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31/05/2023 19:17
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TOURISME : Vers un rattrapage des visiteurs asiatiques

Selon l'agence BAK Economics, les prévisions de fréquentation touristique en Suisse, cet été 2023, tendent à annoncer plus de nuitées qu'avant la crise du Covid-19 grâce au retour de la clientèle asiatique.
Une tendance qui vaudrait pour l'ensemble de l'Europe, à court terme, avant de s'inverser, à moyen terme.
Selon les prévisions touristiques publiées par BAK Economics sur mandat du Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO), le nombre de nuitées en Suisse en été 2023 dépassera à nouveau le niveau d'avant la crise de 2019, soit 22,5 millions (+660 000, +3% par rapport à 2022).

Les raisons de cette évolution positive sont les effets de relance et de rattrapage des marchés lointains, en particulier de la part des visiteurs asiatiques, et une demande intérieure toujours élevée malgré le recul attendu. Une inflation élevée ainsi  qu'un environnement conjoncturel pesant empêchent une croissance encore plus forte.


Croissance continue des nuitées en été 2023

Avec 22,5 millions de nuitées, le tourisme suisse enregistrera une hausse de 3% (+660 000) durant la saison d'été 2023 par rapport à l'année précédente. Les impulsions positives en provenance des marchés lointains dépasseront les baisses enregistrées en Europe et en Suisse. Ainsi, le niveau de 2019 sera pour la première fois dépassé durant les mois d'été (102%). La demande dans les villes dépassera également, en été 2023, le niveau d'avant la crise, ce qui permettra de  ombler en grande partie l'écart observé pendant la crise avec les régions alpines et le reste du pays.

Une baisse de la demande européenne est prévue pour l'été 2023...

Les obstacles déjà observés l'hiver dernier devraient persister l'été prochain et freiner ainsi l'envie de voyager. L'inflation élevée réduit le pouvoir d'achat, le franc suisse fort entraîne une pression sur les prix et les turbulences conjoncturelles pèsent sur le climat de consommation. Cela se répercutera sur la demande des touristes européens durant l’été 2023. La possibilité de voyager à nouveau dans des pays lointains péjore encore plus le développement touristique suisse. Par rapport au bon été 2022, BAK Economics s'attend donc à une réduction de près de 160 000 touristes (-3%) l'été prochain.

Le coût élevé des billets d'avion, qui rend les destinations lointaines moins attrayantes, et l'inflation nettement plus élevée en Europe qu'en Suisse, qui réduit la pression sur les prix, empêchent un recul plus prononcé. La seule impulsion positive en Europe pour l'été viendra du Royaume-Uni avec une forte augmentation des nuitées (+11% par rapport à 2022).

... mais l’afflux de visiteurs en provenance des pays lointains sera prépondérant...

En ce qui concerne les marchés lointains, la possibilité de voyage à nouveaux devrait être largement exploitée au cours de l'été 2023, comme ce fut le cas l'hiver dernier. Il faut donc s'attendre à des effets de rattrapage durables. Au total, les marchés lointains devraient enregistrer une hausse marquée des nuitées de 37% (+1,6 million) par rapport à l'été 2022.

Les effets de rattrapage sont particulièrement importants pour certains marchés asiatiques. Ainsi, la demande en  provenance de l'Inde (+343 000 par rapport à l'été 2022) et des autres marchés asiatiques1 (+465 000) devrait notamment progresser. Le marché chinois (+264 000) et japonais (+116 000) contribuent également de manière sensible à la croissance des nuitées.

Malgré la levée en début d’année de la plupart des restrictions strictes de voyage, le grand retour des touristes chinois se fait toujours attendre à court terme pour diverses raisons. Du côté de la demande, il s'agit de l'absence fréquente de documents de voyage pour les citoyens chinois, du nombre limité de visas et de la persistance du changement de  comportement de voyage des clients chinois, qui se tournent vers le tourisme intérieur.

Du côté de l'offre, les goulets d'étranglement dans les transports (par exemple le nombre de vols et les contingents de clients avec les tour-opérateurs) ou chez les prestataires touristiques en Suisse limitent le potentiel de croissance. Un retour de la fréquentation touristique chinoise au niveau de 2019 ne serait tout simplement pas supportable à court terme du côté de l'offre. Cette problématique est renforcée par la pénurie persistante de personnel qualifié dans les branches touristiques.

En ce qui concerne les touristes des Etats-Unis, la demande soutenue de ces derniers mois permet de conclure que l’envie de voyager ne devrait pas être freinée en été. Par rapport à l'été 2022, déjà bon, il faut s’attendre à une augmentation de 142 000 nuitées (+9%).

... et la demande intérieure est toujours élevée malgré une baisse attendue

Le retour des voyages internationaux devrait avoir un impact négatif sur la demande intérieure l'été prochain.  Cependant, l'année dernière a clairement montré que l'augmentation de la demande intérieure n'est pas seulement un phénomène temporaire ayant eu lieu durant les années de crise aiguë. C'est pourquoi, par rapport à l'excellent été 2022, un recul certes perceptible mais pas massif de la demande indigène est attendu (-800 000, -7%). Avec un peu plus de 11 millions de nuitées, le tourisme intérieur se situe toujours nettement au-dessus du niveau de 2019 (+13%).

À moyen terme, l'Europe devrait perdre des parts de marché et les marchés lointains en gagner

Pour les années 2024 à 2030, BAK Economics part du principe que les tendances observées avant la crise du Covid-19 seront pour la plupart à nouveau d'actualité. Il y aura certes encore des effets de rattrapage de la part de certains pays, en particulier de la Chine, mais ceux-ci n'influenceront pas l'évolution globale des nuitées dans une mesure aussi importante que ces dernières années.

Pour les marchés européens, les changements structurels observés avant la crise, et donc l'évolution négative de la tendance, se poursuivront après la crise. Par conséquent, le marché européen perdra constamment des parts de marché.

En revanche, l'inverse est attendu pour les marchés lointains : la croissance dynamique d'avant la crise du Covid-19 devrait à nouveau se reproduire, notamment pour les autres marchés asiatiques, l'Inde et les États-Unis. Pour la Chine, à cause des facteurs mentionnées ci-dessus, et pour la Russie, en raison des sanctions qui seront probablement encore en vigueur pendant longtemps, il faut s’attendre à une baisse de la dynamique par rapport aux années précédant la crise. Au total, les marchés lointains devraient gagner des parts de marché de manière significative.

En ce qui concerne la demande des Suisses dans leur pays, BAK Economics suppose qu'environ 10 % de la différence de niveau entre aujourd'hui et 2019 restera inchangée.

À partir de ce nouveau niveau de départ plus élevé, le tourisme intérieur devrait se développer avec une dynamique certes un peu plus lente, mais similaire à celle d'avant la crise (avec un peu plus de 1% par an).

1) Le reste de l'Asie comprend toutes les régions asiatiques, à l'exception de la Chine, de l'Inde, du Japon, des pays du Golfe et de la Russie. L'Asie du Sud-Est, la Corée du Sud, Hong Kong et Taïwan représentent plus de 90% de cet agrégat.

Communiqué


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