Ce lundi 27 mai, en meeting à Beaune, l'eurodéputé sortant a fait de la politique étrangère et de la défense «les enjeux fondamentaux» des élections européennes, appelant à envoyer, depuis la France, des «hommes d’État» au sein de l'Union européenne.
Comme il l'avait fait ces derniers jours lors d'interviews accordées à des médis nationaux, Bernard Guetta (sans étiquette), numéro deux de la liste «Besoin d'Europe» conduite par Valérie Hayer, a abordé le thème de la politique internationale lors d'une réunion de campagne pour les élections européennes, ce lundi 27 mai 2024, à Beaune (
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L'eurodéputé sortant a notamment insisté sur les conséquences de l'agression russe de l'Ukraine et de la guerre entre Israël et le Hamas.
Une déclaration du Triangle de Weimar sur la sécurité européenne
Réunies dans une coopération appelée «Triangle de Weimar», la France, la Pologne et l'Allemagne ont présenté, le 22 mai dernier, une déclaration commune appelant à «renforcer la cohérence» de la politique étrangère de l'Union européenne et à «renforcer la sécurité et la défense européennes» (
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Insistant sur les approches «atlantistes» de l'Allemagne et de la Pologne, respectivement après la Seconde Guerre mondiale et la chute du mur de Berlin, Bernard Guetta se félicite que, se ralliant à une idée française, «[ces pays] adoptent un texte disant que l'Union européenne doit devenir un véritable acteur géopolitique». «Ce véritable acteur géopolitique doit assurer la souveraineté et la résilience de l'Union européenne.»
Vers la fin annoncée de la sécurité européenne assurée par les États-Unis
«Il n'y a aucune raison que les Américains, tant de décennies après la Seconde Guerre mondiale, maintenant que l'Europe est réunifiée, continuent à payer pour notre sécurité alors qu'ils ont un énorme problème à résoudre qui s'appelle la Chine», analyse l'eurodéputé sortant.
«Cette union souveraine doit constituer un pilier européen de l'alliance atlantique qui puisse assurer en interopérabilité avec les autres pays de l'OTAN – principalement les États-Unis – la stabilité de l'Europe et du monde», déclare Bernard Guetta en s'appuyant sur la déclaration. «Soudain, l'Europe de la défense est mise sur un pied d'égalité et de responsabilité avec les États-Unis. Pour en arriver là, il faut que nous développions nos capacités pratiquement dans tous les domaines militaires. Un seul domaine n'est pas mentionné, c'est le naval, tout le reste est là.»
Selon l'orateur, il s'agit là d'«une révolution politique et intellectuelle», consécutive à «l'agression de l'Ukraine» et au souhait affiché du président russe d'«un retour de la Russie dans les frontières de l'empire des tsars» incluant notamment des territoires de la Pologne et de la Finlande. «Si Vladimir Poutine gagne militairement [en Ukraine], (…) il pourra dominer politiquement nos pays, parce que nous aurons un pays vainqueur (…) au moment précisément où les États-Unis, depuis maintenant presque vingt ans, affirment leur volonté de se retirer de notre continent.»
«L'Union européenne a pour seule défense l'armée française et la force de dissuasion |nucléaire]», poursuit Bernard Guetta, «ce n'est pas rien mais ça ne suffit pas à défendre l'Union européenne».
Des craintes sur la poursuite de la déstabilisation en cascade du Proche-Orient
«Au sud, nous avons les yeux fixés sur Gaza», enchaîne l'eurodéputé sortant qui alerte aussi sur les situations en Iran, au Liban, en Irak et en Syrie : «imaginons que la déstabilisation en cours du Proche-Orient se poursuive et s'approfondisse». L'orateur songe ainsi aux pays du Maghreb, à l’Égypte et à la Turquie : «les retombée nous atteindrons».
«Nous sommes dans une situation qui est aussi grave et angoissante que celle que nous avions vécu en 1939», analyse-t-il.
«Il ne faut pas que la France, le 10 juin, soit affaiblie»
En fonction de quoi, les thèmes de la déclaration commune du Triangle de Weimar devraient être, selon l'orateur, «les enjeux fondamentaux du débat de cette élection» conduisant à porter au Conseil européen «des hommes d’État» et non un «Monsieur Muscle» comme il qualifie Jordan Bardella, tête de liste du Rassemblement national.
«Il ne faut pas que la France, le 10 juin, soit affaiblie et entre dans un flottement politique», dramatise Bernard Guetta, écouté attentivement et très applaudi.
Jean-Christophe Tardivon