> Bourgogne - Franche-Comté > Bourgogne - Franche-Comté
28/07/2022 19:17

BOURGOGNE : Pôle Emploi accompagne des milliers de recrutements pour les vendanges

Plus de 2.000 postes sont encore à pouvoir dans toute la Bourgogne viticole pour réaliser les vendanges 2022. Les effectifs les plus importants sont demandés en Côte-d'Or et en Saône-et-Loire. Pour certains demandeurs d'emploi, les vendanges peuvent constituer un tremplin vers une activité durable.
«On est sur une année assez forte, visiblement, il y a beaucoup de raisin donc il y a besoin de beaucoup de bras pour les cueillir», résume Joël Picard, directeur territorial de Pôle Emploi en Saône-et-Loire, alors que la campagne de vendanges de la Bourgogne viticole devrait débuter, respectivement du sud au nord, entre le 15 et le 31 août prochains.

«Bien sûr, il s'agit de travaux physiques, il y a la chaleur, mais cela s'adresse à tous types de personnes et d'âges. Il ne faut pas qu'avoir entre 20-25 ans. Il y a beaucoup de retraités, d'hommes, de femmes, s'intéressant au vin ou non», s'enthousiasme le directeur territorial de Pôle Emploi.

«Les vendanges correspondent à une activité accessible, minutieuse – surtout quand on est sur de belles appellations –, effectuée en plein air, en équipe et renforcée par les repas pris en commun», souligne Joël Picard. «Ça montre la mixité que cela peut permettre d'avoir ; on a un enjeu collectif sur la réussite de cette campagne.»

Focus sur la Côte-d'Or et la Saône-et-Loire


Bien des domaines n'ont pas encore pourvus tous les postes destinés à réaliser cette période cruciale de la viticulture. Du coupeur au trieur, en passant par le porteur, le cuisinier et le conducteur, plus de 2.000 postes sont encore en recherche de candidats, de Mâcon à Chablis.

Ce jeudi 28 juillet 2022, Infos Dijon opère un focus sur les départements les plus viticoles de Bourgogne, la Côte-d'Or et la Saône-et-Loire, avec Pôle Emploi Bourgogne-Franche-Comté et la Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne (CAVB).

La sécheresse ralentit la formation des raisins


Les domaines n'attendent plus le fameux «ban des vendanges» pour caler le début de la récolte du raisin mais la CAVB continue de donner une date qui sert de repère aux viticulteurs.

Une date qui n'est pas encore fixée. Les vagues de chaleur ont eu tendance à accélérer le développement de la vigne mais la sécheresse qui se poursuit conduit à ralentir la formation des raisins. Des pluies seraient les bienvenues pour relancer la véraison et gonfler les baies. Selon les caprices de la météo, les vendanges en Bourgogne pourraient donc démarrer autour du 25 août.

Entre 5 et 10.000 saisonniers mobilisés pour les vendanges en Bourgogne


Chaque année, en fonction de quantité de raisin à récolter, ce sont environ 40.000 personnes qui se mobilisent pour les vendanges. Des employés habituels sur les domaines en passant par les proches des vignerons,  jusqu'aux renforts saisonniers, estimés entre cinq mille et dix mille cette année par la CAVB.

Pour doter les domaines en saisonniers, la CAVB compte sur Pôle Emploi, les agences d'intérim ainsi que les prestataires de service basés à l'étranger qui font venir régulièrement des équipes complètes depuis les pays de l'est, la péninsule ibérique ou encore le nord de l'Afrique.

Pôle Emploi enregistre déjà 4.000 postes en Bourgogne-Franche-Comté


Selon Pôle Emploi Bourgogne-Franche-Comté, à ce jour 4.000 postes ont déjà été enregistrés par ses services dans toute la grande région en vue de la campagne 2022 et le chiffre devrait continuer de progresser d'ici la fin août avec les domaines qui doivent affiner leur organisation au dernier moment.

Cette campagne sera plus importante que celle de l'année 2021, marquée par le gel puis la grêle, où les volumes avaient été considérablement réduits.

En 2021, le service public de l'emploi avait enregistré 2.787 postes au niveau régional se répartissant ainsi : 2.138 en Côte-d'Or, 388 en Saône-et-Loire, 194 dans la Nièvre et l'Yonne, 64 dans le Jura et la Haute-Saône et 3 dans le Doubs et le Territoire de Belfort.

Pôle Emploi Bourgogne-Franche-Comté revendique un taux de satisfaction proche de 90%.

Coupeurs, porteurs et trieurs...


Les recrutements s'adressent à tous à partir de 16 ans : étudiants, demandeurs d'emploi, salariés, retraités... En général, les domaines ne demandent pas de compétence technique particulière, juste une bonne forme physique.
 
98% des offres concernent les postes de coupeur, porteur et trieur. Le reliquat a trait aux besoins en cuisiniers et conducteurs. Ces dernières offres sont alors rangés dans la catégorie des métiers concernés.

Les problématiques du plein emploi et du changement climatique


Avec la reprise après la crise sanitaire, plusieurs bassins d'activité de Bourgogne-franche-Comté s'approchent du plein emploi, ce qui provoque des tensions sur les recrutements pour les vendanges puisque le nombre de demandeurs d'emploi potentiellement concernés est plus faible que les années passées. C'est le cas notamment à Beaune dont le taux de chômage frôle les 4% et à Mâcon où il avoisine les 5%.

Le changement climatique induit une campagne de vendanges plus resserrée entre les différents vignobles. Là où un coupeur pouvait enchaîner les contrats durant trois mois entre le Beaujolais et le Chablisien, la précocité des vendanges fait que la récolte s'étale dorénavant sur un mois seulement. Les vignobles de Bourgogne-Franche-Comté – voire d'Auvergne-Rhône-Alpes – se retrouvent à mobiliser des renforts sur des périodes qui se chevauchent.

Autre phénomène qui accroît la tension sur les recrutements : depuis que les étudiants ont des cours débutant dès septembre, ils sont moins disponibles qu'auparavant. Par ailleurs, puisque les vendanges tendent à être plus précoces, août peut être une période où les retraités peuvent être encore mobilisés auprès de leurs petits-enfants.

En revanche, des personnes en emploi salarié continuent de prendre des congés pour participer aux vendanges, soit par intérêt pour cette activité emblématique du monde du vin, soit pour compléter leurs revenus.

Travailler l'attractivité des domaines qui recrutent


Au niveau régional, le service public de l'emploi accompagne donc les employeurs – du domaine recrutant cinq personnes jusqu'au domaine en mobilisant cent – avec des services dédiés déclinés en agences, sur les médias sociaux, sur les sites web de Pôle Emploi – y compris des autres régions de France – et de ses partenaires comme la CAVB, notamment le site Vita Bourgogne consacré toute l'année à la promotion des métiers de la vigne (lire le communiqué).

«L'idée est de mettre le plus de domaines dans de bonnes conditions pour leur recrutement», explique-t-on chez Pôle Emploi Bourgogne-Franche-Comté. Ainsi, les conseillers en relation avec les entreprises rappellent régulièrement aux domaines de travailler leur attractivité en mettant en avant les avantages liés aux conditions de travail – logement, repas, transport – et à la rémunération – salaire, indemnité transport et éventuelle prime pour une campagne complète.

Dans l'ensemble, les demandeurs d'emploi bénéficient d'un contrat de travail saisonnier et d'une rémunération alignée sur la proposition de la Mutualité Sociale Agricole (MSA) indexée a minima sur le SMIC (10,85 euros brut de l'heure). Les conseillers de Pôle Emploi vérifient que les salaires proposés sont conformes à la loi.

En fonction des domaines, la campagne des vendanges dure de trois à quinze jours. Si une personne travaille huit jours consécutivement, le neuvième jour doit être un jour de repos. Le temps de travail hebdomadaire est en moyenne de 7 heures 30 avec une pause méridienne.

Les vendangeurs comparent les offres


«Il n'y a pas de lien entre la taille du domaine et le niveau de rémunération», constate Sébastien Thomas, conseiller entreprises de l'agence Pôle Emploi de Beaune.

Du côté des vendangeurs qui n'hésitent plus à comparer les offres, «à critère égal, la personne choisit ce qui est le moins loin et le mieux rémunéré». «Les domaines qui logent ou véhiculent les vendangeurs bouclent les recrutements très tôt», ajoute-t-il.

Les logements sont réglementés


«Quand un domaine a la possibilité de fournir le logement, l'annonce est plus attractive», insiste Mélanie Grandguillaume, responsable juridique à la CAVB. Pour autant, la réglementation encadre strictement cette possibilité en veillant à des conditions d'hébergement dignes prenant en compte les mètres carrés, la mise à disposition de sanitaires et la sécurité incendie. «De nombreux bâtiments ne répondent pas aux critères imposés par la loi», constate-t-elle.

Quand certaines communes d'autres régions mobilisent leur camping municipale pour héberger les vendangeurs sous des tentes, la CAVB regrette qu'il soit interdit de faire de même en Bourgogne. «On tente de faire évoluer cette réglementation-là avec la Champagne et l'Alsace», signale Mélanie Grandguillaume.

Pôle Emploi communique au-delà de ses usagers


À fin mai 2022, face aux offres qui allaient affluer, il n'y avait que 1.742 demandeurs d'emploi immédiatement disponibles recherchant dans un métier liés aux vendanges en Bourgogne-Franche-Comté (dont 561 en Côte-d'Or).

Tous ont reçu au printemps une communication de Pôle Emploi les informant des recrutements à venir pour les vendanges. L'enjeu du service public de l'emploi est donc de mobiliser au-delà des demandeurs d'emploi régionaux et même au-delà de ses usagers.

Cumuler un emploi saisonnier avec le RSA


La CAVB a travaillé avec les conseils départementaux pour favoriser le cumul entre le revenu de solidarité active (RSA) et la rémunération saisonnière. La démarche a abouti avec le Département de la Côte-d'Or (lire le communiqué) et le Département de la Saône-et-Loire (lire le communiqué). Les négociations sont en cours avec le Département de l'Yonne.

Le cumul emploi saisonnier-RSA correspond à «la philosophie des décideurs territoriaux ainsi qu'au niveau national d'encourager la reprise du travail», explique Joël Picard. «Cumuler le RSA avec le travail saisonnier, ça donne un coup de pouce avant la rentrée scolaire, c'est un signal envoyé aussi aux viticulteurs».

Pour cela, Pôle Emploi informe donc les bénéficiaires du RSA de la possibilité de cumuler.

À Beaune, un service de Pôle Emploi dédié aux vendanges


En cette fin juillet 2022, la moitié des postes de la grande région concernent l'agence Pôle Emploi de Beaune pour vendanger les vignes allant de Santenay à Vougeot. Au nord de Vougeot, l'agence Dijon sud prend le relais. Encore plus septentrional, le vignoble du Châtillonnais est traité par l'agence de Montbard.

À Beaune, selon Sébastien Thomas, conseiller entreprises viticulture et Auxois, 2.000 postes ont été enregistrés depuis juin, 700 sont déjà pourvus et 1.300 restent à pourvoir, ce qui est en phase avec les années précédentes.

Pour informer et orienter les employeurs comme les demandeurs d'emploi, l'agence beaunoise organise un service dédié aux vendanges avec une permanence physique en agence sans rendez-vous (du lundi au vendredi de 8h30 à 16h30), une ligne directe (03.80.25.37.73, du lundi au vendredi de 8h30 à 16h30) et un email spécifique (ape.21066@pole-emploi.fr).

Le service est accessible en juillet et août ainsi qu'en septembre, notamment pour récupérer des documents administratifs.

En Saône-et-Loire, «la cible principale est locale»


En Saône-et-Loire, les vignobles ne sont pas aussi concentrés géographiquement qu'en Côte-d'Or. Pôle Emploi mobilise donc quatre agences de secteurs viticoles pour accompagner les domaines et les saisonniers : Mâcon, Chalon-sur-Saône, Autun et Tournus.

«Nos agences sont en proximité, les activités saisonnières – dont les travaux agricoles et la viticulture – rythment la vie des agences», souligne Joël Picard, directeur délégué Saône-et-Loire de Pôle Emploi.

À ce jour, en Saône-et-Loire, 450 postes ont été enregistrés par les différentes agences. Prochainement, ce sont donc environ 500 recrutements qui seront en attentes.

Les offres sont relayées auprès des collectivités locales pour un affichage à l'entrée de piscines, lieux culturels et sites universitaires. «La cible principale est locale mais l'enjeu de communication va au-delà», indique Joël Picard.

Il n'y a pas de permanence physique ni de numéro de téléphone spécifiques en Saône-et-Loire mais les conseillers dédiés aux entreprises sont équipés de téléphones mobiles nominatifs permettant aux viticulteurs de leur envoyer des SMS. Par ailleurs, les agences communiquent elles aussi sur les sites web de Pôle Emploi, de Vita Bourgogne et de l’Association Nationale pour l’Emploi et la Formation en Agriculture.

Un car pour les vendangeurs venant d'un quartier populaire


Dans les vignobles du département, le directeur territorial de Pôle Emploi constate que si, fut un temps, les vendangeurs étaient logés et nourris, «ils sont de moins en moins logés et de moins en moins nourris». L'absence de logement fait que la main d’œuvre nationale ou étrangère peut difficilement être sollicitée.

Les parcelles de vigne étant rarement desservies par les transports en commun, «tous les acteurs travaillent sur l'enjeu de la mobilité», signale Joël Picard qui regrette qu'«il n'y ait pas encore d'initiatives pour que les demandeurs d'emploi qui ne sont véhiculés puissent accéder à ces jobs».

A contrario, le directeur territorial de Pôle Emploi applaudit la démarche d'un domaine de Santenay, au sud de la Côte-d'Or, qui affrète un car pour véhiculer des vendangeurs depuis un quartier populaire de Chalon-sur-Saône et qui propose un repas le midi. «C'est plus facile de mobiliser des demandeurs d'emploi dans ce cas», s'enthousiasme-t-il.

«Travailler le multi-emploi pour une activité toute l'année»


«On travaille avec la viticulture toute l'année», poursuit Joël Picard qui insiste sur les enjeux sur la formation et l'emploi faisant qu'un emploi saisonnier peut déboucher sur une activité plus régulière voire une embauche durable.

Ainsi, les conseillers du service public de l'emploi œuvrent d'un côté à rendre les métiers de la vigne plus attractifs et incitent de l'autre les demandeurs d'emploi à mettre un pied dans un domaine à l'occasion des vendanges pour éventuellement développer d'autres missions complémentaires durant l'année comme le travail en cave, l'accueil au domaine ou même l'accompagnement des touristes.

«Il s'agit de travailler le multi-emploi pour que le demandeur d'emploi ait une activité toute l'année», insiste le directeur territorial. Statutairement, cela peut aller d'une succession de travaux saisonniers jusqu'à un CDD voire un CDI dans un domaine proposant une variété de métiers. Les vendanges constituant  alors un potentiel tremplin vers l'emploi durable.

Jean-Christophe Tardivon


Vendanges à Pommard en 2018 (image d'illustration JC Tardivon)