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19/05/2025 12:26

RÉGION : Une convention avec le ministère des Armées afin de «bâtir ensemble des filières d'excellence pour la défense»

«Le développement de l'ancrage territorial des armées est un impératif opérationnel, humain et économique», a déclaré le général Arnaud Bourguignon, ce vendredi 16 mai, en session à Dijon.
La Région Bourgogne-Franche-Comté s'engage dans un partenariat avec le ministère des Armées de façon à accompagner les entreprises du territoire pour gagner des marchés publics de la défense. En particulier, il s'agit d'aider les sous-traitants de la filière automobile à s'orienter vers des activités du secteur aéronautique (lire notre article).

Ce vendredi 16 mai 2025, en session à Dijon, Marie-Guite Dufay (PS), présidente de la collectivité, Nicolas Soret (PS), vice-président chargé notamment du développement économique, et le général de brigade aérienne Arnaud Bourguignon, responsable adjoint engagement de la zone de défense et de sécurité est, ont présenté les contours de la convention-cadre de partenariat.

«Le cumul des menaces impose à notre pays d'accroître la capacité de ses armées»


En premier lieu, Nicolas Soret rappelle le contexte géopolitique marqué, en Europe, par la guerre de haute intensité menée par la Fédération de la Russie en Ukraine, et, au niveau mondial, par les nouveaux enjeux militaires que sont le numérique, l'espace ou encore les fonds marins.

«Ces nouveaux enjeux mettent simultanément à l'épreuve nos intérêts politiques, sociaux, économiques, technologiques et énergétiques», expose le vice-président, «ce cumul des menaces impose à notre pays d'accroître la capacité de ses armées et de s'adapter à de nouveaux champs d'affrontement».

La loi de programmation militaire 2024-2030 prévoit une enveloppe de 413 milliards d'euros, soit 40% de plus que la précédente, pour porter l'engagement en matière de défense à 2% du PIB.

«L'enjeu est de produire plus et plus vite», résume le socialiste, «ce qui impose une modernisation des matériels, l'acquisition de nouveaux équipements et beaucoup d'innovation dans les technologies utilisés».

Les entreprises doivent d'abord intégrer la Base des industries et technologies de défense


Avec 25 milliards d'euros d'achats en 2022 – dont 5 milliards d'euros pour des PME et ETI françaises –, le ministère des Armées constitue le premier acheteur public. Les 26.000 entreprises françaises en contrat avec le ministère – dont 550 recensées dans la région en 2020 – ont dû être référencées dans la Base des industries et technologies de défense (BITD).

La convention-cadre régionale est composée de deux volets : développement économique et lien Armée-nation. La Région ne mobilise pas de crédits spécifiques pour cette convention qui sera alimentée par des moyens déjà alloués au développement économique.

Une autre convention concerne l'accompagnement spécifique de la transformation de la base aérienne 116 de Luxeuil-Saint-Sauveur, telle qu'annoncée par Emmanuel Macron, le 18 mars dernier.

«Le développement de l'ancrage territorial des armées est un impératif opérationnel, humain et économique»


Le général de brigade aérienne Arnaud Bourguignon salue «un moment-clé de la coopération entre le ministère des Armées et le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté» avec «une convention qui vient ainsi acter et renforcer le partenariat entre les armées présentes en Bourgogne-Franche-Comté et le conseil régional».

Dès 2023, le ministre Sébastien Lecornu a décidé de «traduire concrètement, dans les territoires, le réinvestissement en faveur de nos armées». Ainsi, «le développement de l'ancrage territorial des armées est un impératif opérationnel, humain et économique».

La présence militaire dans la région


En Bourgogne-Franche-Comté, le ministère des Armées recense 8.600 personnels, avec deux états-majors, six régiments, un camp de manœuvre à Valdahon, un lycée militaire à Autun et une base aérienne près de Luxeuil-les-Bains. 17 conventions locales ont déjà été signées, y compris dans les départements sans présence militaire.

Les sites militaires sont vus comme autant de «pôles d'activités qui irriguent l'économie locale». «Ils génèrent des emplois directs, indirects et induits par la présence des militaires, des civils et de leurs familles. Ce sont aussi des commandes pour les entreprises locales et des opportunités de formation et d'insertion.»

«Bâtir ensemble des filières d'excellence pour la défense et la souveraineté nationale»


Dans les secteurs de l'automobile et du nucléaire notamment, le ministère des Armées constate trouver en Bourgogne-Franche-Comté «des partenaires naturels où les savoir-faire civils et militaires se complètent» en vue de «bâtir ensemble des filières d'excellence pour la défense et la souveraineté nationale».

«La loi de programmation militaire 24-30 traduit la volonté de la France de disposer d'une armée de premier plan, afin de protéger nos concitoyens, en tout temps et en tout lieu», synthétise le général Arnaud Bourguignon, «cette loi est aussi l'occasion pour la région Bourgogne-Franche-Comté de resserrer ses liens avec l'industrie de défense, de développer l'innovation duale et de prendre toute sa place dans les opportunités de marché actuelles».

Le militaire compte sur ces partenariats afin d'«agir ensemble pour le développement économique régional, le dynamisme de l'innovation industrielle [en Bourgogne-Franche-Comté] et notre souveraineté industrielle». «Agir de la sorte, c'est aussi renforcer la compétitivité [des entreprises locales] et leur adaptabilité face aux enjeux d'aujourd'hui et de demain, notamment en matière de transition industrielle, numérique et environnementale.»

«Nous devons offrir un environnement propice à l'épanouissement»

 
Le second volet concerne les conditions de vie des militaires avec l'objectif de favoriser la stabilité familiale en Bourgogne-Franche-Comté. Il intègre des aspects de logements, de gardes d'enfants ou encore d'éducation.

«Nous devons offrir un environnement propice à l'épanouissement», souligne  le général Arnaud Bourguignon, «le soutien de la Région est essentiel pour renforcer cette intégration dans le territoire».

Ce volet traite également de la reconversion professionnelle des militaires de façon à «trouver des perspectives d'emploi à la hauteur de leur engagement et de leurs compétences» et ainsi de «bâtir une carrière [en Bourgogne-Franche-Comté]».

La convention propose également de «soutenir les jeunes de la région dans leur insertion professionnelle, de les sensibiliser aux enjeux de défense et de sécurité, aux métiers des armées, aux opportunités en termes de formation, d'engagement et d'évolution professionnelle».

«Une belle illustration de la République décentralisée, active, protectrice et ambitieuse»


Au cours des débats, Gilles Platret (divers droite) approuve «avec enthousiasme» la convention et évoque même «l’œuvre salutaire qu'a engagé la France pour densifier nos moyens de défense», notamment en cas d'éventuelle «guerre de haute intensité sur le sol national».

François-Xavier Dugourd (LR, NE) alerte sur «les puissances belliqueuses qui nous menacent au quotidien». «Nous devons renforcer les moyens et le soutien que nous apportons aux femmes et aux hommes qui nous défendent, parfois au péril de leur vie. (…) Il est capital de promouvoir l'esprit de défense et d'expliquer les enjeux aux plus jeunes à travers les classes défense.»

Denis Thuriot (REN) relève «les menaces hybrides» qui font que «la souveraineté de notre pays ne peut plus être considérée comme définitivement acquise».

Le soutien d'Emmanuel Macron souligne «l'engagement sans précédent» de la loi de programmation militaire 2024-2030. «À terme, ce sont des emplois qui seront consolidées, voire créés dans nos départements. (…) C'est une belle illustration de la République décentralisée, active, protectrice et ambitieuse.»

«Maintenir l'activité de nos entreprises, oui, pas pour se reconvertir à marche forcée»


Thomas Lutz (RN) critique les politiques menées depuis la présidence de Jacques Chirac en matière de défense : «force est de constater que nous devons reconstituer nos forces armées et opérationnelles».

Par ailleurs, le Doubiste demande que des «entreprises locales» interviennent sur le chantier de transformation de la BA 116.

«Renforcer la souveraineté de défense nationale, oui, mais l'escalade militaire vers la guerre dans le contexte du conflit russo-ukrainien, pour le Rassemblement national, c'est non», déclare Valérie Graby (RN) qui prône «la diplomatie». «Maintenir l'activité de nos entreprises, oui, notamment pour que la filière automobile régionale rebondisse, pas pour se reconvertir à marche forcée.»

Les communistes fustigent «l'économie de guerre»


Encore plus critique, Muriel Ternant (PCF) fait le lien avec «l'économie de guerre décrétée par le président de la République» et déplore, à ce titre, «toutes sortes d'efforts demandés aux Françaises et aux Français» ainsi que la contribution des collectivités territoriales au redressement des comptes publics.

L'élue communiste prend des accents pacifistes en déclarant que «la course à l'armement peut précipiter le monde dans un conflit généralisé au moment la guerre commerciale déclenchée par les États-Unis aggrave les tensions et encourage un nouveau développement des nationalismes violents et expansionnistes».

Regrettant «les politiques libérales qui ont affaibli les armées en fermant massivement les casernes et placé l'appareil productif de défense dans un état de dépendance aux capitaux privés et étrangers», Muriel Ternant indique toutefois «soutenir une armée destinée à la défense nationale, appuyée par une industrie nationale souveraine sous contrôle public et financée par les moyens de l’État».

La «vigilance» des Écologistes


Se souvenant de son service militaire, effectué en 1976, Claude Mercier (LE) prend un ton grave pour regretter que l'agression russe en Ukraine amène à mettre en œuvre la devise latine «Si vis pacem, para bellum» («Si tu veux la paix, prépare la guerre») jusqu'en France.

L'élu écologiste formule des points de vigilance – éventuel «retournement de conjoncture»» lié à la transformation de la BA 116, «l'économie de guerre ne doit pas être une fin en soi» – et des propositions – «s'inscrire résolument dans une approche européenne».

«De nombreuses technologies ont connu un développement dans le monde militaire au préalable»


Claudy Chavelot-Duban (PS) salue «une Région stratège, résolument tournée vers l'avenir, qui anticipe les besoins en compétences et s'engage activement pour accompagner la transformation de la BA 116».

La Haut-Saônoise note l'intérêt pour le BTS aéronautique implanté à Luxeuil-les-Bains avec 500 candidats, certains depuis l'étranger, pour 15 places.

Arnaud Marthey (PS) souligne les évolutions de l'investissement de défense en Allemagne avant de revenir aux enjeux régionaux : «notre région offre un environnement propice à la diversification de nos entreprises dans le secteur de la défense».

«L'investissement dans l'innovation privée va bénéficier aux dépenses militaires», note le socialiste à propos de l'innovation duale, «l'augmentation des dépenses militaires stimule la recherche». «De nombreuses technologies qu'on utilise aujourd'hui – GPS, Internet, semi-conducteurs... – ont connu un développement dans le monde militaire au préalable.»

Tous les groupes approuvent la convention sauf les communistes


Au moment du vote, Marie-Guite Dufay applaudit «un travail partenarial, au bénéfice de notre armée, de notre économie et de notre pays». À l'exception des communistes qui s'abstiennent, tous les autres groupes – RN et Écologistes compris – approuvent la convention passée entre le ministère des Armées et la Région Bourgogne-Franche-Comté.

Le 5 juin prochain, 400 acteurs régionaux sont attendus à un événement organisé sur le site du Ier régiment d'artillerie de Bourogne, dans le Territoire de Belfort, pour rencontrer les donneurs d'ordre de la Base des industries et technologies de défense.

Jean-Christophe Tardivon

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