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21/11/2022 19:02

RÉGION : Denis Thuriot désigné président de la commission des finances

Ce lundi 21 novembre, Denis Thuriot, soutien d'Emmanuel Macron, a soufflé la présidence de l'importante commission à Dominique Alexandre Bourgois, soutien de Marine Le Pen, grâce aux voix de la majorité régionale de Marie-Guite Dufay.
La présidence de la commission des finances du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté change d'opposition. À la suite de la démission de Gilles Platret (LR) de cette fonction, un nouveau vote devait être effectué.

Ce lundi 21 novembre 2022, Denis Thuriot (Renaissance) a été élu par les membres de la commission face à Dominique Alexandre Bourgois (Rassemblement national). Soutien de la première heure d'Emmanuel Macron, maire de Nevers, Denis Thuriot entendait ainsi «ne pas laisser un boulevard au RN».

Deux démissions fragilisent le groupe de Gilles Platret


Le point de départ de ce mouvement au sein de l'importante commission des finances remonte à juillet et octobre derniers. Le groupe politique d'opposition de l'Union des républicains et du centre et écologistes indépendants, présidé par Gilles Platret (LR), voyait deux de ses membres le quitter.

Il s'agit de deux élus de la Saône-et-Loire : Gérald Gordat qui a rejoint Horizons, le parti qui soutient Édouard Philippe, et Dorothée Majewski-Sansinena (DLF). Tous les deux siégeant à présent parmi les non-inscrits.

Jusque-là, avec 18 sièges, le groupe faisait jeu égal avec le groupe d'opposition du Rassemblement national. Assumant de devenir «le 2e groupe d’opposition», Gilles Platret avait démissionné de la présidence de la commission des finances pour «offrir aux habitants de Bourgogne et de Franche-Comté une ligne politique assumée et lisible» et ainsi «préparer l’alternance» (lire le communiqué).

La tradition à l'épreuve de la recomposition politique


Bien avant le vote, les élus du Rassemblement national – et Gilles Platret lui-même – mettaient en avant une tradition de «contrôle démocratique des finances régionales» faisant que le président de la dite commission était précédemment issu du «groupe d'opposition le plus important» (lire le communiqué du RN).

Cette pratique institutionnelle prenait place dans un contexte de bipolarisation gauche-droite. Avec l'accroissement du poids politique du Front national puis du Rassemblement national pour soutenir Marine Le Pen, les rapports de force évoluent. D'autant plus avec l'émergence d'En Marche puis de Renaissance pour soutenir l'action d'Emmanuel Macron.

Cette recomposition politique se retrouve dans le résultat du vote de ce lundi, au grand dam de Gilles Platret et de Jacques Ricciardetti (RN), tandis que, du côté de la majorité de Marie-Guite Dufay (PS), le règlement intérieur est brandi pour assurer la légitimité de l'élection de Denis Thuriot.

Dix voix de la majorité régionale


La commission compte vingt membres. Selon nos informations, les quatre élus l'Union des républicains et du centre et écologistes indépendants – dont Gilles Platret, présent à cette commission – n'ont pas pris part au vote.

Dominique Alexandre Bourgois, absent et représenté par Jacques Ricciardetti, a recensé trois voix.

Denis Thuriot, président du groupe politique d'opposition des élus progressistes et seul membre de ce groupe participant à la commission, a récolté dix voix issues de la majorité régionale. Un élu s'est abstenu et un élu a quitté la salle avant le vote.

«Je ne voulais pas laisser un boulevard au RN»


«Le RN a posé sa candidature, j'ai posé la mienne également», a expliqué Denis Thuriot à l'issue du vote, «je ne voulais pas laisser un boulevard au RN». «Entre deux maux il faut prendre le moindre», a-t-il analysé, «ça permet d'affirmer à ceux qui en douterait qu'on est bien dans l'opposition».

«Rien ne dit que c'est le groupe le plus important en nombre qui a cette présidence. Je représentais l'autre groupe d'opposition restant. (…) Gilles Platret a fait son choix, dont acte. Ce n'est pas pour ça qu'il faut laisser la place à l'extrême droite que je combats», a poursuivi le progressiste.

«Une élection n'est jamais un scandale»


«Une élection n'est jamais un scandale», a commenté Denis Thuriot en écho à la désapprobation de Gilles Platret devant la tournure des événements. «C'est plutôt bon signe d'avoir plusieurs candidats qu'un seul».

Il se pourrait que cette situation où la fonction en question revient à un soutien de la majorité présidentielle alors qu'il siège dans une opposition régionale soit «unique en France».

À présent, le nouveau président de la commission des finances prendra attache du vice-président en charge des finances Nicolas Soret (PS) et se dit «ouvert à tous sauf à l'extrême-droite» pour échanger éventuellement avec des élus ayant précédemment occupé cette fonction.

Jean-Christophe Tardivon