Une semaine après les annonces du président de la République, le rectorat de l'académie de Dijon a précisé, ce vendredi 28 avril 2023, le plan de revalorisation des rémunérations des enseignants.

Le 20 avril dernier, en déplacement au collège Louise-Michel de Ganges (Hérault), Emmanuel Macron avait indiqué comment allait se traduire sa promesse de campagne de 2022 d'augmenter de 10% les rémunération des enseignants : des primes inconditionnelles et d'autres liées à l'engagement sur des missions.

Trois milliards d'euros consacrés à des hausses de rémunérations

Dans les faits, à partir du 1er septembre prochain, les enseignants verront augmenter l'indemnité de suivi et d'accompagnement des élèves (ISAE) dans le premier degré et l'indemnité de suivi et d'orientation des élèves (ISOE) dans le second degré ainsi que la prime d'attractivité liée aux 15 premières années de carrière.


Si les syndicats enseignants regrettent que l'augmentation n'atteigne pas les 10% promis et se fassent sous forme de primes, cela représente cependant une hausse de rémunération oscillant entre 100 et 230 euros par mois pour une enveloppe globale de 3 milliards d'euros en année pleine au niveau national (le budget annuel du ministère de l’Éducation nationale bondissant ainsi de 6,5%).

Le bonus de la prime d'attractivité devrait conduire à une rémunération d’au moins 2.000 euros nets par mois dès la titularisation pour les professeurs, les conseillers principaux d’éducation et les psychologues de l’éducation nationale.

Les professeurs principaux recevront une indemnité spécifiques et les parcours antérieurs des personnels en reconversion dans l’Éducation nationale seront pris en compte.

La Bourgogne, 2,1% de la population scolaire nationale

Le budget de l’Éducation nationale s'élève à 59,4 milliards d'euros dont 1,7 milliard d'euros attribué à l'académie de Dijon. La masse salariale représente 91% du budget académique.

L'académie de Dijon compte environ 29.000 agents dont 21.500 enseignants et 7.500 personnels administratifs. Le territoire représente 2,1% de la population scolaire nationale.

«Un engagement sans précédent»

«Nous sommes dans un contexte de revalorisation de nos métiers d'enseignants, dans une conjoncture où tous les secteurs sont en tension et on n'a pas le choix que de redoubler d'efforts, (…) c'est un engagement sans précédent», a déclaré Pierre N'Gahane, recteur de l'académie de Dijon, ce vendredi.

«L’Éducation nationale bénéficie d'un Conseil national de la refondation éducation avec la volonté de redonner du sens à ce métier d'enseignant et au sens du service public que nous représentons collectivement», a ajouté le recteur pour contextualiser.

«Nous avons une attention particulière pour ceux qui sont déjà là, pour les jeunes qui vont arriver en sortie de concours et pour les contractuels qui vont venir en supplément», a signalé Pierre N'Gahane. «C'est un vrai challenge ! Aujourd'hui, on a des leviers, dont la rémunération, pour donner plus de sens au service public de l'éducation.»

Selon le représentant du ministère de l’Éducation nationale, les missions conditionnelles pilotées par les chefs d'établissement – le «pacte» – correspondent à «la volonté affichée du ministre et du président de la République de régler un certain nombre de problèmes inhérents à notre fonctionnement» comme «le sujet du remplacement de courte durée» : «il s'agit d'un engagement extrêmement fort pour nous assurer qu'il n'y ait plus d'emplois du temps où des professeurs sont absents et les heures non compensées».

Jusqu'à 20% d'augmentation

Selon le recteur, l'ensemble des mesures amène à «une revalorisation moyenne qui peut être extrêmement conséquente». Et de donner l'exemple d'un enseignant ayant 5 années d'ancienneté qui, entre la revalorisation inconditionnelle et les trois missions du «pacte» pourrait atteindre 20% d'augmentation mensuelle.

«Pour notre communauté éducative, on a là des outils de reconnaissance de leur engagement pour le service public», a insisté le recteur, «par le pacte, on donne de vrais outils aux chefs d'établissement pour pouvoir remobiliser leurs équipes».

Des pré-recrutements pour préparer les contractuels

Le rectorat prépare à la rentrée scolaire de septembre 2023 au travers des concours pour sélectionner de futurs titulaires et de pré-recrutements pour accueillir de futurs contractuels.

Le concours du premier degré voit plus de 500 candidats inscrits contre près de 350 en 2022. Le rectorat compte ainsi sur l'arrivée de 220 nouveaux professeurs des écoles.

En ce qui concerne les contractuels, le rectorat table sur 60 nouveaux agents pour le premier degré et 80 pour le second degré.

Pour cela, des opérations de pré-recrutement – le rectorat réfutant la notion de «job datings» – sont organisées avec Pôle emploi dans différentes villes de la Bourgogne.

Durant une journée, les candidats potentiels sont informés, sensibilisés aux problématiques de l'enseignement et tissent de premiers échanges avec l'équipe des ressources humaines du rectorat.

Un contrat dès le 1er juin

Par la suite, les candidats intéressés sont reçus en entretien par des inspecteurs académiques et éventuellement recrutés, tout d'abord avec un contrat courant du 1er juin au 31 août, pour un temps d'accompagnement sur la pédagogie, la discipline et les valeurs de la République, avant un contrat d'enseignant d'un an à partir du 1er septembre. Chacun aura un tuteur dans l'établissement d'affectation. D'autres contractuels seront recrutés en cours d'année.

Durant cette année scolaire 2022-2023, l'académie de Dijon compte 0,8% d'enseignants-contractuels parmi les professeurs des écoles et 4,4% parmi les professeurs du second degré.

«Être imaginatif pour attirer de nouveaux potentiels»

Un chargé de mission recrutement a rejoint le service des ressources humaines pour favoriser l'émergence de nouveaux candidats et professionnaliser les recruteurs.

«On doit être innovant, on doit être attractif, on doit être imaginatif pour garder la ressource et attirer de nouveaux potentiels», a relevé le recteur, «c'est un beau métier que d'enseigner mais on ne peut pas nous croire que sur notre bonne conscience, cela se prouve aussi».

«L'objectif est que les contractuels passent les concours et les obtiennent», a également indiqué Pierre N'Gahane, d'autant plus que, dans l'académie, environ 300 enseignants prennent leur retraite chaque année.

Le dossier du ministère de l’Éducation nationale