Le comité stratégique régional de France 2030 s'est tenu, à Dijon, ce jeudi 13 avril, avec une présentation des premières structures bénéficiaires.
Le plan national France 2030 avance. «France 2030, c'est mieux produire, mieux vivre et mieux comprendre», avait revendiqué Bruno Bonnell, secrétaire général pour l'investissement en participant à une réunion du comité régional de suivi, en octobre dernier (
lire notre article).
Ce jeudi 13 avril 2023, à la Maison régionale de l'innovation, à Dijon, le comité a annoncé les premiers lauréats des financements. Au niveau national, France 2030 est doté d'une enveloppe de 54 milliards d'euros sur cinq ans (incluant 20 milliards d'euros du quatrième Programme d'investissements d'avenir lancé en 2020).
Un volet régionalisé
En Bourgogne-Franche-Comté, le quatrième Programme d'investissements d'avenir (PIA4) – ou volet régionalisé de France 2030 – correspond à un engagement de l’État de près de 21 millions d'euros doublé par la Région Bourgogne-Franche pour atteindre 41,5 millions d'euros (dont 8 millions d'euros pour la formation).
En lien avec la stratégie régionale de l'innovation, quatre appels à projet ont été lancés dont un spécifique à la formation. La moyenne des réponses correspond à un projet de 300.000 euros. Les aides s'effectuent sous forme d'avance remboursables ou de subventions.
«C'est la France de demain qui se construit», signale le préfet
En octobre 2021, le président de la République a lancé le plan France 2030 pour «soutenir les projets de recherche innovants en vue de leur industrialisation», rappelle Franck Robine, préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté.
«C'est la France de demain qui se construit, (…) on parle des emplois de demain pour la population qui vit et qui viendra en Bourgogne-Franche-Comté», anticipe le représentant de l’État sous le regard notamment de Nicolas Soret (PS), vice-président du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, chargé en particulier développement économique, et d'Anne Vignot (EELV), présidente de la communauté urbaine de Besançon.
Les projets s'inscrivent dans des filières comme l'agroalimentaire, l'automobile, l'hydrogène, les microtechniques ou encore le nucléaire. Il s'agit de «filières technologiques dite de rupture donc d'excellence», poursuit le préfet, «ceux qui ont été reçus sont à la pointe de ce qui se fait en France et même dans le monde».
«On travaille à développer un terreau favorable à la recherche et aux entreprises», indique la présidente de Région
«État, Région, universités... on travaille à développer un terreau favorable à la recherche et aux entreprises», explique Marie-Guite Dufay (PS), présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. «Il y a des qualités intrinsèques dans cette région qui se renforcent.»
«L'idée est de donner les moyens aux entreprises, aux laboratoire de recherche de pouvoir développer leurs idées», poursuit le préfet tandis que la présidente de Région considère l'enveloppe nationale comme «une vraie force de frappe».
La Bourgogne-Franche-Comté potentielle «leader national» dans trois domaines
Selon Marie-Guite Dufay, sur les dix axes nationaux (voir ci-dessous), la Bourgogne-Franche-Comté est «en capacité d'être leader national et mondial» en ce qui concerne l'hydrogène, l'alimentation et les biomédicaments.
Des thèmes qui correspondent à ce qui avait été développé quand l'université fédérale Bourgogne-Franche-Comté était bénéficiaire du label I-Site, perdu en 2021. «Ça montre qu'il y a une vraie cohérence entre la recherche et les développements industriels dans notre région», souligne-t-elle.
63 projets ont déjà été soumis dont 17 rien que pour l'industrie automobile ce qui fait de la Bourgogne-Franche-Comté la «deuxième région de France pour la réponse à l'appel à projets qui concerne l'automobile dans France 2030». «Ce sont des résultats exceptionnels», martèle le préfet.
Sur l'enveloppe de 41,5 millions d'euros du volet territorial, 3,9 millions d'euros ont d'ores et déjà été engagés.
La rectrice incite à «former aux métiers de demain et répondre aux enjeux technologiques»
Nathalie Albert-Moretti, rectrice de la région académique Bourgogne-Franche-Comté, signale la nécessaire «réflexion sur l'évolution de la carte des formations pour être en mesure de former aux métiers de demain et répondre aux enjeux technologiques» tout en concédant que «l'autre enjeu est d'attirer vers ces formations».
«Il faut lier à la fois la réflexion sur les formations adéquates pour répondre aux besoins des entreprise mais aussi la réflexion sur la manière d'attirer davantage nos jeunes vers ces formations insérantes», insiste la rectrice.
En Bourgogne-Franche-Comté, des lauréats nationaux, des lauréats régionaux
À ce jour, les structures de Bourgogne-Franche-Comté lauréates de France 2030 ou potentiellement lauréates au niveau national sont : les Biscuits Bouvard, Atol CD, Fungu'It, Imasonic, Cell Quest, le projet de recherche DurabilitHy, le Pôle inter-Campus des métiers et des qualifications bas carbone et Pixee Medical.
Pour des raisons réglementaires, des lauréats de l'appel à projets régional n'ont pas encore été prévenus donc n'ont pas été présentés ce jour.
L'enjeu du comité régional de suivi de France 2030 consiste à présent à détecter plus de projets.
Food Pilot pour établir l'empreinte environnementale des produits alimentaires
Dans le champ de la transition alimentaire, Jean-Philippe Porcherot, directeur général d'Atol CD, et Virginie Becquart, cofondatrice de la startup dijonnaise Food Pilot, présentent ce projet Food Pilot, lauréat du volet national de France 2030.
L'objectif est d'établir l'empreinte environnementale d'un produit alimentaire comme, par exemple, la baguette de pain (
lire le communiqué).
Fungu'It pour «révolutionner le monde des protéines alternatives»
La startupeuse Jeanne Baudevin, directrice générale de Fungu'It, présente un projet issu de la recherche qui ambitionne de «révolutionner le monde des protéines alternatives».
Il s'agit de transformer localement des coproduits agricoles par fermentation – grâce à des champignons – pour en faire des ingrédients protéinés destinés à l'industrie agroalimentaire dans le cadre d'un process économe en eau et énergie.
Les sondes d'Imasonic intégrées aux applications d'imagerie innovantes en santé
Dans le champ de la santé, Céline Fleury-Mathieu, directrice générale d'Imasonic, présente une entreprise familiale relevant des «leaders mondiaux» de la conception et la fabrication de sondes à ultrasons, basée à Voray-sur-l'Ognon, en Haute-Saône. Imasonic produits des équipements pour les centrales nucléaires, la chirurgie ou encore la géothermie.
Le projet Therimius envisage d'accroître les capacités d'industrialisation des produits destinés aux applications de thérapie et d'imagerie innovantes. Imasonic prévoit la création d'une cinquantaine d'emplois d'ici 2030 ainsi que la réduction de son impact environnemental tout en réalisant une extension du site de 2.400 m².
«C'est l'industrie au cœur de la nature», commente Marie-Guite Dufay. «Les microtechniques appliquées à la santé sont un vrai fer de lance de notre région», souligne-t-elle.
La biothérapie de Cell Quest, «médecine personnalisée de demain»
Directeur de l’Établissement français du sang Bourgogne-Franche-Comté (EFS), Christophe Bésiers représente le lauréat Cell Quest car l'EFS se positionne pour développer des candidats biomédicaments en matière d'immunothérapie – dont les Car T Cells – dans le cadre d'un pôle régional d'innovation en biothérapie.
«L'enjeu est de participer à conquérir une position de leader national voire européen des biomédicaments pour la médecine de précision et étendre l'offre de production à un coût raisonnable», explique Christophe Bésiers.
L'EFS ambitionne de créer un continuum de la recherche à la production intégrant les industriels dans un partenariat public-privé, ce qui passe par la création d'un centre de bioproduction. Les candidats médicaments, «c'est la médecine personnalisée de demain».
Grâce à France 2030, Cell Quest compte mettre en place en 2024 des batteries de bioréacteurs pour produire des biomédicaments.
«France 2030 a pour objet de restaurer la souveraineté en matière de médicaments», indique le préfet
Durant les échanges avec le public, Anne Vignot s'interroge sur la capacité de l'EFS de porter cette production et demande si les CHU de Dijon et de Bseançon pourraient devenir des établissements pharmaceutiques pour accompagner cette production.
«France 2030 a pour objet de positionner la France dans les technologies d'avenir mais aussi de restaurer la souveraineté en l'espèce en matière de médicaments, la suite logique est la production sur le territoire national», répond le préfet.
Et d'évoquer la visite du ministre de la Santé du laboratoire d'URGO travaillant sur la peau artificielle (
lire notre article), envisageant une prochaine visite à Besançon pour découvrir les équipements de l'EFS.
Durabilithy pour «aller vers la production d'hydrogène»
Professeur de l'université de Franche-Comté et chercheur à l'Institut FEMTO-ST1, Daniel Hissel présente le projet Durabilithy, relevant des programmes et équipements prioritaires de recherche (PEPR) dans le champ de l'énergie, la production d'hydrogène en particulier.
Durabilithy associe des laboratoires de recherche de Belfort, Nancy et Toulouse pour étudier la durabilité des technologies hydrogène : piles à combustibles et électrolyseurs de fortes puissances.
«Il s'agit de compléter la plateforme construite à Belfort en 2004 pour aller vers la production d'hydrogène par électrolyse basse température à partir d'énergies renouvelables», signale Daniel Hissel.
«On va d'étoile en étoile», réagit Marie-Guite Dufay tandis que le chercheur insiste sur les besoins en formation pour «préparer les futures générations aux futurs métiers».
Les Campus des métiers pour «renforcer l'attractivité des formations qui mènent aux métiers en tension»
Éric Tourte, responsable emploi-compétence EDF Bourgogne-Franche-Comté et président du Campus des métiers et des qualifications (CMQ) Territoire intelligent, revient sur le Pôle inter-CMQ qui se propose d'être «localement une réponse formation à la stratégie nationale bas carbone» afin de «renforcer l'attractivité des formations qui mènent aux métiers en tension».
La sensibilisation aux enjeux climatiques est soulignée afin d'«intéresser les jeunes aux métiers de la transition». «Quand on fait les diagnostics dans la région, on se dit que sur les filières techniques, il faudrait à peu près doubler le nombre d'entrants dans les formations.»
Le «GPS pour chirurgien» de Pixee Medical
Fondateur de Pixee Medical, Sébastien Henry voit la Bourgogne-Franche-Comté comme «une terre d'orthopédie qui s'ignore». Pixee Medical développe un «GPS pour chirurgien» avec des lunettes de réalité augmentée qui analysent des images provenant d'un smartphone afin de procéder à la bonne implantation de prothèses totales du genou.
«Leader mondial» en son domaine, Pixee Medical a été créée à Annecy en 2018 avant de déménager à Besançon en 2019.
Les biscuits innovants des Biscuits Bouvard
Autre entreprise concernée par France 2030, les Biscuits Bouvard, représentée par son directeur Olivier Euvrard. Le site de Dole emploie 152 personnes et est spécialisé dans les gammes bio et diététiques. L'entreprise a lancé une nouvelle gamme de biscuits innovants.
Jean-Christophe Tardivon
Communiqué de la préfecture de la région Bourgogne-Franche-Comté du 13 avril 2023 :COMITÉ STRATÉGIQUE FRANCE 2030 - DES PREMIERS RÉSULTATS ENCOURAGEANTS POUR LA BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ
Le plan France 2030, dévoilé en octobre 2021, poursuit sa trajectoire grâce à la mobilisation de l’ensemble des acteurs de l’économie et de l’innovation de Bourgogne-Franche-Comté.
Le 2ème comité stratégique France 2030 (qui s'est tenu ce 13 avril), présidé par Franck Robine, préfet de la région Bourgogne-Franche-Comté, préfet de la Côte-d'Or, Marie-Guite Dufay, présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté et Nathalie Albert-Moretti, rectrice de la région académique, permettra de présenter un point d’étape du déploiement : à ce jour, le volet national du plan a permis de soutenir 63 projets d’entreprises et de collectivités en région pour un montant global dépassant les 124 millions d’€. Quant au volet régionalisé du plan France 2030, il a permis d’accompagner 9 projets à ce jour pour un montant de 3 900 000 € cofinancés par l’État et la Région.
AU PLAN NATIONAL FRANCE 2030 CE SONT 54 MD€, 10 OBJECTIFS ET 6 LEVIERS POUR MIEUX VIVRE, MIEUX PRODUIRE ET MIEUX COMPRENDRE LE MONDEFrance 2030 porte une ambition claire : positionner la France en leader du monde de demain et la transformer pour mieux produire, mieux vivre et mieux comprendre le monde.
Pour cela, 10 objectifs précis ont été identifiés ainsi que 6 leviers pour les atteindre :
10 objectifs :
1. Faire émerger en France d’ici 2030 des réacteurs nucléaires de petite taille, innovants et avec une meilleure gestion des déchets
2. Être le leader de l'hydrogène décarboné et développer des technologies d’ENR à la pointe
3. Décarboner notre industrie et la production d’intrants
4. Produire en France, à l’horizon 2030, près de 2 millions de véhicules électriques et zéro émission
5. Produire en France, à l’horizon 2030, le premier avion bas-carbone
6. Innover pour une alimentation saine, durable et traçable
7. Produire en France au moins 20 bio-médicaments, notamment contre les cancers, les maladies chroniques et développer et produire des dispositifs médicaux innovants
8. Placer la France à nouveau en tête de la production des contenus culturels et créatifs
9. Prendre tout notre part à la nouvelle aventure spatiale
10. Investir le champ des fonds marins
6 leviers :
1. Sécuriser l’accès aux matières premières
2. Sécuriser l’accès aux composants stratégiques, notamment électronique, robotique et machines intelligentes
3. Construire les formations de demain
4. Maîtriser les technologies numériques souveraines et sûres
5. S’appuyer sur l’excellence de nos écosystèmes d’enseignement supérieur, de recherche et d’innovation
6. Accélérer l’émergence, l’industrialisation et la croissance des startups
UNE DOCTRINE D’INVESTISSEMENT CLAIRE POUR VISER L’EXCELLENCE ET DES INDICATEURS CONCRETS POUR ÉVALUER L’IMPACT DE FRANCE 2030France 2030 est une doctrine d’investissement votée par le Parlement et qui :
• vise l’excellence, pour préparer la France de 2030 dans un contexte de concurrence internationale nécessitant de concentrer les moyens sur les projets et les technologies les plus prometteuses.
• fait de la décarbonation de l’économie l’enjeu majeur, avec un objectif de 50 % de crédits alloués à des projets permettant de réduire concrètement les émissions de CO2 de notre pays et ne retenant aucun projet défavorable à l’environnement.
• mise sur les acteurs émergents et les territoires, pour stimuler les écosystèmes et les acteurs établis.
AU PLAN RÉGIONAL FRANCE 2030 C’EST :63 projets d’entreprises et de collectivités lauréats des appels à projets nationaux, avec plus de 124 M€ engagés (hors France 2030 régionalisé, fonds propres et aides guichets Bpifrance).
9 projets lauréats avec plus de 3,9 M€ engagés sur le volet régionalisé de France 2030, doté de 41,5 M€, qui permettent à la préfecture de région et au Conseil régional de détecter et d’accompagner, avec les services et leurs partenaires, notamment les opérateurs Bpifrance et la Banque des Territoires, des projets innovants afin de faire naître des grands champions français capables d’essaimer par-delà les frontières nationales.
Ce 2ème comité stratégique a mis à l’honneur des lauréats et des potentiels lauréats parmi les axes prioritaires en région Bourgogne-Franche-Comté. Etaient présents :
1 – Transition alimentaire
• Les Biscuits Bouvard et leur nouvelle gamme de biscuits innovants, répondant à l’appel à projet “Résilience et capacités agroalimentaires”.
• ATOL CD et le projet Food Pilot, plateforme de partage de la transition alimentaire, répondant à l’appel à projet « Stratégie d’accélération Alimentation durable ».
• La start-up Fung’it, productrice de protéines alternatives à partir de champignons microscopiques cultivés en fermentation solide sur des sous-produits de l’agriculture, candidate au concours I-Lab 2023.
2 – Santé avec les biotechnologies
• L’entreprise Imasonic qui développe des transducteurs à ultrasons dont le projet nommé « Therimius » répond à l’appel à projet « Capacités Santé ».
• L’établissement français du sang (EFS) Bourgogne-Franche-Comté qui est très moteur dans la promotion des biothérapies sur la région. Il porte notamment le pôle d’innovation en biothérapies PIBT), labellisé Intégrateur industriel dans le cadre du Grand défi Biomédicaments (France 2030). Le PIBT a pour mission d’offrir un environnement propice au développement de biomédicaments et de procédés de production innovants, en apportant les compétences scientifiques et techniques nécessaires à la bonne réalisation des projets. Son ambition est aussi de catalyser l’innovation en bioproduction en fédérant les acteurs et compétences nécessaires à chaque projet.
• La société Cellquest qui est lauréate de l’AMI « Biothérapies et outils de production » pour son projet Macrochip en partenariat avec l’EFS (PIBT). Ce projet a pour objectif de développer une usine de fabrication de médicaments de thérapie Innovante en petits volumes à l'échelle industrielle, afin d‘offrir un système de production de médicaments moins coûteux, et maîtrisé.
3 – Mobilités et hydrogène
Sélectionné fin 2020 dans le cadre de l’appel à manifestations d’intérêt « Equipements Structurants pour la Recherche », Equipex+, le projet DurabilitHY vise à doter la recherche académique de moyens d’essais très performants pour l’étude de la durabilité des technologies hydrogène-énergies. Les applications visées sont le stationnaire, l’embarqué terrestre (véhicules légers, lourds, trains...), l’aéronautique. Ce projet fait intervenir en région le laboratoire FEMTO-ST et l’USR FCLAB.
4 – Formation
Le pôle décarboné avec ses 4 Campus des métiers et des qualifications (CMQ) dont l’objectif est de former dans le contexte de transition énergétique.
5 – Les PME industrielles dans le volet régionalisé France 2030
L’entreprise PIXEE Medical dont le projet innovant transformant l’assistance aux chirurgiens est susceptible d’être lauréat pour le volet régionalisé.
Etait également présente l’entreprise PARCO CYCLES pour son projet de développement de vélos ultras légers montés à Belfort potentiellement candidat à France 2030.