Recherche
Pour nous joindre
redaction.infosdijon@gmail.com
SMS au 07.86.17.77.12
> Côte d'Or > Côte d'Or
21/08/2021 20:07

BEAUNE : Des opposants à la politique sanitaire échangent avec le préfet

En marge de son déplacement à Beaune Côté Plage où était installé le vaccinobus ce vendredi 20 août, le préfet s'est entretenu avec une dizaine de militants tout à la fois opposants au recours aux vaccins récemment mis au point contre le coronavirus et réfractaires à l'usage du passe sanitaire.
À peine arrivé à l'entrée de Beaune Côté Plage ce vendredi 20 août 2021, Fabien Sudry, préfet de la Côte-d'Or a été accueilli dans le calme par une dizaine de manifestants encadrés par quelques gendarmes.

Après un moment un peu confus où tout le monde s'exprimait en même temps, caméra ou smartphone à la main, le préfet a fini par donner rendez-vous aux manifestants à l'issue de ses échanges avec la Protection civile.

La dizaine de manifestants ont donc patienté dans le calme sous le soleil beaunois avant que Fabien Sudry ne revienne vers eux en tant que «préfet du département, représentant de l’État républicain de notre pays et citoyen».


«On a une voix à faire entendre»


Habituée des manifestations dijonnaises, Marie-Laurence Mervaille se fait porte-parole du groupe. Sans étiquette politique, elle était adjointe au maire de Beaune lors de la mandature 2014-2020. «On est nombreux. On a une voix à faire entendre. La vie est en danger, les libertés sont en danger, les droits sont conditionnées», résume-t-elle.

«L’État protège les citoyens, il y a des textes de loi qui ne datent pas d'hier, la Constitution, la Déclaration des Droits de l'Homme. J'y suis attachée», déclare d'emblée Marie-Laurence Mervaille au préfet, plaçant ainsi le débat à un niveau élevée de la hiérarchie des normes juridiques.

«Ça défend nos libertés et ça me donne le droit de choisir, pour mon corps et pour ma santé», poursuit-elle en défendant une approche individualiste de la situation.

La manifestante se dit préoccupée de la façon dont l'évolution de la législation et de la réglementation pourrait «conditionner des droits à la santé, conditionner du travail». «Je pense qu'aujourd'hui, c'est quand même grave qu'il y ait aujourd'hui des citoyens que l'on va autoriser – parce qu'ils ont accepté le vaccin ou parce qu'on a fini quand même par les contraindre – à pouvoir travailler», développe-t-elle.

Les annonces gouvernementales concernant le déploiement d'une campagne de vaccination spécifique à l'occasion de la rentrée scolaire font bondit la militante : «un vaccinodrome comme nous voyons là va-t-il rentrer dans les établissements – lycée, collèges... - si c'est le cas, je crois qu'il faut que l'on s'oppose à ça».

«La liberté se conjugue avec la responsabilité»


«Je vais tacher d'apporter un autre éclairage», répond tout aussi calmement le préfet qui souligne d'emblée une épidémie mondiale «d'une importance extrême» avant d'évoquer la situation dramatique aux Antilles, «secteur de France où la vaccination est la moins élevée».

Fabien Sudry argumente qu'en 2020, en France comme dans d'autres pays, c'est le principe du confinement qui a permis de ralentir la circulation du SARS-CoV-2. Disposition qui a ses propres conséquences sanitaires, psychologiques, sociales et économiques.

«Depuis cette période, les autorités sanitaires, les autorités scientifiques – qui engagent leur responsabilité – ont pu valider plusieurs vaccins», rappelle-t-il pour mettre en balance les différents outils destinés à lutter contre l'épidémie de la Covid-19.

Ponctuant le propos du préfet, des «traitement expérimental» ou encore «thérapie génique» fusent parmi les opposants qui rappellent ainsi leur défiance face à des vaccins mis au point en des temps record.

«Aujourd'hui, il y a une reprise de l'épidémie», poursuit le préfet sans se laisser perturber, «ceux qui sont dans les hôpitaux, il y a 90% de personnes non-vaccinées, c'est bien que vaccination sert quand même à quelque chose».

À son tour, Fabien Sudry s'engage sur le terrain de la philosophie du droit. «Comme vous, je suis un républicain, je suis attaché aux libertés, c'est une conquête de notre pays, j'en suis fier autant que vous ; le rôle de l’État, c'est de protéger les libertés, ce qu'il fait, et de permettre à chacun dans le respect des lois, dans le respect de l'autre d'exprimer son opinion».

Cette fois, c'est Montesquieu qui est convoqué : «la liberté se conjugue avec la responsabilité, elle doit être associée avec la solidarité. (…) Nous sommes finalement liés les uns les autres. (…) La liberté érigée sans responsabilité face à cette épidémie, elle n'a pas de sens. La liberté bien comprise, c'est une liberté qui est associée aux devoirs que l'on a à l'égard de la collectivité. La république, ça n'a jamais été autre chose. Montesquieu disait que la république est fondée sur la vertu, c'est à dire l'engagement citoyen de chacun».

Le représentant de l’État défend alors les choix du gouvernement et rappelle le cadre législatif : «les mesures sur la vaccination, il y a également le passe sanitaire, ont été prises dans le respect strict des règles de fonctionnement d'un pays démocratique comme le nôtre, ce n'est peut-être pas forcément le cas dans tous les pays du monde. (…) Ces lois ont été votées par un parlement qui représente le peuple souverain. Il y a eu des contrôles de nos magistrats. L'autorité exécutive est élue par tous les Français. (…) Le rôle de l'autorité publique est de protéger les Français, c'est d'éviter que l'on retrouver un confinement».

La défiance à l'encontre du pouvoir législatif ainsi que des médias


Marie-Laurence Mervaille fait part néanmoins de sa déception d'avoir vu «peu de députés» présents lors des votes de l'arsenal législatif accompagnant l'instauration du passe sanitaire et fustige des «médias contrôlés» qui «censurent» l'information concernant la crise sanitaire.

Alors que l'échange prend un tour confus sur la technique administrative, Mathieu, qui participe régulièrement aux manifestations dijonnaises grimé en Statue de la Liberté, intervient lui aussi en lisant un texte réglementaire européen censé exclure les «discriminations» liées à une absence de vaccination. Le manifestant incite à «porter plainte» en cas de refus d'accès à un restaurant.

«Il y a des recours possible»


«Dans notre pays, il y a des instances et des magistrats qui contrôlent cela et il y a des recours possible. C'est bien la preuve que notre pays n'est pas une dictature», répond sobrement Fabien Sudry.

Après une quinzaine de minutes d'échanges courtois bien que divergents, le préfet reprend le cours de sa visite alors qu'Alain Suguenot présente le site de baignade naturelle de Beaune Côté Plage, lieu de loisirs accessible avec un passe sanitaire.

Eux aussi, les manifestants reprennent leur action militante en enregistrant sur place des vidéos propices à être diffusées via les médias sociaux pour porter leur point de vue.

Jean-Christophe Tardivon

Le «succès» de la mission du vaccinobus


Le centre de vaccination du Zénith de Dijon va déménager













Infos-dijon.com - Mentions légales