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28/01/2025 21:52
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ÉDUCATION : En Bourgogne, le rectorat annonce des suppressions de postes d'enseignant en vue de la rentrée 2025

Le nombre d'enseignants diminuant relativement moins vite que les effectifs d'élèves, les taux d'encadrement s'améliorent. Ce qui fait dire à la rectrice Mathilde Gollety, ce mardi 28 janvier, à Dijon, que «les moyens dédiés sont nettement renforcés pour la réussite de tous les élèves».
Le ministère de l’Éducation nationale a défini l'enveloppe budgétaire allouée à l'académie de Dijon, cela malgré l'absence de loi de finances pour 2025. À partir de quoi, les équipes du rectorat ont planché sur l'évolution des moyens d'enseignement – ce qui correspond à des équivalents temps plein version enseignants – pour l'année scolaire 2025-2026 en Bourgogne.

Ce mardi 28 janvier 2025, à Dijon, la rectrice Mathilde Gollety a présenté la copie détaillant les répartitions par département et par niveau éducatif en assurant «la continuité» avec ce qui avait été déjà préparé par Pierre N'Gahane à qui elle a succédé, le 4 novembre dernier.


Selon la rectrice, au regard de la baisse des effectifs, «les moyens dédiés sont nettement renforcés pour non seulement la réussite de tous les élèves mais aussi l'accompagnement de nos enseignants».

François Bayrou confirme sa volonté de ne pas supprimer 4.000 postes d'enseignants


En préambule, Mathilde Gollety relaie ce que le ministère avait annoncé lors de la réunion du comité social d’administration ministériel de l’Éducation nationale, le 17 janvier dernier, à savoir que «les moyens pour la rentrée 2025 ont été fortement réévalués, par rapport au projet de loi de finances déposé en octobre 2024, afin de répondre aux enjeux du système éducatif».

Ce jour-même, le Premier ministre François Bayrou a renouvelé son engagement à ne pas supprimer 4.000 postes d'enseignants comme il était prévu initialement dans la version du PLF 2025 préparée par son prédécesseur Michel Barnier.

De plus, 2.000 postes d'accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) seront créés dans les collèges et lycées.

Les mesures nationales dans le premier degré


Au niveau national, le ministère anticipe une diminution globale des effectifs scolaires de 92.700 élèves. Dans le premier degré, 470 moyens d'enseignement seront supprimés. Dans le second degré, 324 moyens d'enseignement supplémentaires sont budgétés.

Dans le premier degré, les priorités concernent «l'amélioration du taux d'encadrement pour encourager la réussite de tous les élèves». En moyenne, le nombre d'élèves par classe est de 23,2 en 2017, à 21,3 en 2024 et est anticipé à 21,1 à la rentrée 2025.

«La poursuite de l'élan donné à l'école inclusive» se traduira par la création de nouvelles unités localisées pour l'inclusion scolaire (ULIS) et de pôles d'appui à la scolarité (PAS, qui ont succédé aux PIAL).

Pour «préserver une équité territoriale et une égalité des chances», un «maintien de l'ouverture des classes, dans la mesure du possible, dans les zones rurales» est annoncé.

Dans les zones urbaines, un «accent fort» est envisagé sur la préscolarisation et les classes de toutes petites sections des maternelles de quartiers prioritaires au titre de la politique de la ville.

La rectrice relaie un principe ministériel de «rééquilibrage des moyens octroyés entre les académies pour qu'il y ait une répartition équitable».

Les mesures nationales dans le second degré


Le ministère a demandé aux recteurs de «consolider l'accompagnement des élèves dont les acquis sont les plus fragiles en 4ème et 3ème», «d' accroître les capacités d'accueil dans les établissements des académie qui connaissaient une hausse d'effectifs d'élèves, en particulier sur la voie professionnelle» et, là encore, de créer des ULIS et des PAS.

Pour contribuer à «l'amélioration du climat scolaire», ont créés récemment 150 postes de conseiller principal d'éducation (CPE) – 20 autres sont prévus en septembre – et 650 postes d'assistants d'éducation (AED).

«Ce sont des moyens renforcés, au plus près des besoins de tous les élèves et au service de l'amélioration à la fois des des conditions d'enseignement pour la communauté éducative et des conditions d'apprentissage pour les élèves», résume la rectrice.

En Bourgogne, le nombre de postes d'enseignant supprimés est relativement moindre que la baisse des effectifs d'élèves


À la rentrée 2024, la Bourgogne comptait 253.532 élèves, 129.591 dans le premier degré et 123.941 dans le second degré. Ils sont encadrés notamment par 8.173 enseignants du premier degré et 10.862 professeurs du second degré.

Depuis plusieurs années, la Bourgogne connaît une déprise démographique. Elle devrait se confirmer à la rentrée scolaire 2025 puisque le rectorat anticipe une baisse de 2.616 élèves dans le premier degré (-2,2%) et de 700 élèves dans le second degré (-0,7%).

«Pour autant, le budget allouée à notre académie permet de réduire les impacts de la démographie et de soutenir les grandes priorités ministérielles», assure Mathilde Gollety.

Au niveau académique, 60 moyens d'enseignement seront retirés dans le premier degré et 50 dans le second degré. La rectrice analyse que si la déprise démographique avait été appliquée mécaniquement, ces moyens auraient diminué respectivement de 158 et 90 postes.

Amélioration du taux d'encadrement dans le premier degré


Avec l'objectif d'«assurer l'efficacité et l'efficience du remplacement dans le premier degré», la diminution de 60 postes a été répartie départementalement : 16 dans la Côte-d'Or, 9 dans la Nièvre, 20 dans la Saône-et-Loire et 15 dans l'Yonne.

Les mesures devraient conduire à une amélioration du taux d'encadrement s'améliore. Dans le premier degré, l'indicateur passerait de 6,41 à 6,51 (contre 6,13 attendu au niveau national).

«On prend en compte les spécificités de nos territoires», insiste Mathilde Goillety.

Corrélativement, le nombre d'élèves par classe devrait diminuer. Il est déjà passé de 22,7 en 2019 à 20,6 en 2024 (contre 21,3 au niveau national).

Cinq ULIS seront créées – trois en Côte-d'Or, deux en Saône-et-Loire – venant en plus des 153 qui existent dans les établissements publics et 7 dans les établissements privés sous contrat.

Un dispositif relevant des PAS et de l'agence régionale de santé, actuellement expérimenté en Côte-d'Or, sera étendu à la Nièvre.

Des «efforts» demandé aux collèges


Les taux d'encadrement sont également attendus en amélioration dans le second degré. À ce jour, les indicateurs sont de 1,28 en collèges (contre 17,17 au niveau national) et 1,36 en lycées dans la voie générale et technologique (contre 1,25), 2,35 dans la voie professionnelle pré-bac (contre 2,01) et 2,48 en formation post bac (contre 1,77).

«Nous avons porté une attention à une recherche d'équilibre et d'équité d'abord entre les niveaux d'enseignement du second degré», indique Mathilde Gollety. «Cette année, il a été décidé de faire porter les efforts non pas sur les lycées, comme l'année passé, mais plutôt sur les collèges qui voient le nombre d'élèves en diminution la plus forte.»

51 moyens d'enseignement retirés concernent les collèges : 18,5 dans la Côte-d'Or, un dans la Nièvre, 15,5 dans la Saône-et-Loire, et 16 dans l'Yonne.

Les lycées se voient retirer 9 postes avec une répartition effectuée selon les disciplines et non selon les départements.

Parallèlement, pour envisager «un potentiel de remplacement longue durée renforcé», 10 ETP seront consacrés au remplacement dans les collèges et lycées. D'où ce total de 50 moyens d'enseignement retirés dans le second degré.

Poursuite d'une partie du «choc des savoirs» dans le second degré


Mesure phare du «choc des savoirs», le financement des groupes de besoin en français et mathématique en 6ème et 5ème sera poursuivi avec 138 ETP dédiés.

Toujours dans ce cadre, une allocation des heures pour des projets que les établissements souhaitent déployer sera augmentée de 12 ETP (notamment sur le renforcement des acquis fondamentaux pour les élèves les plus fragiles en mathématiques et en français).

L'accompagnement des collégiens sera renforcé de 95 ETP et celui des lycéens de 33 ETP.

Les quatre classes expérimentales prépa-seconde seront reconduites avant une évaluation mi-2026.

L'offre de formation professionnelle sera valorisée pour «une meilleure réussite et insertion des jeunes vers des métiers d'avenir».

En matière d'école inclusive, 4 ULIS seront créées – une dans un collège de chaque département – et une au lycée René Cassin, à Mâcon.

Une unité pédagogique pour élèves allophones arrivants (UPE2A)  sera créée au collège Giroud de la Villette, à Clamecy. À noter que la Bourgogne compte environ 1.000 élèves allophones arrivants.

Le rectorat a décidé d'affecter «des moyens supplémentaires pour améliorer le climat et la tranquillité scolaire» avec la mise en place dès 2024 de cinq référents dédiés à la lutte contre le harcèlement scolaire. S'ajouteront en 2025-2026 un poste de CPE – attribué au collège Champollion, à Dijon – et 12 AED.

Mesure controversée du «choc des savoirs», le port de l'uniforme, seulement appliqué à l'école Clos Jovet, à Autun, fait actuellement l'objet d'une évaluation.

Plus consensuelle, la «pause numérique» consistant à se passer de smartphones à l'intérieur des établissements sera évaluée après l'année scolaire 2025-2026.

Une réflexion pour repenser les missions d'AESH et d'AED


Concernant les sujets d'actualité, le rectorat a réfuté toute «précarisation» des AESH : «on passe à la CDIsation généralisée et l'inscription des emplois pérennes, (…) le travail dans le cadre des PAS est quelque chose de très valorisant pour ces professionnels».

Toutefois, une réflexion existe sur le fait de «repenser le métier d'accompagnant d'élève» avec une éventuelle fusion des missions d'AESH et d'AED. Elle se conduira sans doute «sur plusieurs années».

Les contractuels sont passés de 400 à 816 en trois ans


À propos des contractuels, le sujet de l'attribution des moyens d'enseignement évoqués ce jour ne les concerne pas directement. «La gestion prévisionnelle des compétences est en cours», indique le rectorat.

Dans le second degré, leur nombre est passé de 400 en 2022 à 816 aujourd'hui, signe que «[l'académie de Dijon] a une capacité significative à recruter des contractuels dans le marché de l'emploi concurrentiel».

Pour assurer la continuité pédagogique, le rectorat travaille sur plusieurs axes. Trois axes permettent de couvrir 99% des situations : renforcer le pilotage du remplacement et de la suppléance «à tous les niveaux», agir sur la question des absences perlées en détectant les signaux faibles et augmenter le potentiel de remplacement.

Pour atteindre potentiellement 100% des besoins en remplacement, le rectorat développe des protocoles d'accompagnement pédagogique pour «partager des ressources aux élèves, les faire travailler en autonomie, avoir un accompagnement plus personnalisé et mobiliser l'accompagnement aux devoirs». Ce dernier point se décline notamment par le lancement d'une expérimentation d'un enseignement à distance de type CNED.

Création d'un service pour traiter des sujets de sécurité au sens large


En prolongement du «bouclier pour protéger l'école» déployé en avril 2024 et du plan ministériel pour la tranquillité scolaire présenté en décembre 2024, un service administratif de défense et de sécurité académique (SDSA) verra le jour, piloté par le cabinet du rectorat.

Il traitera des sujets de sécurité au sens large, allant de la protection contre les intrusions jusqu'à la gestion du risque de catastrophe naturelle, en passant par la lutte contre le harcèlement à l'école.

Le hall du siège du rectorat a été rééquipé


Dans ce cadre, l'équipement du hall du siège du rectorat de l'académie de Dijon a été revu avec deux objectifs : renforcer la sécurité des 450 personnels – des portiques franchissables avec des badges d'accès ont été multipliés – et améliorer l'attractivité des métiers – la banque d'accueil précédemment disposée sur un côté a été recentrée et trois espaces ont été constitués : accueil, visiteurs ainsi que lieu de vie et d'événement.

«Il s'agit d'adapter nos organisations au plan Vigipirate et de faire en sorte que les personnels se sentent en sécurité, cela s'inscrit dans une démarche de qualité de vie au travail», précise le rectorat.

Des renforts pour «éviter les sentiments d'isolement» de professeurs


À la rentrée de septembre 2025, l'accompagnement des enseignants sera renforcé avec la création de cinq nouveaux postes de conseillers pédagogiques de circonscription.

En concertation avec les organisations syndicales, 4 ETP ont été budgétés – un dans chaque département – pour renforcer des dispositifs d'appui particuliers afin d'aider les enseignants à gérer des situations complexes liées à des élèves à besoins spécifiques en difficulté, notamment les professeurs du premier degré pour «éviter les sentiments d'isolement» survenant dans ce type de situation.

Déjà 82 atteintes aux valeurs de la République depuis la dernière rentrée


De septembre à décembre 2024, le rectorat a recensé 82 situations d'atteintes aux valeurs de la République dont 34% ont été constituées par des actes racistes ou antisémites. Durant toute l'année scolaire 2023-2024, 150 situations avaient été traitées.

Le rectorat signale «un effort renouvelé sur la formation des personnels à la laïcité et à la défense des valeurs de la République». «À chaque acte de ce type, nos équipes spécialement formées interviennent auprès des établissements.»

Vers la définition de la carte scolaire 2025


Rendez-vous est désormais donné en juin pour connaître les perspectives d'ouvertures et de fermetures de classes dans chaque département.

En février, chaque comité social d'administration départemental (CSAD) se réunira pour étudier la carte scolaire dans le premier degré. En mars, ce sera au tour de chaque conseil départemental de l'éducation nationale (CDEN) pour faire de même dans les disciplines du second degré.

Ce sera aussi le début de la période des manifestations de parents d'élèves et d'élus souhaitant porter leurs arguments pour décrocher une ouverture ou éviter une fermeture de classe.

Mathilde Gollety espère «limiter la fermeture de classes en zones rurales» à l'issue de ce processus tout en reconnaissant «un enjeu de responsabilisation au regard de la dotation de moyens».

Jean-Christophe Tardivon

Mathilde Gollety, rectrice de l'académie de Dijon, durant la présentation des moyens d'enseignement de l'année scolaire 2025-2026 (photographie JC Tardivon)


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