité est absolument essentielle. Il faut avoir une performance en matière de mobilité. C'est ce que l'on a décidé de faire : État, Région, SNCF».
Le préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté souligne que, dans le cadre du contrat de plan État-Région 2021-2027, «c'est la première fois que les crédits ferroviaires sont supérieurs aux crédits routiers».
«Les travaux font que les trains sont plus ponctuels»
«L'accessibilité me paraît essentielle», poursuit Paul Mourier, «les grandes gares sont des lieux de vie, également les gares de taille plus modestes». «La régularité des trains s'améliore d'année en année, cela prouve que les travaux font que les trains sont plus ponctuels.»
Finalement, le préfet appelle les acteurs du champ de la mobilité à opter pour «des approches pragmatiques» afin de «savoir quel est le meilleur service que l'on peut apporter» quand un usager se déplace.
Jean-Christophe Tardivon
> Bourgogne - Franche-Comté > Bourgogne - Franche-Comté
