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13/07/2021 05:56

MORVAN : «La forêt subit de plein fouet le réchauffement climatique», analyse Sylvain Mathieu

Sécheresse, insectes ravageurs, champignons microscopiques... nombre de dangers environnementaux planent sur les résineux et feuillus de la forêt morvandelle. Le président du parc naturel régional n'écarte pas non plus les enjeux économiques.
«Quand on naît du côté de Château-Chinon, on attrape deux maladies facilement : la forêt et le socialisme. J'ai eu les deux !», indique avec humour Sylvain Mathieu en accueillant Éric Piolle (EELV), candidat à la primaire de l'écologie, au beau milieu d'une forêt du Morvan, en surplomb du lac de Chaumeçon (Nièvre), le samedi 10 juillet 2021.

Après avoir travaillé à l'ONF, Sylvain Mathieu est aujourd'hui secrétaire fédéral du Parti Socialiste de la Nièvre, conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté et président du parc naturel régional du Morvan.

Le parc du Morvan est «un succès»



Créé en 1970, le parc du Morvan compte aujourd'hui 133 communes réparties sur les quatre départements bourguignons : Côte-d'Or, Nièvre, Saône-et-Loire et Yonne.

«Il y a environ un siècle, c'était une honte d'être du Morvan. (…) Un slogan disait : 'ne vient du Morvan, ni bon vent, ni bonnes gens'. Aujourd'hui, c'est le contraire. Une commune en plein milieu de la Nièvre aurait voulu faire partie du parc. Le parc est un succès», s'enthousiasme Sylvain Mathieu.

Épicéas, sapins et Douglas touchés par le changement climatique


«La forêt dans le Morvan subit de plein fouet le réchauffement climatique», s'alarme Sylvain Mathieu en répondant aux questions d'Infos Dijon.

Les épicéas communs ? «Bientôt de l'histoire ancienne!» La faute à des scolytes, des coléoptères xylophages qui font des ravages parallèlement aux sécheresses.

Les sapins pectinés ? «On constate un dépérissement !» Ces résineux montagnards ont besoin de beaucoup d'eau, l'essence pourrait donc ne plus être adaptée à l'évolution du climat du Morvan.

Troisième sur la liste des potentielles victimes de l'élévation moyenne des températures, le Pin de Douglas, originaire de la côte nord-ouest d'Amérique du nord, une région au climat océanique lié au Pacifique. Comme on le sait, le Morvan marque en revanche la fin de l'influence océanique venant de l'Atlantique. Depuis les sécheresses de 2003 et de 2005, «beaucoup de Douglas sont en train de souffrir», constate le forestier.

Le hêtre en péril


Parmi les feuillus, le hêtre constitue l'essence morvandelle majoritaire. Lui aussi est gourmand en eau. «Les plus vieux hêtre, au sommet du mont Beuvray ne sont vraiment pas beaux à voir, (…) il y a péril en la demeure», alerte le président du parc du Morvan.

Les frênes sont touchés par la chalarose, provoquée par un champignon microscopique. Et même certains chênes présentent des signes de dépérissement.

Le mont Beuvray est «aux avant-postes du réchauffement climatique»


«Quelles essences dans le Morvan sont adaptées au réchauffement climatique ?» C'est bel et bien la question que se posent les forestiers qui envisagent l'introduction d'essences plus méridionales pour remplacer les épicéas en tenant compte des prévisions climatiques pour la fin du XXIème siècle.

Pour anticiper le phénomène, le parc naturel régional a mis en place un «laboratoire forestier», en partenariat avec le musée de Bibracte et l'ONF notamment, sur le mont Beuvray qui est «aux avant-postes du réchauffement climatique».

Des recherches seront donc menées à partir d'essence provenant du bassin méditerranéen, du Caucase ou des Montagnes rocheuses. Il se pourrait donc que le cèdre de l'Atlas et le sapin de Grèce succèdent au Douglas dans les paysages du Morvan.

La forêt morvandelle «aiguise des appétits économiques»


«Par dessus ça, il y a de gros enjeux économiques sur la forêt morvandelle. On a de bonnes conditions de sols et de climat pour faire pousser des arbres. On a une forêt qui est très productive. Ça aiguise des appétits économiques», constate le président du parc naturel régional.

Le forestier rappelle que lors de la dernière révision de la charte du parc en 2018, la thématique de la forêt est ressortie comme enjeu numéro un avec notamment la problématique des coupes rases.

Depuis, le parc porte le sujet de la régulation de cette pratique sylvicole en instaurant une demande d'autorisation pour les coupes abaissée à un demi hectare, ce qui est refusé par l’État car il faudrait modifier le code forestier.

Sylvain Mathieu met en avant l'impact des coupes sur le paysage, le bilan carbone, la biodiversité, les sols et l'eau. «C'est une cause assez largement partagée sur tout l'échiquier politique», souligne-t-il.

«La situation est en train de se tendre», déplore le Morvandiau en constatant que la population réagit avec une augmentation des actes de vandalisme sur les engins forestiers.

Dans ce contexte, bien qu'ayant perdu une bataille nationale, le président du parc naturel régional du Morvan a néanmoins remporté une victoire locale : «pour réguler les coupes rases, on a enfin obtenu que sur 21 communes du cœur du parc, le seuil d'autorisation soit abaissé de quatre hectares à deux hectares. Désormais, à partir du 1er septembre, l'exploitant devra demander l'autorisation à l’État».

Jean-Christophe Tardivon

Candidat à la primaire de l'écologie, Éric Piolle a choisi le Morvan pour présenter ses propositions sur la forêt






















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