Alors que la restauration de la chapelle Saint-Jean de Sens est désormais soutenue par la Mission Stéphane Bern, l'association Sens patrimoine continue son combat en saisissant le tribunal administratif de Dijon.
Lettre ouverte de l'association Sens patrimoine du 3 janvier 2025 :« La sauvegarde des monuments historiques n’est pas seulement une obligation légale, mais une responsabilité morale et politique, car ils incarnent l’histoire et l’identité culturelle de notre territoire »
Mesdames, Messieurs, chers Sénonais,
L'Association Sens Patrimoine a l’honneur de vous informer des prochaines étapes que nous allons entreprendre pour la sauvegarde de la chapelle Saint-Jean-l’Évangéliste de Sens, qui, comme vous le savez, est en état d'abandon délibéré depuis plus de trois décennies.
Nous avons tous dans notre entourage une personne ayant été baptisée en ce lieu ou gardant en mémoire les souvenirs de sa splendeur passée. Nombreux sont les témoignages évoquant la beauté et la grandeur de ce monument, qualifié par Monsieur Bernard Brousse de "second édifice le plus remarquable de Sens après la cathédrale".
Hélas, cette chapelle, propriété du Centre hospitalier de Sens, fait l’objet d’un abandon volontaire et d’une mise sous le tapis qui perdure depuis des décennies, conséquence d’une gestion marquée par l’indifférence et l’inaction des différentes directions du CH de Sens. Cette attitude frôle parfois le cynisme.
La municipalité, pour sa part, ne fait pas mieux. En effet, outre la chapelle Saint- Jean, d'autres églises appartenant à la ville, comme Saint-Pierre-le-Rond, Saint-Savinien-le-Jeune ou encore Saint-Vincent, se trouvent dans un état pitoyable.
Pourtant, ces édifices ne manquent pas d'intérêt patrimonial ni de richesse historique, intrinsèquement liés à l'histoire de notre ville.
Notre association a néanmoins réussi cette année à obtenir une avancée majeure ! La remise en lumière du dossier relégué aux oubliettes, dissimulé matériellement derrière des barricades de trois mètres destinées à cacher la chapelle de tout regard indiscret. Grâce à une pression médiatique et politique, nous avons obtenu la sélection de la chapelle pour le Loto du patrimoine 2024, placé sous la houlette du célèbre Stéphane Bern et de la Fondation du patrimoine.
Nous regrettons que, malgré ces avancées, le CH de Sens et la municipalité nous aient une fois de plus menti sous l'effet d'annonces mensongères, en déclarant par exemple que les travaux d'urgence de la chapelle allaient être entrepris dès le 1er janvier 2025, pour au final se contredire dans les propos tenus dans les médias locaux par la suite.
Face à ce constat accablant et cette attitude grave, nous estimons que nous n'avons plus le temps d'attendre. En effet, selon les experts, la chapelle pourrait s'écrouler dans les cinq à huit ans à venir.
Pour rappel, un rapport commandité en 2009 par le Centre hospitalier de Sens avait déjà mis en lumière l’urgence d’agir pour préserver cet édifice patrimonial d’une valeur inestimable. Pourtant, aucune mesure concrète n’a été prise depuis lors.
De ce fait, nous avons décidé d'entreprendre une saisine auprès du tribunal administratif de Dijon !
Nous engagerons en effet une procédure juridique, en collaboration avec des juristes et universitaires en droit public de l’Université de Bourgogne, pour mettre en lumière et faire reconnaître la responsabilité du Centre hospitalier de Sens dans la négligence de la chapelle Saint-Jean, classée à deux reprises Monument historique. Cette action vise à contraindre l’institution à assumer ses obligations en matière de conservation du patrimoine.
Malgré des signalements répétés depuis 30 ans par les acteurs concernés et des rapports alertant sur la dégradation avancée du monument, aucune action n’a été entreprise.
Cette négligence va à l’encontre des obligations légales définies par le Code du patrimoine. L’article L621-9 du Code du Patrimoine à titre d’exemple, dispose que « les monuments historiques doivent être entretenus et conservés ».
L’inaction du Centre hospitalier de Sens constitue une carence manifeste face à cette obligation légale.