Ce jeudi 29 août, le président de la République a convié le président de l'Assemblée des Départements de France à l’Élysée dans le cadre d'entretiens avec des représentants d'élus locaux.
François Sauvadet a dessiné le portrait idéal d'un futur Premier ministre aux yeux des élus départementaux.
Depuis le 8 juillet dernier, le gouvernement gère les affaires courantes. Suite à la perte de la majorité relative du camp présidentiel consécutivement aux élections législatives anticipées, le Premier ministre Gabriel Attal a remis sa démission et celle de son gouvernement au président de la République.
Depuis cette date, Emmanuel Macron consulte pour envisager la constitution d'un nouveau gouvernement à même de durer face à une motion de censure éventuellement déposée à l'Assemblée nationale et d'obtenir le vote du budget 2025 par les parlementaires.
Des consultations avec les représentants des élus territoriaux
Dans le cadre de ces consultations, le président de la République a organisé, ce jeudi 29 août 2024, à l’Élysée, des entretiens avec les représentants des principales associations d'élus locaux.
Parmi eux, figurait François Sauvadet (UDI), président du conseil départemental de la Côte-d'Or et président de l'Assemblée des Départements de France.
«Il faut que l'on sorte de cette période», estime François Sauvadet
«Ça ne peut pas continuer comme ça. On n'a pas d'interlocuteur, pas de réponse ! Il faut que l'on sorte de cette période», assène François Sauvadet, à l'issue de la réunion durant laquelle il a toutefois perçu Emmanuel Macron comme étant «à l'écoute» des messages délivrés au nom des Département des France.
«Les derniers interlocuteurs du président de la République sont les acteurs territoriaux», constate-t-il, voyant là «une des dernières chances pour apporter les réponses que les Français attendent territorialement».
«Personne n'a gagné les élections»
François Sauvadet fait un constat : «quoiqu'on en dise et quel que soit les attitudes des uns et des autres, personne n'a gagné les élections [législatives anticipées], personne ne s'est imposé, tout le monde les a perdues».
Dans cette «situation politique inédite», François Sauvadet a proposé à Emmanuel Macron de «se mettre d'accord avec les acteurs territoriaux» afin notamment de «s'appuyer sur l'expertise des Départements» ainsi que sur celle des maires.
«On a déjà fait des propositions sur la sécurité, pour répondre au sentiment d'abandon, à la crise agricole, à l'état de l'hôpital», rappelle le président de Départements de France, «on doit avoir une vision partagée de la société». «J'appelle chacun à beaucoup d'esprit de responsabilité. Le dialogue n'est pas le renoncement de ses convictions. (…) Depuis de longs mois, on tire la sonnette d'alarme. Il y a un profond sentiment de trouble avec une montée des précarité dans le pays.»
«Il ne faut pas croire que cela va s'arranger avec un Premier ministre qui serait plus à droite ou à gauche»
Le centriste exhorte à trouver «une réponse dans un pays qui ne peut pas simplement jouer en contre» : «n'attendons pas une explosion dans les rues, il y a urgence parce que la France va mal. Nous avons un devoir de faire avec la situation».
«Toutes les positions jusqu'au boutistes affichées par les uns et par les autres seront sanctionnées par les Français», insiste François Sauvadet en ciblant les partisans Nouveau Front populaire se focalisant sur «tout le programme, rien que le programme». «Il ne faut pas croire que cela va s'arranger avec un Premier ministre qui serait plus à droite ou à gauche. (…) Il faut que l'on ait une réponse collective. (…) Il faut sortir des postures et que l'on ait un Premier ministre qui soit en capacité de rassembler et un gouvernement qui illustre ce rassemblement. (…) C'est historique se qui se passe. Il n'y a pas de majorité donc il faut dégager des majorités d'action. Si on ne s'y résout pas, tout le monde sait comment le film va se terminer.»
François Sauvadet plaide pour un Premier ministre avec «une solide expérience territoriale»
Le profil du Premier ministre que les Départements de France appellent de leurs vœux est «simple», selon François Sauvadet : «avoir une expérience du parlement car le dialogue avec le parlement sera important, avoir une solide expérience territoriale et une expérience d'élu départemental».
«Je ne suis demandeur de rien», précise aussitôt le Côte-d'Orien à titre personnel, «je m'inscris dans ce dialogue républicain».
Le Côte-d'Orien est défavorable à un «gouvernement technique»
Cependant, à titre personnel toujours, François Sauvadet se dit défavorable à un «gouvernement technique» : «on va laisser les manettes à la haute fonction publique ou à Bercy ? Très peu pour moi !»
Le Côte-d'Orien souhaite voir l'installation d'«un gouvernement politique en capacité de rassembler et qui respecte chaque parti politique pour ce qu'il est et pour ses convictions».
Vers une nomination «dans le courant de la semaine prochaine»
«Il y a urgence aujourd'hui qu'on ait les membres du gouvernement pour sortir de cette période», martèle François Sauvadet qui incite à éviter tout «coup politique» car «ça ne marchera pas».
Concernant cette «urgence», Emmanuel Macron n'aurait pas donné d'indication temporelle à ses interlocuteurs mais François Sauvadet suppose qu'il s'agit là du terme de la séquence de consultations et qu'une nomination d'un Premier ministre pourrait intervenir «dans le courant de la semaine prochaine».
De plus, le président de Départements de France a plaidé pour une expression publique du président de la République destinée à «fixer le cap» et pour la nomination concomitante des ministres régaliens. «Il nous faut rapidement un ministre des Solidarités qui soit à notre écoute».
François Sauvadet craint une «Gilets jaunisation» des élus locaux
«On est empêché d'agir», déplore François Sauvadet au sujet de la décentralisation, rappelant les «102 propositions» des Départements de France transmises aux «gouvernements précédents» qui n'en ont «rien fait» (
retrouver les 102 propositions).
«Il faut qu'on soit un pays plus réactif», prône-t-il, «il ne faut pas que l’État continue de penser qu'il peut régler tous les problèmes de la France». Et de craindre une «Gilets jaunisation» des élus locaux ou un «repli sur soi» de leur part.
«Il faut laisse respirer le pays sur l'expérimentation», poursuit-il, «ce pays doit faire sa réforme administrative».
Un voyage officiel en Serbie qui est candidate à l'entrée dans l'Union européenne
Après ces entretiens, le président de la République s'est envolé pour un voyage officiel en Serbie.
Selon l’Élysée, le déplacement vise à «réaffirmer le soutien de la France à l’ancrage européen» de ce pays candidat à l'adhésion à l'Union européenne depuis 2012.
Par la même occasion, la vente d'une douzaine d'avions Rafale devrait être annoncée, pour un montant d'environ 3 milliards d'euros.
Jean-Christophe Tardivon