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30/05/2024 05:54

AUXOIS : Un éleveur de moutons investit pour se protéger des attaques de loups

Ayant retrouvé des brebis prédatées, Nicolas Baudion a mobilisé 15.000 euros pour s'équiper de moyens de protection dont quatre patous. Ce mardi 28 mai, à Créancey, ce passionné du mouton vendéen a expliqué comment il tentait de s'adapter à la pression des loups.
Dans l'Auxois sud, les moutons de Nicolas Baudion ont été victimes d'attaques de prédateur – supposément un loup – durant l'hiver dernier.

Ce mardi 28 mai 2024, à Créancey, l'éleveur a reçu la visite de Jean Lassalle (RES), tête de liste de l'Alliance rurale pour les élections européennes, ainsi que de Willy Schraen et d'Évelyne Guillon, colistiers (lire notre article), afin de témoigner des difficultés que rencontre la filière ovine en secteur de bocage sous la pression de grands prédateurs.

Un passionné du mouton vendéen


En 2004, Nicolas Baudion s'est installé hors cadre familial dans un hameau de Créancey en restant pluri-actif, ayant une autre activité en lien avec l'élevage bovin. Il a démarré sur 60 hectares avant de prendre des fermages supplémentaires pour atteindre 80 hectares. Il travaille avec son frère et son neveu : «on est tous passionnés».

Son cheptel compte 200 mères brebis de race Mouton vendéen et un atelier pour augmenter le poids de mâles qui viennent d'Italie avant de retourner là-bas un ou deux mois plus tard.

Un temps Nicolas Baudion a aussi conduit un élevage bovin d'une trentaine de vaches. En 2023, il a décidé de se concentrer sur l'élevage ovin et a arrêté cette activité.

Quatre patous pour protéger 200 brebis


Malgré les prédations, l'éleveur n'envisage pas de redimensionner de nouveau son exploitation : «je préfère trouver une solution pour me protéger». Ainsi, il a investi 15.000 euros pour s'équiper avec quatre patous – deux adultes et deux jeunes qui seront opérationnels d'ici deux ans – et des filets électriques.

«Le loup est un animal opportuniste et il respecte le chien ; le chien est dissuadant car le loup ne va pas aller au conflit pour tuer, il va plutôt aller chez le voisin», analyse Nicolas Baudion.

La pose de filets électriques conduit à plus de manœuvres pour le débroussaillage, entraînant notamment quatre jours de travail spécifique.

«On nous pousse à faire de l'intensif»


Ayant l'habitude de favoriser les agnelages de printemps de façon à ce que les agneaux mangent de l'herbe, l'éleveur doit aujourd'hui les confiner dans la bergerie jusqu'à mi-juillet : «j'ai fait du mouton pour faire du mouton d'herbe, pas du mouton de bergerie ; je paie des fermages et je laisse les moutons en bergerie . On nous pousse à faire de l'intensif».

L'éleveur exploite 80 hectares. Aucune parcelle n'est accolée à la ferme. Une dizaine d'hectares sont à proximité et le reste à une douzaine de kilomètres de la ferme.

«C'est beaucoup de paperasserie»


En cas d'attaque certifiée «loup non écartée» par les agents de l'Office français de la biodiversité, les béliers sont indemnisés par le ministère de la Transition écologique à leur valeur d'achat.

Une brebis est indemnisée 220 euros, un montant qui inclut un bonus parce Nicolas Baudion contribue à la sélection génétique du mouton vendéen. Un bonus considéré comme faible par des représentants des éleveurs qui ont notamment sensibilisés les pouvoirs publics à cette problématique lors du dernier Salon de l'agriculture (lire notre article).

Les avortements liés au stress des attaques sont également indemnisés.

«C'est beaucoup de paperasserie», déplore finalement Nicolas Baudion.

Des autorisations de tirs de défense


À la suite des attaques, la préfecture de la Côte-d'Or a autorisé l'éleveur à procéder à d'éventuels tirs de défense simples pour tenter d'abattre un prédateur en situation d'attaque exclusivement.

La réglementation ayant évolué les tirs de défense sont désormais autorisés à l'échelle d'une exploitation après avoir, un temps, été limités à l'échelle de parcelles. Temporaires, ces autorisations doivent parfois être renouvelées.

«J'ai échange avec les louvetiers, j'ai échangé avec les agents de l'Office française de la biodiversité, ça s'est toujours bien passé», indique l'éleveur qui note «un devoir de réserve» de leur part.

Pour Nicolas Baudion, les attaques seraient le fait d'un loup adulte n'étant pas lié à une meute.

L'éleveur demande à «travailler sans stress»


Le sélectionneur génétique a des clients dans différentes régions de France, y compris dans les massifs alpins. Il échange donc régulièrement avec des éleveurs victimes de prédations, notamment des Drômois, habitant un territoire très impacté.

«Je ne demande qu'une chose, c'est de faire mon travail correctement, tranquillement, sans stress», souligne Nicolas Baudion, «ce n'est pas le cas». Depuis février, il a consulté par trois fois une psychologue : «pour l'éleveur, c'est un traumatisme».

Jean-Christophe Tardivon

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