
Dans l'académie de Dijon, à la rentrée de septembre 2024, le taux d'encadrement progressera légèrement alors que le nombre d'élèves diminuera pour la 17ème année consécutive, comme l'a indiqué le recteur Pierre N'Gahane, ce mercredi 24 janvier.
La préparation de la rentrée scolaire 2024 a débuté dès la rentrée 2023 effectuée. En fin d'année, le ministère de l’Éducation nationale commence par préparer le budget global – validé par le parlement dans le cadre du projet de loi de finances – puis attribue en janvier une dotation à chaque rectorat d'académie.
Cette enveloppe budgétaire se traduit en «moyens d'enseignement» correspondant à des équivalents temps plein (ETP), eux-mêmes commuables en heures de cours.
En février et mars, le rectorat travaille sur les prévisions de ressources humaines de la rentrée qui permettront à chaque établissement d'envisager son propre fonctionnement.
La rentrée 2024 vise à créer le «choc des savoirs»
Ce mercredi 24 janvier 2024, Pierre N'Gahane, recteur de l'académie de Dijon, a annoncé les moyens d'enseignement dont disposera le rectorat pour l'année scolaire 2024-2025, période de la mise en place du «choc des savoirs» voulu par Gabriel Attal quand il était ministre de l’Éducation nationale.
Ce «choc des savoirs» résulte du «constat factuel de la baisse du niveau général de nos élèves au niveau national, confirmé par les enquêtes PISA, et sur la base des évaluations annuelles».
«Dans l'académie, jusqu'en CE1, les résultats dans les fondamentaux en français et maths sont au-dessus de la moyenne», expose le recteur, «à partir du CE1, on décroche, on devient de moins en moins performant par rapport au niveau national».
D'où des renforts en conseiller de circonscription – avec neuf créations de postes – notamment dans les endroits qui «décrochent», en lien avec des objectifs chiffrés fixés par le ministère concernant les classes de CE1 et CE2 notamment.
«La constatation de la baisse des effectifs se traduit par un ajustement des moyens»
Au niveau national, les établissements scolaires compteront 63.320 élèves en moins (après une baisse de 80.363 élèves à la rentrée 2023), se répartissant en 55.489 élèves en moins dans le premier degré et 7.831 dans le second degré.
«Premier budget de la nation», l'enveloppe votée pour l’Éducation nationale «continue à être en progression», insiste le recteur en évoquant une hausse de 4,1 milliards d'euros (soit 6,8%) pour atteindre 63,8 milliards d'euros. Soit 35% de plus que les 47,2 milliards d'euros du budget de la défense.
«La constatation de la baisse des effectifs se traduit par un ajustement des moyens», indique Pierre N'Gahane. D'un côté, 650 ETP sont retirés dans le premier degré, de l'autre, 574 ETP sont créés dans le second degré.
Dans le premier degré, le ministère donne la priorité à l'achèvement du dédoublement des grandes sections de maternelle dans les réseaux d'éducation prioritaire et au déploiement de «l'école inclusive».
Des Unités localisées pour l'inclusion scolaire (ULIS) continueront d'être ouvertes dans toute la France.
Dans le second degré, des groupes de niveau seront constitués pour l'enseignement des mathématiques et du français avec un maximum de 15 individus dans les groupes d'élèves à plus grand besoin.
Le français, les mathématiques et l'histoire-géographie seront renforcés dans les lycées professionnels.
La «prépalycée» sera expérimentée afin de préparer à l'entrée au lycée. Une fois validé – pas avant la rentrée 2025 –, le dispositif sera destiné aux collégiens n'ayant pas obtenu le diplôme national du brevet devant dès lors conditionner l'accès en seconde.
Le doublement des heures d'instruction civique sera effectué dès la classe de cinquième.
En Bourgogne, un prévisionnel de 3.024 élèves en moins à la rentrée 2024
En Bourgogne, le budget académique annuel avoisine 1,6 milliard d'euros. Le projet académique est orienté sur «l'élévation des connaissances des savoirs fondamentaux des élèves», «la préoccupation du bien être des élèves», et «la capacité d'innovation et de territorialisation de l'école publique».
Le recteur signale que, pour la 17ème année consécutive, la Bourgogne se situe dans «un contexte de déprise démographique» alors que des académies comme Créteil gagnent en effectifs.
Ainsi le rectorat de l'académie de Dijon prévoit une diminution de 3.024 élèves à la rentrée de septembre 2024 (après une baisse de 3.160 en septembre 2023) dont 2.338 élèves en moins dans le premier degré (649 en école maternelle, 1.727 en école élémentaire) et 686 dans le second degré (dont 220 dans les collèges et 459 dans les lycées des voies générale et technologique quand les lycées de la voie professionnelle devraient gagner 35 élèves).
Dans le premier degré, moins 98 ETP
«Cette baisse d'effectifs va forcément se traduite par des retraits de moyens», concède le recteur avant de relativiser l'ampleur de la variation. Dans le premier degré, 98 moyens d'enseignement sont retirés contre 150 si cela avait proportionnel à la baisse démographique.
Cela est dû à la prise en compte de la Bourgogne comme «une académie rurale». Sur les 1.534 écoles, 17% des écoles comptent une seule classe (contre 4% en moyenne nationale).
Le recteur a envisagé la construction d'une enveloppe de moyens d'enseignement qui «ne pénalise pas le taux d'encadrement» qui est «très élevé dans notre académie» de façon à «être dans de meilleures conditions de travail».
Toujours dans le premier degré, «chaque département voit son taux d'encadrement en légère progression». Le taux d'encadrement de l'académie s'établit à 6,46 (contre 6,41 en 2023) avec un pic à 6,97 dans la Nièvre (6,30 en Côte-d'Or, 6,31 en Saône-et-Loire et 6,67 dans l'Yonne).
«Le nombre moyen d'élèves par classe continue de diminuer», insiste Pierre N'Gahane. Depuis la rentrée 2023, il est de 20,6 élèves par classe. «Cela va permettre de renforcer l'acquisition des compétences dès le plus jeune âge notamment sur les fondamentaux».
Les classes sont plafonnées à 24 élèves en CP et CE1 et, dans les écoles situées dans un réseau d'éducation prioritaire, le dédoublement des classes de CP, de CE1 et de grande section de maternelle se poursuit.
«La prise en compte de la ruralité se poursuit», indique le recteur au regard de la dizaine de territoires éducatifs ruraux (TER) supplémentaires qui sont destinés à la Nièvre. Chaque TER représente 90.000 euros sur trois ans.
Par ailleurs, dans l'académie, 2,9 millions d'euros ont déjà été engagés pour le dispositif Notre école faisons là ensemble (dont 750.000 euros pour la Nièvre).
Dans le second degré, moins 60 ETP
Le second degré présentera un solde net de 60 moyens d'enseignement retirés (contre moins 99 en 2023). En revanche, trois moyens d'enseignement seront créés dans les collèges : «le collège a été préservé».
À l'intérieur de l'enveloppe globale, du fait d'un redéploiement des heures, 155 ETP seront fléchés pour les groupes de niveau. Le rectorat envisage ainsi le recrutement de 40 professeurs de français et 40 professeurs de mathématiques, qu'ils soient titulaires, contractuels ou stagiaires.
Le recteur assure tenir de l'indice de position sociale (IPS) des établissements : certains ont «un peu plus de moyens pour assurer une égalité des chances entre établissements».
Dans la voie professionnelle, le rectorat envisage d'«améliorer la formation insérante et la poursuite en BTS».
Un redéploiement de moyens est prévu pour les élèves allophones.
Expérimentation d'une classe «prépalycée» par département
Dans chaque département de la Bourgogne, une classe «prépalycée» expérimentale sera créée, pas nécessairement dans la ville-préfecture.
Alors que le taux de redoublement entre la troisième et la seconde est de 2,46%, de nouvelles règles seront appliquées à partir de la rentrée de septembre 2025. Le recteur ne procédera plus à des harmonisation pour faciliter les passages en classe de seconde.
Le rectorat va «chercher les familles» pouvant bénéficier de fonds sociaux
Chaque année, le rectorat mobilise environ 900.000 euros de fonds sociaux. Par exemple, en 2022-2023, 2.200 internes de la voie professionnelle ont bénéficié d'une prime de 160 euros.
Constatant que l'enveloppe annuelle n'était pas intégralement consommée, un groupe de travail a été instauré pour «aller chercher les familles», ce qui a permis de «diminuer de 40% les reliquats».
Création de dix unités localisées pour l'inclusion scolaire
Concernant l'«école inclusive», la rentrée 2024 verra le lancement des pôles d'appui à la scolarisation (PAS) résultant de la transformation des pôles inclusifs d'accompagnement localisés (PIAL).
L'objectif est d'appréhender un spectre plus large d'enfants, ou élèves à besoins particuliers, allant de l'élève en grande difficulté scolaire à l'enfant en situation de handicap.
Au niveau national, le ministère a acté la création de près de 4.800 accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) supplémentaires.
Dans l'académie de Dijon, 90 PAS accompagneront 5.000 élèves à besoins particuliers.
En Bourgogne, la Côte-d'Or sera un territoire expérimental du PAS pour lequel pourrait être attribuer une vingtaine d'ETP relevant du rectorat ainsi qu'une trentaine d'éducateurs spécialisés relevant de l'agence régionale de santé Bourgogne-Franche-Comté.
Dans le premier degré, en plus des 148 existantes dans l'académie de Dijon, cinq ULIS seront créées : deux en Côte-d'Or, deux en Saône-et-Loire et une dans l'Yonne. Une création d'unité autisme est en cours d'arbitrage.
Dans le second degré, cinq autres ULIS ouvriront leurs portes dans des établissements qui sont encore à définir.
Expérimentation de l'uniforme à Nevers et Autun
Deux collectivités dans l'académie de Dijon expérimenteront l'uniforme à l'école : la Ville d'Autun – pour laquelle les concertations sont encore en cours – et la Ville de Nevers qui a défini cinq écoles.
Autre nouveauté à intégrer, les cours de théâtre. «On va structurer à partir des dispositifs existants», signale-t-on du côté du rectorat.
Début des manifestations pour s'opposer aux fermetures de classes
À présent que les moyens d'enseignements sont définis, les projections concernant les ajustements dans les établissements scolaires peuvent débuter.
Dans le premier degré, dès la fin janvier, les consultations débutent avec les conseils départementaux de l’Éducation nationale. La période correspond aussi à la mobilisation des syndicats enseignants, des représentants de parents d'élèves et des élus locaux souhaitant contester des fermetures de classes. Une carte scolaire quasi définitive sera publiée en juin et finalement ajustée en septembre.
Dans le second degré, les premiers ajustements par collège seront connus en mars prochain.
Jean-Christophe Tardivon