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03/10/2021 19:49

ÉNERGIE : «L'hydrogène peut apparaître comme un tremplin pour l'avenir», selon Marie-Guite Dufay

La présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté a inauguré le Forum Hydrogen Business For Climate le 29 septembre dernier à Belfort. Le préfet du Territoire de Belfort a signalé que «le nucléaire est essentiel» pour produire de «l'hydrogène décarboné».
Les 29 et 30 septembre dernier, le Pôle Véhicule du Futur a organisé le Forum Hydrogen Business For Climate à Belfort, un colloque transnational pour aborder l'avenir de la mobilité et des transports au regard des innovations de la filière hydrogène pour laquelle la Bourgogne-Franche-Comté est en pointe.

Depuis vingt-cinq ans, des laboratoires de recherche explorent la production d'hydrogène puis la capacité à en faire un vecteur d'énergie pour mettre des moteurs en action.

Aujourd'hui que des débouchés concrets apparaissent, l'hydrogène bénéficie d'un intérêt de la part du grand public ainsi que le montre deux sondages Yougov menés pour le Forum : 44 % des Français estiment que l'hydrogène est le moteur de l'avenir pour la mobilité et le transport. Les résultats sont encore plus approbateurs en Allemagne, Autrice et Suisse (lire le communiqué). De plus, 53% des Français affirment que le développement de l’hydrogène est essentiel pour le futur de l’économie (lire le communiqué).

Dans ce contexte porteur, les pouvoirs publics se mobilisent pour accompagner le développement de la filière. Au niveau européen, la Commission européenne flèche 470 milliards d'euros dans ce qu'elle considère être un pilier de la transition énergétique. Au niveau national, l’État a fixé une stratégie d'ici 2030 financée à hauteur de 7 milliards d'euros (dont 2 milliards d'euros issus de France Relance). En Bourgogne-Franche-Comté, le conseil régional mobilise 160 millions d'euros pour l'hydrogène.

«L'hydrogène peut apparaître comme un tremplin pour l'avenir»


«Aujourd'hui, la thématique de l'hydrogène s'impose partout à tout le monde», a déclaré Marie-Guite Dufay (PS), présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, en inaugurant le Forum Hydrogen Business For Climate le mercredi 29 septembre 2021.

«Au niveau de notre territoire, nous pensons que nous avons une légitimité à ce que les échanges et la coopération autour de l'hydrogène se fasse ici. (…) Il y a derrière une recherche académique, une recherche et développement, tout un écosystème qui est en train de se mettre en place pour activer les déclinaisons de l'hydrogène dans les process industriels, dans les usages de mobilité, dans les usages stationnaires. (…) Les enjeux automobiles à la faveur de la décarbonation font que l'hydrogène peut apparaître comme un tremplin pour l'avenir dont nous nous en emparons. La Région travaille avec tous les territoires qui prennent cette dimension», a-t-elle expliqué.

Laboratoires de recherche en Nord Franche-Comté, implantation du centre mondial d'expertise de Faurecia à Bavans (Doubs) – Faurecia est d'ailleurs le principal mécène du Forum –, unité de production de la startup H2SYS à Belfort, centre de tests des systèmes de stockage hydrogène (ISTHY) prochainement installé dans le Territoire de Belfort, construction d'une station de production d'hydrogène à Dijon (lire notre article), stations expérimentales dans des lycées à Auxerre (Yonne) et Nevers (Nièvre), investissement de Mahytec à Dole (Jura) pour produire des réservoirs à hydrogène... toute la Bourgogne-Franche-comté s'empare du sujet.

«Une accélération de l'histoire de l'hydrogène»


Signe de son importance, le Forum a reçu le soutien de l’État, la Région Bourgogne-Franche-Comté, la Ville de Belfort et le Grand Belfort, Pays de Montbéliard Agglomération, en partenariat avec l'AER BFC (Agence Économique Régionale de Bourgogne-Franche-Comté), ADN FC (Agence de Développement économique Nord Franche-Comté), la CCI, EEN (Enterprise Europe Network) et FC Lab, l'ADEME, EIT Innoenergy, France Hydrogène et Hydrogen Europe.

«Ce forum va permettre une accélération de l'histoire de l'hydrogène à Belfort», a estimé Damien Meslot (LR), président du Grand Belfort. À Belfrot, Hynamics, filiale d'EDF, prévoit la mise en service au printemps 2023 d'une station de production d'hydrogène qui alimenta les futur bus de l'agglomération. L'intercommunalité prévoit également la construction d'un bâtiment de 15 logements sociaux chauffés à l'hydrogène. La collectivité a déjà investi 58 millions d'euros pour cette filière.

«Nous sommes une région qui est en pointe et qui est prête à accueillir encore de nombreux projets, nous avons les laboratoires de recherche, nous avons l'écosystème, nous avons les moyens financiers», a assuré Damien Meslot.

Pour sa part, Charles Demouge (LR), président de Pays de Montbéliard Agglomération, a rappelé que la Bourgogne-Franche-Comté a été labellisée Territoire d'hydrogène en 2016 et le Nord Franche-Comté Territoire d'innovation. «Toutes les forces vives du Nord Franche-Comté sont inscrites dans la filière hydrogène», a assuré Charles Demouge.

Le défi de la production d'«hydrogène vert»


Président du Pôle Véhicule du futur, Marc Becker a expliqué que celui-ci structure un réseau de 500 membre dans les régions Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est pour favoriser le montagne de projets d'innovation et accompagner les entreprises de l'automobile et de la mobilité.

Selon Marc Becker, «l'hydrogène doit être décarboné pour atteindre nos objectifs en termes de réduction de CO2». Pour cela, il s'agit d'explorer les différentes techniques de production d'«hydrogène vert», c'est à dire à partir de sources d'énergie faiblement émettrices de CO2. L'hydrolise permet d'extraire l'hydrogène de l'eau et la pyrogazéification consiste à chauffer des déchets organiques. Des travaux innovants montrent que l'hydrogène naturellement présent dans le sol pourrait être exploité.

Une fois l'hydrogène produit, les différents projets de stockage se révèlent importants pour l'avenir de la filière. La forme gazeuse est privilégiée pour la mobilité mais il est également de stocker le gaz sous forme solide (hydrure) ou liquide.

«Sans électricité décarbonée, il n'y a pas d'hydrogène décarboné»


Dernier à prendre la parole lors de cette inauguration, Jean-Marie Girier, préfet du Territoire de Belfort, s'est félicité de la tenue du Forum constituant «une forme de légitime de reconnaissance pour des gens qui ont pris leur risque à l'université, dans l'entreprise». Le préfet a souligné l'association de la recherche académique, des acteurs industriels («de la PME à la multinationale») et des partenariats institutionnels rassemblés dans «un écosystème unique».

Jean-Marie Girier a également salué l'annonce de General Electric de vouloir travailler avec MacPhy et GrDF. En effet, le 30 septembre dernier, General Electric, GRTgaz, l'Ineris, McPhy et le réseau des Universités de Technologie Françaises (dont Université de technologie de Belfort Montbéliard) ont signé un mémorandum d’accord de recherche pour accélérer l’innovation autour de l’hydrogène (lire le communiqué).

Le préfet rappelant que, avec le site de General Electric, «cette expertise sur les turbines est dans notre territoire». Sur les questions industrielles, le représentant de l’État a conclu les prises de parole en glissant que «sans électricité décarbonée, il n'y a pas d'hydrogène décarboné, c'est pourquoi le nucléaire est essentiel».

Au terme du Forum Hydrogen Business For Climate, les organisateurs se sont félicités de la fréquentation en présentiel de 400 participants.

Jean-Christophe Tardivon




Photographies DR