Recherche
Pour nous joindre
redaction.infosdijon@gmail.com
SMS au 07.86.17.77.12
> Bourgogne - Franche-Comté > Bourgogne - Franche-Comté
01/04/2021 03:26
5326 lectures

RÉGIONALES : «Macron, c'est le capitaine du Titanic qui fonce tout droit vers l'iceberg», ironise Julien Bayou

Lui-même candidat aux élections régionales en Île-de-France, le secrétaire national d'Europe Écologie Les Verts a participé à une visioconférence de soutien des têtes de liste, dont Stéphanie Modde en Bourgogne-Franche-Comté, ce mercredi 31 mars.
Promis, juré ! Les Verts ne pensent pas encore à la présidentielle de 2022 et se concentrent sur les élections régionales. Promis, juré ! Les Verts professent le rassemblement de l'écologie politique et de la gauche sans volonté hégémonique.

C'est ce qui a été martelé tout au long d'une visioconférence de presse ce mercredi 31 mars 2021 dont le but était de présenter l'ensemble des têtes de liste issues ou soutenues par Europe Écologie Les Verts. La réunion numérique a été animée par Sandra Regol, assistée de Jérémie Lordanoff, cosecrétaires nationaux adjoints du parti historique de l'écologie politique.


«Face à ce gouvernement qui n'agit pas, les écologistes agissent», lance Sandra Regol pour donner le ton des échanges. Les villes prises lors des municipales sont censées montrer «comment on est capable à cette échelle de faire ce que ceux qui sont au pouvoir ne font pas».

Reprise des propositions de la Convention citoyenne pour le climat


L'ordre alphabétique amène Julien Bayou à prendre la parole en premier pour l’Île-de-France. Dans son programme, le candidat proposera notamment une alternative végétarienne quotidienne, un soutien à l'agriculture locale et à l'agroécologie.

Dans les Hauts de France, la députée européenne Karima Delli se lance avec le soutien de La France Insoumise et le slogan «tout pour le climat, tout pour l'emploi». La candidate se dit «déterminée à vraiment changer la vie des Français dans chaque territoire de la république». «Les propositions de la Convention citoyenne pour le climat, nous les reprendrons et les réaliseront concrètement», annonce-t-elle. Karima Delli a l'objectif de «passer la moitié des installations agricoles en agroécologie, (…) pour produire des produits accessibles à tout le monde y compris pour les classes populaires».

En Bretagne, la tête de liste est Claire Desmares-Poirrier qui s'est associée aux fédéralistes avec l'objectif de prendre la région à Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères d'Emmanuel Macron – en fonction depuis le 17 mai 2017 – dont la majorité se déchire. Claire Desmares-Poirrier ambitionne de «réconcilier les Beretonnes et les Bretons avec leur modèle agricole et activer un levier social» avec la «sécurité sociale alimentaire» pour «changer le rapport aux aides publiques dont bénéficient les agriculteurs en passant par les consommateurs».

Jean-Laurent Félizia se lance en Provence-Alpes-Côte-d'Azur et souligne les problématiques liées à un grand nombre d'habitants (5 millions de personnes, 3ème région touristique de France) et aux catastrophes naturelles. Il projette un «accompagnement dans la transition écologie».

La région Centre Val de Loire voit la candidature de Charles Fournier qui propose des contrats de conversion de filière pour des transformations totales ou partielles de l'industrie. Le candidat envisage aussi la création de «manufactures de territoire» pour relocaliser des activités.

Fabienne Grebert se lance en Auvergne-Rhône-Alpes après avoir contribué à faire «basculer Annecy à gauche» avec le premier maire écologiste de la ville. La région ayant «le foncier nécessaire pour nourrir ses habitants», la candidate propose la part de produits issus de l'agriculture biologique dans les cantines des lycées. Elle prévoit aussi un plan de 1,5 milliard d'euros pour financer les transports du quotidien et un autre de 3,2 milliards d'euros pour aider les entreprises à être «plus sobres en carbone».

Dans l'île de la Réunion, Jean-Pierre Marchau n'a pas de mots assez dur contre «le projet pharaonique» de la route du littoral à deux fois trois voies construite en partie sur l'océan Indien. Le viaduc maritime le plus long de France (5,4 km) ne sera raccordé au réseau routier qu'en décembre 2021. Le candidat fustige la «problématique du tout automobile» dans une île dépendant des importations de ressources fossiles. Il indique vouloir «redonner à la Réunion les instruments de souveraineté» et organiser une «COP régionale»

Dans une région avec une forte industrie aéronautique, l'Occitanie, Antoine Maurice demande «l'arrêt du soutien à tenir sous perfusion les aéroports secondaires qui sont anachroniques». Le candidat propose «un plan global des mobilités pour avoir une alternative à la voiture qui est trop subie par les habitants» et un plan de conversion des industries dont l'aéronautique.

Aller vers une filière plastique biosourcée en Bourgogne-Franche-Comté


C'est «un projet écologique global» qu'envisage Stéphanie Modde en Bourgogne-Franche-Comté. «On a une région qui est en train de perdre ses emplois industriels parce que la majorité actuelle n'a pas sur anticiper la transition vers une industrie moins carbonée, vers des emplois d'avenir», tacle la candidate.

Reprenant une proposition de la Convention citoyenne sur le climat, Stéphanie Modde programme «une aide à la structuration d'une filière qui sorte de l'emballage plastique unique pour aller vers une filière biosourcée». Pour cela, l'échelon régional dispose de levier concernant l'orientation des jeunes, la formation initiale et la formation continue, l'aider à la recherche et à l'innovation. Il s'agirait de «structurer la filière et travailler avec l'industrie plastique pour permettre une mutation et préserver l'emploi».

Concernant les futures alliances,  Stéphanie Modde se dit favorable à «un rassemblement de la gauche au second tour».

«Une règle d'or climatique»


Fondateur du collectif Écologie Démocratie Solidarité à l'Assemblée nationale, Matthieu Orphelin se lance dans les Pays de la Loire, «une région qui peut basculer vers l'écologie, ça va se jouer à un point près», pronostique-t-il en face de «trois droites : la droite dure, la droite LREM, la droite Rassemblement National». Il propose un «investissement massif dans la transition écologique», en priorité pour les TPE et dans les territoires ruraux, et «un soutien renforcé» au dispositif Territoires zéro chômeur de longue durée.

Alors que le député s'est construit une certaine notoriété nationale, il compte sur la nouvelle aura de Karima Delli et décroche en direct une promesse de déplacement pour le soutenir.

Dans le Grand Est, Éliane Romani se lance dans la course pour «favoriser les ceintures maraîchères autour des pôles urbains» et pour «assurer une gestion durable des forêts publiques et privées» (qui représentent un tiers du territoire régional).

En Normandie, Lætitia Sanchez veut prendre en mains le destin de la première région agricole de France mais «quatrième région qui artificialise chaque année». La candidate propose «une règle d'or climatique» instaurant que «chaque euro devrat être utile sur le plan social et environnemental».

Le candidat de Nouvelle Aquitaine, Nicolas Thierry, n'a pas participé aux échanges du fait d'un «souci technique».

«Pauvre loi climat»


Avec sa casquette de secrétaire national cette fois, Julien Bayou revient à la charge contre le gouvernement dans un contexte de dérèglement climatique et d'érosion de la biodiversité. Il anticipe une «attente phénoménale» dans la population et analyse «une montée en puissante de l'écologie politique» faite d'une «percée» aux européennes, d'un «ancrage» municipale que suivrait une «consolidation» aux régionales.

Face au «projet fantasmé du Rassemblement National» et à la «politique d'Emmanuel Macron sans cap, sans vision», Julien Bayou considère que l'avenir est à «l'écologie et à la justice sociale».

«Pauvre loi climat», lance-t-il à propos du projet de loi Climat et résilience dont l'examen a débuté à l'Assemblée nationale lundi 29 mars dernier, «Macron, c'est le capitaine du Titanic qui fonce tout droit sur l'iceberg», ironise-t-il, ajoutant que «nous avons besoin de capitaines de Régions qui regardent la réalité en face».

Selon Julien Bayou, 60% des émissions de gaz à effet de serre pourraient être atténuées sur un territoire local. Le secrétaire national cite également une étude commandée par le WWF estimant à deux millions le nombre d'emplois qui pourraient être créés avec un plan de transformation écologique de l'économie. «Le statu quo nous mène au fiasco», assène-t-il avant de proposer «un cercle vertueux gagnant pour le climat, gagnant pour l'emploi».

«Ne pas confiner la démocratie»


Alors que le Premier ministre doit s'exprimer devant l'Assemblée nationale puis le Sénat sur la stratégie sanitaire du gouvernement, ce qui devrait inclure la date des élections régionales, Julien Bayou demande à «ne pas confiner la démocratie». «Si on peut travailler, si on peut prendre les transports, on doit pouvoir voter», déclare-t-il en donnant l'exemple de 13 pays ayant voté durant la crise sanitaire.

«Les régionales, c'est la primaire des présidentielles pour la droite»


Tandis que Matthieu Orphelin considère que les élections régionales seront «le premier tour de la présidentielle de 2022», il analyse que le pôle écologiste doit emporter de deux à quatre Régions pour «créer une dynamique et propulser pour 2022».

Stéphanie Modde ne dit pas autre chose : «plus nous réussirons ces régionales, mieux nous seront placés pour porter un projet écologique fort avec la gauche».

«Les régionales, c'est la primaire des présidentielles pour la droite», nuance  Claire Desmares-Poirrier en rappelant le principe fédéraliste et le principe de subsidiarité chers aux écologistes. Sandra Regol invite à ne pas confondre les élections : «on ne transige pas avec les questions locales». «Les régionales ne sont pas des élections de seconde zone», abonde Charles Fournier.

Discussions locales avec La France Insoumise


Alors que le nom de Jean-Luc Mélenchon revient souvent dans les questions des commentateurs de la vie politique, Jérémie Jordanoff renvoie à l'échelon local : «les stratégies se discutent par nos adhérents dans les régions. Si Jean-Luc Mélenchon souhaite prendre contact, il peut y avoir des discussions au niveau local mais il n'y aura pas de discussions au niveau national. Pas de deal, pas de troc».

Alors que l'on prête une nouvelle volonté hégémonique aux écologistes, chez EELV, on balaie d'un revers de la main en renvoyant à l'histoire des relations avec le Parti Socialiste et en mettant en avant le désistement de Yannick Jadot en faveur du candidat du PS, Benoît Hamon, à la présidentielle de 2017.

«D'abord la crise sanitaire, ensuite les régionales et ensuite seulement la présidentielle», renchérit Julien Bayou. À l'agenda : le socle programmatique durant l'été, la désignation du «champion» ou de la «championne» des écologistes en septembre et ensuite la discussion avec les autres forces politiques. Promis, juré !

«Il nous accusent de leurs propres turpitudes»


Interrogé sur le financement d'une mosquée à Strasbourg pouvant favoriser le développement en France de Millî Görüs, association politico-religieuse fondés par des Turcs, Julien Bayou s'agace des attaques du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin : «les accusation portées sont infamantes, une plainte est en train d'être rédigée».

L'écologiste contre-attaque : «les services de la préfecture l'ont autorisée à ouvrir une école privée sous contrat, il nous accusent de leurs propres turpitudes. (…) Si l'association est dangereuse, fermez la». Avant de renvoyer, sur la question du boycott de la coupe du monde de football au Qatar,  à la «timidité» du gouvernement.

Jean-Christophe Tardivon


Sandra Regol, cosecrétaire nationale adjointe EELV

Stéphanie Modde, candidate du pôle écologiste en Bourgogne-Franche-Comté

Julien Bayou, secrétaire national EELV (réalisation EELV)


Infos-dijon.com - Mentions légales