L'eurodéputé sortant, colistier de Valérie Hayer cible les droites nationalistes en général et le Rassemblement national en particulier.
Tribune :Ne comptons pas sur des slogans simplistes pour résoudre des équations compliquées.
Notre
Union européenne n’est pas parfaite. Comment le serait-elle,
construction somme toute historiquement récente, originale et dont on
attend beaucoup, y compris, à la fois, qu’elle respecte ses membres et
leurs singularités et qu’elle les rassemble voire les représente ?
L’Europe
agricole, qui en a été une des premières composantes, n'est donc pas
parfaite non plus. Ce n’est pas un scoop. Toujours pas assez harmonisée
sur le plan social, fiscal, environnemental. Source de surcharge
administrative. Difficile à comprendre dans son fonctionnement
institutionnel.
Mais quelles conclusions faut-il en tirer ? Faut-il
donner du crédit à ceux qui consacrent toute leur énergie à dénoncer ces
imperfections et ces dysfonctionnements ? Non, cent fois non, car ça ne
réglerait rien.
Les droites nationalistes en France et dans
d’autres pays européens ont le vent en poupe. Sans doute en partie parce
que leurs mots sonnent juste dans beaucoup d’oreilles quand elles
décrivent les écueils du système actuel. Le hic c’est que la politique;
fondamentalement, consiste à chercher des solutions, pas des problèmes.
Et que c’est beaucoup plus difficile et donc plus ingrat.
Le RN et
ses amis parviennent presque à le faire oublier : une Union européenne
où les droites nationalistes seraient renforcées, c’est, évidemment, la
garantie de moins d’harmonisation qu’aujourd’hui. Un marché européen
avec des règles encore plus divergentes, des distorsions de concurrence
exacerbées. Pas une bonne nouvelle pour notre agriculture.
C’est en
fait l’inverse qu’il faut faire, il n’y a pas vraiment le choix :
essayer de patiemment continuer à consolider l’Europe politique, rendre
notre marché unique plus opérant. Tout en - et c’est peut-être une
nouveauté pour beaucoup - le protégeant un peu plus.
Mais ce n’est
pas tout. Que les citoyens français et des autres pays d’Europe, y
compris les agriculteurs, aient du mal à voir où l’UE les emmène, c’est
bien compréhensible. Mais ce n’est pas une raison pour tout rejeter. Il
faut au contraire mettre au Parlement européen, l’instance démocratique
la plus représentative qui soit, des femmes et des hommes, issus des
forces politiques qui ne vont pas se contenter de dénoncer les problèmes
mais qui ne vont pas rechigner à essayer de les traiter. À, petit à
petit, dans la concertation, chercher à résoudre les nombreuses
contradictions qui se font jour entre tous les enjeux économiques,
sociaux, environnementaux auxquels nous devons collectivement faire
face. C’est pleinement vrai pour notre agriculture, qui doit et devra
toujours répondre à de nombreuses demandes en matière de performance et
de durabilité. Ce n’est pas facile. Ce n’est pas simple. Si ça l’était,
ce serait déjà fait.
Il existe un chemin. Un chemin qui donne au
monde agricole les moyens de ses ambitions et de celles de la société,
qui ne sont pas si éloignées. Les moyens de reconstruire une vraie
souveraineté alimentaire et les conditions d’une durabilité renforcée de
nos systèmes de production. Les moyens de rémunérer dignement les
femmes et les hommes qui nous nourrissent, de leur offrir la résilience
et la sérénité qui leurs permettront de valoriser tous les atouts de
cette agriculture européenne si diverse. Oui ce chemin est difficile à
trouver, je ne suis pas naïf. Mais certains semblent avoir renoncé à le
chercher. Pas moi. Pas nous.
Jérémy DECERLE
Député européen sortant et
candidat sur la liste Renaissance