Ce jeudi 17 octobre, à Dijon, la présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté Marie-Guite Dufay a partagé ses interrogations face aux économies budgétaires demandées par le gouvernement. Seul Denis Thuriot a défendu le bilan d'Emmanuel Macron devant les critiques respectives de Jérôme Durain, Claire Mallard, Muriel Ternant, Julien Odoul et Gilles Platret. Bien qu'isolé, Alain Joyandet a assumé son «soutien» à Michel Barnier.
La situation politique nationale a été abondamment convoquée lors de la session plénière du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, ce jeudi 17 octobre 2024, à Dijon.
Les groupes de la majorité et des opposition ont tous commenté la situation révélée après la nomination du nouveau gouvernement de Michel Barnier et les annonces faites en matière de contribution des collectivités territoriales au «redressement» des comptes publics.
«L'effort demandé aux collectivités locales est colossal, abyssal, scandaleux», réagit Marie-Guite Dufay
«Une fois la Flamme [olympique] définitivement éteinte et le gouvernement en place, c'est un violent retour à la réalité qui s'est imposé», lance Marie-Guite Dufay (PS) en prenant la parole pour son discours liminaire.
La présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté se focalise sur l'état des finances publiques et les conséquences pour la collectivité : «l'effort demandé aux collectivités locales est colossal, abyssal, scandaleux».
«Je ne suis pas opposée à ce que les collectivités locales prennent leur part à l'effort de redressement des comptes de notre pays, même si elles ne sont pas responsable du dérapage de ces dernières années, mais pour peu que l'effort demandé soit et, force est de constater, qu'en l'espèce l'effort n'est pas juste, on est très loin du compte», développe la socialiste.
Et de défendre le recours des collectivités locales à l'emprunt pour «financer l'investissement» puisqu'elles doivent présenter un budget de fonctionnement à l'équilibre.
La présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté dénonce «une recentralisation rampante»
C'est une «recentralisation rampante» que dénonce Marie-Guite Dufay puisque les collectivités territoriales représentent 70% des investissements publics : «c'est moins d'activité pour nos entreprises, moins d'emplois sur notre territoire. (…) La dette des collectivités locales pèse 8% de la dette publique quand l’État en porte 80%».
Le gouvernement envisage un plan de réduction des dépenses publiques de 40 milliards d'euros en appelant les collectivités territoriales à contribuer à hauteur de 5 milliards d'euros. S'ajoutent également une hausse des cotisations employeurs estimées à 1,3 milliard d'euros et une baisse du Fonds vert de 1,6 milliards d'euros. Ce qui fera dire à Jérôme Durain que la contribution pourrait finalement atteindre 10 milliards d'euros.
Dans l'immédiat, compte tenu des éléments en sa possession, Marie-Guite Dufay calcule que l’État sollicite les collectivités territoriales à hauteur de 16%, ce qu'elle déplore au regard de la part de 8% dans la dette du pays.
En Bourgogne-Franche-Comté, en l'état, la contribution représenterait 68 millions d'euros d'économies à trouver. Ces annonces conduisent à «reprendre en totalité» le budget 2025 d'où un vote désormais repoussé en mars prochain.
La présidente de la Région envisage donc «une situation de combat» en comptant sur les parlementaires pour «corriger ces injonctions gouvernementales».
Les interrogations de la présidente de la collectivité
Marie-Guite Dufay enchaîne en rappelant que «beaucoup de nos dépenses sont contraintes» en raison de contractualisations avec des partenaires s'étendant souvent sur plusieurs années. Ainsi, la socialiste se félicite d'avoir renégocier la convention TER en 2022 en générant une économie annuelle de 30 millions d'euros «plus qu'utile aujourd'hui».
L'incertitude du résultat des débats budgétaires au parlement amène la responsable de l'exécutif régional à ébaucher des questionnement : «comment financer la demande de plus d'offre [de TER] ? (…) Faudra-t-il réduire le rythme de modernisation des lycées ? (…) Faudra-t-il demander une contribution aux familles pour le fonctionnement du service de transports scolaires ? (…) Faudra-t-i réduire notre ambition [en matière de formation dans le secteur sanitaire et social] ? (…) Fini [le développement économique] ? (…) [En matière d'agriculture], faudra-t-il revenir, non pas sur le FEADER, mais sur toutes nos actions volontaristes qui sont de plus de 20 millions d'euros ? (…) Faut-il encore réduire nos capacités à instruire les politiques publiques ?»
Mêmes interrogations concernant les dépenses volontaires : «devrons-nous réduire nos actions en direction des communes ? Devrons-nous reconcer à intervenir dans le domaine de la santé ? (…) L'enseignement supérieur et la recherche participent à notre rayonnement, devrons-nous amoindrir notre soutien aux équipes de recherche ? (…) [L'attractivité], on continue, on abandonne ? [L'action internationale], devrons-nous nous refermer sur nous-mêmes ? [L'aide à domicile, l'insertion par l'activité économique], faut-il abandonner ?»
En revanche, la socialiste avance un «enjeu prioritaire», celui de la transition écologique et énergétique qui «ne peut pas être sacrifié sur l'autel de l'austérité budgétaire».
En résumé, l'exécutif propose de «sanctuariser» le dispositif Effilogis, les aides à la préservation de la biodiversité, les financements pour les demandeurs d'emploi, la culture et le sport.
«Priorité» pour traiter tous les paiements FEADER d'ici fin juin 2025
Concernant les sujets d'actualité, à la veille d'une manifestation de Jeunes Agriculteurs et de délégations de la FNSEA, Marie-Guite Dufay assure que la Région «résorbe le retard» sur les paiements des aides liées au fonds européen FEADER tout en concédant un «retard à l'allumage sur le lancement des appels à projet».
«Je comprends la frustration et la colère des agriculteurs concernés», prend soin de signaler la présidente de la collectivité, «nous avons mis en route tout ce qu'il fallait pour accélérer, nous atteindrons le bout».
La priorité est de traiter «tous les dossiers» de la fin de la programmation 2021-2024 d'ici fin juin 2025. Parallèlement, le fonds de solidarité auprès des banques est prolongé pour prendre en charge le paiement d'intérêts d'emprunts supplémentaires dus par les agriculteurs.
«Notre pays est champion olympique de la dette publique», lance Julien Odoul
Président du groupe d'opposition du Rassemblement national, Julien Odoul (RN) débute son intervention par un hommage à «toutes les femmes qui luttent au quotidien contre le cancer du sein» et souligne l'importance du dépistage dans le cadre de la campagne d'Octobre rose.
Après ce propos consensuel, le soutien de Marine Le Pen s'attaque au bilan d'Emmanuel Macron en insistant sur l'état des finances publiques en évoquant des «dissimulations» voire des «mensonges». Il le résume en «un enfer social, un cauchemar fiscal, un cataclysme budgétaire».
«Depuis 2017, Monsieur Macron a généré mille milliards [d'euros] de dette supplémentaire», calcule Julien Odoul, «le Mozart de la finance a cramé la partition avec outrance, mensonge, mépris». «Notre pays est champion olympique de la dette publique, du fiscalisme qui pèse toujours sur les mêmes, la classe moyenne.»
«Si Jordan Bardella était Premier ministre, il n'y aurait pas de cure d'austérité pour les collectivités territoriales», assure Julien Odoul, «il y aurait des économies sur la fraude sociale, la fraude fiscale, sur l'immigration anarchiques et les contributions à l'Union européenne».
«Tout ce qui concerne l'idéologie, il faut l'arrêter», exhorte Julien Odoul
«Vous faites mine de vous offusquer de cette cure d'austérité imposée à notre région et aux collectivités territoriales», poursuit l'opposant en s'adressant à la président de la collectivité, «vous êtes comptable, responsable, complice de ce bilan parce que vous avez voté pour la brutalité, pour l'injustice fiscale, le mépris des collectivités locales». «Vous l'avez soutenu, vous avez même failli entrer dans son gouvernement. (…) Il ne faut pas arrêter les compétences nécessaire, vitales pour nos compatriotes. (…) Tout ce qui concerne l'idéologie, ce que vous venez de sanctuariser, il faut l'arrêter. (…) Vous pouvez réduire la formation linguistique des migrants, à hauteur de 6 millions d'euros [NDLR : en cumulé sur plusieurs années], faire un moratoire sur la coopération internationale, (…) l'art contemporain, (…) l'écologie punitive et l'éolien, les folies de communication.»
«Nous payons aujourd'hui encore les conséquences du mille-feuilles territorial», enchaîne l'élu populiste en critiquant tout particulièrement la fusion des Régions : «plus de complexité, plus d'impôts et moins de services». «Les Bourguignons et les Francs-Comtois qui sont en colère contre la politique nationale et les conséquences régionales de votre mauvaise gestion vous demandent des comptes, la moindre des choses est de [leur] dire une bonne fois pour toute la vérité.»
«Le bateau prend l'eau», glisse Gilles Platret
Président de l'Union des républicains et du centre et écologistes indépendants, Gilles Platret (LR) s'exprime avec «gravité» sur la situation nationale : «le principe de la démocratie est la responsabilité. (…) La responsabilité de Monsieur Macron et des ses gouvernements est écrasante en matière de choix politiques et budgétaires, (…) de délitement social, de politique migratoire incontrôlée. (…) Où sont passés les fameux 50 milliards [d'euros] de dérive budgétaire ?»
«Le bateau prend l'eau», glisse Gilles Platret, «l’État est obligé de se retourner vers les collectivités». Et de demander à «établir des responsabilités».
«Zéro euro de FEADER pour la filière avicole», déplore Gilles Platret
Sans transition, l'élu des Républicains passe à la dénonciation de «l'entrisme islamiste» en référence à un article d'
Atlantico (
lire le communiqué) puis enchaîne avec «un troisième sujet de préoccupation», l'agriculture.
«Les agriculteurs viendront manifester, ils diront leur mal-être conjoncturel», alerte Gilles Platret, «(…) ils diront aussi l'attente forte, entière, permanente et pas totalement satisfaite qu'ils adressent aux services de la Région». «Nous souhaitons que, désormais, pour nous assurer que les objectifs soient tenus, que vous puissiez nous livrer un tableau de bord de l'avancement.»
L'opposant se fait le relais de la lettre ouverte du représentant régional de la filière avicole Louis Accary (
lire le communiqué) et déplore «la complexité des dossiers» sur les aides bâtimentaires : «résultat zéro euro de FEADER pour la filière avicole». «Abandonner l'agriculture, c'est abandonner la Bourgogne et la Franche-Comté toute entière», conclut-il.
En réponse, Marie-Guite Dufay indique qu'«aucun dossier qui a été déposé par cette filière avicole». Hors micro, les élus du groupe d'opposition renvoie à la dite «complexité».
Denis Thuriot renvoie le RN à son «idéologie»
«Vous êtes obsédé par Emmanuel Macron qui a battu deux fois Marine Le Pen», tance Denis Thuriot, président du groupe des Élus progressistes, à l'adresse de Julien Odoul, «le cauchemar, c'est votre idéologie». «22 millions d'électeurs n'ont pas voulu de vous.»
Stratégiquement, l'opposant, dont le temps est compté, renvoie son analyse de la situation budgétaire nationale à l'examen de la deuxième décision modificative du budget régional 2024 et se focalise sur une «problématique régionale» – «nous ne sommes pas à l'Assemblée nationale» –, les transports scolaires.
«Les solutions concrètes qui avaient été demandées avant la rentrée sur le maintien des dessertes n'ont pas été mises en place», expose le social-libéral, «les retards continuent, les lignes sont sous-dotées, la qualité du service est bien en-deçà des promesses de la majorité régionale».
«Les agriculteurs attendent leur argent», témoigne Denis Thuriot
Considérant que le secteur agricole est confronté à «une crise profonde à laquelle nous devons répondre», Denis Thuriot témoigne que «les agriculteurs attendent leur argent, y compris de l'ancienne programmation, nous sommes à une année blanche de la nouvelle programmation et sans doute bientôt deux»
L'opposant demande à la responsable de l'exécutif d'«abandonner cette autosatisfaction». Marie-Guite Dufay réagit en réfutant toute «autosatisfaction» car dans les autres régions «[ses] collègues rencontrent les mêmes difficultés».
«Les macronistes s'entêtent sur l'indécence et l'extrême-droite rase gratis», résume Claire Mallard
Présidente du groupe Écologiste et solidaires, Claire Mallard (LE) choisit d'intervenir selon le principe de l'entonnoir : partir du contexte mondial pour en arriver à la situation locale.
L'écologiste débute donc son propos en évoquant «les drames et menaces qui secouent le monde» en insistant sur la situation en Ukraine et au Proche-Orient ainsi que sur «la crise écologique». Puis, elle mobilise ce qu'elle analyse comme une «culture du viol» pour battre en brèche les arguments utilisés par «les spécialistes de la recherche de boucs émissaires» en cas de crimes commis par un étranger.
Abordant la situation politique, Claire Mallard considère, dans un propos flirtant avec le populisme, que «l'élection été volée» aux électeurs du Nouveau Front populaire puisqu'«on se retrouve dirigé par un gouvernement des perdants du suffrage universel avec le soutien narquois du RN». «Vous êtes tous, droite, centristes, RN en soutien et partie prenante de cette coalition des punitions.»
L'écologiste craint de voir «raboter les financements écologiques, (…) l'école, (…) la santé (…) et sacrifier l'isolation des logements» et préfère défendre «une fiscalité juste et proportionnée sur une dizaine de milliers de foyers riches et d'entreprises hyper-profitables auxquels on n'a cessé de faire des cadeaux fiscaux qui sont aujourd'hui à l'origine de l'ampleur des déficits publics».
«Les macronistes s'entêtent sur l'indécence et l'extrême-droite rase gratis», résume-t-elle tandis que la protestation gronde dans les rangs du Rassemblement national. «Tous ces soutiens au choc d'austérité préfèrent aussi maltraiter les collectivités dont les Régions. (…) Il faudra assumer la responsabilité de ce bilan et les difficultés imposées aux Bourguignons-Francs-Comtois.»
Finalement, Claire Mallard défend «la transition juste» menée par la majorité régionale à laquelle le groupe qu'elle préside participe. Ce qui l'amène à aborder des sujets chers aux tenants de l'écologie politique, dont la mobilité, la préservation de la biodiversité et l'agriculture.
«On vient de voter 50 millions d'euros en commission permanente aux filières agricoles», glisse-t-elle avant d'ajouter que «66% des agriculteurs sont favorables à la transition écologique».
Muriel Ternant demande «un cessez-le-feu immédiat, général, permanent au Liban et à Gaza»
Tout comme l'intervenante précédente, Muriel Ternant (PCF), présidente du groupe des Élus communistes et républicains, débute son propos sur la situation au Proche-Orient pour critiquer la stratégie militaire de l’État d'Israël : «en violation du droit international, l'armée israélienne est entrée au Liban et multiplie les tirs sur les installations de la FINUL à laquelle contribue le premier régiment d'artillerie de Bourogne, dans le Territoire-de-Belfort».
Dans la foulée, l'élue communiste qualifie de «provocations» les attaques de la branche militaire du Hezbollah contre la population du nord d'Israël depuis le sud Liban. Un terme qui fait réagir Gilles Platret et Julien Odoul hors micro.
«La sécurité des peuples israéliens, palestiniens, libanais est indivisible. La sécurité est un projet qui repose sur le respect du droit international, le respect de la souveraineté des peuples et leur égalité de droits», analyse Muriel Ternant, «nous demandons que tous les leviers à la disposition de notre pays soient activés en urgence pour un cessez-le-feu immédiat, général, permanent au Liban et à Gaza».
«La dette n'est pas une faute morale», clame Muriel Ternant
«Voilà ce qui aura réussi à unir cet été toutes les droites, des macronistes au Rassemblement national en passant par les Républicains : élaborer un budget d'austérité pour la France, d'affaiblissement des services publics, pour miner toute perspective de croissance et de progrès pour notre peuple», poursuit Muriel Ternant en abordant la situation politique nationale.
«La dette n'est pas une faute morale», clame-t-elle, «le problème le plus sérieux de la France, c'est l'absence de croissance, c'est le risque de récession». «La dette actuelle n'a pas servi à développer l'emploi et la formation, (…) la dette n'a pas engagé une nouvelle industrialisation, elle n'a pas développé les créations de richesse ; la dette a soutenu les profits des grands groupes, a alimenté des chèques divers qui n'ont pas revalorisé le travail, elle a été contractée sur des marchés financiers qui réclament aujourd'hui 50 milliards [d'euros] de charge d'intérêts.»
«La responsabilité est d'engager des dépenses nouvelles et efficaces», revendique Muriel Ternant
«On nous demande de tailler dans les dépenses», déplore la communiste qui considère les engagements de la Région comme «les véritables leviers de la croissance et des recettes futures». «La responsabilité est d'engager des dépenses nouvelles et efficaces pour mettre notre pays sur un chemin de progrès et de prospérité.»
Et de rappeler des propositions portées de longue date par le Parti communiste français concernant la fiscalité des particuliers, la possibilité d'emprunter à taux zéro auprès de la Banque centrale européenne et «des pouvoirs d'intervention des travailleurs et des élus sur les services publics comme les entreprises».
La communiste conclut son propos en appelant à «la bataille populaire contre cette austérité et pour faire grandir dans notre région les exigences d'emploi, de formation, de services publics et d'industrie».
Jérôme Durain raille la «décomposition du macronisme»
«L'imposture de ce mécano gouvernemental éclate», s'exclame Jérôme Durain (PS), président du groupe Notre Région par cœur, à propos de la situation politique nationale.
Raillant la «décomposition du macronisme», le socialiste considère que la nomination de Michel Barnier «tourne le dos à la formation arrivée en tête aux législatives» et «acte la rupture avec le front républicain qui a pourtant sauvé l'ex-majorité présidentielle en 2017, 2022 et 2024». Son gouvernement est vu comme étant «sous la surveillance du Rassemblement nationale».
Le sénateur de la Saône-et-Loire fustige la proposition d'une «119ème loi sur l'immigration», cible Bruno Retailleau et a une pensée pour Bruno Le Maire, «où est passé l'ex-ministre des Finances ?» Concernant les comptes publics, il poursuit en raillant «les prévisions au doigt mouillé», «des recettes surestimées» et «une dégradation mise sous cloche».
«Le projet de budget sacrifie la santé, (…) met en péril l’Éducation, (…) ralentira considérablement l'effort pour la rénovation écologique de l'habitat, frappera encore les plus modestes avec l'augmentation de la fiscalité du gaz, les retraités moins indemnisés, les malades moins soignés, les enfants moins éduqués, les plus modestes moins protégées... Nous sommes très loin de l'appel à un effort partagé et juste», développe Jérôme Durain.
Concernant la contribution des plus hauts revenus et des plus grandes entreprises, «la baudruche se dégonfle», considère le socialiste qui anticipe «un effort bien limité» au regard d'exonérations et d'allègements fiscaux qu'il estime à «une perte de plus de 62 milliards d'euros».
Finalement, Jérôme Durain fustige «un mécanisme injuste et pernicieux [qui] sera mis en œuvre, consistant à ponctionner nos recettes».
Jérôme Durain fustige «la démagogie la plus crasse» du RN
Le président du groupe majoritaire se tourne alors vers son homologue du Rassemblement national : «le groupe RN à l'Assemblée nationale proposait hier encore 1,3 milliard [d'euros] supplémentaires pour les Régions, (…) c'est quoi la vérité ? (…) Autant de duplicité ne nous surprend pas. (…) Le RN est complice, est mécène de ce gouvernement, qui gouverne par procuration».
De même avec ses deux autres homologues de l'opposition : «pourquoi soutenez-vous ce gouvernement ?»
«Il y a ceux qui s'opposent au gouvernement, la majorité régionale et les autres», résume Jérôme Durain qui défend la politique menée par l'exécutif régional avant de fustiger «la démagogie la plus crasse» du groupe du Rassemblement national.
«Ce n'est pas la dette d'Emmanuel Macron, c'est notre dette à tous», analyse Denis Thuriot
Après les discours liminaires, les élus étudient le premier dossier à l'ordre du jour de la session plénière : la seconde modification du budget 2024, présenté par le vice-président Nicolas Soret (PS), et préparée avant l'annonce de la contribution des collectivités territoriales au «redressement» des comptes publics.
Intervenant en tant que président de la commission des finances de l'assemblée régionale, un poste traditionnellement dévolu à un membre de l'opposition, Denis Thuriot ouvre une parenthèse pour réactiver les débats sur la situation politique nationale.
«Les annonces qui évoquent des prévisions plus strictes et des ajustements nécessaires (…) sont actuellement en débat devant l'Assemblée nationale», rappelle le soutien d'Emmanuel Macron, «il va tous nous falloir peser dans l'intérêt de nos collectivités, quelles que soient nos orientations politiques».
«Ce n'est pas la dette d'Emmanuel Macron, c'est notre dette à tous», analyse le social-libéral, «je veux rappeler ici les baisses de dotation globales de fonctionnement, auxquelles nous avons été confrontés avant les années 2017, qui ont été disproportionnées, qui ont impacté le bloc communal à hauteur de 30%.»
«La diminution de la dette ne se fait plus depuis 1980», historicise-t-il avant de revenir aux conséquences de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine. «Les gouvernements successifs ont privilégié la sauvegarde de milliers d'entreprise, de millions d'emplois avec la prise en charge du chômage partiel. (…) Quel serait l'état de l'économie si ces choix n'avaient pas été faits ? (...) Qui aurait fait mieux ? On a eu des gouvernements qui ont eu le courage de prendre des décisions difficiles. (…) La réindustrialisation a avancé, l'apprentissage s'est démultiplié. (…) Faut-il que nous regrettions la création de 50.000 équivalents temps plein entre 2017 et 2024 ? (…) Toute la difficulté à laquelle nous sommes confrontés, c'est comment réduire nos dépenses publiques tout en améliorant la qualité du service public sinon, effictivement, c'est l'extrême-droite qui gagnera et nous n'en voulons !»
«Belle défense du gouvernement», ironise Jérôme Durain hors micro. «La dette, c'est aussi le fruit de choix politiques de votre gouvernement», réagit Nicolas Soret.
Le vice-président poursuit en s'adressant à Gilles Platret : «je sens votre gêne aux entournures parce que ça fait longtemps que ça ne vous était pas arrivé d'avoir un gouvernement issu de votre famille politique».
Alain Joyandet «soutient» Michel Barnier
Siégeant au dernier rang depuis qu'il a été exclu du groupe présidé par Gilles Platret (
lire notre article), Alain Joyandet (LR) prend la parole «au nom des non-inscrits» pour déclarer : «je voudrais apporter tout mon soutien au gouvernement de Michel Barnier». «S'il n'y en a qu'un, je serai celui-là», constate-t-il.
«Depuis 30 ans, tous les gouvernements, toutes les formations politiques ont contribué à la situation dans laquelle on est aujourd'hui», analyse le sénateur de la Haute-Saône.
«Je veux remercier ceux qui, à l'appel du président de la République, fidèlement à la Constitution, ont pris le risque d'appartenir à un gouvernement pour sortir notre pays de la crise», déclare avec gravité l'élu des Républicains. «Qui peut arriver pour proposer une copie qui soit bien meilleure que celle de Michel Barnier ?»
«Au moment où l'agriculture est au centre de nos préoccupations», Alain Joyandet se «réjouit» de la nomination d'Annie Genevard comme ministre de l'Agriculture. Celle-ci est également issue des rangs des Républicains et élue de Bourgogne-Franche-Comté en tant que députée du Doubs.
Rejet d'un amendement du RN et vote de la décision modificative du budget 2024
Thomas Lutz présente un amendement du Rassemblement national pour «supprimer» les dispositifs de solidarité internationale, de formation linguistique des migrants et le soutien à l'art contemporain. «Le fric aux FRAC, ça suffit», cingle-t-il, «vous maintenez l'art moderne au détriment d'autres cultures». L'objectif serait de réorienter ces financements vers l'apprentissage.
«C'est par l'ouverture que nous nous grandissons», réagit Marie-Guite Dufay.
L'amendement est repoussé par la majorité régionale et les progressistes, le groupe de Gilles Platret ne participant pas au vote.
Finalement, la second décision modificative de l'année 2024 est adoptée par la majorité régionale.
Installation de Guillaume Badet dans le groupe Notre Région par cœur
En ce qui concerne les éléments d'actualité interne à l'assemblée régionale, on note l'arrivée de Guillaume Badet (PS), élu de la Saône-et-Loire, qui succède à Nathalie Leblanc, décédée en juillet dernier.
De plus, Jamila Habsaoui (PS), maire d'Avallon, mise en examen pour trafic de stupéfiants et placée sous contrôle judiciaire, est revenue siéger dans les rangs de la majorité.
Par ailleurs, Hicham Boujlilat (PS), élu de la Nièvre, qui avait un temps claqué la porte du groupe Notre Région par cœur à la suite de divergences sur l'ouverture à la concurrence de lignes de TER, réintègre ce groupe.
Actualisé le vendredi 18 octobre 2024 :Nouvelles attributions de délégations
Ce vendredi 18 octobre 2024, l'assemblée a décidé que Bertrand Vaux (PS) et Françoise Tenenbaum (PS) remplaceront Nathalie Leblanc, décédée, et Océane Godard (PS), démissionnaire de ses fonctions exécutives pour cause d'élection à la députation, au sein de la commission permanente de la Région. «J'ai une grande pensée pour Nathalie [Leblanc]», confie Marie-Guite Dufay.
De plus, Marie-Guite Dufay confiera à Bertrand Vaux la délégation de vice-présidente chargé de la culture et à Françoise Tenenbaum une délégation portant sur les formations du secteur sanitaire et social qui était jusque-là portée par Sandra Ianicelli (PS). Celle-ci hérite de la délégation concernant les politiques d'évaluation, jusque-là attribuée à Hicham Boujlilat. Celui-ci se voit confier le sport, jusque-là dévolu à Willy Bourgeois (PS) mais qui, entre temps, a pris la charge des lycées.
Jean-Christophe Tardivon