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09/06/2021 23:21

RÉGIONALES : Le débat télévisé du premier tour avec France 3 Bourgogne-Franche-Comté

Ce mercredi 9 juin, France 3 a réuni les sept têtes de liste sur un même plateau pour confronter leurs propositions et même envisager les alliances potentielles en vue du second tour.
Une émission pour souligner les différences entre les candidats tel était l'enjeu du grand débat organisé par France 3 Bourgogne-Franche-Comté ce mercredi 9 juin 2021.

Un débat grand par le lieu : l'auditorium du Palais des congrès a été transformé en plateau de télévision pour respecter les distances entre les participants, les cadreurs et les présentateurs. Ce sont les journalistes de France Bourgogne-Franche-Comté Elsa Bezin et Jérémy Chevreuil qui ont animé le rendez-vous avec le renfort de Thomas Nougaillon, journaliste de France Bleu Bourgogne.

Grand par le format : une heure trente pour laisser à chacun des sept prétendants la possibilité de s'exprimer. Par ordre alphabétique, Marie-Guite Dufay (PS), Bastien Faudot (GRS), Stéphanie Modde (EELV), Julien Odoul (RN), Gilles Platret (LR), Claire Rocher (LO) et Denis Thuriot (LREM) ont répondu présents.

Grand par le contexte : toutes les rédactions locales de France 3 se sont mobilisées le même jour dans l'ensemble de la France pour organiser des débats régionaux diffusés en replay sur Youtube et sur la TNT.

«France 3 crée l’événement»


Jeunesse, économie et transition écologique sont au programme. «Il faut que les candidats montrent leur différences sur les trois thèmes», explique Jean-Philippe Tranvouez, rédacteur en chef de l'antenne Bourgogne, quelques instants avant le début de l'enregistrement (lire notre article).

«France 3 crée l’événement», lance Elsa Bezin en prenant la parole tandis que Jérémy Chevreul présentent les candidats tour à tour alors que le débat commence dans une ambiance tendue.

Bastien Faudot a rangé ses notes dans une pochette rouge. Marie-Guite Dufay apparaît avec une pochette verte ostensiblement posée sur son pupitre. Un clin d’œil aux écologistes ? En sortant du plateau, la candidate assurera que c'est un choix dû au hasard.

Présentations


Le tirage au sort a donné la primeur à Gilles Platret. Lors du temps d'expression libre, le candidat soutenu notamment par les Républicains, indique qu'il souhaite «redonner de la fierté à la Bourgogne et à la Franche-Comté» et «rapprocher la Région des citoyens».

Claire Rocher, candidate de Lutte Ouvrière, lui emboîte le pas sur un registre très différent. Attentive à ses notes, elle cible «les notables» et «une minorité de politiciens», incitant «ceux qui [font] fonctionner cette société» à se battre «face à une classe dirigeante qui veut nous faire payer cette crise».

Candidate du pôle écologiste, Stéphanie Modde plonge dans ses notes et assure qu'il est «nécessaire d'avoir un programme écologistes ambitieux». Elle ciblera plusieurs fois Emmanuel Macron durant le débat et met d'emblée en avant la présence sur sa liste – dans la section de l'Yonne – de Victor Costa, ayant pris part aux travaux de la Convention citoyenne sur le climat et déçu des suites données par la majorité présidentielle.

La présidente sortante met l'accent sur «l'innovation pour sortir de cette crise». Face à la pandémie et à ses conséquences économiques, «ce n'est pas le moment de quitter le cap», signale-t-elle. Marie-Guite Dufay entend concilier «développement des territoires ruraux» et «développement des villes».

Avec le Temps des cerises, Bastien Faudot annonce «le retour du printemps» et entend «envoyer un signal fort au cœur de la gauche» afin de «remettre l'humain au cœur de l'ensemble des politiques publiques de Bourgogne-Franche-Comté».

Étonnamment, Julien Odoul commence son propos en soulignant un point positif du rapprochement des conseils régionaux de Bourgogne et de Franche-Comté en 2015 : «la fusion a réussi à me faire aimer la Franche-Comté». Julien Odoul se dit «seul en capacité à mettre un terme à 17 ans de gestion socialiste».

Le  candidat du Rassemblement National entend «protéger les oubliés, les déclassés, les méprisés» en citant les ouvriers, les salariés précaires, les agriculteurs et les commerçants. Durant le débat, Gilles Platret sera le seul à l'interpeller directement sur les propos que Libération lui prête concernant le suicide des agriculteurs. Julien Odoul ne répondra pas et tâchera d'apparaître sobre dans ses interventions.

Candidat de la majorité présidentielle, Denis Thuriot fait d'emblée l'éloge de la réponse de l’État durant la crise sanitaire avant de se revendiquer «candidat de tous les territoires» proposant que «la Région [soit] plus présente, à une heure de chacun».

Les propositions pour les jeunes


Les candidats encore un rien compassés, la thématique de la jeunesse est propice à l'ouverture d'un catalogue de mesures. La présidente sortante propose d'investir massivement pour les lycées et de construire de nouveaux outils pédagogiques accompagnant élèves et étudiants dans leur orientation professionnelle, de lutter contre la précarité menstruelle, de développer une plate-forme régionale des stages, d'accompagner les décrocheurs avec les écoles de la production ou les écoles de la deuxième chance et d'offrir 24 déplacements par an qui seraient ajouté à la carte Avantages Jeunes.

Gilles Platret propose de créer un conseil régional des jeunes pour «épauler les élus», de développer la vidéoprotection dans les lycées – avec une référence directe à Laurent Wauquiez, seule personnalité politique à être convoquée dans le débat en dehors du président de la République – et de permettre l'accès au équipements sportifs des lycées en dehors des heures de cours.

Bastien Faudot propose la création de 6.000 «emplois jeunes», que la Région garantisse des emprunts et offre la gratuité des transports – une mesure estimée à 25 millions d'euros – cela afin de «sortir de l'assignation à résidence» en zone rurale notamment faute de moyens de mobilité.

Constatant qu'un jeune sur cinq habitant en Bourgogne-Franche-Comté est en situation de précarité, Denis Thuriot propose de créer un fonds afin de financer un «équivalent du RSA» de 500 euros pour les moins de 25 ans, de prêter 10.000 euros sans intérêt sur 30 ans, de doubler le pass culture de l’État, de mobiliser des logements d'urgence dans les résidences universitaires, de développer le SNU «partout» et d'accompagner les jeunes agriculteurs dans leur installation.

Pour sa part, Claire Rocher considère que «les jeunes [sont] laissés pour compte dans notre société» car «les classes dirigeantes ne sont pas prêtes à investir dans l'éducation».

Estimant que «la jeunesse est un investissement, pas un coût», Stéphanie Modde annonce vouloir aller à la rencontre des associations qui existent et instaurer «un revenu minimum pour les jeunes en précarité».

Les thèmes du débat permettant difficilement d'aborder les enjeux de sécurité, Julien Odoul choisit de superposer cette problématique nationale à séquence sur la jeunesse. «Toutes les mesures que je viens d'entendre seront inefficaces si les Bourguignons et Francs-Comtois ne sont pas en sécurité», lance-t-il avant de développer ses propositions (lire notre article).

Claire Rocher et Julien Odoul s'expriment sur l'économie


Sur le thème de l'économie, les candidats présents aux auditions du MEDEF Bourgogne-Franche-Comté reprendront des propos similaires (lire nos articles).

Pour sa part, Claire Rocher estime qu'il s'agit de «partager le gâteau de l'argent public entre différentes couches de la bourgeoisie». Bastien Faudot tente d'attirer l'attention en parlant de «nationalisation» mais la candidate communiste poursuit imperturbablement en alertant sur le risque d'un «krach boursier».

Dans un registre proche, Julien Odoul considère que «les plans sociaux sont le résultat des politiques de rentabilité qui ont été menées» et propose la création d'un fonds souverain régional de 100 millions d'euros pour intervenir auprès des entreprises menacées et soutenir les entreprises d'avenir.

La question de l'écotaxe


La thématique de l'environnement se polarisera autour de l'écotaxe et des éoliennes. Julien Odoul demandant un «moratoire» voire un «démantèlement» des aérogénérateurs. «L'éolien, c'est fini», selon Gilles Platret qui mise sur l'énergie nucléaire. Cela fera réagir Stéphanie Modde sur le coût de l'EPR passé «de trois milliards à 20 milliards» au niveau national.

Quant à elle, Marie-Guite Dufay met l'accent sur les économies d'énergie, les énergies renouvelables et la fin des trains à moteur Diesel.

Bastien Faudot consomme une large partie de son temps pour expliquer la pertinence de développer une écotaxe afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en créant une nouvelle recette.

«Lui c'est l'impôt, moi c'est l'ouverture à la concurrence», lancera Gilles Platret en écho. Bastien Faudot défendra effectivement «le maintien du service public ferroviaire» dans un clin d’œil appuyé à la CGT et au PCF qui ont interrogé cette semaine les candidats à ce sujet dans des courriers.

Claire Rocher renvoie tout le monde dos à dos en évoquant «des solutions réformistes ridicules» tandis que Julien Odoul raille «les marqueurs idéologiques de la gauche éternelle : toujours plus d'impôts».

Quelles alliances pour le second tour ?


Vient le temps des intentions de vote et de leur cortège de sondages. France 3 publie le premier sondage d'un média mais avec une seule hypothèse de configuration au second tour, favorable à Marie-Guite Dufay qui l'emporterait même dans une quadrangulaire face à Julien Odoul, Gilles Platret et Denis Thuriot.

Si Julien Odoul tend la main aux électeurs des Républicains, Gilles Platret la refuse. Pressé de question sur les alliances de second tour, «je saurai me montrer intelligent», répond Denis Thuriot, rejetant cependant toute alliance avec «la droite souverainiste» et voyant dans le Rassemblement National un danger pour la République.

«C'est la gauche rassemblée qui est le rempart contre le Rassemblement National», répond Marie-Guite Dufay, le verbe haut. Une hypothèse qui inclut les écologistes et Bastien Faudot. «S'il y a un bloc de l'ensemble de la gauche et des écologistes alors on pourra maintenir cette région dans un objectif de progrès», analyse celui-ci. «Nous souhaitons que la Région reste à gauche», renchérit Stéphanie Modde pour qui le soutien de la présidente sortante à Emmanuel Macron en 2017 fait partie du passé : «ce qui compte, c'est les engagements qui seront pris actuellement».

Lors des interventions de conclusion, chaque candidat prendra soin de revenir dans son couloir. Au sortir de l'enregistrement, deux personnalités apparaissent véritablement souriantes et détendues : Marie-Guite Dufay et Gilles Platret.

Alors que Gilles Platret et Julien Odoul ont pris soin de lisser leur image, tandis que Denis Thuriot était attaqué de toutes parts, c'est finalement Marie-Guite Dufay qui apparaît renforcée après ce débat. Un rendez-vous de grande qualité, sans pugilat verbal, où chacun a pu présenter des propositions tout en campant sur ses positions à l'approche du premier tour.

Jean-Christophe Tardivon

Le débat en replay






Denis Thuriot



Bastien Faudot



Stéphanie Modde



Gilles Platret



Claire Rocher



Marie-Guite Dufay



Julien Odoul