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01/06/2021 18:25
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RÉGIONALES : «Nous sommes dans un modèle de coconstruction avec les entreprises», assure Stéphanie Modde

La candidate écologiste a pris soin de rassurer les acteurs économiques lors de son audition à la Maison des Entreprises le 26 mai dernier à Dijon. Éconditionnalités, innovations et infrastructures au service de la transition écologique ont été passées en revue.
Ayant la réputation de demander toujours plus d'efforts aux entreprises en matière de développement durable, les écologistes abordent la campagne des régionales avec l'objectif de corriger cette impression. D'où une journée thématique le 28 mai dernier avec Yannick Jadot (lire notre article) et l'audition du 26 mai dernier à la Maison des Entreprises.

Le MEDEF Bourgogne-Franche-Comté a accordé une large place à Stéphanie Modde (EELV), candidate de la liste «Écologistes et solidaires» aux élections régionales. Une place non pas dans le temps puisque le chrono a été équitable avec les autres candidats auditionné mais en surface, les chaises étant encore plus espacées pour accueillir le fauteuil roulant de l'oratrice, blessée à la suite d'un accident de vélo.


«Le dérèglement climatique n'attend plus»


«L'économie est extrêmement importante dans notre programme», lance d'emblée l'écologiste puisqu'il s'agit d'une compétence majeure de la collectivité visée. «Le dérèglement climatique n'attend plus, le perte de biodiversité n'attend plus non plus. (…) C'est le moment opportun d'agir et de réorienter nos modes de vie, nos modes de consommation et d'accompagner les entreprises dans ce moment de transition [écologique]», ajoute-t-elle.

À la fois industrielle et rurale, la Bourgogne-Franche-Comté présente «un très bon potentiel» aux yeux de la candidate qui estime «nécessaire accompagner les mutations notamment au niveau de l'industrie». Prenant l'exemple de la sous-traitance automobile, Stéphanie Modde évoque des débouchés à venir en matière de réemploi ou de rétrofit (c'est à dire l'adaptation d'un moteur électrique à un véhicule d'occasion).

«Travailler sur la gestion prévisionnelle des emplois et compétences»


Faisant d'emblée référence au «livre bleu», Stéphanie Modde annonce un plan de relance qui sera articulé «par filière, par secteur d'activité, par bassin d'emploi pour être au plus proche des réalités» et pour permettre aux entreprises fragilisées par la crise de «perdurer». Les fonds structurels européens seront mobilisés en soutien aux TPE, PME et ETI.

Concernant le Plan Régional d'Investissement dans les Compétences, «il y a déjà eu des choses de faites, pour autant les entreprises peinent toujours à recruter une main-d’œuvre qualifiée et qui soit rapidement opérationnelle», analyse l'ex-élue régionale.

«Il faut intensifier cet effort, il faut travailler sur la gestion prévisionnelle des emplois et compétences, il faut aussi travailler avec les entreprises sur les départ à venir en retraite et accompagner, encore une fois, les entreprises dans les mutations des métiers et des filières», explique la candidate. Une intensification qui concernerait également l'orientation professionnelle pour que «les métiers peu connus soient connus du grand public».

«De la fibre partout»


Balayant rapidement les items du canevas du MEDEF, la candidate aborde la transition numérique vue comme «sous exploitée actuellement» et propose «de la fibre partout» pour que «les entreprises, quelque soit leur implantation puissent bénéficier du même service». «La région est un maillage de villes moyennes (…) et de petites villes avec un gros dynamisme local», analyse Stéphanie Modde, en fonction de quoi «les entreprises doivent s'implanter partout sur le territoire». Dans ce registre, l'écologiste sera la seule à évoquer la cybersécurité des entreprises.

Continuant de cocher les cases, Stéphanie Modde souligne «le rôle important» des pôles de compétitivité en évitant les «redondances».

Pressée par le temps, l'oratrice signale néanmoins l'enjeu de «la relocalisation d'une partie de l'économie pour garantir des emplois durables» en prenant appui sur «l'incapacité de fabriquer des masques ou des respirateurs» au début de la crise sanitaire.

Des écoconditionnalités instaurées au cours du mandat


C'est en fin d'expression libre que la candidate lâche le mot qui fâche : «nous aiderons principalement des PME et des entreprises de taille intermédiaire à écoconditionnaliser les aides». Consciente de la sensibilité de son auditoire à ce sujet, mais aussi des sympathisants écologistes, la tête de liste s'explique : «nous souhaitons que les entreprises qui sont aidées par la Région, par l’État, etc. soient des entreprises qui jouent le jeu – et vous jouez tous majoritairement le jeu – de ne pas défiscaliser». Les entreprises aux capitaux étrangers seront particulièrement surveillées.

Du fait de la crise économique liée à la crise sanitaire, les écoconditionnalités en question ne devraient pas apparaître en début de mandat : «c'est quelque chose que l'on va installer dans la durée», signale la candidate.

Alors que le principe du bonus-malus tend à se développer dans l'accompagnement des entreprises, Stéphanie Modde évoque également des «bonifications» pour les «entreprises vertueuses».

Le dernier «enjeu fort» signalé concerne le bâtiment avec «un plan massif de rénovation thermique des bâtiments – bâtiments publics, bâtiments privées mais également logements – mine très intéressante d'emploi avec une filière autour des écomatériaux».

«La Région peut aider en termes d'investissement pour aller sur des énergies décarbonées»


«Merci d'avoir pris le soin de lire le 'livre bleu' et de répondre point par point», s'exclame le modérateur avant de lancer le temps des échanges et des questions, quasiment les mêmes pour chacun des auditionnés, en commençant par la thématique de l'attractivité.

Pour Stéphanie Modde, la problématique est liée à l'anticipation des «mutations» et au développement de «filières innovantes» pour «garder ses emplois» et «en créer de nouveaux», en s'appuyant notamment sur «la recherche et développement».

Rappelant que sa vision de la transition écologique est «transversale» à l'ensemble du programme électorale, Stéphanie Modde signale cependant que sa «priorité» concerne la gestion des flux des entreprises (les sources d'énergie, l'utilisation de l'eau...) : «comment on peut réduire les coûts, (...) comment l'entreprise va gagner en fonctionnement, (…) la Région peut aider en termes d'investissement pour aller sur des énergies décarbonées».

«Les autoroutes existent, on ne va pas les retirer»


Réagissant à la possibilité d'instaurer «une taxe poids-lourds» en régions, l'écologiste estime que «l'Etat s'est défaussé sur les Régions» suite à «la révolte des Bonnets Rouges» et indique que «ça n'a de sens que si l'ensemble des Régions s'entendent». «L'argent dégagé doit aller sur une amélioration du transport – je parlais tout à l'heure du ferroutage, on peut aussi utiliser du fluvial – (…) il ne faut pas que les entreprise en pâtissent». Cela en référence au «dumping social» subi par le secteur du transport routier en France. «Le secteur des transports est un des secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre», rappelle néanmoins la candidate.

Au chapitre des infrastructures, Stéphanie Modde indique que la plateforme multimodale du Technoport de Pagny est «sous-utilisée» et propose par ailleurs de travailler sur les derniers kilomètres de livraison.

«Les autoroutes existent, on ne va pas les retirer», concède la candidate qui envisage de construire «d'autres infrastructures» plutôt que de nouvelles autoroutes. «On n'aura pas l'A26», regrette Jean-Philippe Richard en référence au prolongement de l'autoroute Calais-Troyes jusqu'à Bourges. En revanche, l'écologiste souhaite «continuer à sécuriser les tronçons très dangereux» de la RCEA qui traverse la Saône-et-Loire et envisager «un travail sur le réseau TER secondaire».

«La concertation ne se décrète pas, ça se construit»


Pour améliorer le recours aux fonds structurels européens, la candidate propose la mise en place d'une «task force» pour rapprocher la Région des territoires potentiellement bénéficiaires.

Face à l'inquiétude des entrepreneurs installés en zones rurales de se retrouver éloignés des centres de décisions, la candidate entend travailler à «une meilleure répartition territoriale» des offres de formation. «On se rend compte qu'il y a vraiment une demande beaucoup moins forte d'aller dans les grands centres urbains», constate-t-elle.

Très attentifs à une évolution de la concertation avec la collectivité, les représentants du monde de l'entreprise interrogent la candidate sur la méthode qu'elle propose. «La concertation ne se décrète pas, ça se construit», souligne-t-elle en se disant «favorable» à ce que le MEDEF soit plus impliqué dans l'Agence Économique Régionale.

Également élue de Dijon Métropole, Stéphanie Modde rappelle sa demande de voir instauré un conseil de développement durable, exemple potentiel pour les intercommunalités d'«instance de concertation et d'écoute mutuelle» où pourraient siéger les acteurs économiques.

«Un nombre très important d'entreprises est engagé dans la transition écologique»


De plus en plus à l'aise, la candidate partage son impression que le «livre bleu» aurait pu en partie être rédigé par des Verts. Une boutade pour mettre en avant les dispositifs de transition écologique «gagnants-gagnants» afin d'«arrêter d'opposer les uns et les autres». «Nous sommes dans un modèle de coconstruction avec les entreprises», assure l'écologiste, «je sais qu'un nombre très important d'entreprises est engagé [dans la transition écologique]».

En cas d'élection, Stéphanie Modde indique que sa priorité sera, en juillet, d'établir «un point immédiat sur la santé économique par filière» afin de définir les mesures «les plus efficaces» du plan de relance.

Les échanges arrivant à leur terme, l'écologiste glisse que dans «une région qui crée de l'emploi, qui crée de la confiance, on diminue d'un cran les question de sécurité».

Jean-Christophe Tardivon

Le MEDEF auditionne des candidats sur les enjeux économiques



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