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23/10/2021 01:40

Conseil Régional : De gauche à droite, ils sont vraiment tous pour le pouvoir d’achat

L’augmentation des carburants, du fioul, du gaz a donné des ailes aux différentes sensibilités politiques au Conseil Régional de Bourgogne – Franche-Comté. Le PS, les Verts, le PC, LR, la majorité présidentielle, sont tous pour le pouvoir d'achat.
Parce que les prix de l’énergie flambent. Parce que les carburants sont à la hausse, les discours se font unanimes sur leur philosophie principale. Il y a quelques mois, quelques semaines maxi, on pouvait entendre des élus vous dire, le plus sérieusement du monde, qu’il fallait que les Français se fassent à l’idée de devoir payer le prix juste des énergies et des carburants.
Dans le discours ça fait bien, ça permet de dire ou laisser croire que l’on a la fibre environnementale, que oui on est prêt à consentir des efforts.
Sauf qu’entre la théorie et la réalité, il y a un monde. D’un côté les beaux parleurs et de l’autre celles et ceux qui ont du mal à boucler les fins de mois, qui lèvent le pied quand ils prennent le volant pour essayer d’économiser ce carburant si cher dont ils ont besoin pour aller travailler. Et ceux-là, n’en déplaise à certains politiques plus «bobos» que proches du peuple, et à certains médias déconnectés, oui ceux là de nos concitoyens savent que 100 euros ce n’est pas rien.

Dans un réflexe de lucidité dont ils ont le secret, les élus régionaux se sont donc lancés dans la course au maintien du pouvoir d’achat. C’est ce que l’on a mesuré, vendredi après-midi, au conseil régional de Bourgogne – Franche-Comté, à Dijon.
La question du pouvoir d’achat s’est faite plus forte qu’elle ne l’avait été au moment de la crise des gilets jaunes. N’y voyons aucune hypocrisie de la part des élus. Juste qu’ils retombent les pieds sur terre pour certains.
Ainsi qu’elle l’avait expliqué la veille en conférence de presse, Marie-Guite Dufay, a déroulé les arguments de sa majorité sur le thème du pouvoir d’achat. Et les autres groupes politiques ont suivi. Parce qu’à six mois de la Présidentielle pas question de dire autre chose. Le sujet fait la une des chaines d’informations en continu, alors il faut tirer sur le fil de la pelote. Ainsi va le fonctionnement de notre démocratie.
Bien évidemment, Julien Odoul s’est risqué à des provocations, histoire de rester fidèle à sa ligne. A ainsi affirmé, sans en avoir la preuve, que c’est la proviseure du Lycée Léon Blum qui aurait elle même enlevé la gerbe qu’il avait déposée le matin même, le 16 octobre…
Un épisode qui lui a valu des remarques incisives de la part de ses opposants. Ainsi va l’exercice démocratique au Conseil Régional de Bourgogne – Franche-Comté.
Maintenant les chefs de groupe vont devoir attendre le mois de décembre pour s’allumer dans l’hémicycle. Il s’agira alors du débat d’orientation budgétaire. Gageons qu’entre temps ils trouveront des occasions de faire monter la mayonnaise. Car non seulement la Présidentielle se profile, mais il y aura aussi, ensuite, les législatives.
Alain BOLLERY avec 
Jean-Christophe TARDIVON

Marie-Guite Dufay promet de chauffer les lycées
«Je veux rassurer les lycées  par rapport à la hausse de l’énergie. L’accroissement de la charge pourrait être source d’inquiétude. Dans le budget 2022 on aura une enveloppe de 2 millions d’euros pour faire face aux hausses de prix.
Oui, nous sommes dépendants des énergies fossiles ; alors je proposerai de ne pas augmenter les tarifs des cantines et des internats, pour la cinquième année consécutive. Nous aurons à cœur la recherche de la qualité, mais avec des tarifs sociaux pour les familles modestes qui se situent au-dessus des bourses.
On va voir comment travailler avec la CAF. Préserver le pouvoir d’achat, c’est une préoccupation que nous avons eue dans le précédent mandat, c’est une préoccupation que nous avons eue dans le précédent mandat, au bénéfice, par exemple, des lycéens et de leurs parents, ou encore les aides au permis de conduire, et des tarifs très avantageux dans les TER.
A propos des salariés qui n’ont pas de train à côté de chez eux, on avait mis en place un ticket mobilité il y a 3 ans, permettant d’attribuer jusqu’à 30 euros par mois ;
Je souhaite réunir prochainement les syndicats et salariés pour étendre la mesure, en abaissant le nombre de kilomètres, soit en augmentant le montant. Il y a un obstacle à lever et je l’ai soulevé auprès du 1er Ministre : Augmenter le seuil de défiscalisation. Je pense que nous sommes sur la bonne voie.
Notre collectivité contribue à prendre en compte les charges pour les familles, en direction de celles et ceux qui en ont le plus besoin.
Concernant l’enseignement supérieur, j’ai proposé un engagement de 20 millions à l’Etat pour des grands chantiers, comme la rénovation énergétique.
Avec les départements je souhaite une contractualisation, sur le numérique, sur l’insertion/formation et sur l’action écologique».


Gilles Platret : «à la logique du chèque, nous préférons la logique de baisse des impôts»
En prenant la parole, Gilles Platret, président du groupe d'opposition Union des républicains et du centre et écologistes indépendants, prévient qu'il va aborder le thème de la «dégringolade» du pouvoir d'achat des Français.
Ce qu'il fait en listant des augmentations de prix, à commencer l'alimentaire qui a, selon l'INSEE, connu une hausse de 7% depuis 2017 et l'électricité de 6%. Une date qui montre que la cible de l'intervention n'est pas tant la présidente de Région mais l'exécutif national.
L'élu des Républicains évoque alors que «les loyers eux-mêmes ont bondi de pratiquement 20%». Il se fera reprendre quelques instants plus tard par Julien Odoul (RN) qui pointera, lui, une hausse des loyers de 3% sur la période en question, en se référant à la même source.
«Cette tendance de fond qui a frappé tous les Français est encore plus violence pour les Bourguignons et les Francs-Comtois tout simplement parce qu'ils sont plus vulnérables», poursuit Gilles Platret en se référant aux dépenses contraintes en lien avec le logement ou les déplacement concernant, il y a quelques années encore, «34% de l'ensemble des ménages» de la région.
Selon Gilles Platret, quand on liste les dépenses contraintes (communication, transports, santé, services financiers, logement...), la Bourgogne-Franche-Comté arrive en tête des régions françaises, devant Grand Est et l'Île-de-France avec 1.174 euros en moyenne par habitant.
«Notre groupe plaidera, aujourd'hui comme dans les mois et les années qui viennent, pour que nous fassions une véritable révolution dans la gestion de notre Région pour que nous parvenions avec les leviers qui sont les autres à redonner sans cesse du pouvoir d'achat à nos concitoyens», assène-t-il.
En revanche, le levier du ticket mobilité amélioré ou «chèque mobilité» ne trouve pas grâce à ses yeux car «conditionné à une décision que l’État n'a pas encore prise». «J'attendrai, en bon Bourguignon que je suis, que l'on ait topé dans la main pour être sûr que vous ayez obtenu gain de cause».
Le principal grief est que «les chèques qu'une collectivité fait, c'est systématiquement avec l'argent des autres» donc «à la logique du chèque, nous préférons la logique de baisse des impôts», explique celui qui déposera un amendement pour supprimer la part régionale de TICPE sur le prix des carburants. Amendement qui sera rejeté.
Dans la foulée, Gilles Platret reprend l'antienne d'Alain Joyandet durant la mandature précédente et demande l'alignement de la fiscalité des cartes grises sur le taux qui était le plus bas en 2015, c'est à dire celui de la Franche-Comté.


Julien Odoul dénonce «la politique de chèque et de pourboire»
À peine Julien Odoul prend-il la parole – au nom du groupe d'opposition du Rassemblement National – qu'il provoque un esclandre en brandissant une boîte de compléments alimentaires censé provoquer un «effet coup de fouet» et limiter les endormissements. La majorité proteste, Patrick Molinoz (PRG) fulmine, le brouhaha s'installe, un «Julien Zemmour» fuse hors micro et l'orateur doit se tourner vers la présidente pour demander à poursuivre dans le calme.
«La situation est dramatique», lance alors l'élu du RN qui évoque le retour des Gilets jaunes sur les ronds-points et le fait que «un Français sur quatre dit qu'il n'arrive plus à payer ses factures de gaz et d'électricité».
«Cette pauvreté se développe de plus en plus», insiste-t-il en appelant à prendre des «mesures d'urgences», d'où un amendement déjà proposé, toujours rejeté, pour baisser la TICPE et «rendre du pouvoir d'achat aux Bourguignons et Francs-Comtois» tout en dénonçant «la politique de chèque et de pourboire».
Dans le prolongement, Julien Odoul critique «l'indemnité inflation» annoncée ce jeudi 21 octobre par le Premier ministre. Le populiste n'envisage qu'un seul levier : «la baisse des taxes, la baisse des impôts» car «les économies mises bout à bout pour les ménages qui sont étranglés, (…) ça redonne de la vie dans nos territoires».
En abordant l'hommage à Samuel Paty qui l'amené à déposer une gerbe de fleur à l'entrée du lycée Léon-Blum du Creusot – gerbe qui a été subrepticement retirée dès la soirée (lire notre article) – Julien Odoul provoque de nouvelles réactions de la majorité en lançant les mots «lâcheté» et «soumission».
«Quelle honte» fuse dans la majorité. «Vous n'avez plus qu'une minute Monsier Odoul», intervient la présidente. «Il va falloir faire un choix», conclut l'élu du RN, «chez nous, il n'y aura aucun temps de pause contre l'islamisme».


Rémy Rebeyrotte dresse les bonnes mesures du Gouvernement
«J’excuse le Président Thuriot qui teste la mobilité alternative. Le pouvoir d’achat, c’est un choix judicieux». Le Député de Saône-et-Loire s’est alors fait un malin plaisir de rappeler les mesures gouvernementales qui «depuis 4 ans ont favorisé le pouvoir d’achat». Et de lancer : «Peut-on qualifier d’antisociale la politique menée par le la majorité présidentielle qui a financé à hauteur de 27 milliards, en 2020, le chômage partiel de millions de salariés, qui a revalorisé et élargi la prime d’activité à hauteur de 90 euros supplémentaires, soit 1080 euros par an, qui a supprimé des cotisations salariales de chômage et de maladie, ce qui a permis d’augmenter la rémunération directe de 260 euros pour un salarié au SMIC ;
qui a revalorisé le chèque énergie de plus de 277 euros par foyer et par an pour plus de 6 millions de personnes, qui a supprimé la taxe d’habitation pour 80% des foyers les plus modestes ; qui a instauré le zéro reste à charge pour les soins dentaires, auditifs et optiques de base…»
Et de citer aussi et évidemment le bouclier tarifaire annoncé par le Premier Ministre». Pour le porte parole du groupe de la majorité présidentielle, il est très claire que le «Gouvernement a pris en compte la situation».


Claire Mallard flingue le retour du nucléaire
La porte-parole du groupe «Ecologistes solidaires», s’est quant à elle montrée offensive : pour d’abord lancer à l’adresse de Julien Odoul : «je souhaiterais que, dans cette Assemblée, nous dépassions le niveau de certains débats nationaux qui sont, disons-le, véritablement nauséabonds. Je regrette ainsi que certaines et certains d’entre nous n’aient pas encore fait l’effort de se concentrer sur les vrais problèmes qui bousculent nos sociétés : l’effondrement du vivant et l’injustice sociale, fiscale et climatique».
Et de poursuivre : «Nous avons besoin de cohésion, de la mobilisation de toutes et tous pour que, dans le cadre de cette conférence, les Etats décident enfin d’investir des moyens conséquents dans l’adaptation climatique qui ne représentent, à ce jour, que 20% des investissements.
Est-ce la peine de rappeler ici l’inaction des Etats ? La justice française vient elle-même de confirmer ce constat d’échec. En effet, l’Etat a été condamné pour son inaction climatique et devra réparer ce préjudice d’ici fin 2022. Réjouissons-nous que la justice française défend le climat, quand la majeure partie des politiques le néglige ! Désormais, la lutte climatique ne relève plus seulement d’un choix politique mais bien d’une obligation légale».
L’élue a également prôné : «il y a des secteurs-clefs pour prendre le virage des transitions. L’agriculture et l’énergie sont emblématiques à bien des égards»
Elle s’est aussi élevée «contre les fausses bonnes idées qui ressurgissent dans le débat public. La lutte contre le changement climatique, contre la précarité énergétique et l’inflation des prix de l’énergie ne doivent pas être un prétexte pour relancer la filière coûteuse et dangereuse du nucléaire.
C’est pourtant, la stratégie déraisonnable choisie par le Chef de l’Etat avec son plan d’investissement France 2030 qui correspond davantage à l’époque
dépassée des années 70 qu’à la réalité d’aujourd’hui et aux enjeux de demain.
Proposer l’énergie nucléaire plutôt que les énergies fossiles, c’est remplacer un problème par un autre alors que les énergies renouvelables sont plus propres, plus sûres et plus compétitives si on a l’honnêteté de comptabiliser la filière du démantèlement et de la gestion, ou plutôt la non-gestion, des déchets nucléaires.
Si nous souhaitons atteindre la neutralité carbone en 2050, la politique énergétique ne peut pas reposer sur des technologies mal maitrisées qui virent au fiasco industriel comme l’EPR; pas davantage sur des technologies embryonnaires, parfois inconnues comme les « mini réacteurs »


Muriel Ternant : «il faut redonner une autonomie fiscale reposant sur un impôt juste»
Pour le groupe des élus communistes et républicains, participant à la majorité régionale, Muriel Ternant prend la parole pour cibler principalement l'échelon européen et son marché de l'énergie «entièrement concurrentiel», lié à «des recettes 100% libérales» et ainsi mieux vanter l'intérêt des «politiques de redistribution». La communiste insiste sur la «défaillance de l'Union Européenne à répondre aux enjeux de la transition énergétique» en matière de pouvoir d'achat.
Appelant elle aussi à «trouver des leviers», Muriel Ternant remet en question le mode de financement de la Région assis sur une fiscalité indirecte (parts régionales de la TVA et de la TICPE notamment) : «il faut redonner une autonomie fiscale reposant sur un impôt juste». En fonction de quoi, le groupe communiste réclame des «états généraux de la fiscalité» au niveau national.


Jérôme Durain : «On n’est pas dans l’incantation, on est dans l’action»
«Je veux d’abord rappeler le règlement et dire que l’intervention de Monsieur Odoul était abjecte. Vous êtes rattrapé par vos démons. On est dans une période étouffante, avec des débats nauséabonds. On veut parler de la vérité des faits. Ce n’est pas avec vos discours sur le hallal, les éoliennes, les migrants, l’insécurité, que vous allez apporter des solutions aux gens qui souffrent.
Votre fréquentation des plateaux altère votre discernement.
Nous sommes dans la réalité, sur le terrain. Monsieur Odoul essayez de revenir à la réalité. Sur la question des finances régionales, rendre l’argent ce n’est pas le sujet. La priorité de la région c’est d’investir, d’inventer de nouveaux dispositifs, de donner des ordinateurs. L’argent est rendu à ceux qui en ont besoin. Il ne suffit pas de faire croire qu’il faut abaisser la TIPPE.
Il faut garder la ligne. On n’est pas dans l’incantation, on est dans l’action. Pour une politique plus écologique et plus sociale».



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