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20/04/2022 23:16

DIJON : Une occupation du campus de Sciences Po «contre le fascisme»

Une trentaine d'étudiants se sont installés à l'intérieur du campus dijonnais de Sciences Po, ce mercredi 20 avril, pour une nuit de réflexions autour du débat Marine Le Pen-Emmanuel Macron en vue de la conduite à tenir au second tour de la présidentielle.
L'affiche du second tour de l'élection présidentielle provoque d'«intenses débats» sur le campus dijonnais de Science Po Paris. Voir Emmanuel Macron, président de la République sortant, et Marine Le Pen, candidate du Rassemblement National, solliciter les suffrages des électeurs amènent les étudiants en sciences politiques à se questionner.

Dans le cadre d'un mouvement de blocages ou d'occupations – la nuance est de taille – dans des université, comme à la Sorbonne à Paris, ou à Sciences Po, à Paris ainsi qu'à Nancy, un groupe d'étudiants dijonnais ont souhaité se mobiliser.


Passer une nuit à débattre


Vers 20 heures 30, ce mercredi 20 avril 2022, une trentaine d'étudiants ont signifié à l'agent de sécurité qu'ils ne quitteraient pas les locaux comme cela se fait habituellement en fin de journée.

Auparavant, une «assemblée générale» a décidé de l'action et de ses modalités : accrocher une banderole «SciencesPoccupé contre le fascisme» sur la grille, regarder le débat télévisé d'entre-deux-tours dans l'amphithéâtre principal et passer la nuit à débattre de la conduite à tenir lors du second tour.

«On s'inscrit dans un mouvement national»


«C'est assumé comme étant politique», déclare Élie, étudiant en deuxième année, un des trois porte-paroles venus s'exprimer à l'entrée du campus (les prénoms ont été modifiés).

«On est une assemblée générale qui veut repolitiser les sujets qui ne sont pas abordé au second tour notamment les questions écologiques et les questions sociales qu'on considère comme évaporées du débat public. C'est aussi politique parce qu'on s'oppose à la présence de l'extrême-droite au second tour. (…) Pour beaucoup, on est membre d'organisations politiques ou syndicales qui font qu'on ne peut pas tolérer que les gens considèrent normal d'avoir l'extrême-droite au second tour. Et enfin, c'est politique parce qu'on s'inscrit dans un mouvement national de nombreux étudiants étudiantes qui sont partout en France pour se mobiliser», indique-t-il.

«L'antifascisme est à Sciences Po»


La phraséologie fait immanquablement penser à celle de La France Insoumise.  Élie le reconnaît, certains étudiants sont individuellement déçus de l'absence de Jean-Luc Mélenchon du second tour de la présidentielle . Néanmoins, collectivement, l'assemblée générale n'affiche pas de soutien au leader Insoumis.

«On a besoin de temps pour discuter», souligne Diem, étudiante en deuxième année, «on parle d'un second tour qui est crucial pour notre avenir et, en général, ce n'est pas nous qui décidons donc on a besoin de temps pour y réfléchir, on a besoin de voir ce qui va être dit ce soir, on a besoin de monter que l'antifascisme est à Sciences Po».

Les «dérives sécuritaires» d'Emmanuel Macron en question


Voter Emmanuel Macron ? «Pour beaucoup d'entre nous, c'est compliqué», confie Élie, «le réflexe premier, c'est de dire 'pas une seule voix ne doit aller à l'extrême-droite'».

«On a vu des dérives sécuritaires, des dérives qu'on qualifie quasiment de fascisantes dans la manière dont Emmanuel Macron a appliqué sa politique. (…) Quand on nous dit qu'en face, c'est une fasciste, on répond que dans l'autre camp, il y a un fascisant et qu'il faut que les gens comprennent que c'est difficile pour nous de considérer qu'en faisant barrage, on fera vraiment barrage à l'extrême-droite, on a plutôt l'impression qu'on a le choix entre deux extrêmes-droites», développe-t-il.

«L'idée est de rappeler qu'Emmanuel Macron a permis à l'extrême-droite de s'exprimer pendant cinq ans», abonde Diem, «et que, là où il n'a pas agit, c'est sur les questions écologiques, et là où il a peu agit, voire été dans le mauvais sens, c'est sur les questions étudiantes et questions sociales».

«Une occupation, pas un blocage»


«On a choisi volontairement de faire une occupation et pas un blocage. (…) On se revendique comme non-violents, il n'est pas question de dégradation», précise Diem. Le 14 avril dernier, les étudiants qui bloquaient le campus de la rue Guillaume de Sciences Po à Paris ont été intimidés par des militants identitaires venus protester contre le blocus. L'arrivée rapide des forces de l'ordre a permis d'éviter la confrontation physique.

D'où le choix de s'installer à l'intérieur du site avec la grille fermée afin de relativement «sécuriser» l'accès aux locaux. En effet, les étudiants de Sciences Po ne souhaitant pas participer à l'occupation tout en voulant suivre collectivement le débat ont été invités à rejoindre l'amphithéâtre.

«On a aucun intérêt à ce que ça déborde»


Les occupants n'ont pas prévenu en amont le directeur du campus. Appelé par l'agent de sécurité, Lukas Macek arrive sur le site aux environs de 21 heures et exprime d'emblée sa surprise devant une attitude peu «loyale» des étudiants qui aurait pu bénéficier des locaux en soirée, y compris tardivement, pour débattre.

Élie, Diem et Samuel rivalisent alors d'arguments pour expliquer leur démarche. «Ça a une importance de dire que, pour ce mouvement plus grand, les facs et les universités se mobilisent contre l'extrême-droite, et que ça vaut bien le coup de passer une nuit sur un lieu», déclare Samuel, «c'est par solidarité».

«Il faut prendre en compte qu'on est des étudiants à Sciences Po, que demain on a cours et après-demain un mémoire en 24 heures», glisse encore Samuel qui se veut particulièrement rassurant. «Il n'y aucune personne mineure dans les locaux. On a aucun intérêt à ce que ça déborde. (…) Demain, à sept-huit heures, on sera sur le pont parce qu'on a l'habitude.»

Dans un souci de responsabilité, connaissant les étudiants qui se font porte-paroles, voyant qu'ils s'engagent à l'absence de dégradation, Lukas Macek ne recherche pas la confrontation tout en faisant remonter la situation à Sciences Po Paris.

Concernant la suite, Élie souligne cependant que «c'est l'assemblée générale démocratique qui est souveraine et qui décidera en temps et en heure la continuité de l'action».

Jean-Christophe Tardivon


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