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05/10/2022 20:26

ALIMENTATION : Les producteurs de Côte-d'Or et les acheteurs de la restauration collective se rencontrent autour d'Agrilocal 21

La 4ème édition des Rencontres Agrilocal 21 s'est déroulée ce mercredi 5 octobre à Talant. Selon Marc Frot, le Département s'engage à soutenir les filières agricoles pour «produire de la qualité en rétribuant le producteur au juste prix».
Viande, poisson, œufs, quinoa, huiles, fromages, pain, biscuits et pains d'épices... les différents produits de Côte-d'Or permettant de constituer un repas étaient représentés sur les stands des Rencontres Agrilocal 21, un salon professionnel qui s'est tenu ce mercredi 5 octobre 2022, à la salle de l’Écrin, à Talant.

Créée en 2017 pour mettre en relation directe les producteurs du département avec des acheteurs de la restauration collective, la plateforme Agrilocal 21 recense aujourd'hui 90 acheteurs, dont 38 collèges et 14 lycées, ainsi que 151 fournisseurs, dont 108 agriculteurs et 19 artisans. Depuis le début de l'année, 1.265 commandes représentent près de 37 tonnes de produits.

Depuis le 1er janvier 2022, les objectifs de la loi Égalim imposent aux collectivités de s'approvisionner à 50% en produits locaux dont 20% labellisés en agriculture biologique.

Après une matinée d'échanges entre 37 fournisseurs et 90 acheteurs, un temps officiel a permis aux différents partenaires de rappeler les enjeux d'un tel salon.

Initier les élèves «au bon»


Pour le maire de Talant Fabian Ruinet (divers droite), il s'agit d'initier les élèves «au bon» grâce à «des produits beaucoup plus bio, avec une démarche de qualité». «Une région, un département ou une commune, quand on l'aime, on la boit, on la mange et on la chante», lance-t-il à l'assemblée.

Le maire rappelle que Talant, bien que commune urbaine, continue à «développer la production de vin» en cherchant à «rapprocher le verre du consommateur».

À noter que, puisque de nombreux acheteurs interviennent pour des établissements scolaires, le vin n'est pas mis en valeur dans le salon. Seul le domaine Henri Mutin est présent, notamment pour proposer ses crémants de Bourgogne au moment du buffet déjeunatoire concocté par le traiteur Ciboulette.

«Encourager les collectivités à acheter les produits locaux à un prix rémunérateur»


Présidente de Bio Bourgogne, association ayant pour but depuis 30 ans de développer l'agriculture biologique sur le territoire, et agricultrice en polyculture-élevage près de Nuits-Saint-Georges, Laurence Henriot souligne «les défis assez énormes» qui s'imposent au monde agricole du fait de la guerre en Ukraine, de la crise énergétique et du changement climatique.

«L'Homme, avec un grand H, a bien souvent les solutions. Il faut beaucoup de courage politique pour prendre les décisions qui nous permettrons de passer ce mauvais gué», glisse-t-elle à l'intention des élus présents.

«Encourager le local, c'est reprendre un peu de concret et de logique avec notre acte de consommation. Il faut arrêter de transporter nos denrées alimentaires pour notre consommation de base sur des milliers de kilomètres. Il faut vraiment que l'on revienne au local. Merci au Département de prendre les choses par le bon bout», poursuit-elle.

«Le remplacement des générations d'agriculteurs est un nœud auquel tout le monde doit s'atteler si on veut que nos campagnes soient encore vivantes. Encourager les collectivités à acheter les produits locaux à un prix rémunérateur, c'est aussi encourager les agriculteurs à rester sur leurs fermes et à pouvoir vivre de leur métier correctement. Il ne faut hésiter à payer le prix, c'est vraiment nécessaire», insiste Laurence Henriot.

«Il faut que l'on continue à travailler tous ensembles pour que nos jeunes retrouvent le plaisir de bien se nourrir et que l'alimentation reprenne du sens», estime-t-elle.

La bio, «une nouvelle voie pour l'agriculture»


«La bio est une agriculture économe en intrants, souvent autonome sur les fermes, moins dépendante du pétrole. Cela ouvre une nouvelle voie pour l'agriculture», revendique la présidente de Bio Bourgogne

Avec 13%, la Bourgogne-Franche-Comté dépasse la moyenne nationale de 10,3% de la surface agricole : 422 fermes se sont converties en 2021 pour atteindre 3.400 exploitations agricoles bio. 20% de ces fermes sont en Côte-d'Or qui compte de nombreux céréaliers et vignerons bio.

La société coopérative d'intérêt collectif Mangez bio a été créée avec la participation du Département pour faciliter les démarches des collectivités. En 2021, 130 tonnes de produits ont été acheminées auprès de 75 clients.

«Éduquer les plus jeunes au bien-manger et satisfaire l'attachement de nos anciens aux terroirs»


Président de la délégation de Côte-d'Or de la Chambre de métiers et de l'artisanat de Bourgogne-Franche-Comté, Yves Bard voit dans l'organisation d'un tel salon «la reconnaissance d'un secteur de l'alimentaire local de qualité». Selon lui, «les artisans de l'alimentaire de Côte-d'Or sont les acteurs majeurs de proximité pour l'alimentation de nos concitoyens».

La Chambre de métiers et de l'artisanat assure aux Côte-d'Oriens qu'«ils peuvent se nourrir sainement, sans dépassement budgétaire excessif en sollicitant des entreprises installées dans les territoires».

Intégrer les artisans de l'alimentaire à la plateforme Agrilocal 21 permet d'«éduquer les plus jeunes au bien-manger et satisfaire l'attachement de nos anciens aux terroirs et aux traditions». En effet, le champ de la restauration collective comprend les établissements scolaires ainsi que les établissements médico-sociaux.

«Œuvrer à la promotion de notre agriculture pour faire en sorte que des jeunes s'installent»


Par sa participation au salon, la chambre d'agriculture vise à «promouvoir la qualité et la diversité de la production agricole en Côte-d'Or», comme l'explique son président Vincent Lavier qui se réjouit de «voir de nouveaux producteurs» pour cette quatrième édition.

«Il y a les deux tiers du département qui sont extrêmement ruraux et très très peu peuplés ; dans ces zones-là, c'est l'agriculture qui fait vivre l'économie qui reste, qui fait qu'il y a encore un petit peu de monde dans les écoles et un petit peu de vie. On doit œuvrer à la promotion de notre agriculture pour faire en sorte que des jeunes s'installent», revendique le président de la chambre d'agriculture de la Côte-d'Or.

«L'engouement que l'on a pu connaître [durant la crise sanitaire] pour les produits locaux est vite retombé malheureusement, ça reste un combat de tous les jours», regrette-t-il. «Montrer aux jeunes enfants dans les écoles qu'il n'y a pas que les burgers (…) mais qu'on peut aussi très très bien manger avec des produits locaux, cela reste primordial.»

«Rendre accessible des produits de qualité»


«Depuis 2011, le conseil départemental s'engage dans un processus de relocalisation de sa souveraineté alimentaire, indispensable pour rendre accessible des produits de qualité à l'ensemble des consommateurs à des prix les plus abordables possibles mais aussi pour soutenir l'ensemble de la filière de production de notre territoire», explique à son tour Marc Frot (LCOP), vice-président du conseil départemental de la Côte-d'Or.

En résumé : «produire de la qualité en rétribuant le producteur au juste prix».

Remise des Trophées Agrilocal 21


Les Trophées Agrilocal 21 récompensent trois chefs cuisiniers de la restauration collective avec pour chacun un bon d'achat de 150 euros ainsi que des bouteilles de vin de Côte-d'Or dans une glacière logotypée.

Le collège François Pompon à Saulieu : trophée du chef des commandes pour avoir réalisé le plus grand nombre de commandes durant l'année scolaire 2021-2022.

Le collège Louis Pasteur à Montbard : trophée de l'espoir pour la plus importante augmentation de commande d'une année sur l'autre.

Le collège Paul Fort à Is-sur-Tille : trophée des menus locaux lié à la part Égalim de l'établissement.

Jean-Christophe Tardivon