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01/06/2021 18:29
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RÉGIONALES : Le MEDEF auditionne des candidats sur les enjeux économiques

Cinq des sept candidats aux élections régionales ont été auditionnés par le syndicat patronal les 25 et 26 mai derniers. Attractivité du territoire, développement des infrastructures, place accordée au monde de l'entreprise dans les instances de concertation ont fait partie des questions posées aux candidats.
Fort de l'activité et des emplois qu'ils représentent, les entrepreneurs comptent bien se faire entendre dans les débats autour des élections régionales des 20 et 27 juin prochains.

Pour cela, le MEDEF a demandé aux structures territoriales d'organiser des «auditions» de candidats. Ce fut donc le cas les 25 et 26 mai à la Maison des Entreprises à Dijon. Le MEDEF Bourgogne-Franche-Comté a reçu cinq des sept têtes de liste de la région.

«Une région qui souffrait économiquement avant la crise»


Les auditions ont été préparées par Jean-Philippe Richard, président du MEDEF Bourgogne-Franche-Comté, entouré de deux administrateurs, membres de la commission Économie du syndicat patronal, Jean-Pierre Deramecourt et Didier Michel.


Un «livre bleu» recensant les attentes économiques des quatorze branches professionnelles et des cinq MEDEF territoriaux a été réalisé en interne et rédigé par Patrice Bouillot, intervenant modérant également les auditions.

En Bourgogne-Franche-Comté, les différentes composantes du MEDEF totalisent environ 70.000 emplois. 90% des adhérents du syndicat patronal correspondent à des entreprises de moins de 50 salariés.

«La Bourgogne-Franche-Comté a subi de plein fouet les dommages économiques liés à la pandémie, au même titre que les autres régions», se souvient Jean-Philippe Richard qui salue «la réactivité du conseil régional par rapport à la mise en place du plan d'urgence en ayant mobilisé 84 millions d'euros pour aider les entreprises».

Le PIB de la Bourgogne-Franche-Comté représente 78 milliards d'euros. «C'est une région qui souffrait économiquement avant la crise même si elle commençait à se relever», indique Jean-Pierre Deramecourt avec un taux de chômage inférieur à la moyenne nationale et un niveau de création d'entreprises quelque peu supérieur.

«Les enjeux sont pour maintenant», envisage Jean-Pierre Deramecourt dans le cadre des plans de relance en cours de déploiement : «comment la Région va être en mesure de bien s'organiser pour bénéficier de cette relance ?  (…) L'institution régionale doit être là pour organiser mais le collectif des entreprise de la région doit se positionner le plus efficacement possible pour la relance».

Pour sa part, Jean-Philippe Richard souligne «la parfaite coordination par rapport au déploiement des plans de relance entre les institutions et les partenaires sociaux et patronaux dans le cadre du comité du suivi du plan de relance» se tenant deux fois par mois depuis juin 2020, coprésidé par le préfet de région et la présidente de Région.

«Il faut être à l'écoute du monde des entreprises»


Selon Jean-Pierre Deramecourt, «le MEDEF souhaite que les organismes publics, étatiques, régionaux s'appuient sur les entreprises pour une bonne utilisation de cet argent, il ne faut pas que ce soit une utilisation politique. (…) Il faut être à l'écoute du monde des entreprises pour la bonne utilisation». Une écoute permettant d'éviter des conditionnalités en lien avec les créations d'emplois ou le développement durable qui indisposent les entrepreneurs.

«Tout le monde comprend qu'il y a intérêt à investir vers l'innovation, vers le développement durable, autour de l'économie verte. Mettre des conditions, des contreparties, rend le processus très administré», regrette Jean-Pierre Deramecourt. «On a tous l'expérience que les sommes considérables des fonds européens traînent à être utilisés parce qu'il y a des contraintes administratives», ajoute-t-il.

Dans le cadre du plan de relance, le conseil régional a mis en place une charte liée à son utilisation que le MEDEF Bourgogne-Franche-Comté n'a pas signé. De ce fait, le MEDEF s'est retrouvé banni du comité régional du plan de relance et demande aujourd'hui a retrouvé une place dans la concertation.

«Il faut que la Région sollicite davantage les entreprises pour être plus présentes en amont des décisions», prône Jean-Pierre Deramecourt qui déplore que la participation des chefs d'entreprise se fasse via l'Agence Économique Régionale, «un strapontin».

«L'idée est de rendre attractive notre belle région»


Le syndicat patronal attend des candidats qu'ils se positionnent sur les enjeux que sont l'attractivité du territoire, le développement des infrastructures de mobilités ou d'échanges numériques notamment.

«L'idée est de rendre attractive notre belle région pour inciter les jeunes, pour inciter à entreprendre et à attirer de nouveaux talents. (…) Il faut que chaque entrepreneur, quelque soit son endroit géographique, puisse avoir la même chance», insiste Jean-Philippe Richard.

Avec des TGV, avions, équipements numériques, écoles, universités, formations...  «les entreprises se développent beaucoup plus facilement», souligne Jean-Pierre Deramecourt, ajoutant que «les politiques régionales sont là au service de cette attractivité».

«Le MEDEF est là pour éclairer le monde de l'entreprise»


Le syndicat patronal aborde ces auditions avec un principe d'équité entre les candidats. Claire Rocher pour Lutte Ouvrière n'a pas répondu à la sollicitation. Le format retenu ne convenait pas à Julien Odoul pour le Rassemblement National. «Les absents ont toujours tort», tacle Jean-Philippe Richard.

Dans les grandes lignes, les mêmes questions sont prévues pour chacun des candidats. Les membres de la commission Économie prennent de la distance par rapport aux propos de campagne : «il y a toujours un discours et un principe de réalité. (...) La Région a des rôles qu'il faut bien assumer. (…) On voit que certaines différences sont marginales, voire symboliques», glisse Didier Michel.

Jean-Pierre Deramecourt souligne ses attentes en terme de méthode : «la façon de décider est importante, qu'ils travaillent avec le monde de l'entreprise, qu'ils ne considèrent pas le monde de l'entreprise comme faisant des choix suspects».

En fonction de quoi, «le MEDEF est là pour éclairer le monde de l'entreprise : voilà comment considère chaque candidat le monde de l'entreprise. Certains voient l'entreprise comme une menace, d'autres sont plus à l'aise», ajoute-t-il. «Le candidat qui sera élu pourra s'appuyer sur le dynamisme et la résilience des chefs d'entreprise mais il faut que la parole puisse aller dans les deux sens», abonde Jean-Philippe Richard.

Les auditions dans les grandes lignes


Premier à être reçu le mardi 25 mai 2021, le candidat de l'union de la droite et du centre, Gilles Platret délivrera une prestation solide, apparaissant particulièrement préparé à cette audition, en faisant ainsi un enjeu important. Il insistera sur ses propositions à destination des PME, des artisans, des commerçants et des créateurs d'entreprise tout en se proclamant «libéral» et «adversaire de l'impôt».

Lui succédera le même soir la présidente sortante. Marie-Guite Dufay apparaîtra parfois désinvolte, arrivant apparemment sans préparation et brandissant principalement son bilan. Des cinq candidats auditionnés, elle sera la seule ne faisant pas explicitement référence au «livre bleu», ce qui sera perçu comme un manque de respect par les personnes de l'assistance. Cependant, la candidate soulignera son intérêt pour les grandes sociétés, notamment industrielles, et pour les créateurs d'entreprise.

Le mercredi 26 mai, le candidat de la majorité présidentielle, Denis Thuriot, sera accueilli par le tutoiement de Jean-Philippe Richard. Celui-ci a été président du MEDEF Nièvre, il connaît donc bien le maire de Nevers. Apparemment à l'aise, l'avocat de profession s'exprimera à très haut débit, tendant à niveler les propositions les unes par rapport aux autres. Le candidat indiquera vouloir «s'inspirer du monde de l'entreprise» pour la gestion de la collectivité et mettra en avant le soutien aux «industries innovantes» en lien avec la mobilisation des crédits du plan de relance national.

Stéphanie Modde sera la seule à croiser des concurrents. Dans un esprit républicain, elle sera saluée à son arrivée par Denis Thuriot puis, à son départ, par Bastien Faudot. Chacun s'enquérant de l'état de santé de celle qui doit actuellement se déplacer en fauteuil roulant depuis un accident de vélo.

La candidate des écologistes insistera sur son intérêt pour le monde de l'entreprise afin de développer des innovations en lien avec la transition écologique. Elle tentera également de rassurer ses interlocuteurs en évoquant des conditionnalités environnementales pouvant être mises en place «en cours de mandat» et à même de favoriser les entreprises locales face aux sociétés lointaines.

Le candidat de la gauche radicale, Bastien Faudot, jouera lui aussi le jeu de l'audition. Sans grand espoir de convaincre des libéraux, même en prenant des accents gaulliens pour justifier des nationalisations liées à la souveraineté énergétique, il fera de l'audition une tribune pour un message pouvant être repris en format numérique. Pour autant, un respect mutuel marquera l'audition, l'assistance appréciant la référence au «livre bleu».

Les deux soirées ont été suivies par une soixantaine de personnes, réparties à moitié dans la salle dijonnaise et à moitié devant la diffusion numérique en direct. Les vidéos sont accessibles en ligne.

Jean-Christophe Tardivon

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