«Nous sommes confrontés à une crise démocratique», a martelé gravement le socialiste qui s'est exprimé sur LCI, ce lundi 2 septembre, en haussant le ton. L'hypothèse d'une nomination de Thierry Beaudet à Matignon a suscité des propos ironiques.
Le fondateur de la Fédération progressiste – une composante de l'ancienne majorité présidentielle – n'a pas mâché ses mots pour commenter l'incertitude autour de la désignation d'un potentiel Premier ministre par le président de la République.
Ce lundi 2 septembre 2024, François Rebsamen (PS, FP) participait en duplex depuis son bureau de la mairie de Dijon au «Club Seften», émission de LCI présentée par Anne Seften (
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Après l'hypothèse de Bernard Cazeneuve, l'heure était à la rumeur concernant une éventuelle nomination de Thierry Beaudet, président du Conseil économique, social et environnemental, alors qu'Emmanuel Macron multipliait les consultations apparaissant comme celles des derniers ajustements.
L'exécutif n'ayant toujours pas de chef de gouvernement, les propos du Dijonnais restent d'actualité.
François Rebsamen ironise sur l'hypothèse d'une nomination de Thierry Beaudet à Matignon
«J'ai pris position pour expliquer que Bernard Cazeneuve avait les qualités d'un homme d’État et qu'il aurait pu arriver à rassembler une majorité à l'Assemblée nationale parce que c'est ça le but», a rappelé François Rebsamen.
«Près de deux mois plus tard, on revient au point de départ», a cinglé le socialiste. «Tout le monde a dit au président de la République que c'était mieux d'avoir un politique et, après avoir usé à peu près tout le monde en lançant des pistes ici ou là, réelles ou supposées, nous voilà – c'est quand même un peu un pied de nez à tout ce que [le président de la République] a fait – avec celui qui est chargé d'animer les corps intermédiaires, de faire remonter les propositions des corps intermédiaires qui, comme tout le monde le sait, est la principale préoccupation du président de la République», a-t-il ironisé.
«Il y a un moment où on se demande est-ce qu'il sait vraiment où il veut aller», a poursuivi François Rebsamen, «a-t-il quelqu'un en tête ? Est-ce que c'est Thierry Beaudet ou lui-même ne le sait pas ? Parce que tout le monde voit les sujets qui sont sur la table et qui permettraient d'avancer sûrement. Il pourrait réfléchir à un programme commun minimum en rétablissant des recherche de compromis».
La virulence de la sortie a provoqué des commentaires étonnés sur le plateau d'Anne Seften où les micros n'étaient pas coupés.
«Il est temps que le parlement retrouve ses droits», martèle François Rebsamen
«Nous sommes confrontés à une crise démocratique, nous sommes confrontés à une crise institutionnelle de la Vème République», a martelé gravement François Rebsamen, «je pense qu'il est temps que ça s'arrête et il est temps que le parlement retrouve ses droits et qu'un gouvernement aille devant le parlement pour essayer d'avancer».
«Je défends aussi bien sûr un profil politique», a-t-il ajouté à propos d'un potentiel Premier ministre, «je rappelle qu'il y a de nombreux élus de qualité dans ce pays, encore faut-il, à un moment, essayer de les rassembler pour créer effectivement ce rassemblement dont la France à besoin, un rassemblement d'intelligence, un rassemblement d'intérêt national». «Le moment est là ! Il ne s'agit pas de rejeter ce qui a été fait mais de corriger un certain nombre points et c'est justement ce que ne veut pas le président de la République.»
La réforme des retraites en question
François Rebsamen a rappelé avoir été ministre du Travail durant le quinquennat de François Hollande et avoir négocié avec la ministre Marisol Touraine au moment de la fixation des 43 annuités de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein avant d'évoquer la réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron.
«La Fédération progressiste que je préside avait pris une position beaucoup plus souple que la décision brutale de mettre un âge [légal de départ à la retraite], ce que ne voulaient pas les organisations syndicales, pour jouer sur la durée des cotisations et le montant des cotisations», a-t-il expliqué, «c'est plus facile à moduler que d'imposer, de manière caricaturale, un âge de départ à la retraite».
«Il y a nécessite de faire de la pédagogie, d'expliquer qu'il y a un besoin de financement qui correspond à l'allongement de la durée de la vie», a-t-il considéré, «au fur et à mesure où elle augmente, la durée de la vie au travail doit augmenter légèrement et les montants de cotisation doivent être ajustés pour permettre de financer les retraites».
Et de renouveler ses vœux d'«une grande conférence sociale» portant sur l'avenir du système de retraite français avant de glisser que «le dialogue social, c'est une nécessité dans une démocratie mais, avec Jupiter, c'est plus difficile».
Jean-Christophe Tardivon