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24/08/2023 15:00
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Journées d'été EELV : Marine Tondelier compte sur la «polémique Médine pour faire reculer l'antisémitisme

La patronne des Verts a quand même parler Europe... à la fin de son discours... Elle a aussi abordé plein d'autres sujets, dont Sainte-Soline et attaqué «la macronie»... Découvrez l'intégral du discours de Marine Tondelier en ouverture des Journées d'été d'EELV.
Discours de Marine Tondelier aux Journées d’été 2023
Le Havre – 24 août 2023 – Seul le prononcé fait foi
Mes chers ami-es,
Je vous demande un tonnerre d’applaudissements pour ….. Léa Balage El Mariky !
Je ne vous cache pas que c’est beaucoup d’émotion, après 8 années comme membre du Bureau exécutif chargée des Journées d’été, de constater que Léa a repris le flambeau avec enthousiasme, et a pu s’appuyer sur l’expérience de toute l’équipe et des partenaires traditionnels de cet évènement.
Un évènement auquel vous êtes si nombreux à tenir, à être fidèles et à faire vivre.

Je la remercie, je les remercie, je vous remercie, infiniment, pour tout !
Deux artistes ont chanté sur je cite « la puissance du port du Havre ».  Je ne sais pas vous, mais je me suis toujours un peu demandée ce que signifiait cette expression.
En ce mois d’août 2023, je pense que nous, écologistes, en avons eu un petit aperçu.  Et je vous avoue qu’on ne voyait pas ça exactement comme ça !  Un invité local, correspondant à une ligne du programme sur 50 pages, déchaîne les passions. Alors que les journées d’été des écologistes, ce sont 2 000 participants,
4 plénières,
72 ateliers,
23 canapés,
et 300 intervenants qui vont débattre devant vous pendant 3 jours.
Cet emballement médiatique, ce tweet, cette polémique, c’est un regret pour vous j’imagine, comme pour nous, à l’organisation.
C’est aussi un symptôme de notre société. De l’état du débat public, qui de plus en plus nous préoccupe.

Je n’ai pas l’habitude de refaire l’histoire, la vraie me suffit.
Et ce qui nous importe désormais sur ce sujet, ce sont deux choses :
D’abord, quitte à ce que la polémique ait concentré l’attention sur Médine, qu’il puisse sortir quelque chose d’utile de cet échange qui fasse reculer l’antisémitisme dans ce pays. Et de fait, la manière dont se passera ce fameux canapé à 18h45 aura un impact.
Que jusque-là, et ensuite, nous puissions nous concentrer, toutes et tous, sur tout le reste : crise environnementale, crise sociale, Etats généraux de l’écologie, européennes, etc. C’est ce que je vous propose de faire dans la suite de ce discours, et dans la suite de cette journée, si bien sûr vous en êtes d’accord. Est-ce que ça vous va ?
Nous venons de passer un été dont on se souviendra comme celui des tristes records.
Nous avons battu le record de la journée la plus chaude, dans plusieurs endroits en France, en Europe et dans le Monde.
Les feux de forêts en France sur tout le pourtour méditerranéen ont ravagé des millions d’hectares.
Au Canada c’est l’équivalent d’ ⅓ de la surface de la France métropolitaine, ou de toute la Grèce, qui a brûlé.
En France, on manque d’eau : début août, 85 communes n’avaient plus d’eau potable et 72% des nappes phréatiques étaient en dessous de leur niveau normal.
Qui aurait pu prévoir … tout le monde !
Qui aurait dû prévoir ? Nos gouvernements, en particulier.
Mais ne vous inquiétez pas : le nôtre, en France, a la situation bien sous contrôle !
Notre pays, rappelons, a été :
    •    Condamné par la justice pour inaction climatique,
    •    Condamné par la justice pour ne pas avoir suffisamment agi pour améliorer la qualité de l’air,
    •    Condamnés par la justice cet été à nouveau, cette fois concernant la biodiversité, à réparer le “préjudice écologique”, désormais reconnu par le Conseil d’Etat, lié à l’utilisation massive des pesticides dans l’agriculture.
Alors évidemment, vous imaginez bien, au bout de 3 condamnations par la justice, l’électrochoc a enfin eu lieu chez Renaissance !
Cet été, je vous le dit, sous nos yeux ébahis, ils ont ENFIN trouvé LA mesure, la solution simple, non punitive, qui fait le pont entre la justice environnementale et la justice sociale.
L’interdiction des jets privés ? Surtout pas. Des mesures ambitieuses pour réduire l’utilisation de pesticides ? Oula non. Un moratoire sur les méga-bassines ? Pour quoi faire ! Un chèque alimentaire de qualité pour compenser l’inflation et rendre accessibles les produits bio et locaux ? Impossible, ils ont déjà tout dépensé en subventions aux plus grandes entreprises.
Mais ils ont trouvé LA mesure, celle qui ne demande pas d’augmenter la fiscalité, qui n’embêtera personne mais qui va sauver le monde, LA mesure à la hauteur du plus grand défi de l’histoire de l’Humanité.
Yes, it’s the moment to make the planet great again.
Mesdames et Messieurs, vous l’attendiez depuis des années.
Et enfin, ils l’ont fait : la fin du ticket de caisse papier ! Ils en étaient tellement fiers. Ils ont communiqué dessus tout l’été.
Ce serait drôle en fait, si ça n’en était pas dramatique pour l’avenir de nos enfants.  Alors merci, merci à nos élus écologistes d’être là.
Parce que grâce à nos maires, dont les politiques publiques sont en train de changer la vie de millions de Françaises et de Français, l’été a été plus supportable dans beaucoup de villes de France.

Dans ces villes, les canicules sont mieux anticipées et mieux accompagnées qu’ailleurs :
    •    Les cours d’écoles sont débitumées à la chaîne pour mettre fin à cette grande mode des années 70,
    •    Les îlots de fraîcheur sont démultipliés, comme à Lyon qui investit 140 millions d’euros dans la nature en ville,
    •    Des registres canicules permettent comme à Strasbourg par exemple de prendre pro-activement soin des plus vulnérables,
    •    Des solutions sont trouvées pour que toutes et tous aient les moyens de se rafraîchir, comme à Poitiers où les piscines ont été rendues gratuites.
    •    Nos maires aussi, et c’est le cas à Bordeaux par exemple, étendent les horaires d’ouverture des parcs, des piscines et proposent des lieux de fraîcheur et de rafraîchissement de jour pour les sans domicile fixe.
    •    
Evidemment, les politiques municipales écologistes ne se contentent pas de rendre nos villes plus résilientes au changement climatique.
Elles visent aussi à limiter leur impact, par tout un panel de politiques menées qui peuvent viser les transports en commun, l’énergie, les logements, l’alimentation et donc l’agriculture, etc.
Chaque dixième de degrés comptera, nous le savons. Et les choses sont assez inexorables : moins les politiques d’atténuation seront ambitieuses, plus les politiques d’adaptation seront compliquées. Et sans atténuation, les choses sont très claires : l’adaptation finira purement et simplement par devenir impossible.
Oui, c’est un chiffre que j’ai beaucoup répété ces derniers mois : nous ne pouvons pas garantir aux enfants qui naissent en 2023 que la planète sera encore habitable pour l’année de leur 30 ans.
Alors nous sommes extrêmement fiers du travail de nos maires et nous devons chacun contribuer à faire connaître leurs réalisations et à faire en sorte qu’ils soient plus nombreux en 2026.
Mais seuls, les élus locaux ne peuvent pas tout !
Merci, donc, à nos parlementaires écologistes – l’écologie, vous le voyez, est un travail d’équipe chacun à son poste – , de se battre pour faire évoluer les lois, suggérer des réglementations, et pour inspirer ce qu’aurait pu être un grand plan canicule.
Au début de l’été, le groupe écologiste à l’Assemblée a sorti un plan intitulé « 20 mesures pour passer l’été ».
On y trouve des solutions que le Gouvernement aurait pu mettre en place dès cet été pour que les Français subissent moins le changement climatique.
En voici une petite liste
    •    Installer des protections solaires sur les logements,
    •    Repeindre en blanc les toits de nos bâtiments publics,
    •    Introduire un droit de retrait dès 33 degrès dans le code du travail,
    •    Financer la désimperméabilisation des sols,
    •    Transformer notre gestion forestière,
    •    Mettre un terme aux projets de fermes usines,
    •    Accompagner la transition de nos élevages,
    •    Doubler les linéaires de haies d’ici 2050,
    •    Renforcer les moyens de la sécurité civile
Tout cela est à la fois nécessaire, urgent même, et possible. Mais non, le gouvernement ne nous écoute pas.
Pire, la priorité de certains d’entre eux a été de jouer à un jeu bien dangereux.
Le camp présidentiel a laissé son ministre de l’Intérieur assimiler les écologistes, vous vous le rappelez, à des terroristes. Sans que personne ne lui demande de s’excuser, sans que personne ne se désolidarise publiquement de ses propos dans la majorité présidentielle.
Mais les mots ont un sens ! Et cela vaut pour tout le monde, même pour le ministre de l’Intérieur. Surtout, même, pour le ministre de l’Intérieur, aurais-je envie de dire d’ailleurs.
Son travail, à lui, je n’étais plus sûre de bien le comprendre, alors je suis allé rechercher ce que sont normalement les missions d’un ministre de l’Intérieur. Il y en a principalement 3 :
· La sécurité
· Les libertés publiques
· La cohésion des institutions du pays.
Et bien voilà 3 raisons d’être très inquiets vu qui en a la charge. En fait, Gérald Darmanin, c’est une source d’éco-anxiété à lui tout seul.
Parce que pour commencer la doctrine de maintien de l’ordre qu’il promeut et assume n’a de maintien de l’ordre que le nom. Les acteurs sont d’ailleurs nombreux, sur la scène européenne et internationale, à s’en être alarmés.
A Sainte-Soline, en mars dernier, cette doctrine de maintien de l’ordre a mis en danger 30 000 personnes parce que Gérald Darmanin a voulu faire une démonstration de force annoncée par lui-même à grands renforts d’annonces testostéronnées. C’était, soit dit en passant, le meilleur moyen de donner rendez-vous à une ultra-minorité peut être plus intéressée par la confrontation que par la question du partage de l’eau.
3200 forces de l’ordre, 3 hélicoptères, des quads, et oui, malgré ses mensonges, des armes de guerre, potentiellement létales, tirées y compris sur des blessés et des élus en écharpes n’affichant aucune agressivité et ne représentant aucune menace.
Coût de l’opération de « maintien de l’ordre » qui n’a rien maintenu du tout ? 5 millions d’euros.
5 millions d’euros et des blessés très graves qui ont frôlé la mort et garderont des séquelles toute leur vie… tout ça pour protéger … un trou. Voilà la politique de maintien de l’ordre de Gérald Darmanin !

La bataille de la communication qui a suivi a été dure.
Tout ce que la macronie compte de portes-parole zelés ont déroulé leurs plus beaux éléments de langage. Et nous ont reproché, à nous, dirigeants et parlementaires écologistes, notre présence sur place.
Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que Gérald Darmanin ministre de l’intérieur, ça rend en fait notre présence dans ces manifs encore plus indispensable.
Nous étions présents évidemment d’abord pour combattre l’absurdité des bassines : sortir l’eau des nappes phréatiques l’hiver en déstabilisant le cycle de l’eau pour la privatiser et la stocker à un endroit où elle peut s’évaporer, il n’y a pas besoin d’être sorti de Polytechnique pour comprendre que oui ça pose un problème.
Mais si nous étions présents, avec de nombreux parlementaires écologistes que je remercie de n’avoir pas été, c’est aussi parce que nous étions inquiets.
Inquiets des menaces qu’il avait proférées, inquiets des atteintes au droit de manifester, inquiets de la volonté manifeste de tout faire pour que l’on ne parle pas du fond du problème, c’est-à-dire  le juste partage de la ressource en eau, inquiets aussi des risques pour les militants écologistes non-violents sur le terrain, dont des dizaines de militants EELV. Oui, tout cela nous préoccupait jour et nuit.
Parce que si nous étions présents, nous pourrions aider, ce que nous avons fait. Mais aussi que nous verrions, que nous saurions, et que nous raconterions. Car il n’y a rien de plus important que la vérité.
La responsabilité du Ministre de l’intérieur dans ce fiasco est immense. Pas juste la sienne, certes. Mais il est le seul à ne jamais l’avoir reconnu.
Les excuses, les regrets, les remises en question, non, ce n’est pas pour eux, jamais. C’est toujours pour les autres. La classe dominante ne connaît pas ces mots. Elle se contente de les exiger des autres en bons petits commissaires du juste, du politiquement correct, du camp de la raison.
Maintien de l’ordre, respect des libertés publiques : manifestement, leur déni n’est pas que climatique !
Et comme dans la majorité présidentielle ils l’ont laissé faire, Gérald Darmanin, qui je vous le rappelle est donc en charge de nos libertés publiques, c’est rassurant, s’est senti les mains libres, puisque la solidarité de son camp jouait à plein.
Et là, il a tenté une opération round up : la dissolution des soulèvements de la terre !
Fiasco ! C’est quand même psychologiquement inquiétant, cette volonté de vouloir dissoudre comme ça un collectif sans avoir le début du commencement d’une preuve, ce que le Conseil d’Etat a bien souligné en suspendant le décret de dissolution car il y a je cite “de sérieux doutes sur sa légalité”. Joli pléonasme !
La liberté associative et les libertés publiques en général sont fondamentales. On ne peut pas les piétiner comme ça, surtout quand, en tant que ministre de l’Intérieur, on en est le garant.
Là encore, ni regret ni excuses. Ca, c’est pour les autres.
Oui cela me met en colère. Mais que croient-ils à la fin. Que nous maltraiter, nous criminaliser, nous interdire, même, leur évitera d’avoir à mener les politiques qui s’imposent ? Non !
Que de faire disparaitre les écologistes ferait disparaitre le problème ? Non ! C’est un non-sens. Et en plus c’est dangereux !
Car s’en prendre au messager plutôt qu’au problème, faire des écologistes les boucs émissaires de leur propre impuissance à sortir des crises, outre que ça ne résout rien, met en danger des militants écologistes.
Vous le savez avec Thomas Dossus notamment nous allons lancer très prochainement un Observatoire des violences faites aux écologistes tant pour objectiver et documenter ce phénomène que pour accompagner juridiquement, financièrement et psychologiquement les victimes de ces violences.
Nous avons bien compris que nous ne pourrions que nous ne pourrions compter que nous même, alors nous nous organisons, avec la société civile écologiste.
En attendant on voit bien que le climat se tend. Le week-end dernier, le maire de Pérols-sur-Vézère, en Corrèze a déployé une banderole sur son char pour la fête de la Saint-Bernard avec écrit les mots “Morts aux écolos“.
Un appel aux meurtre, tranquille ! Alors vous avez peut être vu passer des titres de presse des choses du genre : “Indignation suite à une banderoles”. Mais indignation de qui ? Lisez bien les articles : uniquement des écolos.
Personne, ni au gouvernement, ni dans la majorité ne s’en est ému. Où sont les donneurs de leçons républicaines ? C’est la définition de ce qu’on appelle l’indignation sélective et c’est la preuve de leur malhonnêteté.
Alors, oui, nous nous organisons et nous nous tenons prêts car nous savons que plus la réalité du changement climatique va se faire sentir, plus il sera évident qu’on doit changer de modèle. Et donc plus les forces du statu quo vont se raidir.
Et ça n’est pas comme si on ne les voyait pas venir !
Notre Président de la République, par exemple, qui aime à se présenter sur la scène internationale comme le Greta Thunberg des chefs d’Etat, a demandé juste avant l’été une pause sur les mesures environnementales au niveau européen. Mais quel non sens !
L’extrême droite se vante, elle, cet été, de vouloir se doter d’une doctrine sur l’écologie que l’on pourrait résumer par “L’écologie du bon sens”. C’est la légende du gentil RN qui veut tout réussir sans déranger personne et surtout en ne dérangeant pas les puissants ni les lobbys. Un programme écologiste à la hauteur de leur programme économique : une illusion doublée d’un mensonge.
Lundi matin, l’un de leurs députés nous a même expliqué sur France Inter que « le GIEC a tendance à exagérer ».
Alors que justement le GIEC a été conçu pour construire un consensus scientifique. Pour objectiver les risques. Pas pour faire de la politique.
Là aussi je regrette sincèrement que seuls les écologistes leur soient tombés dessus.
Dormez tranquilles bonnes gens. Don’t look up,
Et surtout, restez comme vous êtes,
Parce que les scientifiques, oui, ça commence à bien faire.
Comment ne peuvent-ils pas voir que le vrai problème, c’est le climato-scepticisme qu’ils alimentent au quotidien ?
Il y a 4 jours, harcelé en ligne, le membre du GIEC Christophe Cassou a suspendu son compte Twitter.
Chers amis, je voulais que nous l’assurions ce matin, nous, écologistes, et tous les autres scientifiques harcelés pour leur travail, de tout notre soutien.
C’est quand même vertigineux et désespérant d’en arriver là.
Mais c’est symptomatique de l’horizon que nous vend l’extrême droite.
Avec twitter comme avec le JDD ou d’autres médias, certains multi-milliardaires connus pour leurs idées extrêmement préoccupantes, et non contents d’avoir pu acheter, avec leurs premiers milliards, grosses voitures (au pluriel), super yacht et jet privés, de cramer leurs billets en même temps que le climat, finissent par vouloir s’acheter le pouvoir. Et leur plan, qui ébranle nos démocraties, passe par l’achat des médias.
Permettez moi ici que nous ayons une pensée pour les journalistes du JDD :
    •    Je n’oublie pas ces 40 jours d’une grève  courageuse,
    •    Je n’oublie pas la lâcheté d’une grande partie de l’arc politique, qui tremblait à l’idée de déplaire à Bolloré et de ne plus être invité sur CNews
    •    Mais je n’oublie pas non plus les journalistes de qualité avec lesquels nous avons pu travailler pendant des années au JDD et qui l’ont quitté avec la dignité de leurs valeurs et de leur conscience professionnelle. Qui l’ont quitté par respect pour leur métier et pour eux-mêmes.
Alors merci à elles, à eux. Et je souhaiterais aussi que l’on puisse applaudir bien fort 3 d’entre eux, qui ne sont pas là aujourd’hui à cause de Bolloré, qui ne sont pas là pour avoir dû renoncer à travailler pour des titres auxquels je sais qu’ils étaient très attachés : ils nous ont suivis des années à Paris Match et au JDD, ils nous manquent déjà, à nous, écologistes, mais aussi à leurs collègues, je le sais :
Je vous demande d’applaudir Caroline Fontaine, Arthur Nazaret et Anne Charlotte Dusseaulx.

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais ça craint, tout ça, non ? Et bien préparez-vous parce que maintenant je vais vous parler du pouvoir d’achat.
Nous sommes dans un pays dit riche, la France, où le 10 du mois, plus de 30% des Français.es ont moins de 100 euros sur leur compte en banque et où le coût des fournitures scolaires a augmenté de plus de 11% pour cette rentrée 2023.
Il y a trois choses qui augmentent dans notre pays : les prix, le nombre de pauvres et la fortune des milliardaires.
En avril, 53% des Français disaient réduire leur portions alimentaires, et 42% allaient jusqu’à supprimer certains repas. En avril, un Français sur deux disait manger moins de fruits et légumes pour compenser l’inflation.  C’est la double peine : ils mangent moins et ils mangent moins bien.

Ça a quelque chose de vertigineux de se dire qu’aujourd’hui, en France, des choses aussi évidentes que se nourrir, payer un billet de train – et même à crédit-, partir en vacances ou préparer sa rentrée n’ont jamais été aussi inaccessibles en termes de pouvoir d’achat.
Et que leur propose le gouvernement pour la rentrée sous la pression de l’extrême droite ? Des semaines de débat sur l’immigration.
Soyons clair : ce débat et ce projet de loi n’amélioreront strictement rien de la vie des Français.
Mais il fera des morts.  En Méditerranée. Dans la Manche, des hommes, des femmes et des enfants continueront à périr pour avoir fui la guerre, la misère ou l’enfer climatique.
Ils mourront du manque d’humanité et de la lâcheté d’une partie de la classe politique.
Alors pourquoi ce projet de loi ? N’ont-ils pas d’autres priorités ?
Cet été, 40% des Françaises et des Français ne sont pas partis en vacances, et ça n’était pas juste de la faute de la SNCF. Le 5 septembre, le jour de la rentrée, ce n’est pas notre réglementation sur l’immigration qui sera le vrai clivage des classes de nos enfants, mais le fait qu’il y aura d’un côté celles et ceux qui auront des souvenirs d’ailleurs à partager, et ceux qui n’en n’auront pas.

Celles et ceux qui me connaissent savent que j’ai la passion des T-shirts à message.
Cet été, j’ai souri en croisant un inconnu car le sien, de T-Shirt, disait : « L’avenir, c’était mieux avant ».

Surement que tout ce que je viens de vous dire donne raison à son T-shirt. Mais je voulais vous parler de ce qui fait que l’on va tout faire pour en conjurer le message. Et de ce qui fait que je pense que nous allons y arriver.
Le 14 octobre, nous lancerons un nouveau mouvement, “Les Ecologistes”.
Nous appuierons donc sur le bouton “reset” et écrirons une nouvelle page. Sans perdre la mémoire, sans faire abstraction de notre histoire, sans ne rien oublier de nos échecs et nos victoires et surtout, nous nous y engageons, en en tirant les leçons.
Pendant 150 jours, nous avons écouté, libéré la parole, recueilli les avis et les idées.
Nous avons constitué un comité de pilotage de la démarche de 70 membres dont une partie représente les forces vives de notre mouvement, et plus de la moitié ne sont pas membres d’EELV. Un certain nombre d’entre eux sont là parmi nous pour ces journées d’été et vous les découvrirez dans la plénière d’ouverture.
Je vais leur proposer de se lever pour que vous les identifiez, et je vous propose de les applaudir bien fort pour leur souhaiter la bienvenue !
N’hésitez pas à échanger avec eux dans les jours qui viennent, on compte sur votre légendaire votre sens de l’accueil !
Ce comité de pilotage a organisé une grande enquête populaire, sous différentes formes.
Grâce à vous toutes et tous, qui avez porté cette démarche sur vos territoires, nous pouvons dire que ce pari est réussi et même largement réussi, et je tenais à remercier personnellement Léonore Moncond’huy qui a consacré beaucoup d’énergie à inspirer, lancer, animer et soutenir cette démarche.
Questionnaire en ligne, cahiers de doléances, 250 ateliers physiques organisés sur tout le territoire : plus de 30 000 personnes y ont participé directement. Et parmi ces 30 000 personnes, les 3/4 ne sont membres d’aucun parti politique. C’est précisément leur avis que nous avions pour objectif de recueillir, donc c’est une mission accomplie.
Nous avions aussi pour objectif de faire de ce processus un moyen pour sortir des grands centres urbains, et là aussi pari gagné : 68% des participants ne viennent pas d’une ville de plus de 100,000 habitants, soit 15 points de plus que la moyenne nationale.
Nous avons également consulté la société civile. Plus de 180 structures très exactement, représentant toute leur diversité, des grosses ONG connues de tous aux plus petites associations locales.
Ensemble, ces organisations que nous avons concertées représentent près de 2 millions d’adhérents. Elles nous ont notamment dit à 87%, qu’elles souhaitent une refonte de notre parti et à 97% que nous devons renforcer nos liens entre elles et le mouvement de l’écologie.
C’est donc ce que nous ferons !
Quelles autres leçons peut-on tirer de l’exercice ?
Vous avez dans vos sacs de participants un livret de 50 pages qui vous en livre le détail. Vous prendrez le temps, je l’imagine, de la parcourir en rentrant.
C’est dense, inspirant, et pour beaucoup – c’est rassurant -, cela converge avec ce que nous avons été nombreuses et nombreux à dire pendant la campagne du dernier congrès d’Europe Ecologie Les Verts, toutes motions confondues.
Mais cette analyse met aussi en avant les tensions intrinsèques à ce type d’exercice. Elle démontre qu’il n’y a pas de solutions faciles ou évidentes.
Par exemple, on nous demande que notre écologie soit plus accessible … mais qu’elle reste crédible dans sa compréhension de la complexité de ce que nous observons, dans la solidité de l’analyse et dans la technicité des solutions proposées.
De même, il nous faudrait une écologie qui ne soit pas ressentie comme punitive … mais évidemment il faut être à la hauteur des urgences.
Il faut affirmer la singularité écologiste … en préservant l’unité avec nos partenaires politiques.
Il nous faut démontrer que nous sommes prêts à gouverner … tout en trouvant les outils et le ton pour convaincre davantage la jeunesse.
Il nous faut être concentrés sur les enjeux environnementaux … tout en étant évidemment un mouvement qui adresse l’ensemble des questions de la société.
Il faut enfin, évidemment, simplifier nos procédures et notre fonctionnement … sans renoncer à notre idéal de démocratie interne auquel nous tenons farouchement.
Injonctions contradictoires ? Je ne pense pas !
Je dirais plutôt exigence envers nous-même. Une exigence d’ailleurs logique, vu la situation !
Nous n’avons jamais dit que cela serait simple et nous ne l’avons d’ailleurs jamais pensé non plus.
L’avantage, je vais vous dire, c’est que nous sommes écologistes.
Et que si nous le sommes, c’est que nous n’avons fait le choix ni du déni, ni du confort, ni de la facilité.
Nous sommes lucides et habitués à prendre les problèmes de front quand d’autres font semblant de ne pas voir et de pas savoir.
Et c’est exactement ce que nous avons fait avec ces Etats généraux en nous attaquant pour le coup cette fois-ci, non pas à un problème de société, mais à … notre mouvement !

Et maintenant me direz-vous ? Il nous reste le plus dur à faire : changer vraiment !
En septembre, 3 conférences citoyennes, dont les membres ont été tirés au sort parmi les 30 000 participants à la démarche, se réuniront pour travailler concrètement à comment ce nouveau mouvement, riche de ces enseignements, devrait fonctionner.
On ne s’engage plus en 2023 comme on s’engageait il y a 10 ans.
On ne s’engage pas pour l’écologie comme on s’engageait pour d’autres combats,
On ne s’engage pas toutes et tous pour les mêmes raisons, en cherchant les mêmes choses, avec les mêmes disponibilités, les mêmes envies ni les mêmes besoins.
Les écologistes doivent donc être un mouvement où quelque soit notre moteur, on sache que l’on sera les bienvenus et surtout que l’on trouvera sa place. C’est l’engagement que nous prenons.

Je sais qu’il peut être frustrant pour chacun d’entre vous de ne pas savoir encore tout à fait la forme exacte que tout cela prendra à la fin. Toute cette impatience est normale et légitime, et je peux vous dire que je la partage !
Mais la méthode que nous avons choisie, celle de prendre le temps de consulter, d’écouter, et d’associer à la décision, l’exige. Et nous savons que c’était la meilleure si nous voulons nous dépasser ! La seule, même …
Il faudra donc attendre le début du mois d’octobre et la restitution de ces conférences citoyennes, puis la rédaction de la feuille de route du nouveau moment, pour avoir ces réponses. Et vous serez ensuite consultés par un vote du 11 au 13 octobre.
Avant que l’on se retrouve, je compte sur vous, le samedi 14 octobre à la Cité fertile à Pantin, pour une grande fête et un nouveau départ.
Pour le début d’une nouvelle histoire enthousiasmante, émancipatrice, fédératrice et populaire.
Vous pouvez vous inscrire dès maintenant pour cette convention sur le site lesecologistes.fr !
Bon, là, normalement, une fois que je vous dis tout ça, vous repensez au T-Shirt du Monsieur croisé pendant mes vacances avec écrit “l’avenir, c’était mieux avant” et vous vous dites que, pour EELV en tout cas, nous nous engageons pour cela soit plutôt : “l’avenir, ça sera mieux, après !”
Et là vous vous dites : parfait mais la NUPES alors !
Et bien je vous répondrais pas de problème, parlons-en ! Et vous allez voir aussi que nous devons être positifs.
L’espoir.
La victoire.
La justice sociale, la protection du vivant, le renouveau démocratique.
Voici nos boussoles. Ce qui nous lie. Et nous rend particulièrement attaché.e.s, depuis longtemps et pour les années à venir, au renforcement de l’union des écologistes et de la gauche, bien sûr !
L’union est une culture que nous avons le devoir d’adopter, et de développer.
Elle ne suppose pas que des déclarations d’intention mais des actes et des lignes de conduite coopératives. Une certaine éthique du travail en commun, en quelque sorte. C’est ce que nous avons toujours porté, c’est ce que nous nous engageons à cultiver.
Les écologistes tiennent à la biodiversité qui, dans la nature comme en politique, est une richesse. Cela veut dire que le travail ensemble doit être coopératif et solide là où cela est souhaitable et même nécessaire, tout en permettant dans le même temps de faire vivre nos singularités respectives, qui sont aussi importantes pour beaucoup de nos sympathisants et de nos électeurs : qu’ils soient écologistes, socialistes, communistes ou insoumis, ils ne cherchent pas exactement les mêmes choses même si beaucoup nous rassemble. C’est tout le sens d’une coalition et cela fonctionne partout ailleurs dans le monde. Il n’y a donc pas de raison, pas de fatalité à ce que cela soit impossible en France.

Le travail commun que nous menons est un bien précieux car les liens noués au fil des mois nous imposent aujourd’hui une certitude : nul ne sera assez fort pour casser notre union. Personne. Et celles et ceux qui le tenteraient, par leurs actions et leurs provocations, se placeraient d’eux-même en dehors du jeu collectif.
Le chemin de crête pour gagner en 2027 existe. A une condition : nous devons nous renforcer.
Ce qui nous manque encore ce sont des lieux et une méthode pour mieux gérer nos désaccords.
Nous devons aussi dès aujourd’hui poser un calendrier et les conditions de la victoire pour 2027.
Dès le lendemain des élections européennes, nous voulons proposer aux Français·es 4 chantiers.
Le premier, s’atteler à bâtir un programme de coalition pour la France en vue de 2027. Et nous revendiquons que seul un programme de rupture profonde, qui remet l’humain et le vivant au centre des préoccupations politiques, qui revendique l’intérêt général contre les intérêts particuliers des forces réactionnaires peut répondre aux attentes des Français·es. Et écrire le programme de coalition doit aussi être un moment clé pour s’élargir, s’ouvrir, accueillir, construire la dynamique nécessaire à la victoire.
Deuxièmement, nous estimons que nous devons construire une coalition plus large que les seuls partis politiques. Nous devons radicalement changer notre relation aux forces vives du pays qui ne peuvent se contenter d’être des faire-valoirs électoraux ou uniquement des sources d’inspiration programmatiques. Il nous faut penser la stratégie et construire la campagne avec le mouvement social, le monde du travail, les acteurs environnementaux, ceux des territoires et des quartiers, les intellectuels, chercheurs, artistes… Notre situation politique inédite nous impose cette révolution politique.
Troisièmement, nous devons définir ensemble un mode de désignation pour un·e candidat·e unique des écologistes et de la gauche à l’élection présidentielle de 2027. En commençant par accepter que l’appartenance du ou de la future candidate à son propre parti ne soit pas un préalable. Puis en étudiant ensemble les différents mécanismes possibles : création d’un comité de consensus, primaire fermée ou ouverte, conférence citoyenne… Nous connaissons les forces et les faiblesses de chacun de ces modes de désignation. Fixons-nous un objectif simple : décider avant la fin de l’année 2024 celui à retenir et le calendrier de son application.
Quatrièmement, nous devons mettre en avant une équipe. Notre histoire, nos valeurs ne sont pas celles d’un homme providentiel, et ça serait exactement pareil si c’était une femme! Face à l’exercice solitaire du pouvoir d’Emmanuel Macron, nous devons incarner notre culture démocratique. La VIème république que nous défendons doit être visible dans notre façon de nous présenter devant les électeurs·rices. Présenter une équipe sera un gage de démocratie et prouvera que nous sommes prêts à gouverner.
Si nos forces politiques s’accordent sur ces chantiers alors nous pourrons aisément mettre en place les renforcements opérationnels sur le terrain : agora, comités locaux, etc.
Le mépris affiché par le pouvoir actuel, l’abandon de l’intérêt général, la destruction du vivant ne nous laissent aucun répit et donc aucune autre alternative.
Nous serons ravis de discuter très rapidement de ces propositions que nous faisons avec nos partenaires !
Construisons dès maintenant le cadre qui pourra faire vivre l’espoir pour 2027.
Nous, écologistes, y sommes prêts ! (n’est-ce pas ?)

Vous me voyez venir, je ne pouvais pas terminer ce discours sans vous parler d’Europe. Mais comme je sais qu’elle le fera bien mieux que moi et qu’elle a toute ma confiance, toute notre confiance pour le faire, je vais plutôt vous parler de Marie Toussaint !
Lorsque nous avons été élus au congrès en décembre dernier, un double mandat nous avait été donné : mener les Etats généraux de l’écologie – défi en phase d’être relevé – et tenir une stratégie pour les élections européennes en préparant cette campagne écologiste.
9 mois plus tard, cette stratégie a été validée par 86% des adhérents, et les 16 premiers candidats de notre liste sont connus, eux aussi très largement validés, à plus de 80%. Je leur souhaite, je nous souhaite, une très belle campagne !
Surtout, nous avons une tête de liste, Marie Toussaint, à qui je suis très heureuse de passer le témoin.
Marie, d’abord c’est une amie. Nous nous sommes connues il y a bientôt 15 ans … dans des journées d’été. On était toutes les deux bénévoles à l’accueil figurez-vous !
Puis est venu le temps des jeunes écologistes, des week-ends de formation, des actions, des campagnes, des combats, des peines, des joies, avec toujours la même énergie et la même détermination.
De l’affaire du siècle, ensuite, et des marches climat, dont le succès de l’époque lui doivent beaucoup.
Le combat contre les écocides aussi, qu’elle est sûrement venue mener avec vous sur vos territoires comme elle l’a fait sur le mien dans le bassin minier du Pas-de-Calais où les pollutions se cumulent.
Marie, c’est une militante et une élue sérieuse, travailleuse, aux qualités connues et reconnues.
Une écologiste qui a toujours plaidé le lien entre la justice sociale et la justice environnementale.
Une tête de liste derrière laquelle nous partons en campagne avec joie, enthousiasme et détermination.
Mesdames et messieurs, je vous demande de faire un tonnerre d’applaudissements pour … MARIE TOUSSAINT !

(Photo X (Twitter) Marine Tondelier)

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