
Après son discours d'installation, ce vendredi 5 septembre, à Dijon, le nouveau président de la Région Bourgogne-Franche-Comté a réagi à la manifestation de cheminots et précisé notamment pourquoi il comptait insister sur les enjeux de sécurité.
Tout juste élu président du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté (
lire notre article), ce vendredi 5 septembre 2025, à Dijon, Jérôme Durain (PS) a tenu une première conférence de presse en tant que tel dans les bureaux de l'Hôtel de Région.
Si le socialiste a repris des éléments de son discours d'installation, il a apporté également des précisions notamment sur les mouvements au sein des vice-présidences. Extraits choisis.
Réaction à la manifestation de cheminots
Alors qu'une manifestation inter-syndicale a rassemblé, dans le calme, à l'extérieur du bâtiment, quelques dizaines de cheminots qui alertaient sur les conséquences éventuelles pour leurs conditions de travail de l'ouverture à la concurrence du lot Bourgogne ouest-Nivernais (
lire notre article), le nouveau président à tenu à les rassurer.
«C'est un sujet d'exploitation d'une ligne en particulier. D'ailleurs, si on élargit le propos, il y a une inquiétude un peu globale sur le ferroviaire qui combine des sujets sur les lignes de dessertes fines du territoire – les fameuses «petites lignes» pour lesquelles on attend un rapport de l'IGEDD autour du 15 septembre –, des questions sur les guichets, des questions sur l'exploitation et les conditions d'exploitation et, plus précisément, le sort qui sera fait aux personnels dans la nouvelle société qui porte le lot Bourgogne ouest-Nivernais.»
«Courant août, on a rencontré ici même, avec Marie-Guite Dufay [NDLR : alors présidente de la Région] et Michel Neugnot [NDLR : vice-président chargé des transports]s, les cheminots qui ont exprimé leurs craintes sur la situation sociale.»
«Cette situation est couverte par des éléments législatifs – un «sac-à-dos social» qui devrait les protéger –, elle est couverte par des engagements de la SNCF et il y a eu un appel à volontariat pour la constitution des nouvelles équipes. Évidemment, certains vont changer d'affectation, ne savent pas où ils seront, donc ils sont inquiets.»
«J'ai réfuté, avec Michel Neugnot et Marie-Guite Dufay l'idée qu'on avait une régression sociale, une casse du service public puisque l'ouverture à la concurrence – même si la formation politique à laquelle j'appartiens ne l'a pas votée à l'époque –, c'est les lois de la République. Elle s'impose à nous. Elle nous permet d'obtenir de la SNCF et la société dédiée [pour l'exploitation du lot BON] un service qui est amélioré, (…) donc il n'y a pas d'abaissement du service public. On a un meilleur service public : on a 36% de dessertes en plus.»
«Mais, effectivement, pour les agents, ça peut être un motif d'inquiétude. La base de tout ça, c'est Montchanin, parce que c'était un bout de ligne, où un certain nombre de postes sont redéployés ailleurs.»
«C'est un sujet social. On l'a pris en considération. Tout ça est encore en fabrication au sein de la société qui va porter le lot BON. On sera très attentif et on fera sur l'opérateur la pression nécessaire pour que les agents s'y retrouvent autant qu'il est possible.»
«On est en train d'être submergés par le narcotrafic»
Co-auteur – avec le sénateur LR du Rhône Étienne Blanc – de la loi Sortir la France du piège du narcotrafic, promulguée le 13 juin dernier, Jérôme Durain a fait de la sécurité un de ses thèmes de prédilection.
«On a travaillé aussi avec des ministres que sont Bruno Retailleau [à l'Intérieur] et Gérald Darmanin [à la Justice]. J'assume pleinement – et le parti auquel j'appartiens assume pleinement – une nécessaire dimension répressive sur les questions de sécurité.»
«La sécurité est une valeur de gauche parce que c'est un service public pour lequel nous devons exiger des moyens – comme nous le souhaitons pour l'éducation ou pour la santé. C'est un service public qui a été beaucoup abîmé par la droite et Sarkozy, quand même, qui a fait une hémorragie de 12.000 fonctionnaires dans la police. Donc, c'est un service public en tant que tel.»
«C'est une valeur de gauche parce que les principales victimes de l'insécurité, ce sont les plus fragiles, ce sont les plus démunis. C'est dans les quartiers d'habitat populaire que ça se passe. (…) Quand on est de gauche, on est engagé pour défendre les plus modestes.»
«Il y a une dimension répressive parce qu'on est en train d'être submergés par le narcotrafic. Malheureusement, ce qu'on a diagnostiqué, il y a maintenant un peu plus d'un an (…) ne cesse d'être confirmé par le travail que vous faites qui relate, jour après jour, des faits de corruption, des assassinats, des tentatives d'assassinat, des menaces de la corruption sur des agents publics, des saisies qui sont de plus en plus importantes.»
«Ces gens sont en train de prendre le pouvoir. Donc, il faut taper fort ! La loi narcotrafic a prévu un certain nombre de dispositions pour ça. La gauche a toute sa place dans le travail répressif.»
«Une fois que l'on a fait ça, il faut la deuxième jambe qui est celle de la prévention, de l'accompagnement. Moi, comme président de la Région Bourgogne-Franche-Comté, je souhaite que nous puissions prendre toute notre part – dans le cadre des compétences qui sont les nôtres – sur ces sujets de sécurité et de prévention.»
Des changements de vice-président en raison d'«exigences territoriales»
Le nouveau président a procédé à des changements substantiels parmi les vice-présidents. Le Haut-Saônois Éric Houlley (PS) devient premier vice-président. Les Saône-et-Loiriens Laëtitia Martinez (PS) et Bertrand Veau (sans étiquette) ressortent dans les dernières positions protocolaires (
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«C'est le changement dans la continuité. (…) Il faut assumer les résultats électoraux de 2021, le programme que l'on a porté ensemble, l'héritage de Marie-Guite Dufay et apporter une touche personnelle pour compléter, amodier, faire valoir ma personnalité et les intuitions que j'ai et adapter le plan de mandat la réalité politique du moment.»
«On a une modification du tableau des élus qui correspond à des exigences territoriales. Premier vice-président franc-comtois : tout le monde a compris que c'était l'affirmation de la place de la Franche-Comté dans l'exécutif. C'est la même chose pour la deuxième vice-présidente qui est originaire de Besançon [NDLR : Nabia Hakkar-Boyer (PS)]. Il y a dans l'organisation politique quelques signes qui sont donnés aux territoires.»
«Les Saône-et-Loiriens sont sacrifiés. Le président est de Saône-et-Loire donc les deux [vice-présidents] de Saône-et-Loire se retrouvent en queue de peloton. C'est un équilibre territorial, ce n'est pas personnel.»
«Sur les délégations, on sera aussi dans une logique de mouvements réduits. (…) Les évolutions se feront plutôt sur les projets transversaux que j'ai indiqués autour de la méthode, autour de la fierté. J'ai envie qu'on ait un petit peu de transversalité et peut-être moins une logique en silo pour quelques grands projets dont celui de la fierté, qui me paraît extrêmement important.»
«Hicham Boujlilat a de vraies compétences politiques»
Le Nivernais Hicham Boujlilat (PS) a un temps siégé en tant que non-inscrit. En 2022, il avait quitté le groupe Notre Région par cœur après avoir été sanctionné en raison de son opposition à l'ouverture à la concurrence des TER. En 2024, il est revenu au sein de la principale composante de la majorité.
Devenant responsable de l'exécutif régional, Jérôme Durain a dû laisser la présidence de groupe. Hicham Boujlilat lui succède désormais.
«C'est un bon élu. C'est un militant et il a de vraies compétences politiques. C'est très bien payé, président de groupe, mais c'est un sale boulot. Donc je suis très heureux qu'[Hicham Boujlilat] soit président de groupe.»
«Les digressions du Rassemblement national sur SOS Méditerranée, c'est pas possible»
Lors de la session, le Rassemblement national avait déposé un amendement qui a permis à Julien Odoul de s'exprimer comme lors d'un propos liminaire. Jérôme Durain a alors indiqué la nouvelle méthode qu'il comptait faire prévaloir, pouvant aller jusqu'à couper le micro (
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«J'ai crié avant d'avoir mal mais je préfère le dire fort tout de suite pour que les règles du jeu soient connues de tous. Les digressions [du Rassemblement national] sur SOS Méditerranée, «les violeurs étrangers dehors», les migrants à la place de nos gentils apprentis nationaux et le loup et les éoliennes sur tous les dossiers, c'est pas possible. C'est pas le boulot de la Région. Ils ont des tribunes, ils font leurs vœux, leurs motions, c'est de plein droit. Quand on parle des dossiers, on parle des dossiers.»
«À partir de maintenant, c'est nous qui dégainons les premiers. D'une manière générale, je souhaiterais qu'on ne subisse plus à l'avenir et qu'on prenne un peu l'initiative sur tous les sujets. (…) On reste dans le registre de la loi. (...) Les vrais démocrates dans la boutique, c'est quand même plutôt de notre côté qu'il faut les chercher.»
Premier déplacement pour la Franche-Comté
Jérôme Durain a réservé son premier déplacement à la Franche-Comté. Ce samedi, il a prévu de se rendre dans la commune de Levier, dans le Haut-Doubs, pour inaugurer un bâtiment dédié à des activités périscolaires.
«J'ai un joker. Demain, Marie-Guite Dufay sera avec moi donc ce sera un petit symbole de plus avec un passage de témoin sur site. (…) C'est du travail de terrain. (…) C'est du travail d'élu, en Franche-Comté ou en Saône-et-Loire, c'est à peu près la même chose.»
«Quand [les Francs-Comtois] verront que le président de Région a le souci d'un financement qui arrive à bon port, d'un service régional qui est bien assuré, je pense qu'ils se diront ''finalement, il n'est pas Bourguignon, il n'est pas Franc-Comtois, c'est juste un président Région qui fait son travail''.»
Jean-Christophe Tardivon






