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18/03/2021 21:02

BOURGOGNE : La Banque alimentaire est le grossiste de l'aide alimentaire

Malgré la crise sanitaire, la Banque alimentaire de Bourgogne n'a pas cessé son activité en 2020. L'association a permis que 5,6 millions de repas soient distribués à 62.500 bénéficiaires dans les quatre départements bourguignons. Le président Gérard Bouchot voit évoluer le profil des bénéficiaires avec le développement d'une pauvreté rurale.
Longtemps occupé par les Dragées Variot, l'entrepôt de la rue de Skopje, dans la zone Cap Nord à Dijon, est depuis juin 2019 le siège de la Banque Alimentaire de Bourgogne. Trois antennes sont présentes dans la Nièvre, la Saône-et-Loire et l'Yonne.

Créée en 1985, la Banque Alimentaire de Bourgogne a été la première déclinaison régionale de la fédération française des banques alimentaires. Elle est agrée Entreprise Solidaire d'Utilisé Sociale.

Approvisionner les partenaires


Son rôle est d'être un grossiste de l'aide alimentaire. Elle approvisionne les Restos du Cœur, le Secours Catholique, les CCAS, les épiceries sociales, etc. Pour cela, il lui faut collecter des denrées d'origines variées : certaines sont achetées par l’État grâce à des fonds européens, d'autres sont données par des entreprises.


Cependant, l'essentiel provient de la «ramasse» : aller chercher les invendus approchant de leur date limite de consommation au sein d'une quarantaine de supermarchés. Néanmoins, les équipes constatent que, sur les dix plus grands supermarchés de la Côte-d'Or par exemple, la ramasse en produits frais a diminué de 30% en un an.

À cela s'ajoute une opération spéciale organisée fin novembre auprès de 275 magasins en Bourgogne où les bénévoles réalise une collecte directement auprès des consommateurs en sortie de caisse. Malgré la crise sanitaire, 2.500 bénévoles se sont alors mobilisés pour récupérer 250 tonnes de produits.

Dans l'ensemble la Banque alimentaire de Bourgogne calcule qu'un euro dépensé en fonctionnement génère 10 euros de nourriture distribuée aux bénéficiaires. L'association est financée à moitié par une redevance versée par les structures partenaires (0,1920 centime d'euro par kg soit 6% de la valeur marchande des produits livrés). Les subventions publiques ne représentent que 10% du budget, les dons et mécénat 40%.

Former les bénévoles des partenaires


Chargée d'animation réseau, Mireille Dubard fait l'interface entre la BAB et ses partenaires (associations caritatives, épiceries sociales, CCAS...). La bénévole intervient sur l'ajustement de la demande à l'offre, sur la formation des équipes des partenaires notamment sur les logiciels de gestion de stockes ainsi que sur le partage des bonnes pratiques.

Mireille Dubard explique que la Banque alimentaire de Bourgogne relève des mêmes contraintes sanitaires et juridiques que les acteurs de l'agroalimentaire. Ce qui amène justement à former les bénévoles des partenaires sur la traçabilité des produits, l'aide à la comptabilité matière, l'hygiène alimentaire ou encore les préoccupations nutritionnelles. Mireille Dubard souligne que les règles européennes impose un décompte précis «à la boîte de petits pois». «Quand il y a des alertes alimentaires, il faut pouvoir les décliner auprès de nos partenaires pour qu'ils alertent leurs bénéficiaires», indique-t-elle.

Le nouvel enjeu de la pauvreté rurale


La Côte-d'Or représente 56% de l'activité de la Banque alimentaire de Bourgogne.  Le département regroupant 62% des bénéficiaires. L'association a noté une augmentation de 4.000 bénéficiaires en 2020 par rapport à 2019.

Les bénéficiaires sont en majorité des femmes ayant au moins un enfant. En voyant augmenter le nombre de retraités, de personnes en situation de handicap et de travailleurs pauvres, Gérard Bouchot estime qu'«il y a à revoir des politiques publiques».

Si le milieu urbain est relativement bien couvert par les associations distribuant l'aide alimentaire, une problématique particulière apparaît en zones rurales où résident de potentiels bénéficiaires âgés et peu mobiles. L'enjeu est notable dans la Nièvre où le taux de pauvreté est important avec une densité de population faible. «On a à faire à une pauvreté rurale», résume Gérard Bouchot.

La BAB effectue également des enquêtes prospectives. Dans le cadre de son stage de fin d'études de six mois, une étudiante d'Agrosup Dijon mène un travail pour recenser l'offre existante et apprécier la demande potentielle En particulier, il s'agit de cartographier les zones blanches de l'aide alimentaire sur le département de la Nièvre. L'étudiante va créer des indicateurs à partir de données variées comme les bénéficiaires du RSA par exemple. Une fois les zones blanches identifiées, des entretiens seront conduits pour avoir un éclairage qualitatif.

Deux nouveaux camions frigorifiques financés par France Relance


En 2020, malgré la crise sanitaire, la BAB n'a pas connu une seule journée d'arrêt. La «ramasse» a continué. Un effort a été porté en direction des «grands exclus» : foyers d'hébergement, centres d'accueil... La BAB a même effectué des distributions directes, notamment sur la métropole dijonnaise, représentant 200.000 repas. Un focus a également été effectué auprès des étudiants du campus dijonnais de l'université de Bourgogne, pour 100.000 repas via Epi Campus. Toujours en 2020, la BAB n'a connu aucun cas de Covid-19 parmi ses bénévoles.

L'association a bénéficié de France Relance qui a financé l'achat de deux camions frigorifiques. Aujourd'hui, la BAB aimerait voir la Région Bourgogne-Franche-Comté mettre en place un fonds régional d'aide alimentaire permettant d'acheter des produits locaux chez des agriculteurs pour qu'ils soient distribués aux bénéficiaires des associations d'aide alimentaire. En 2020, dans le cadre de son plan d'urgence, la Région a accordé 100.000 euros aux trois banques alimentaires du territoire. Une démarche que la BAB aimerait souhaiterait voir «systématisée».

Jean-Christophe Tardivon

La Banque alimentaire de Bourgogne
933.000 euros de budget en 2020
4.000 m² d'entrepôt avec trois chambres froides
210 bénévoles représentant 40 ETP
9 salariés
163 partenaires
62.500 bénéficiaires
2,625 tonnes distribuées en 2020 soit
5,6 millions de repas

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