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13/07/2021 12:13

CORONAVIRUS : Un sursaut dans la campagne de vaccination épargnerait mille vies en Bourgogne-Franche-Comté

L'ARS a présenté les résultats d'une modélisation ce mardi 13 juillet. Les simulations en fonction des taux de vaccination de la population en Bourgogne-Franche-Comté sont flagrantes : des hospitalisation et des décès pourraient être évités au cours de la quatrième vague de la Covid-19. «On a les armes en mains», a souligné le directeur de l'ARS.
Les annonces faites par le président de la République le lundi 12 juillet dernier ont marqué les esprits. L'allocution n'était pas terminée que les prises de rendez-vous pour des vaccinations s'envolaient déjà sur les plateformes dédiées.

«Si nous n’agissons pas dès aujourd’hui, le nombre de cas va continuer de monter fortement, et entraînera inévitablement des hospitalisations en hausse dès le mois d’août» a déclaré Emmanuel Macron, ajoutant que «nous avons pour faire face à cette nouvelle donne un atout-maître, qui change tout par rapport aux vagues précédentes : le vaccin».

Comme l'a souligné le chef de l’État, «tous les vaccins disponibles en France nous protègent solidement contre ce variant Delta : ils divisent par 12 son pouvoir de contamination et évitent 95% des formes graves. L’équation est simple : plus nous vaccinerons, moins nous laisserons d’espace au virus pour se diffuser, plus nous éviterons les hospitalisations».

Une simulation dérivée de celles de l'Institut Pasteur


Avant même l'annonce de cette allocution, l'Agence Régionale de Santé de Bourgogne-Franche-Comté avait travaillé sur une modélisation pour anticiper les conséquences de la quatrième vague de la Covid-19 liée au variant Delta du virus SARS-CoV-2. Les résultats ont été présentés ce mardi 13 juillet 2021.

Le directeur de l'innovation et de la stratégie de l'ARS, Cédric Duboudin, et ses équipes se sont projetés à la fin de l'année avec deux scénarios : une campagne vaccinale qui reste dans le prolongement (dite «vaccination faible») et une plus grande participation de la population (dite «vaccination forte») sans pour autant être «maximaliste».

Pour cela, Cédric Duboudin s'est appuyé sur une version simplifiée des modèles épidémiologiques utilisés par l'Institut Pasteur et adaptée à la Bourgogne-Franche-Comté avec une maille fine, à l'échelle des groupements hospitaliers de territoires. Il s'agit d'une simulation similaire à ce qui a déjà permis à l'ARS d'anticiper les capacités hospitalières pour répondre aux précédentes vagues de l'épidémie.

La vaccination freine l'accélération du variant Delta


«On est dans une très grande incertitude», prend soin de préciser Pierre Pribile, directeur général de l'ARS Bourgogne-Franche-Comté, car le variant Delta est «extrêmement contaminant», constituant ainsi un «accélérateur très puissant», alors que la vaccination permet de disposer d'un «frein» qui est «extrêmement puissant également».

Une faible variation dans le dosage de l'un ou de l'autre peuvent donc conduire à des résultats de simulation très différents. Pour autant, la modélisation permet de donner des ordres de grandeur et d'envisager l'effet de la vaccination.

Un facteur trois entre les deux scénarios


Selon Cédric Duboudin, la simulation s'appuyant sur le prolongement de la campagne vaccinale du mois de juin, la Bourgogne-Franche-Comté atteindrait en septembre «un pic qui pourrait dépasser ce qu'on a déjà connu» avec «un taux d'hospitalisation comparable à celui de la deuxième vague».

La différence étant cette fois qu'il y aurait une plus forte proportion de personnes jeunes admises dans les établissements de santé. Le nombre de décès serait moins élevé que lors de la deuxième vague.

En comparant avec une situation où la population participe plus largement à la campagne de vaccination, «on confirme le fait qu'entre deux scénarios de vaccination on a un écart très important qui est visible sur tout les indicateurs», insiste Cédric Duboudin.

En effet, un facteur trois apparaît entre les hospitalisations, et même les décès, entre les deux scénarios. Ainsi, ce sont mille vies qui pourraient être épargnées en Bourgogne-Franche-Comté dans le cas du scénario de «vaccination forte».

«Un millier de vies dans nos mains»


«Même dans un scénario de vaccination faible (…), on connaîtrait quand même une vague de l'ampleur de celles qu'on a déjà connues parce que le variant Delta est extrêmement contagieux. (…) Avec un taux de vaccination très supérieur alors on peut écraser cette quatrième vague et éviter son lot de décès, d'hospitalisation et de restrictions», résume Pierre Pribile.

«Il y a un flagrant impact de la vaccination. Il y a un enjeu de santé, de vie ou de mort, qui est énorme à l'échelle de notre région. C'est quasiment un millier de vies qui est dans nos mains par le fait d'aller se faire vacciner», insiste-t-il.

Redimensionnement des centres de vaccination


Le directeur de l'ARS assure que les centres de vaccination disposeront de doses pour répondre au scénario de «vaccination forte». Nombre de structures ont des doses en stock du fait d'une sous-consommation dans les semaines précédents : cela représente 300.000 doses en Bourgogne-Franche-Comté. «Des allocations arrivent toutes les semaines», ajoute-t-il.

Dans la foulée des annonces du président de la République, l'ARS et les préfectures vont relancer le «dimensionnement maximal» des centres de vaccination pour absorber les demandes. «Les rendez-vous vont s'ouvrir», indique Pierre Pribile à l'adresse de ceux qui n'auraient pas encore trouvé de créneau horaire. L'ARS a noté ce lundi 12 juillet un pic de 36.000 rendez-vous enregistrés en Bourgogne-Franche-Comté sur la plateforme Doctolib pour une première injection, effaçant le précédent record de mai dernier à 24.000 rendez-vous.

Vaccination obligatoire des soignants


«Pour les personnels soignants et non-soignants des hôpitaux, des cliniques, des maisons de retraite, des établissements pour personnes en situation de handicap, pour tous les professionnels ou bénévoles qui travaillent au contact des personnes âgées ou fragiles, y compris à domicile, la vaccination sera rendue obligatoire sans attendre», a annoncé le président de la République dans son allocution, évoquant des «contrôles» et des «sanctions» à partir du 15 septembre prochain.

En Bourgogne-Franche-Comté, l'ARS indique que les taux de vaccination sont «proches de la moyenne nationale» avec environ 80% parmi les professionnels libéraux, 60% parmi les personnels hospitaliers (avec de grandes variations entre les médecins et les aides-soignants) et 50% parmi les personnels des EHPAD.

«Maintenant, on vise 100%», synthétise Pierre Pribile qui annonce que les vaccinations seront relancées sur le lieu de travail. Pour leurs personnels soignants, les établissements de santé et les structures médico-sociales sont «libres de commander autant de doses dont ils ont besoin».

«La couverture vaccinale est déterminante dans ce qui va nous arriver dans les mois qui viennent, on a les armes en mains, on peut sauver des vies, épargner nos hôpitaux et écraser cette 4ème vague», conclut Pierre Pribile pour qui les annonces du président de la République laissent à penser que le scénario de «vaccination forte» est atteignable.

Jean-Christophe Tardivon