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05/09/2021 03:21

PRÉSIDENTIELLE : La candidature d'Arnaud Montebourg pour «éviter à la France la douleur d'un deuxième quinquennat Macron ou le danger d'un premier quinquennat Le Pen»

À Clamecy, ce samedi 4 septembre, Arnaud Montebourg a posé la première pierre d'un «rassemblement populaire» en déclarant sa candidature à la présidentielle de 2022 en dehors du cadre des partis politiques traditionnels. Selon le Bourguignon, «il y a urgence à remonter la France».
En se lançant dans le match de la présidentielle, le Bourguignon revendique de suivre le chemin d'un élu de la Nièvre devenu président de la République : François Mitterrand. Ce samedi 4 septembre 2021, Arnaud Montebourg a donc défendu des thèmes chers aux socialistes et esquissé des propositions dans la ligne du made in France qui a assuré sa notoriété.

L'ensemble tient dans le mot d'ordre de «la remontada de la France» ou la «reconstruction» d'une souveraineté économique qui passerait par une réindustrialisation nationale. «Je suis un homme de gauche», lancera Arnaud Montebourg tout en critiquant pourtant les partis traditionnels.


La remontada d'un ailier gauche


Arnaud Montebourg, c'est un peu l'ailier gauche qui viserait le poste de capitaine de l'équipe de France en plaçant plus de buts que ses anciens coéquipiers tout d'abord et en s'attirant ensuite les suffrages des Français par son style de jeu pour se démarquer de ses adversaires de toujours. Car lors de la présidentielle, les Français décident qui est le capitaine.

Au football, une remontada, c'est quand une équipe se retrouve en fâcheuse posture mais finit par gagner en remontant au score. Depuis la victoire du FC Barcelone 6 à 1 contre le PSG au match retour (après avoir été battu 4-0 au match aller), le terme espagnol s'est popularisé en 2017 et a investi le champ politique.

En optant pour ce slogan de début de campagne, Arnaud Montebourg assume la difficulté de mener sa propre remontada politique. Ancien ministre de François Hollande, de 2012 à 2014, troisième à la primaire du PS en 2017, il avait quitté le champ politique pour se lancer dans la création d'entreprises en lien avec la relocalisation de l'alimentation.

En 2020, le livre «l'Engagement» signalait son intérêt pour la présidentielle. La crise sanitaire a mis en suspend toute décision politique. À présent, il s'agit de passer de 2% des intentions de vote à 20% des suffrages au premier tour. Entre temps, la première phase du tournoi consistera bien sûr à récolter des parrainages.

«Que je t'aime»


Ce samedi, accueilli par Nicolas Bourdoune (divers gauche), maire de Clamecy, Arnaud Montebourg entre dans la salle Romain Rolland au son de «Que je t'aime» de Johnny Hallyday.

Environ 150 personnes attendaient dans une chaleur étouffante, toutes fenêtres ouvertes, la prise de parole du nouveau candidat. À l'extérieur de la mairie, un cinquantaine de personnes patienteront durant les 45 minutes de discours avant de participer à une déambulation dans les rues du centre historique de Clamecy.

Populaire et républicain


Le choix de sa ville natale – 3.900 habitants à ce jour – symbolise «la fidélité à cette France profonde, cette France de la terre des petites villes de province, d'où je viens et que j'aime tant, cette France que l'on appelle aujourd'hui – avec un certain dédain – la France périphérique». Le thème de la France des «sous-préfectures» permet d'aborder directement un registre populaire et de distinguer de la Parisienne Anne Hidalgo.

Le choix de la date – célébration de la proclamation de la IIIème République, le 4 septembre 1870 – amène au registre républicain cher à celui qui a longtemps défendu le passage à une VIème République pour tourner la page d'une Vème République considérée comme trop gaulienne, concentrant trop les pouvoirs au niveau du président de la République.

Aujourd'hui, tout en fustigeant l'«abus de  pouvoir personnel» d'Emmanuel Macron, l'ancien avocat semble prêt à infléchir sa demande de changement constitutionnel pour «des transformations d'envergure» soumises aux Français par référendum.

Le chemin de François Mitterrand


«Clamecy et la Nièvre symbolisent une part des enseignements de François Mitterrand. François Mitterrand nous a appris la force de ce qu'est la volonté – parfois seul contre tous – réalisant par les urnes un rassemblement populaire que refusait nombre de partis politiques. Il nous a montré un chemin que je vais à mon tour emprunter», déclare l'ancien ministre socialiste. Voilà pour la stratégie : établir un «rassemblement populaire» au moment même où Jean-Luc Mélenchon lance son «union populaire».

«Je suis venu ici pour éviter à la France la douleur d'un deuxième quinquennat Macron ou le danger d'un premier quinquennat Le Pen», résume Arnaud Montebourg, prenant des accents patriotiques pour commencer à expliquer son choix de la «remontada».

Souveraineté économique, indépendance numérique ou réindustrialisation nationale sont vus comme des orientations à même de «redresser» la France : «2022 est peut-être notre dernière chance de peut-être remonter notre pente».

«Un projet ambitieux et performant de reconstruction de notre industrie»


«Je me souviens, il y a neuf ans déjà, comme ministre du gouvernement, avoir la marinière en symbole de la bataille du made in France. (…) C'était la suite de l'année passé à me battre contre les dégâts de la mondialisation prétendument heureuse mais en réalité terriblement destructrice», indique l'orateur. Pas de mode de la marinière dans la salle mais, sur le pupitre, une discrète évocation en quatre fines rayures bleu marine.

«Je me souviens, comme membre du gouvernement, il y a sept ans, mettre opposé à la ventre d'Alstom aux Américains de General Electric. Ce triste épisode n'était que le début d'une humiliante descente aux enfers», lance Arnaud Montebourg à propos d'un dossier qui résonne tout particulièrement en Bourgogne-Franche-Comté.

«La semaine dernière – certainement parce que les élections approchent – le président de la République vient d'ordonner à EDF de racheter les turbines d'Alstom à General Electric dont il avait lui-même, sous sa propre signature de ministre de l’Économie, autorisé la vente. Racheté ce qu'on a vendu ? Quelle vision ! Quel génie stratégique ! Quelle intelligence nationale !» ironise-t-il sous des applaudissements nourris. Arnaud Montebourg préfère défendre «un projet ambitieux et performant de reconstruction de notre industrie».

«Il y a urgence à remonter la France»


«C'est donc un entrepreneur, un militant du made in France, défenseur de la cause des abeilles, qui se présente aujourd'hui devant vous. (…) Les partis de droite ne savent pas vous protéger contre les injustices. Les partis de gauche ne savent pas vous protéger contre l'insécurité et la dureté des temps. C'est pourquoi les Français n'aperçoivent pas d'alternative parce que ces partis sont encore prisonniers de leurs vieux démons. (…) Les macronistes veulent continuer la France à la mondialisation mais en sacrifiant les Français. Les lepénistes vous disent qu'ils aiment la France mais proposent de détester une partie des Français. Leur manque commun d'imagination, leurs conformismes, leurs excès, nous conduisent vers de nouvelles déconvenues», anticipe Arnaud Montebourg.

«Il y a pourtant urgence à remonter la France, à mettre l'imagination au pouvoir, à inventer une nouvelle voie inclassable, mêlant l'audace et la justice. C'est pourquoi, depuis cette petite ville de Bourgogne qui est la mienne – qui est la vôtre – je suis venu proposer à nos compatriotes un projet à partager et à réaliser ensemble», ajoute-t-il alors que le temps de l'annonce approche.

«C'est pour cette tâche difficile, mais magnifique, audacieuse, mais nécessaire, et pour cette tâche seulement, que j'ai décidé de présenter aujourd'hui de présenter aux Françaises et aux Français ma candidature à la présidence de la République», déclare Arnaud Montebourg après vingt minutes de discours sous un tonnerre d'applaudissements.

«La remontada, c'est d'abord reconstruire les fleurons industriels disparus»


«La remontada de la France ne peut réussir qu'en faisant équipe avec les Français», lance le tribun quelque peu avare en punchlines, préférant les explications.

«La remontada est un projet de grande envergure, sérieux et méthodique de reconstruction de notre pays dans tous les secteurs de son effondrement. La remontada, c'est d'abord reconstruire les fleurons industriels disparus ou perdus dans les secteurs clés du futurs pour retrouver les emplois qui manquent», expose-t-il.

Construire un géant des infrastructures numériques et un géant des énergies décarbonées ainsi que relocaliser des «produits critiques» des secteurs de l'électronique, de la pharmacie et de l'alimentation sont au programme. Soit «3 à 4 usines nouvelles par département», c'est à dire «tout ce que la starup nation n'a pas fait et ne pourra jamais faire».

«Remonter les salaires»


«Les vingt années de mondialisation extrémiste que nous venons de vivre ont mis en concurrence mondiale les salariés, exerçant contre eux le chantage permanent à la délocalisation et ils en ont été massivement appauvris. Le travail et son juste salaire ont complètement disparus des choix politiques», analyse le candidat. Dans ce contexte, «remonter les salaires» figure également au programme, avec une référence directe à «la révolte» et à «l'indignation» des Gilets jaunes.

Paraphrasant Michel Rocard, Arnaud Montebourg fait une incise environnementale dans un propos très industriel : «la France ne peut pas à elle seule réduire le réchauffement climatique car 30% des émissions de carbone sont chinoises, 20% d'entre elles sont américaines et moins de 1% françaises, mais elle en prendre activement sa part».

Taxe carbone et droits de douane sur «les importations lointaines» seront donc au programme pour contribuer à s'orienter vers «une France sans pétrole». Le candidat appelle alors à engager «une révolution progressive et négociée de l'ensemble du système économique et financier» pour aller vers l'«une écologisation de l'économie» en six ans.

Une nouvelle fois, la salle vibre sous les applaudissements nourris quand Arnaud Montebourg donne un exemple concret de cette stratégie économique : nationaliser les concessionnaires d'autoroutes.

Longtemps élu de la Saône-et-Loire, président du conseil départemental et député, le Bourguignon n'aborde qu'indirectement la question du nucléaire, filière particulièrement pourvoyeuse d'emplois dans ce département. Il se contente de souligner les émissions de CO2 liées aux centrales à charbon allemandes.

La «sévérité républicaine» face aux trafics de drogue


Pour redonner du souffle aux sous-préfecture, le candidat proposer «un programme de retour à la terre». Selon lui, un million de logements vacants sur tout le territoire pourraient être remis en état. Arnaud Montebourg propose que l’État rachète ces biens et «les donne gratuitement à tous ceux qui veulent quitter les métropoles et venir s'y installe». Pour cela, trois conditions : ne pas être propriétaire, remettre le logement en état et l'habiter «durablement».

Abordant la thématique de la sécurité en fin de discours, Arnaud Montebourg propose la «sévérité républicaine» pour faire face aux violences engendrées par les trafics de stupéfiants. Il s'agirait de prendre exemple sur les pays ayant recruté «massivement» des effectifs de policiers et de magistrat, quadrillé le terrain avec une police «de proximité» ou encore traité les «défaillances» de services publics.

«Vous êtes la majorité sociale de la France», lance le tribun après 45 minutes de discours en s'adressant aux mères célibataires, aux jeunes travailleurs précaires, aux ouvriers et fonctionnaires sans revalorisation de salaire, aux ubérisés, aux artisans endettés, aux habitants éloignés des services publics, aux agriculteurs, aux enseignants, aux cadres de multinationales et à tous ceux qui «n'acceptent pas que la France tombe». Une majorité sociale dont il espère faire une «majorité politique» en 2022.

Un lancement très cadré


L'organisation de ce lancement de campagne est parfaitement millimétrée. Nombre de petites mains sont là pour renseigner qui les journalistes, qui les élus. L'équipe de communication photographie, filme, diffuse en direct sur les médias sociaux. Arnaud Montebourg arrive au pupitre à l'heure dite.

À peine l'orateur a-t-il fini son discours que la musique de «la Marseillaise» retentit pour que chacun puisse entonner l'hymne national sans perte de rythme puis est lancé «Bella Ciao» toujours en vogue chez les militants socialistes, surtout quand elle est chantée par Yves Montand.

Il est loin le temps du lancement un peu brouillon de «la cuvée du Redressement» lors de la Fête de la Rose 2014 à Frangy-en-Bresse. Une cuvée que n'avait guère goûté Manuel Valls, Premier ministre de François Hollande, qui avait poussé Arnaud Montebourg vers la sortie du gouvernement. Aujourd'hui, le candidat est monté en gamme et entend gagner en crédibilité.

Des soutiens dans toute la Bourgogne-Franche-Comté


Un candidat qui est entouré. De personnalités locales notamment. Au premier rang du public, Jérôme Durain, sénateur, représentait la Saône-et-Loire. Bien placé également, Willy Bourgeois, conseiller régional, avait fait le déplacement depuis le Jura. Patrice Joly, sénateur de la Nièvre, affichait son soutien tandis qu'un autre élu local, Christian Paul, ancien secrétaire d’État, ancien député et nouveau maire de Lormes (à 35 km), brillait par son absence.

Du côté des personnalités nationales, étaient également Emmanuel Todd, Laurence Rossignol, Marie-Noëlle Linneman ou encore Mickaël Vallet.

Arnaud Montebourg peut aussi compter sur un réseau de frondeurs. Actifs du temps de François Hollande, ils ont été assommés par l'élection d'Emmanuel Macron et ne demandent qu'à reprendre du service.

L'ancienne députée de la Côte-d'Or, Kheira Bouziane, l'actuelle conseillère départementale de la Côte-d'Or, Céline Maglica, avaient fait le déplacement et figuraient en bonnes places à la tribune derrière l'orateur.

Après le discours, les Côte-d'Oriennes retrouvent justement l'ancienne ministre Laurence Rossignol. Des militants dijonnais les ont rejointes pour déjà envisager la prochaine participation à la Fête de la Rose, le 25 septembre prochain à Frangy-en-Bresse.

Déambulation dans les rues de Clamecy


Le discours est terminé. Le maire et le désormais candidat sortent de la salle Romain Rolland pour saluer des personnes installées sur des chaises sur le parvis, de façon plus aérée et plus confortable que dans la salle.

Une déambulation aux haltes programmées commence dans les rues du centre historique de Clamecy. Épicerie bio et locale, restaurant nouvellement créé... les échanges s'enchaînent. Sur le même thème, Arnaud Montebourg terminera la journée dans un pub qui produit sa propre bière pour dédicacer son livre «l'Engagement».

Un moment impromptu se produit néanmoins dans le planning tracé au cordeau. Alors qu'il va quitter la place du 19-Août après avoir salué les gendarmes qui sécurisent les lieux, des personnes, la plupart vêtues de blanc, sortent de la collégiale Saint-Martin. «Ce n'est pas un mariage, c'est un baptême !» entend-on en chœur.

Le candidat ne veut pas perturber l'événement familial. Un flottement s'installe. Mais il est reconnu et rapidement convié à participer à la photo de famille ! Des «Montebourg président» tonnent et la déambulation reprend après ce joli moment de campagne pour la première journée du candidat.

Jean-Christophe Tardivon


















































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