En cette période
de rentrée scolaire et avant l’arrivée des virus hivernaux, la Dijonnaise
Brigitte Virey, présidente du Syndicat
national des pédiatres français fait le point sur le calendrier des vaccinations
des enfants. Bronchiolite, coqueluche, rougeole... comment limiter une vague
épidémique ?
Selon le Ministère
de la santé, la loi rend obligatoires, depuis le 1 er janvier 2018, onze
vaccins pour les enfants de moins de 2 ans. Il s’agit, des vaccins contre la
diphtérie, le tétanos et la poliomyélite, la coqueluche, la rougeole, les
oreillons, la rubéole, l’hépatite B, le méningocoque C, le pneumocoque et l’Haemophilus
influenzae b. Cela signifie que pour les enfants nés à partir du 1er
janvier 2018, ces vaccinations obligatoires conditionnent l’entrée ou le
maintien dans toute école, garderie, colonie de vacances ou autre collectivité
d’enfants. La preuve de leur réalisation est exigée pour l’admission ou le
maintien en collectivité depuis le 1er Juin 2018.
Pour les enfants nés avant le 1er janvier 2018, seuls trois vaccins
restent obligatoires (diphtérie, tétanos et poliomyélite).
Brigitte Virey : «Après la
période Covid, et les tensions qu’il y a eu autour du vaccin, il a fallu
rappeler aux parents l’intérêt de l’obligation vaccinale pour leurs
enfants.
L'objectif de la vaccination est
de protéger la santé de tous les enfants et de lutter contre les épidémies qui
réapparaissent en France, notamment en raison d'une couverture vaccinale
insuffisante chez les bébés de moins de 2 ans. J’en profite d’ailleurs pour
dire que, concernant les adultes, les rappels sont recommandés à âges fixes,
25, 45, 65 ans, puis ensuite tous les 10 ans, hors vaccin contre le Covid ou
encore la grippe saisonnière»
Concernant la bronchiolite, au CHU
Dijon Bourgogne, lors de la saison épidémique 2022-2023, l'établissement de
santé dijonnais a compté entre 700 et 1.000 passages aux urgences pédiatriques,
dont environ 260 hospitalisations et 70 réanimations mais aucun décès direct. (Lire notre article ICI)
«On a eu une forte épidémie de
bronchiolite après la période Covid qui a submergé les hôpitaux mais aussi les
cabinets de ville. Du coup l’an dernier il a été annoncé un vaccin pour
protéger contre les bronchiolites de type Virus Respiratoire Syncytial (VRS).
Un virus qui se transmet par voie aérienne via la toux et les éternuements des
personnes infectées. Malheureusement il n’y a pas eu assez de doses ce qui a
entrainé une certaine panique chez les parents. Cette année la campagne a
repris depuis début septembre et il devrait y avoir suffisamment de doses en
pharmacie. Les médecins et les pédiatres vont pouvoir vacciner les nourrissons,
et tous ceux née à partir 1er janvier 2024. C’est une bonne chose parce qu’il
faut savoir que la bronchiolite peut donner des infections respiratoires
importantes avec des détresses respiratoires. Une situation qui nécessite de
l’oxygène, et pour en avoir, le nourrisson doit être hospitalisé le plus
souvent en service de réanimation»
La vague épidémique de rougeole que
la Bourgogne-Franche-Comté avait subi il y a quelques années n'est plus
qu'un mauvais souvenir. Malgré tout, la maladie n'est pas éradiquée.
«C’est une maladie extrêmement
contagieuse. Une personne touchée par la rougeole peut contaminer 15 à 20
personnes. En fait il faudrait vacciner 95% des enfants pour limiter la
circulation du virus, et malheureusement on n’y est pas du tout. Autant les autres
maladies comme la
diphtérie, le tétanos et
poliomyélite sont bien suivies, autant le vaccin contre la rougeole
c’est plus compliqué. Les parents font généralement la première dose, mais
zappe la seconde. Et sans ce rappel le vaccin n’est pas efficace. La rougeole
peut entrainer des problèmes respiratoires. Vous pouvez aussi avoir des
encéphalites qui sont des inflammation du cerveau et qui laissent quelques fois
des séquelles»
Protéger les nourrissons de la
coqueluche
«Il faut être vigilant face à la
coqueluche. Pour rappel la personne vaccinée va protéger tout son entourage.
Pour les grands-parents en contact avec leurs petits-enfants nourrissons, il
est important de se faire vacciner en particulier contre la coqueluche. Pour
certaines personnes âgées ou imuno déprimées qui ne peuvent pas recevoir
certains vaccins, il faut être vigilant. En effet, le nourrisson de moins de
deux mois ne peut pas être protéger parce qu’il n’a pas été vacciné. Ce sont
les personnes de son entourage qui lui transmettent la coqueluche. En
revanche, si la maman c’est fait vacciner contre la coqueluche pendant sa
grossesse, le bébé sera protégé»
Les parents peuvent-ils se
soustraire à cette obligation vaccinale ?
«Non, la loi c’est la loi. Les
enfants qui entrent en crèche ou encore l’école doivent avoir leur carnet de
vaccination à jour. Ce carnet doit être vérifié par les établissements. En cas
de manquement, on doit rappeler aux parents étourdis, l’importance de la
vaccination. Mais si certains s’obstinent à ne pas vouloir vacciner leur
enfant, il est possible d’aller jusqu’en justice. C’est une démarche
difficile et longue. Mais on a vu, auprès de certaines sectes comme
Les Témoins de Jéhovah qui refusent
la vaccination, la possibilité de retirer l’autorité parentale pendant 24
heures, le temps de faire le ou les vaccins. C’est très exceptionnel, mais si
la vie de l’enfant est jugée être en danger, la justice peut intervenir»
Norbert Banchet
Photo : NB - JCT