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24/09/2021 11:50

Bourgogne – Franche-Comté : Une rentrée verte au Conseil Régional

Marie-Guite Dufay sur dramatisation de la situation… Gilles Platret sur le sens des responsabilités… Julien Odoul avec les politiques vertes dans le viseur… Denis Thuriot pour le pari de l'avenir plutôt que le fatalisme, Claire Mallard pour une écologie réaliste… Mathieu Guinebert pour les travailleurs… Jérôme Durain pour une prise de hauteur en conscience des enjeux environnementaux...
Le PCF n'a pas pu s'exprimer comme il le souhaitait, mais c'est normal !
Rentrée un brin compliquée au Conseil Régional de Bourgogne – Franche-Comté où les élus faisaient leur retour en assemblée plénière ce premier vendredi d’automne. Compliquée car des élus en général et plutôt nombreux de la majorité ont été un peu longs à venir dans l’hémicycle où la session a finalement débuté à 9h51 alors qu’elle était prévue pour 9h30. Compliquée encore parce que les micros étaient en panne, obligeant la Présidente et le chargé de l’appel à hausser la voix, et ensuite les Présidents de groupe.
Compliquée encore car entre ceux qui avancent le poing pour dire bonjour, ceux qui donnent une poignée de main et celles et ceux qui font la bise, cela impose un petit temps d’attente et de réflexion.
Débuts difficiles donc et pas spécialement et seulement parce que le plan montagne était au programme des élus. Tout comme le règlement intérieur, dont il serait bien qu’il impose aux élus de respecter les horaires. C’est juste une question de respect.
D’ailleurs c’est bien au nom du règlement que la Présidente Marie-Guite Dufay a interdit au groupe du PCF d’avoir deux expressions. Le règlement prévoit que c’est le Président de groupe qui doit prendre la parole après le propos liminaire. Muriel Ternant avait annoncé une expression à deux voix, celles de Matthieu Guinebert et celle de Gilles Lazar… Mais seul le premier a été autorisé à parler. Le second n’a pas pu se lever… pardon parler !
C’est un bon point marqué par la Présidente, car il serait malvenu que les groupes prennent des libertés avec le bon fonctionnement de l’assemblée, comme cela a d'ailleurs déjà pu être constaté. «Oui il faut de la fluidité», a commenté Gilles Platret au sujet du règlement intérieur.
Alain BOLLERY et
 Jean-Christophe TARDIVON

Marie-Guite Dufay (Présidente PS)
«Oui, nous avons à finaliser le processus d’installation de notre assemblée. Nous sommes évidemment attachés aux expressions des groupes politiques.
La commission permanente pèsera pour 50 millions d’euros. On reviendra sur un été dramatique en termes d’inondations, mais aussi par un rapport du GIEC aux perspectives dramatiques.
La rentrée se passe mieux, la vaccination a contribué à celle-ci, y compris pour la rentrée universitaire.
La future loi de finances prévoit que 50 millions d’euros vont cependant être enlevés aux Régions. Cette décision de baisse est prise alors que selon la cour des comptes qui sont les impactées par la crise sanitaire. La décision du Gouvernement est donc incompréhensible. En Bourgogne – Franche-Comté nous avons répondu présents et nous sommes restés mobilisés.
Au congrès des régions le Premier Ministre sera interpellé, notamment sur les pertes d’exploitation sur les mobilités.
Le calendrier est contraint mais il est indispensable pour se mettre en ordre de marche. La transition écologique va prendre une part importante dans toutes les politiques.
Pour la nouvelle PAC, les défis sont très nombreux. La transition est de la responsabilité de notre génération, pour mieux vivre dans le futur.
Concernant la filière automobile, nous devons nous donner les moyens pour mettre en place les conditions de la transformation. J’ai rencontré le pôle automobile du futur, afin que nous partagions des constats. Le sujet de l’automobile est grave. Nous avons des atouts forts, dont nous devons  être conscients. Notre ADN industriel en premier lieu et notre positionnement géographique.
Derrière l’hydrogène ce sont 100.000 nouveaux emplois qui vont être créés en 10 ans. En une semaine notre région va accueillir des industriels de toute l’Europe, pour l’hydrogène à Belfort et pour le ferroviaire à Montceau».


Gilles Platret (Les Républicains)
«Nous ne rentrerons pas dans le fond des grands dossiers de la Région. Je veux rappeler l’esprit dans lequel notre groupe entend travailler. Face à l’urgence nous devons travailler dans un esprit de construction. Non ne serons pas dans l’unanimité. La situation commande de faire taire des divergences.
Je regrette de voir, sur certains bancs, la volonté de vouloir bloquer. Car c’est la démocratie qui en pâtit. On a besoin de responsabilité, pour aller à l’essentiel, au bénéfice des habitants de Bourgogne – Franche-Comté. Pour saisir les problèmes les plus urgents, comme pour l’agriculture la viticulture.
La crise épidémique a laissé sur le carreau un grand nombre de citoyens. Ne nous trompons pas sur le répit. Il faudra s’inscrire dans le long terme. Ayons une méthode à l’inverse du Gouvernement qui s’est lancé dans la politique électorale du carnet de chèques. Ce serait une erreur. Nous émettons que dans la politique structurelle nous ayons le souci de l’intérêt général. Sortons de la communication pré-électorale. Ayons une gestion non idéologique. Qu’en est-il de la mise en concurrence des TER ? Serons nous dans le pragmatisme pour les besoins en énergie.
Il faut que nous soyons d’avantage présents sur le terrain. Que la Région soit décentralisée dans les départements. Il y a besoin de proximité dans un monde déboussolé».


Julien Odoul (Rassemblement National)
En prenant la parole pour le groupe du Rassemblement National, Julien Odoul rappelle qu'il compte bien exprime une «opposition intransigeante». Il s'oriente d'emblée sur des sujets nationaux, et même d'actualité, en faisant référence aux débats de la primaire de l'écologie.
Celui qui est également porte-parole du parti souligne les propositions d'augmentation de carburant formulées par Sandrine Rousseau qui caractériseraient un «festival de dingueries qui va impacter les politiques régionales». Plus localement, Julien Odoul déplore «une rentrée est placée sur le fond de la transition écologique» alors qu'il demande que «le prisme des [politiques publiques] soit un changement de cap social» car la «la situation sociale des Bourguignons et des Francs-Comtois est désespérante, dramatique, pire qu'à l'aube du mouvement des Gilets jaunes à l'automne 2018».
Après avoir évoqué le prix de carburant, Julien Odoul analyse qu'ont lieu «des journées sans voiture parce qu'aujourd'hui, dans la ruralité, vous avez tous les jours des journées sans voiture parce que nos concitoyens ne peuvent pas faire le plein d'essence ; (…) nos concitoyens hésitent entre faire le plein de courses et le plein d'essence».
Selon lui, «la Région n'a qu'une obsession, le sacro-saint changement climatique qui n'apporte rien dans le quotidien de ceux qui souffrent socialement». Le partisan de Marine Le Pen considère que la présidente a «une responsabilité» sur l'évolution des prix de l'énergie du fait de «l'obsession pour les énergies dites renouvelables». Une motion sera déposée  durant la session pour «arrêter» l'éolien.
«Après la crise sociale vient la crise sécuritaire», indique en transition Julien Odoul qui redemande de «constituer une commission ad hoc sur les sujets de sécurité». En listant différents faits divers survenus durant l'été, il évoque une «flambée de violences» et demande de «prendre la situation à bras le corps».
Le maire de Nevers et président de groupe des élus progressistes est visé quand Julien Odoul aborde «l'installation de migrants afghans», un maire que Julien Odoul voit comme «généreux avec le bout du monde mais un peu plus restrictif avec les précaires en bas de chez nous».
La ligne de mire se déplace vers le président du groupe Notre Région par cœur pour évoquer la «migrantada de Monsieur Durain», en référence à la «remontada d'Arnaud Montebourg».
La conclusion boucle avec l'introduction sur un sujet national – la présidentielle bien sûr – et Julien Odoul appelle dans l'assemblée régionale à «sortir par le haut» avec «Marine Le Pen».


Denis Thuriot (majorité présidentielle)
Soutien de la majorité présidentielle, Denis Thuriot revient sur le plan de relance du gouvernement en soulignant l'enveloppe de 1,7 milliard d'euros djà engagée en Bourgogne-Franche-Comté permettant d'accompagner «la reprise économique, la compétitivité des entreprise, le maintien et la création des emplois».
«L'objectif, c'est la relance dans la cohésion des territoires», synthétise le président du groupe des élus progressistes, «la Bourgogne-Franche-Comté doit être placée en mode relance avec des objectifs clairs et doit s'appuyer encore plus fortement sur l'action de l’État».
«Les indicateurs sont au vert», analyse Denis Thuriot. Taux de chômage régional de 6,8% (contre 8% au niveau national) et faibles défaillances d'entreprises sont donnés en exemple.
Le Marcheur fait «le pari de l'avenir contre le fatalisme et le négativisme» en prônant des expérimentations et des solutions innovantes. Celui qui est maire de Nevers demande néanmoins à la Région de «se rapprocher des élus locaux» et de créer «des territoires d'entreprises pour identifier les grands pôles de compétences».
«Nous devons accélérer le soutien à l'investissement notamment pour les territoires les plus fragiles», insiste le président de ce groupe d'opposition. Face à l'«extrême-droite provocante et inhumaine», Denis Thuriot opte pour «le temps des bonnes idées».


Claire Mallard (EELV)
Avec ironie, Claire Mallard remercie Julien Odoul pour sa promotion de la campagne de Sandrine Rousseau avant de revenir plus sérieuse sur le dernier rapport du GIEC, les experts du climat, et sur le dernier congrès d' l'UICN, les experts de la biodiversité.

«L'inaction des pouvoirs publics est coupable et punitive», lance la présidente du groupe de la majorité  des écologistes et solidaires, qui prône une «écologie globale, exigeante, réaliste et responsable» mais «pas une écologie diluée dans un grand fourre-tout» car «avec le climat et l'effondrement de la biodiversité, on ne négocie pas».

Selon Claire Mallard, «il est tout à fait possible de transformer notre société, de relocaliser l'économie et de créer de l'emploi» pour peu que la Région se fasse «stratège» notamment aux côtés de la filière automobile.


Matthieu Guinebert (PCF)

Les annonces s’enchainent pour le site de Sochaux. Il n’est plus acceptable que les grands groupes bénéficient de l’argent public. Les suppressions d’emplois sont en décalage avec les aides. Les travailleurs sont considérés comme des variables d’ajustement. Les impacts ne se feront pas attendre. Le groupe doit s’engager pour la transition. Il est temps de travailler sur l’emploi et la formation. Nous proposons une conférence régionale, avec un bras financier.


Jérôme Durain (PS)
«Il ne s’agit pas là que de question d’intendance, mais de démocratie. Les prises de parole répondent à des attentes de la population. La Région doit être sur ses compétences. Les résultats électoraux ont attesté que la majorité sortante a produit et travaillé pour les attentes de la population.
Il y a un attachement à la forme. Oui à la sobriété du contenu. Oui il y a des attentes fortes en matière d’écologie.
Ce qui est attendu, ce sont des idées, des valeurs. La Région n’est pas une tribune. On ne donnera pas d’échos à la démagogie.
Il est important que les élus restent dans la rationalité.
Monsieur Odoul on vous a entendu dans votre déni, votre démagogie. On assiste à l’ubérisation du FN. Sortez du déni, vous n’êtes pas rentré dans ce siècle.
On voit votre fonctionnement, en créant des incidents. Ce n’est pas la Région. Oui on a des migrants apprentis. On ne veut pas faire d’appel d’air, on veut rendre service à des gens, avec humanité.
Ce mandat va être long et sera sous l’empire des transitions, avec des déplacements de population, de l’inégalité, le rapport du GIEC sur la responsabilité humaine, le rapport de l’OCDE.
On est à la rencontre de nos populations sur des enjeux de politiques planétaires».