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06/03/2021 03:25
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RÉGIONALES : «Mon engagement est de proposer une alternative aux extrêmes », déclare Denis Thuriot

Ce vendredi 5 mars, une nouvelle liste s’est lancée dans la course aux élections régionales de juin prochain : estampillée «majorité présidentielle», elle est conduite par le Marcheur neversois Denis Thuriot. «On aura une campagne difficile contre l’extrême-droite en Bourgogne-Franche-Comté», prévient le sénateur François Patriat.
Depuis la confirmation que les élections régionales auront lieu les 13 et 20 juin prochains – sauf dégradation brutale de la situation sanitaire – les choses s’accélèrent parmi les différents prétendants à la présidence du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté.

Ce vendredi 5 mars 2021, Denis Thuriot a annoncé se lancer dans la bataille lors d’une conférence de presse qui s’est tenue en petit comité pour respecter les gestes barrières dans les locaux de l’agence de communication Originis à Nevers.

Celui qui a été réélu maire de Nevers en juin 2020 avec l’étiquette de La République En Marche –  à laquelle s’ajoute dorénavant la double appartenance à Territoires de Progrès –  est apparu entouré de nombreux soutiens. La liste est estampillée «majorité présidentielle» et accueille dès son lancement des représentants des mouvements qui soutiennent Emmanuel Macron.


Autour de la table : Christophe Grudler et François Deseille (coordinateurs de la campagne pour le Modem, respectivement député européen et vice-président de Dijon Métropole), François Patriat (sénateur LREM de la Côte-d’Or et président du groupe Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants au Sénat), Didier Paris (député LREM de la Côte-d’Or et directeur de campagne), Muriel Vergès-Caullet (conseillère régionale, déléguée régionale de Territoires de Progrès) et Alain Chrétien (maire de Vesoul, cofondateur d’Agir-La Droite Constructive).

Mieux accompagner le plan de relance de l’État


Denis Thuriot prend d’emblée la parole pour annoncer sa candidature «avec ambition et humilité» puis mener les échanges tambour battant durant 45 minutes. «Il m’est fait l’honneur et la confiance de mener la liste de la majorité présidentielle pour les élections en Région Bourgogne-Franche-Comté», déclare le nouveau candidat.

Ayant conquis la Ville de Nevers en 2014 avec une coalition de socialistes, de centristes et de conservateurs face à un candidat soutenu par le Parti Socialiste, Denis Thuriot entend faire de sa méthode, de son bilan municipal et de sa localisation en terres nivernaises des arguments pour ces régionales. Sa candidature symbolise «la confiance qui est donnée aux élus locaux par le mouvement de la majorité présidentielle mais aussi, je le vis ainsi, la mise en avant de l’investiture d’un territoire qui marque son ambition en Bourgogne-Franche-Comté».

Parmi les premiers à s’engager derrière Emmanuel Macron, avec un meeting en janvier 2017 – ce que ne manquera pas de rappeler François Patriat, ému rien qu’à ce souvenir – Denis Thuriot se range dans le camp des «progressistes» et entend dépasser le clivage traditionnel gauche-droite en proposant «un arc politique, assez unique, exceptionnellement large». «Ce mouvement est ouvert à tous ceux partagent les valeurs républicaines de tolérance et de respect mais aussi avec la fermeté nécessaire envers ceux qui s’y soustraient», précise Denis Thuriot. Le nouveau clivage sera souligné par Alain Chrétien : progressistes versus populistes.

«Notre proposition se traduira par une région de la relance», déclare le candidat, dévoilant ainsi son premier slogan de campagne. Et d’ajouter : «une relance massive, une relance qui soit à la hauteur de la crise et de sa sortie. Mieux accompagner le plan de relance de l’État, mieux porter les relations avec celui-ci, avec l’Europe. Privilégier aussi le couple formé par les intercommunalités. Renforcer l’équilibre des territoires en passant d’une région des territoires agglomérés à une région des territoires unifiées». «La Région pour tous et la Région partout», envisage le candidat alors qu’un déficit de connaissance de l’action de la collectivité apparaît auprès des habitants.

Les autres grandes lignes programmatiques concerneront «l’innovation, comprise dans la façon de porter les compétences», «les transitions environnementales, à réaliser sans dogme punitif mais avec pragmatisme», «les projets pour nos jeunes», «les solidarités agricoles» et «les nouvelles mobilités». En résumé, le candidat veut «faire une Région d’opportunités pour relever le défi de la démographie, pour relever aussi le défi de l’économie». C’est donc le partenariat avec l’État et l’action économique – compétence régionale s’il en est – que le nouveau candidat entend proposer aux électeurs.   

«La reconquête démocratique passera par le soutien aux élus locaux progressistes»


Tout autour de la table, les participants viennent abonder ce bref discours de lancement de campagne. François Deseille rappelle qu’il prône depuis longtemps «un rassemblement de compétences. Pour sa part, Christophe Grudler détourne volontiers les slogans d’autres formations politiques en appelant à bâtir, au sein de la Région, «un avenir en commun» avant de considérer qu’»une Région qui n’avance pas recule», en référence respectivement au mot d’ordre de Jean-Luc Mélenchon et au nom du groupe majoritaire sortant Notre région d’avance. Le Belfortain redit son attachement à «l’équilibre des territoires» et appelle à «activer les leviers européens» pour «soutenir l’économie».

Assumant d’avoir été député des Républicains, Alain Chrétien évoque volontiers «la dérive sectaire et un peu populiste» de ce parti politique. D’où la fondation d’Agir. «Les citoyens en ont assez des postures», estime le Vésulien. «La politique peu à peu est en train de structurer entre d’un côté les progressistes, que je pense nous sommes tous parce que nous faisons appel à l’intelligence des gens, et de l’autre les populistes, qui eux font appel aux passions et à l’exacerbation des différences», analyse-t-il.

L’ex-Républicains cible notamment Gilles Platret : «je suis convaincu que la direction que nous prenons est la bonne quand j’entends certaines fanfaronnades de certains candidats qui ouvrent les bars quand c’est illégal ou qui essaie d’ouvrir des fêtes foraines quand la crise sanitaire ne le permet pas».

Alain Chrétien préfère appeler au rassemblement autour de valeurs de «responsabilité» et de «crédibilité» car «il faut prendre cette élection régionale avec beaucoup de sérieux car son résultat aura des conséquences sur les échéances suivantes», à savoir la présidentielle de 2022. «Je suis persuadé que la reconquête démocratique passera par le soutien aux élus locaux progressistes», martèle-t-il pour encourager Denis Thuriot.

Déléguée du jeune mouvement fondé par Jean-Yves Le Drian et Olivier Dussopt, Territoires de Progrès, Muriel Vergès-Caullet participe à l’exécutif régional sortant en tant que conseillère déléguée au service public de l’orientation. Au niveau national, l’Avallonnaise revendique participer à «la jambe gauche de la Macronie» en se situant «au sein de la social-démocratie réformiste». Seule femme présente à ce lancement de campagne, Muriel Vergès-Caullet veillera «à la parité femme-homme» dans la déclinaison du futur programme. La conseillère régionale sortante sera la seule à mentionner expressément «la transition écologique».

«C’est tous contre nous»


Ayant participé à de nombreuses campagnes, François Patriat aborde cette nouvelle échéance avec enthousiasme. Il présidera l’association du comité de soutien que le ministre Jean-Baptiste Lemoyne a déjà rejoint. «J’étais de ceux qui étaient partisans du grande région», rappelle l’artisan de la fusion en tant que président du conseil régional de Bourgogne, ajoutant que «c’est encore une construction à faire».

«Cette élection est éminemment politique», lance François Patriat au sortir d’élections sénatoriales. Selon lui, «il y a un espace [entre la droite et la gauche] pour ceux qui ont le courage de mener les réformes à bien et, ensuite, de soutenir politiquement ce gouvernement pour sa réussite».

Le Côte-d’Orien invite à être «lucide sur la réalité des forces : c’est tous contre nous». «Il y en a qui rêvent aujourd’hui de revenir au bon vieux combat gauche-droite quitte, par la même, à envisager le pire auparavant», fustige-t-il en référence aux critiques du «front républicain» contre le Rassemblement National pour mieux faire tomber Emmanuel Macron en 2022. «On aura une campagne difficile contre l’extrême-droite en Bourgogne-Franche-Comté», prévient le Marcheur qui, cependant, s’engage pour «être en position de peser sur le score final».

«Mon engagement est aussi de proposer une alternative aux extrêmes, notamment l’extrême-droite. Nous avons aussi ce rôle majeur pour la représentation de notre pays d’aller combattre l’extrême-droite. La solution n’est pas là, elle est dans une formation progressiste, notamment la nôtre, pour une Région qui reste républicaine», renchérit Denis Thuriot.
«On est dans une crise qui nous oblige au plan économique, au plan social»

«Je n’ai pas vraiment le souvenir qu’il y ait eu des regroupements politiques aussi larges, de la gauche à la droite, en mordant sur chacun des spectres politiques», indique à son tour Didier Paris. «Nos adversaires se présentent d’une manière particulière, sans doute très désunis et en préparation des conditions de leur survie», analyse-t-il.

«On est dans une crise qui nous oblige au plan économique, au plan social, au plan de l’aide qu’une Région doit nécessairement apporter à ses concitoyens», déclare le Côte-d’Orien. «On a des grandes régions mais qu’elles ont finalement des petits résultats», considère-t-il avant d’ajouter : «ce que nous voulons, ce sont des régions à taille humaine, proche de chacun d’entre vous, mais des grands résultats».

«Ce n’est pas une liste de plus»


Face à la politique menée durant ce mandat par la présidente sortante – qui n’a pas encore indiqué sa décision de se représenter ou non – Denis Thuriot envisage d’abord une campagne menée sur les thèmes propres de la majorité présidentielle : «nous comptons exister par nous-mêmes, nous n’attendons rien des autres», ce sera «projet contre projet».

Tous les mouvements appellent aujourd’hui au «rassemblement» alors que les candidatures se multiplient. Devant un tel paradoxe, Denis Thuriot s’inscrit en faux : «ce n’est pas une liste de plus». «La majorité présidentielle aujourd’hui a une grande légitimité à exister et il est tout à fait possible de gagner des élections, je l’ai fait modestement à Nevers, d’autres l’ont fait aussi», rappelle-t-il. Dans la même veine, Denis Thuriot lance que «si [Marie-Guite Dufay] était vraiment macroniste, elle sera là», en ajoutant que s’inscrire dans la majorité présidentielle «n’est pas une difficulté mais un atout».

Vu depuis Vesoul, «Marie-Guite Dufay a été une bonne présidente parce qu’elle a fait face à une fusion difficile». Mais, «il faut qu’elle fasse les bons choix d’alliances», estime Alain Chrétien alors que d’aucuns prêtent à la présidente sortante plus d’intérêt pour les Verts et les communistes que pour les Marcheurs. «On a déjà constitué un socle qui est puissant mais il n’est pas définitif», souligne Didier Paris.

Désignation des têtes de liste départementales en mars


Pour le premier tour, «il y aura un vrai enjeu de participation», selon Denis Thuriot, «il va falloir intéresser nos concitoyens». Le candidat souligne l’importance du sujet des transports pour lequel la Région est autorité organisatrice : «il y a un vrai enjeu de relance pour des décennies».

«[Denis Thuriot] est un maire qui partage beaucoup des problématiques que l’on rencontre dans la Haute-Saône, dans le Jura où ailleurs», indique François Patriat. «On est tous ancré dans nos territoires, (…) c’est un point important pour conduire cette campagne», abonde Muriel Vergès-Caullet.

Les listes sont donc en cours de construction, Denis Thuriot indiquant que la place sera faite à «la société civile». Les têtes de listes départementales devraient être connues d’ici la fin du mois de mars. La propagande de la liste se déclinera d’abord dans des formats numériques avant d’être incarnée lorsque la situation sanitaire permettra de revivre les traditionnels portes-à-portes, tractages sur les marchés et autres meetings.

Jean-Christophe Tardivon



















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