> Bourgogne - Franche-Comté > Bourgogne - Franche-Comté
21/06/2021 19:41

RÉGIONALES : Les écologistes décrochent huit places sur la liste de Marie-Guite Dufay

Les négociations ont duré toute la nuit. Six membres d'Europe Écologie Les Verts, une de Génération Écologie et une de Cap Écologie rejoignent en position éligible la liste soutenue par le PS, le PCF et le PRG-Centre gauche. L'accord en vue du second tour a été officialisé ce lundi 21 juin à Dijon par Marie-Guite Dufay et Stéphanie Modde.
 Actualisé avec les positions sur la liste fusionnée.
Un accord pour «passer à la vitesse supérieure» sur la question de la transition écologique menée par le futur conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. C'est ainsi que Stéphanie Modde (EELV) et Marie-Guite Dufay (PS) ont présenté ce lundi 21 juin 2021 à Dijon leur alliance dans le cadre du second tour des élections régionales en Bourgogne-Franche-Comté.

Les deux têtes de listes l'avaient indiqué dès les premiers résultats ce dimanche 20 juin au soir : un «rassemblement» de la gauche et des écologistes sans les Marcheurs. Cela a été confirmé par un communiqué de Denis Thuriot annonçant se maintenir (lire le communiqué) et précisé par cette conférence de presse.

Stéphanie Modde quatrième sur la section de Côte-d'Or


Ayant dépassé les 10%, Stéphanie Modde pouvait maintenir sa liste qui regroupait déjà plusieurs partis de l'écologie politique. Aspirant à un rassemblement plus large, la candidate a fait le choix de rejoindre Marie-Guite Dufay.

Onze places seront octroyées aux écologistes parmi les 116 colistiers de la présidente sortante, neuf pour des membres d'Europe Écologie Les Verts, une pour Génération Écologie et une pour Cap Écologie. Sur ces onze, huit sont en position éligible.

Actualisé le 23 juin avec les positions sur la liste fusionnée :

Les nouveaux colistiers se répartissent ainsi dans les sections départementales : Stéphanie Modde (EELV) et Aurore Lagneau (GE) sont quatrième et sixième en Côte-d'Or, Claude Mercier (EELV) et Amandine Rapenne (CE) sont huitième et neuvième dans le Doubs, Sarah Persil (EELV) est quatrième dans le Jura, Nathalie Charvy (EELV) est sixième dans la Nièvre, Marie-Claire Thomas (EELV) est quatrième en Haute-Saône, Claire Mallard (EELV) et Dominique Cornet (EELV) sont sixième et dix-septième en Saône-et-Loire, Mathieu Bittoun (EELV) est septième dans l'Yonne et Eric Oternaud (EELV) est deuxième dans le Territoire de Belfort.

«C'est la gauche qui est le rempart au Rassemblement National»


L'approche d'une quadrangulaire, inquiète la candidate, sa nouvelle alliée et les deux équipes de campagne. Marie-Guite Dufay considère qu'en se maintenant Denis Thuriot joue «les apprentis-sorciers». «Objectivement, dans cette région, c'est la gauche qui est le rempart au Rassemblement National», martèle la socialiste.

Invitant à «ne pas confondre les scrutins nationaux et les scrutins régionaux», Marie-Guite Dufay signale ne pas «regretter» avoir appelé à voter pour Emmanuel Macron dès le premier tour de la présidentielle de 2017 tout en faisant aujourd'hui un inventaire dans les politiques conduites, certaines étant vues favorablement, comme la formation, d'autres défavorablement comme la transition écologique. «La convention citoyenne sur le climat a été vidée d'une partie de ces acquis», selon la socialiste.

La présidente sortante prend pour exemple les énergies renouvelables où la publication d'un décret sur le tarif de rachat de l'électricité issue des panneaux photovoltaïques des agriculteurs est en attente de publication ainsi que la suppression de postes au sein de l'Office National des Forêts.

«Les derniers arbitrages de la PAC démontrent des choix que je ne partage absolument pas», déclare Marie-Guite Dufay qui partage son inquiétude concerne l'élevage allaitant et la filière bio.

Se lançant sans les Marcheurs, la socialiste prend le contre-pied de l'approche politique d'Emmanuel Macron : «les valeurs ne sont pas en décomposition, il y a des valeurs de droite, il y a des valeurs de gauche».

«Une Région de gauche, ce n'est pas la même chose qu'une Région de droite. Une Région de gauche, c'est une Région qui protège le pouvoir d'achat des gens, on l'a montré. C'est une Région qui fait de l'innovation en matière pédagogique pour aider chacun à rebondir à partir de situation difficile à travers la formation. Une Région de gauche, c'est une Région qui innove aussi sur le plan associatif. Le tissu associatif pour maintenir la cohésion sociale est très important», explique-t-elle.

«Les engagements ont été tenus»


Dans le cadre d'«une crise démocratique qui est très forte», «le fait d'avoir un discours clair, cohérent, de tenir ses engagements, c'est très important», explique Marie-Guite Dufay à propos de son résultat supérieur au pronostic des sondages (lire notre édito).

Dans le champ de l'emploi, de la formation, de l'aménagement du territoire, «les engagements ont été tenus», assure la présidente sortante qui indique ainsi vouloir continuer à brandir son bilan comme argument de campagne en vue du second tour.

En plus du bilan, plusieurs «piliers» seront mis en avant pour convaincre les électeurs : la «Région sociale et solidaire» - faisant de «la question de la sécurité professionnelle un sujet de détermination absolue» - avec notamment «le dialogue social renforcé» - se trouvant «au cœur de l'alliance avec les communistes» - et la transition écologique vue comme l'«épine dorsale» des politiques publiques déjà conduites précédemment.

La présidente sortante rappelle l'enjeu qui s'est noué autour de la définition du schéma d'aménagement du territoire (le SRADDET) lors de la mandature précédente avec le principe du «zéro artificialisation des sols» qui a braqué les groupes d'opposition. Plus récemment, la loi Climat a acté cet objectif au niveau national pour 2050.

«On veut lutter contre les zones commerciales à l'extérieur des villes et des bourgs parce qu'on veut redynamiser le commerce des bourgs centres», explique Marie-Guite Dufay. «J'ai été accusé de liberticide» mais «il y a des choses qu'on ne peut plus faire», ajoute-t-elle.

Anticipant les critiques concernant de nouvelles contraintes, la candidate insiste sur son souhait d'«embarquer tout le monde» pour réaliser des «transitions» et même des «ruptures». Pour cela, Marie-Guite Dufay compte sur une «tradition de dialogue très fort».

«Le risque pris par Denis Thuriot par rapport au Rassemblement National est lourd»


Pour sa part Évelyne Ternant, référente régionale du Parti Communiste Français en Bourgogne-Franche-Comté, considère que les partis politiques sont en face d'une «sécession civique» et se trouver devant «crise politique et démocratique gravissime».

La communiste applaudit l'accord conduisant à «une clarification politique qui montre clairement la distance de En Marche par rapport aux forces de gauche» et met, elle aussi, en avant les questions d'emploi et de formation.

À ses yeux, la liste de «proximité» avec le «mouvement social» est renforcée par une «sensibilité écologiste».

«Le risque pris par Denis Thuriot par rapport au Rassemblement National est lourd», déclare Évelyne Ternant à quelques jours du second tour, «sa responsabilité est engagée lorsqu'on prétend être un adversaire du Rassemblement National».

«Il faut absolument que cette Région reste à gauche», insiste la communiste pour «apporter la protection sociale, la protection écologique et la transformation des logiques dominantes dans les thèmes aussi importants de l'emploi et de l'égalité territoriale».

Un «sabotage électoral»


À son tour, Patrick Molinoz, délégué général du PRG-Centre gauche, dénonce un «sabotage électoral» en raison des problèmes dans l'acheminement des professions de foi. Le radical fait peser la responsabilité sur le ministre de l'Intérieur : «c'est de l'amateurisme, au mieux».

Le maintien de Denis Thuriot au second tour lui apparaît «iconoclaste» : «le président de la République se présente comme un rempart à l'extrême-droite et, en même temps, [Denis Thuriot] prendrait le risque de ramener l'extrême-droite en tête. Soit il est certain qu'on va gagner et qu'il le dise, ou il y a un risque et il est en contradiction complète avec le président de la République».

Un accord «en-deçà» des attentes


Dernière à prendre la parole, Stéphanie Modde concède que l'accord avec Marie-Guite Dufay est «en-deçà de ce que nous pouvions espérer» mais, néanmoins, met en avant les engagements sur la transition écologique, l'agriculture paysanne, la filière bio, la biodiversité et l'état des forêts.

La nouvelle colistière de Marie-Guite Dufay insiste sur le parc national des forêts - en partie en Bourgogne-Franche-Comté, en partie en Grand Est - vu comme un «poumon vert» et le symbole de «la douceur de la qualité de vie en Bourgogne-Franche-Comté».

L'écologiste rappelle à quel point la phrase d'Emmanuel Macron sur les emplois de l'autre côté de la rue l'a faite bondir : «il ne suffit pas de traverser la rue, il faut prendre la personne dans son ensemble». Les enjeux de formation professionnelle apparaissent donc pleinement partagés par les différentes composantes de la nouvelle liste (lire notre article).

Marie-Guite Dufay signale ainsi le dispositif «former plutôt que chômer» expérimenté en 2008 en régions et généralisé par l'Etat en 2020. Ce qui permet à la candidate de mettre en avant les «contreparties aux aides publiques» qui seront demandées aux entreprises bénéficiaires avec des critères sociaux et environnementaux.

Sur le volet agricole, Stéphanie Modde souligner le «levier important» dont dispose la Région avec la restauration collective dans les lycées pour «passer à la vitesse supérieure» et ainsi «contractualiser davantage et développer la filière biologique».

La filière nucléaire, des «compétences techniques» pour l'industrie du futur


Interrogée par Infos Dijon sur la filière nucléaire, Stéphanie Modde concède «un point de désaccord» avec les communistes. «Il n'y a pas, pour ces sujets-là, d'engagement des uns et des autres d'être tenus par la procédure budgétaire», constate pour sa part Marie-Guite Dufay qui préfère voir «l'immensité des choses que nous avons à traiter ensemble à travers les compétences qui sont les nôtres, au niveau de l'aménagement du territoire, au niveau des lycées, au niveau de la formation, c'est quand même ça qui nous a d'abord mobilisés».

«On est sur des turbines, on est sur des cuves», réagit Stéphanie Modde, «on est sur des technologies qui peuvent être transférables avec des compétences très techniques qu'il faut garder de toutes façons pour l'industrie du futur». L'écologiste renvoie effectivement à des «arbitrages nationaux» concernant la production d'énergie d'origine nucléaire et préfère souligner la place de l'éolien et l'évolution du mix énergétique prise dans les échanges avec les communistes.

«Je ne fais pas de différence entre la Bourgogne et la Franche-Comté»


Alors qu'une large proportion de ses voix sont venues de la Franche-Comté, la candidate n'envisage pas d'adresser de message particulier aux Bourguignons en vue du second tour.

«Je ne fais pas de différence entre la Bourgogne et la Franche-Comté. Le message, c'est tenir ses engagements. Nous les avons tenus pendant tout le mandat. Ceux que nous prenons, qui sont forts, en matière de développement social comme en matière de transition écologique, nous les tiendrons. C'est un message de détermination de faire de la politique l'art, non seulement, de concilier tous les intérêts individuels au service de l'intérêt général, et de transformer la vie des gens. (…) Nous avons des leviers dans cette Région pour pouvoir changer», développe-t-elle.

L'alliance étant effectuée, la campagne reprend. À ce jour, il n'est pas prévu de nouveau meeting comme celui du premier tour à Dijon (lire notre article). En revanche, l'équipe envisage une campagne de «contact» avec des actions de porte-à-porte ainsi que des opérations ciblées portant sur les compétences de la collectivité.

Jean-Christophe Tardivon

Stéphanie Modde précise les contours de l'accord avec Marie-Guite Dufay