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07/04/2023 03:17
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UNIVERSITÉ : Un atelier avec la JDA Handball pour lever les tabous sur le cycle menstruel dans le sport

«Je pense qu’une fille qui rate l’entrainement à cause de ses règles, ça ne peut pas pénaliser», a estimé la joueuse Manuella Dos Reis, ce jeudi 6 avril.
Un atelier « Sportive et cycles menstruels » a eu lieu au multiplex de l’université ce jeudi 6 avril. Un atelier organisé par le club de la JDA Dijon Handball, la ligue féminine de handball ainsi que Lidl France. Cet atelier avait pour but de sensibiliser les jeunes aux cycles menstruels et leurs impact dans la pratique sportive. L’occasion de lever des tabous dans la joie et la bonne humeur. Cet atelier s’est déroulé en présence de George Mezui, Vanessa Kahlfa, Vanessa Vaillant. Deux ambassadrices, joueuses de la JDA Handball, étaient également présentes. Manon Gravelle et Manuela Dos Reis. 


George Mezui

Ville de Dijon
« La Ville de Dijon s’attache à promouvoir les valeurs du sport et oeuvre au quotidien pour la pratique de tous les publics sans distinction de genre, d’âge ou de niveau social. De nombreuses politiques viennent à garantir un sport pour tous, équitable, durable et socialement responsable. Dans ce cadre la pratique sportive des filles et des femmes est un axe important pour notre collectivité. »


Vanessa Vaizant 

Université de Bourgogne
« Quand on m’a proposé d’animer la table ronde j’ai un peu hésité.. Puis je me suis dit que c’était bien car pour une fois on n’allait pas avoir la problématique traitée sous un angle médical et biologique. Que pour une fois ça allait être une socio-historienne du sport, ce que je suis, qui allait pouvoir apporter son regard. Quand on a un regard historique, on se rend compte que les pratiques sportives des femmes se sont développées sous le contrôle d’un pouvoir médical et sous un regard biologisant des corps. »


Vanessa Kahlfa 

Responsable de la ligue féminine de handball

« Je m’appelle Vanessa, j’ai 40 ans, j’ai mes règles mais pas en ce moment. Mes cycles sont normaux et durent à peu près 28 jours mais j’ai extrêmement mal aux ovaires, j’ai de la fatigue et des fringales et tout ça c’est normal. Ce que j’attends de vous c’est de voir votre réaction quand je vous parle de ça. 20 ans en arrière je ne me serai jamais vu parler comme ça devant des hommes et des femmes de mon âge d’avoir ses règles. 
Pourquoi la ligue féminine de handball s’est lancée dans cette campagne ? C’est parce qu’il y a des tabous à lever. Et vous êtes bien placé pour le savoir, le sport est un vecteur qui permet de montrer la voie. Le sport est inspirant. Nous nous sommes associés avec Lidl car ils sont déjà engagés dans le handball et ils voulaient qu’on leur propose quelque chose de différent. Nous voulons changer le monde et c’est vous, les jeunes, qui avez le pouvoir de faire bouger les choses. 
Il y a entre 20 et 30% des étudiantes qui devaient choisir entre un paquet de pâtes et un paquet de serviettes. Alors je me suis dit que si je pouvais faire quelque chose je voudrais vraiment aider. »


Qu’est-ce qui pourrait simplifier la gestion des règles dans le sport ? 


Manuella Dos Reis

« Il faudrait qu’on nous laisse la possibilité de s'exprimer et de dire quand ça ne va pas.  Qu’on ne se pose pas la question de “est-ce que je peux en parler?”. 
On pratique à un niveau où la conscience professionnelle elle est très élevée. Il faut qu’on puisse se dire que si une joueuse loupe un entrainement ce n'est pas forcément négatif. 
À Dijon, si une joueuse ne vient pas à l’entrainement parce qu’elle ne se sent pas bien, immédiatement on contacte une joueuse du centre d’entrainement pour qu’elle puisse venir et qu’on soit assez nombreuse pour jouer. Je pense qu’une fille qui rate l’entrainement à cause de ses règles, ça ne peut pas pénaliser. Car elle peut rester chez elle pour se reposer et venir à 100%, c’est bénéfique ! »
 

Manon Gravelle 

 «Je pense que juste au niveau de nos staffs médical, c'est bête mais ... c'est une question qu'on ne nous a jamais posée en fait ! On a un staff médical qui s'occupe très bien de nous. Mais pourquoi ce  staff là ne serait pas au courant, pour chaque joueuse, de son cycle mensuel. Il y a des réunions médicales où ils se disent “cette joueuse a mal à l’épaule; cette joueuse a mal au genou; etc..” mais pourquoi ils ne pourraient pas se dire “ok, elle à cette douleur là, où est-ce qu’elle en est dans son cycle ?  C’est peut-être une semaine où il faut moins charger les poids en muscu.” Enfin voilà, je pense qu’il y a des choses faciles à mettre en place. Le fait que ce soit le médecin qui en parle avec l’entraineur pourrait faciliter la communication. Nous c’est notre métier et tant qu’on pourra continuer de jouer malgré la douleur on le fera car on doit rester professionnel. Donc si c’est le médecin qui en parle directement avec l’entraineur ça pourrait décharger de cette question de ne pas vouloir jouer. Ça nous éviterait d’être vu comme quelqu’un qui veut juste louper les entrainements. »


Vanessa Kahlfa

« Avoir des règles douloureuses par exemple, ça n'empêche pas d'aller au travail, mais en tout cas ça pose un souci. Moi par exemple j'ai des règles très douloureuses, je suis pliée en quatre . Mais si j’annule une réunion ou si je fais du télétravail, ça ne met pas en péril mon travail.  
Elles de leur coté, leur outil de travail c’est leur corps et elles sont obligées de faire avec. Et donc comme toute leur vie, on leur a dit “Si t'as pas de règles douloureuses, si t'as pas d'endométriose, si t'as pas trop de symptômes, c'est que t'es en cycle normal donc tu peux aller t'entraîner.” Mais ce n'est pas parce que tu n'as pas de douleur que ça ne nécessite pas que tu ressentes une fatigue. » 
‘On n'a jamais pris le parti de dire “Écoutez nous, on est 16 joueuses, on est 16 joueuses à entraîner différemment.” Faut être prêt à faire la révolution et c'est aussi pour ça qu'on s'engage là-dessus et que les joueuses acceptent de dire stop.  
On est sur du la performance, vous savez ce que c'est. Ça veut dire que toi on va te faire répéter 14 fois le même pas, on va te régler au millimètre près des choses.. Et bien maintenant, faut qu'on prenne en compte aussi la spécificité féminine et le cycle »


Avec la ligue, il y a d'autres supports, vecteurs ou lieux où vous allez travailler sur cette problématique ?  


Vanessa Kahlfa

« Alors aujourd'hui, je pense que notre, notre meilleur vecteur, ça va être nos ambassadrices.  
Les gens sont demandeurs donc ce qu'on va essayer de mettre en place des choses au niveau des pôles et au niveau des centres de formation. Il faut qu'on forme les éducateurs et les entraîneurs. Il faut qu'on les forme à pouvoir ouvrir ce dialogue à tous les niveaux.  
C'est bête hein, mais nous, ce qu'on va essayer de travailler, c'est avec le handball amateur. Pour leur dire “aujourd'hui toi tu es coach de joueuses de moins de 15  ou moins de 18ans. Est-ce que tu as pensé à mettre dans ta trousse à pharmacie des tampons et des serviettes ? Je suis sûr que non. Tu penses aux strap, tu penses aux pansements mais tu ne penses pas aux serviettes ou aux tampons. Et donc effectivement, il faut que filles puissent ouvrir un dialogue, ce qui est compliqué. Mais quand tu es professionnel c’est ton métier. En amateur tu auras peut-être une sanction de ne pas jouer les matchs si tu ne vas pas t’entrainer, elles c’est leur métier. Ça veut dire, qu’il y a un regard, qu’elles sont payées. On va leur dire “c’est bon, t’as tes règles. T’as mal ? Bah tu prends un Doliprane et tu vas quand même aller jouer.” 
Il y a deux choses, il y a la douleur et il y a la fatigue (et tout un tas d’autres choses que tu peux avoir...).  
C’est pour ça qu’on doit faire de la sensibilisation. On va aussi mettre des distributeurs de tampons et de serviettes car ce n’est pas honteux. Nous voulons vraiment faire un module à destination de tous les entraineurs. » 
 
Manon Bollery



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