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16/06/2022 19:26

BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ : Une convention pour dynamiser le recrutement des demandeurs d’emploi au sein des établissements publics de santé

Débuter une carrière sans CV, ni formation, ni d'expérience est possible en tant qu'agent des services hospitaliers dans un hôpital ou en EHPAD.
Le 1er juin dernier, à Dijon, Pôle Emploi, la Fédération Hospitalière de France et l’Association Nationale pour la Formation permanente du personnel Hospitalier ont signé une convention constituant une première en France.
Après la crise sanitaire, la fonction publique hospitalière peine à attirer de  potentiels candidats aux métiers de l’hôpital public. En réponse, Pôle Emploi, la Fédération Hospitalière de France (FHF) et l’Association Nationale pour la Formation permanente du personnel Hospitalier (ANFH) s’engagent communément en faveur du recrutement des demandeurs d’emploi au sein de la fonction publique hospitalière de Bourgogne-Franche-Comté.

Le 1er juin 2022, à Dijon, s'est déroulée «la signature d’une convention de partenariat innovante, proposant un dispositif de sélection, d’accompagnement et de formations individualisées de façon à permettre à des demandeurs d’emploi d’intégrer la Fonction Publique Hospitalière, ce dispositif constituant une première en France», comme l'indique Pôle Emploi.

«S’inscrivant dans les politiques publiques portées par le gouvernement en faveur du recrutement de nouveaux professionnels au sein des établissements publics de santé, les partenaires s’engagent, notamment à la formation et l’intégration de demandeurs d’emploi, issus ou non du secteur sanitaire et médico-social, au métier d’Agent des Services Hospitaliers (ASH) et au développement d’un réseau régional de conseillers Pôle Emploi, formés à la connaissance spécifique des métiers de la santé et du Grand Âge au travers de parcours réalisés au sein d’établissements publics de santé», poursuit le service public de l'emploi.

Partenariat entre Pôle Emploi, les employeurs et le financeur des formations


La Fédération Hospitalière de France réunit et représente les employeurs, c'est à dire les hôpitaux et établissements médico-sociaux publics. En Bourgogne-Franche-Comté, elle est présidée par Catherine Sadon, présidente du conseil de surveillance du centre hospitalier de Semur-en-Auxois.

L'ANFH est le collecteur de fonds de formation pour la fonction publique hospitalière, elle est géré de façon paritaire par les représentants d'employeurs et les représentants d'organisation syndicales. En Bourgogne-Franche-Comté, l'association est présidée par Emmanuelle Debrabant, aide-soignante au centre hospitalier d'Avallon (Yonne) et adhérente à la CGT.

L'agent des services hospitaliers


Si les établissement hospitaliers sont conçus pour apporter des soins à des patients, de nombreux métiers sont nécessaires pour mettre en œuvre ces structures et apporter des services aux patients aux travers de personnels techniques aux métiers variés.

Le corps de métier des agents des services hospitaliers rassemble les missions d'entretien des locaux et de l'hygiène d'un service dans le cadre de la responsabilité du bio-nettoyage, c'est à dire du nettoyage respectant une sécurité biologique. En EHPAD, l'ASH participe à la socialisation des patients.

«Redynamiser les recrutements dans nos établissements»


«L'objectif est bien d'améliorer la situation pour qu'elle ne s'aggrave pas», alerte Catherine Sadon, président de la FHF en Bourgogne-Franche-Comté qui, dans son propos introductif a défendu l'ensemble des métiers des établissements de santé et médico-sociaux (lire notre article).

Emmanuelle Debrabant indique compter sur cette convention pour «faciliter les recrutements» en «affinant la pertinence des profils des demandeurs d'emploi» tout en «acculturant les conseillers de Pôle Emploi aux métiers de la fonction publique hospitalière».

L'ANFH attend également un effet induit : «redynamiser les recrutements dans nos établissements pour, derrière, faciliter les départs en formation et en promotion professionnelles de ceux qui sont déjà là (…) car, aujourd'hui, on perd des opportunités de départs en formation parce qu'on ne peut pas remplacer les gens sur le terrain».

Fanette Magnien, cheffe de file sectorielle sur les métiers de la santé pour Pole Emploi Bourgogne-Franche-Comté, abonde le propos en indiquant que de telles formations permettent aux personnes d'évoluer vers des postes d'aides-soignants puisque, dans la région, 270 offres concernent ce métier avec 200 demandeurs d'emploi intéressés, «avec les problématiques de mobilité». Sans oublier que «ça fait entrer des agents d'entretien dans une logique de déroulement professionnel», selon Emmanuelle Debrabant.

Le secteur hospitalier est en concurrence avec les autres pour recruter


Directeur régional de Pôle Emploi, Michel Swieton rappelle que le taux de chômage a diminué depuis la fin de la crise sanitaire pour atteindre 6,2% en Bourgogne-Franche-Comté avec même 4% sur le bassin de Beaune, soit un niveau de «plein emploi». Dans ce contexte, «il faut que les recruteurs sortent du lot pour pouvoir attirer des compétences et les candidats».

Un recrutement obéit à une alchimie complexe au-delà de l'adéquation entre compétences proposées par un candidat et profil attendu par un employeur. Michel Swieton évoque ainsi «l'attractivité d'un territoire», «les problématiques de mobilité» ou encore «le sens du travail» de plus en plus interrogé par les jeunes générations.

«Le secteur dont on parle est en très grande tension et en concurrence avec les autres secteurs», rappelle Michel Swieton. En Bourgogne-Franche-Comté, entre 400 et 500 demandeurs d'emploi se déclarent intéressés par les postes d'agent de service hospitalier. En face, il existe 60 offres d'emploi en ce mois de juin.

«Une de causes de la tension, c'est que les candidats ne connaissent pas les secteurs ou ont des images passées.(...) Donc, il faut faire un travail sur cela. (…) On est sur un secteur qui recrute et qui va recruter longtemps. (…) On se doit de les accompagne et de détecter de nouvelles compétences», assure le directeur régional de Pôle Emploi.

Le recrutement par simulation


Dans le cadre de la convention, il revient à Pôle Emploi de «détecter les potentiels» par le biais d'une méthode de recrutement par simulation, y compris auprès de demandeurs d'emploi qui n'auraient pas songé travailler dans un établissement de santé. Le service public de l'emploi ambitionne de proposer ainsi une «insertion» et une «carrière».

Pas de CV, pas de formation, pas d'expérience. La méthode de recrutement par simulation vise à mettre en avant d'autres aspects d'un candidat : ses habilités, ou capacités à réaliser un travail. Pôle Emploi a créé des exercices spécifiques concernant les agents de service hospitalier pour les proposer aux candidats.

Après une pré-sélection en français et calcul, durant 2 heures 30, les habilités testées seront alors le respect des normes et consignes, l'action dans une relation de service, la prise d'initiative et l'autonomie ainsi que le travail en équipe. La grille de lecture est complétée par une approche en psychologie du travail via des questionnaires d'autopositionnement pour envisager le savoir-être, la posture professionnelle et les compétences transverses nécessaires des candidats.

Une phase de formation sans perdre ses droits auprès de Pôle Emploi


Un point intéressant pour le demandeur d'emploi est à signaler : le candidat recruté dans un établissement de santé rentre dans le cycle de la formation professionnelle continue, tout en restant lié à Pôle Emploi afin de, en cas d'interruption de la formation pour inadéquation, conserver ses droits à indemnisation.

Le financement avant la signature définitive du contrat d'embauche est assuré par Pôle Emploi et la Région Bourgogne-Franche-Comté via le Plan régional d'investissement dans les compétences (PRIC) et la plateforme service à la personne (SAP). Après la signature, l'ANFH prend le relais pour la formation. Il s'agit d'une nouveauté dans la fonction publique hospitalière.

Délégué régional de l'ANFH Bourgogne-Franche-Comté, Vincent Testori signale que l'organisme gère plusieurs millions d'euros annuellement pour financer des formations.

Le CHU Dijon Bourgogne recrute 50 personnes par mois


«L'agent des services hospitaliers, c'est des tâches d'entretien des locaux mais aussi d'aide au confort des patients. (…) Il y a de vrais protocoles de bionettoyage qui sont mis en place et il y a un rôle très important auprès des patients», développe Quentin Garnier, adjoint de la directrice des ressources humaines du CHU Dijon Bourgogne.

L'établissement de santé dijonnais mobilise 150 métiers différents et procède à 50 recrutements par mois. Pour les postes d'ASH, si l'expérience n'est pas requise, les ressources humaines du CHU sont néanmoins vigilante à «l'esprit d'équipe, l'engagement professionnel, la rigueur et l'envie de s'intégrer». Actuellement, une vingtaine ASH sont recherchés ainsi que cinq personnels en blanchisserie.

Jean-Christophe Tardivon

«Les métiers du soin sont de beaux métiers d'une utilité sociale indéniable», souligne Catherine Sadon