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03/06/2023 03:19
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Yaël Braun-Pivet : «Il ne suffit pas de décréter une loi pour que cela se fasse, on voit bien dans le domaine du handicap à quel point c'est long… »

La présidente de l'Assemblée nationale a visité l'ESAT de Quetigny, ce vendredi 2 juin.
«Je suis à la présidence d'une Assemblée qui donne le meilleur d'elle-même et parfois le pire», a déclaré Yaël Braun-Pivet
Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée Nationale, était en visite en Côte-d'Or ce vendredi 2 juin. Une visite qui a débuté à Fontaine-Française où elle a inauguré une chaufferie biomasse puis à Quetigny où elle a visité l'ESAT Clothilde Lamborot. « Il ne suffit pas de décréter les lois et de les voter, après il faut les appliquer et se heurter à beaucoup de difficultés. On voit bien dans le domaine de handicap à quel point c'est long, trop long… » explique la présidente de l’Assemblée Nationale. Cette dernière a rencontré et a échangé avec les bénéficiaires de l'ESAT qui ont pu lui expliquer combien leur quotidien peut être compliqué par le manque d'accessibilité. Sans tabous, les bénéficiaires ont pu aborder tous les sujets comme la sexualité des personnes en situation de handicap ou par exemple Martine qui déclarait : « Je ne vois pas pourquoi on peut se faire épiler et on ne peut pas se faire examiner. » elle explique : « Il y a une chose qui est choquante dont je veux vous parler. Quand on va chez l’esthéticienne, elles ont les tables qui se lèvent et qui se montent. Mais quand on va chez le médecin, ils n’ont pas tous des tables qui peuvent descendre. La plupart de mes collègues, on nous ausculte assis. Il faut inciter le monde médical à s’équiper car il faut que l’on puisse être examiné dans de bonnes conditions. » 

Un échange donc sans filtres, entre la présidente de l'Assemblée et des citoyens, qui permettra peut-être de faire bouger les choses pour plus d'accessibilité et de confort pour les personnes en situation de handicap dans notre pays. 

Une loi handicap de 2005 (obligation d'accessibilité des établissements recevant du public et des transports publics) qui a du mal à être appliquée
« Cette difficulté, on la rencontre dans beaucoup de domaines. Le législateur fait des lois et puis après, malheureusement elles ne sont pas suffisamment appliquées. Parce que c'est difficile, parce que il y a un manque de moyens, parce qu’il y a un manque de volonté politique…Et donc c'est vrai que notre pays reste en retard, et c'est tragique, parce qu'on a entendu des personnes qui vont prévoir leur déplacement en fonction de tel ou tel trottoir…On reste en retard et c’est important qu’on se mobilise et qu’on fasse en sorte de mettre les moyens pour qu'après chaque élu, à son niveau de compétence, puisse agir.  Il ne suffit pas de le décréter dans une loi pour que cela se fasse, c'est comme l'égalité hommes-femmes. On a la Constitution, on a des lois d'égalité, pour autant on a encore aujourd'hui des inégalités salariales, des inégalités dans des déroulements de carrière parce qu'en fait, il ne suffit pas de décréter les lois, il ne suffit pas de les voter. Après il faut les appliquer et se heurter à beaucoup de difficultés. On voit bien dans le domaine du handicap à quel point c'est long, trop long. »

Pourquoi c'est important de faire ces déplacements à travers le pays et qu'est-ce qui vous a donné envie de le faire ? 

« Parce que la politique c'est les gens et c'est pour ça qu'on fait de la politique. C'est pour ça qu'on on s'engage. On ne fait pas de la politique que pour lire des dossiers. Il faut être sur le terrain, il faut être avec les gens. Ça n'est qu'en les rencontrant en voyant les belles réalisations qu'il y a sur le territoire, en voyant les problématiques qui existent,  qu’après au niveau national, on peut mieux agir. 
Moi je pense que c'est important aussi pour les citoyens, où qu'ils habitent, de savoir que l'Assemblée nationale est là pour eux, qu'on est à leur écoute et qu’on travaille au quotidien pour eux. On forme un tout et on essaie d'avancer collectivement ensemble. »

Cela fait bientôt un an que vous présidez l’Assemblée Nationale, quel bilan vous en portez ? 

« C’est un bilan contrasté. Moi, je suis à la présidence d'une Assemblée qui donne le meilleur d'elle-même et parfois le pire. Et donc moi je vais maintenant inlassablement faire en sorte que lorsqu'elle donne le meilleur d'elle-même cela se sache parce que malheureusement, on le montre assez peu. Et puis essayer de faire en sorte qu'elle ne fasse que montrer le meilleur d'elle-même. Mercredi, il y a eu des débats en commission des affaires sociales qui ont été très durs, très âpres et qui n'ont pas donné une bonne image de l'Assemblée. Quelques heures plus tard dans l'hémicycle, nous avons eu un vote à l'unanimité d'une proposition de loi, par des députés qui ne sont pas du même camp, et qui ont porté une proposition de loi ensemble et qui a été votée à l'unanimité par l'Assemblée nationale. C'était la proposition de loi sur les influenceurs, pour réglementer ce secteur. C'est aussi important mais c'est vrai que ce jour-là, on a parlé que de la commission des affaires sociales et de son brouhaha. On n'a pas parlé de ce magnifique moment parlementaire. Je crois qu’il faudrait que j'arrive avec mes collègues à inverser la tendance et qu'on voit que notre Assemblée Nationale est une belle assemblée parce qu'elle est au travail et au service des Français. »

Texte et ©Photographies
Manon Bollery




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